vendredi 14 février 2020

Aides-soignants : fin du concours confirmé, formation allongée, passerelles vers les autres professions de santé facilitées

Au cours de sa visite jeudi 13 février à l'Institut de formation des aides-soignants (IFAS) de Nanterre, Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, a annoncé une série de mesures,"pour renforcer l'attractivité du métier d'aide-soignant". Elle a  notamment confirmé la suppression du concours d'aide-soignant, dès la rentrée 2020 et envisage de réduire la durée de formation menant au DE d'infirmier pour les AS expérimentés. 

Aides-soignants : fin du concours confirmé, formation allongée, passerelles vers les autres professions de santé facilitées

La réforme portant sur l'admission en IFAS était attendue. Agnès Buzyn l'a confirmée, mettant en avant un objectif d'attractivité.  "Ce que nous constatons, je l'ai dit, c'est une baisse très nette des candidatures au concours d'aide-soignant; parallèlement, les premiers éléments de bilan disponibles sur la suppression récente du concours d'entrée en Institut de formation en soins infirmiers et l'articulation avec Parcoursup montrent un afflux de candidatures", a-t-elle expliqué. 
"Par ailleurs, le concours actuel d'aide-soignant ne permet pas de valoriser de façon satisfaisante certaines compétences humaines absolument essentielles pour l'exercice du métier d'aide-soignant", a ajouté la ministre. 

Le concours sera remplacé par un système d'examen de dossiers "qui permettra d'identifier des compétences clés pour ce métier", et, pour ceux qui auront été sélectionnés, cet examen sera complété par un entretien, pour confirmer l'inscription et "s'assurer de la pertinence de cette orientation", a-t-elle annoncé. 

"Ce système permettra de limiter les désistements en cours de formation - et c'est un point central : les candidats doivent savoir ce qui les attend et arriver dans un cursus qui correspond à leurs profils, à leurs attentes, à leurs aspirations", a indiqué la ministre. 
"Supprimer le concours, ce n'est pas baisser le niveau d'exigence", a-t-elle précisé. "L'évaluation des candidats restera sélective, mais au même titre que ce que nous faisons ailleurs dans les études de santé, nous voulons diversifier les parcours et favoriser les compétences et les projets plutôt que les connaissances. Ce qui compte, c'est le niveau de qualification à la sortie, pas à l'entrée", a-t-elle ajouté. 
Un dispositif transitoire pour ceux qui préparent actuellement le concours est prévu. 



Une formation initiale plus longue

Agnès Buzyn a également annoncé la refonte de la formation initiale menant au diplôme d'Etat d'Aide-soignant. Celle-ci passera de 10 mois à 12 mois, autour de nouveaux enseignements comme le repérage des fragilités, la prévention de la perte d'autonomie ou encore le raisonnement clinique en équipe pluri-professionnelle. 
"Notre ambition, c'est de sortir d'une vision du métier d'aide-soignant réduite à l'exécution d'une série d'actes, voire de tâches. Et de reconnaître ce qui fait leur spécificité propre", a expliqué Agnès Buzyn. 
Une refonte du référentiel des missions, des activités et des compétences sera présentée au mois d'avril, a précisé la ministre. 
"D'ici là, nous avons encore des sujets à approfondir avec tout le monde autour de la table. Je souhaite évidemment que les représentants des infirmiers soient associés à ces travaux", a-t-elle indiqué. 

Une formation continue spécifique pour les AS intervenant auprès des personnes âgées

Pour répondre aux besoins de formation, les aides-soignants intervenant auprès des personnes âgées pourront bénéficier d'une nouvelle formation collective certifiante centrée sur les besoins des personnes âgées, d'une durée de 3 semaines. 
"Jusqu'à présent, la seule formation spécifique consacrée aux besoins du grand-âge était la formation d'assistant de soin en gérontologie, centrée principalement sur les besoins de personnes ayant des troubles cognitifs lourds", a expliqué la ministre. 
"Nous avons donc décidé de changer d'approche : sortir d'une minorité de soignants formés à une majorité de soignants formés"

Le contenu de la formation a déjà été travaillé avec les membres du groupe de travail et sera présenté début mars. Les premières formations "accompagnement du grand-âge en équipe" pourront débuter d'ici la fin de l'année, a indiqué la ministre. 

Cette formation socle sera complétée d'un module complémentaire facultatif, d'une semaine, centré sur les troubles cognitifs les plus lourds, l'ensemble correspondant aux exigences actuelles de la formation ASG. 
"Cette démarche est avant tout destinée à renforcer les compétences, à développer la culture du grand-âge et de la bientraitance et à consolider une pratique professionnelle, en permettant à chacun de participer à des formations collectives et de rompre ainsi une forme d'isolement professionnel". 
Les établissements seront très fortement incités à envoyer les professionnels en formation, en concevant des plans de formation "bien plus ambitieux".

Passerelles facilitées et parcours pour devenir infirmier réduit

Citant l'accès pour les aides-soignants  aux professions d'Auxiliaires de puériculture, d'assistant de régulation médicale ou encore aux métiers de l'accompagnement éducatif et social, Agnès Buzyn a annoncé que les passerelles seraient facilitées "pour fluidifier les parcours vers plusieurs métiers". 

Elle souhaite également réduire la durée du cursus infirmier pour les aides-soignants qui ont déjà exercé plusieurs années. Des dispenses de formation et de stage seront revues dans ce sens. 
"Dans le prolongement de cette réflexion, je souhaite également que les conditions de reclassement des aides-soignants devenant infirmiers par le canal de la promotion professionnelle soient améliorées". 

Fin de carrière aménagée 

Faisant référence aux nombreux accidents du travail et aux maladies professionnelles, la ministre a annoncé la création d'un fonds national de prévention doté de 40 millions d'euros, dédié au financement d'actions "très concrètes" de prévention dans la fonction hospitalière. 
Les structures du secteur privé connaîtront également une hausse "substantielle" des aides dédiées à la prévention, a-t-elle indiqué. 
"En cas de conclusion d'un accord de branche prévoyant des actions de réduction de la pénibilité, des investissements pourront être cofinancés par la branche accidents du travail et maladies professionnelles de la sécurité sociale", a-t-elle fait savoir. 
Par ailleurs, un nouvel outil d'aménagement du temps de travail et de reconversion sera mis en place avec un temps partiel de fin de carrière financé par le Fonds pour l'Emploi Hospitalier. 

"L'objectif, c'est de permettre aux aides-soignants et aux agents des services hospitaliers qualifiés d'opter pour un mi-temps payé à 75% sur leurs deux dernières années de carrière et de continuer à cotiser pour leur retraite à 100%". 
Agnès Buzyn a aussi rappelé "son engagement pour la création d'un grade de débouché en catégorie B pour les AS en fin de carrières".

Source : Actusoins.com, 14/02/2020.

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