mardi 30 septembre 2014

La majorité des personnes âgées dans le monde n'a aucune sécurité de revenu

Par 
Près d'une personne sur deux dans le monde (48 %), ayant dépassé l'âge de la retraite, ne bénéficie d'aucune pension. Et une bonne part des 52 % restant ne perçoit qu'une prestation insuffisante pour vivre. C'est le constat alarmant dressé par l'Organisation internationale du travail (OIT) dans son rapport publié mardi 30septembre, consacré à « La protection sociale des personnes âgées ».
« La majorité des personnes âgées, hommes et femmes, n'ont aucune sécurité de revenu, ni possibilité de prendre leur retraite et doivent continuer de travailler autant qu'elles le peuvent, souvent dans des conditions de précarité, avec de faibles rémunérations », explique Christine Behrendt, spécialiste des politiques de protection sociale à l'OIT et co-auteure du rapport qui passe au crible les politiques récentes de 178 pays.
A l'occasion de la Journée internationale des personnes âgées du 1er octobre, le directeur général de l'OIT, Guy Ryder insiste sur la nécessité d'étendre la couverture des pensions et de leur garantir un accès aux soins.« En 2050, le nombre de personnes de plus de 65 ans aura triplé dans le monde et les trois quarts d'entre elles vivront dans les pays en développement », dit-il.

L'euthanasie

Les mots clés du débat 
A suivre sur le Monde 1/12/2012

Procrastination

Le monde 29/09/2014

Comment est fixé le prix d'un médicament

L'« affaire » du Sovaldi (sofosbuvir), ce médicament commercialisé par l'américain Gilead pour traiter l'hépatite C dont le coût fait s'étrangler le gouvernement français, remet en avant la question de la fixation du prix de vente des médicaments : suivant quel processus ce prix est-il fixé ? Comment évalue-t-on le « juste prix »  ? Qui le fixe ?
  • Un médicament reçoit d'abord deux notes
En France, le prix d'un nouveau médicament - le princeps dans le jargon - est principalement lié à sa « valeur ajoutée thérapeutique ».
Cette dernière est reflétée par deux « notes », qui sont attribuées par la Commission de transparence de la Haute autorité de santé (HAS).
La première note - le « service médical rendu » ou SMR - apprécie l'efficacité intrinsèque du médicament.
La seconde - l' « amélioration du service rendu » ou ASMR - évalue l'intérêt de la molécule par rapport aux traitements existants.

En 10 ans, l’engagement français s’est largement diversifié

Les temps difficiles traversés par l'économie actuelle nous poussent-ils à être plus individualistes ou, au contraire, plus solidaires ? Comment évolue notre engagement dans la société ? La dernière étude publiée par Ethicity et de récentes publications permettent d'y voir un peu plus clair.




lundi 29 septembre 2014

A l’université, les cas de souffrance au travail se multiplient

Les cas de souffrance au travail, de stress, de pression sur les salariés ne sont plus réservés aux entreprises, qu'elles soient publiques ou privées. Depuis 2006, les enseignants-chercheurs et les personnels administratifs sont mis à rude épreuve. En cause, une succession de réformes, le passage à l'autonomie, des fusions d'établissements, une compétition acharnée pour décrocher des budgets de recherche… 

Isabelle Rey-Lefebvre 
Article publié dans le journal Le Monde du 30/09/2014

Coup de rabot généralisé sur les allocations familiales

Le gouvernement a décidé d’économiser sur les prestations familiales. Marisol Touraine, ministre de la santé et des affaires sociales, et Christian Eckert, secrétaire d’Etat chargé du budget, ont confirmé lundi 29 septembre que plusieurs prestations allaient subir un large coup de rabot dans le cadre du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2015.

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), présenté officiellement lundi, prévoit environ 700 millions d’euros d’économies sur la branche famille. Plusieurs prestations vont être diminuées. Ces mesures seront examinées à partir d’octobre par le Parlement et pourront donc être modifiées avant leur entrée en vigueur, normalement le 1er janvier 2015.
  • Baisse des aides à la garde d’enfant 
  • Partage du congé parental 
  • Baisse de la prime à la naissance
  • Réduction de la majoration pour âge des allocations familiales
  • Pas de gel généralisé des allocations
  • Des économies sur la santé

Lire aussi : Le gouvernement s’attaque au coût exorbitant d’un médicament innovant contre l’hépatite C

Cependant, une réforme est prévue pour « rendre plus équitable le capital décès » - une mesure dont est attendue une économie de 160 millions d’euros. Le capital décès, versé aux proches par les régimes d’assurance maladie lors de la mort d’un salarié, est jusqu’à présent fixé en fonction des revenus que percevait l'assuré décédé.  A partir de 2015, la référence au salaire du défunt sera remplacée par un montant forfaitaire, fixé par référence au SMIC. Pour les salariés gagnant plus que le SMIC, le montant sera plus faible. Pour les salariés à temps partiel ou au chômage, le montant sera plus élevé. 

Une réduction limitée du déficit.

Dans le Monde électronique du 29 septembre 2014 au Centre de Ressource.

SÉCURITÉ SOCIALE Nouvelles économies dans la branche famille

Les branches maladie et famille seront les plus mises à contribution en 2015 pour limiter le déficit du budget de la Sécurité sociale, qui devait être présenté lundi 29 septembre. Ce déficit s'établira à 11,7 milliards d'euros pour 2014, alors qu'il devait passer sous la barre des 10 milliards. De nouvelles mesures devaient être annoncées sur la branche famille, afin de réaliser 200 millions d'économies supplémentaires et ainsi atteindre plus de 1 milliard en trois ans. Plusieurs pistes sont envisagées : la réduction de la prime à la naissance au deuxième enfant, de nouvelles modalités de partage du congé parental entre pères et mères qui aboutiraient à une nouvelle réduction de cette période pour ces dernières, la baisse des aides à la garde d'enfants pour les familles aux revenus les plus élevés, le relèvement de 14 à 16 ans de la majoration de 64,67 euros des prestations familiales.


Article publié dans le journal Le Monde du 30 septembre 2014.

Contrainte pénale : l'application à marche forcée

Promulguée le 15 août, la peine alternative à la prison entre en vigueur mercredi 1er octobre



L'administration pénitentiaire a les mains moites : la peine de probation, rebaptisée " contrainte pénale ", a eu beaucoup de mal à se frayer un chemin jusqu'au Parlement – Christiane Taubira, la garde des sceaux, avait présenté le projet en conseil des ministres dès le 9 octobre 2013 –, mais la loi a été définitivement adoptée le 17 juillet et promulguée le 15 août. Elle entre en vigueur mercredi 1er octobre. C'est court, très court.
Les notes de cadrage (le mode d'emploi de la réforme) n'ont été envoyées que vendredi 26 septembre. La première promotion des 480 premiers conseillers pénitentiaires d'insertion et de probation (CPIP), sur qui repose la réforme, n'a commencé sa formation qu'au 1er septembre et ne sera en stage qu'en janvier 2015.
La contrainte pénale est la traduction timide et française des règles européennes adoptées en 2010 par le Conseil de l'Europe. Elle consiste à imposer à un condamné – c'est bien une peine – une série de sanctions, de mesures, d'assistance, et un suivi en milieu ouvert, hors incarcération : les recherches ont montré que la prison ne fait rien pour réduire la récidive, au contraire. Il s'agit, pour l'Europe, de " réintégrer socialement l'auteur d'infractions dans la société et de contribuer à la sécurité collective ". Cette contrainte ne s'adresse qu'à la foule des petits délinquants, et non pas aux criminels – au moins jusqu'en 2017, où elle sera étendue à tous les condamnés, après évaluation du dispositif.
Franck Johannès.
Article publié dans le journal Le Monde du 30 septembre 2014.

Mardi 30 septembre 2014 : journée sans pharmacie

Mardi 30 septembre, le principal syndicat de pharmaciens a appelé les officines à faire grève dans le cadre d'une journée de mobilisation nationale contre le projet de réforme des professions réglementées.

La Fédération des pharmaciens d'officine (FSPF) appelle les pharmacies à fermer toute la journée du 30, "cette grève étant annoncée par une affiche commune à toutes les professions libérales concernées".

Un message "de sensibilisation au service apporté par les pharmaciens à la population ainsi qu'au risque de disparition du réseau officinal sera" affiché sur les vitrines. Des actions seront menées "localement", poursuit la FSPF.

L'Union nationale des professions libérales (UNAPL) appelle à une "journée sans professions libérales" le 30 septembre, afin de protester contre le projet gouvernemental de réforme des professions réglementées. Le gouvernement s'appuie sur un rapport de l'Inspection générale des finances qui suggère, entre autres, d'étendre aux grandes surfaces la vente de médicaments sans ordonnance ou non remboursables. L'UNAPL a également lancé une pétition en ligne.

Les pharmaciens s’inquiètent également de l’ouverture du capital des pharmacies à des investisseurs privés. Le projet de texte prévoit également l'ouverture du capital de toutes les sociétés d'exercice libéral (SEL). Or, plus de 7.000 des 22.000 officines sont sur ce modèle, et la FSPF est opposée à l'ouverture du capital des officines à d'autres personnes que les pharmaciens. 


Lire la suite sur le site internet de France 3 : http://france3-regions.francetvinfo.fr/rhone-alpes/2014/09/26/30-septembre-journee-sans-pharmacie-558832.html

jeudi 25 septembre 2014

Soigner la solidarité

Le sociologue François Dubet et le philosophe américain Michael Sandel montrent, dans leurs livres respectifs, comment les inégalités s'accroissent et menacent le vivre-ensemble - avant d'appeler chacun d'entre nous à réagir.

Entre d'autres temps, il eût paru  provocateur de lire sous la plume d'un sociologue de gauche que les inégalités ne se subissent pas mais se choisissent. Il est aujourd'hui plus difficile de récuser  l'hypothèse  d'une crise de la solidarité, celle-là même  qui conduit un gouvernement socialiste, acculé, à prendre acte d'un " ras-le-bol fiscal " et à  baisser les impôts. Les chiffres accablants sur la montée des inégalités en France et dans les grandes démocraties occidentales, il conviendrait de les considérer  autant comme le  symptôme du malaise que comme sa cause. Si la société s'effrite, si elle peine à " faire corps ", pour reprendre le lexique de l'historien des idées Pierre -Rosanvallon, c'est que l'idée d'égalité se voit elle-même bousculée. Et pas seulement elle, mais aussi ce qui la sous-tend : l'imaginaire de la solidarité et de la fraternité, ces deux mots  qui ont porté les luttes, révolutionnaires puis  sociales.

Voilà peu ou prou la thèse  défendue par le sociologue François Dubet dans La Préférence pour l'égalité. L'ouvrage partage  avec le livre du philosophe  Michael Sandel, best-seller mondial, Ce que l'argent ne saurait acheter, une invite à  retourner la question : plutôt que d'absorber passivement chaque nouveau palmarès témoignant d'une inexorable montée des inégalités, plutôt que  d'attendre, affligés, les prochains travaux de Thomas Piketty, il faudrait sonder nos âmes ; nous -demander quelle est notre tolérance à la faiblesse des solidarités et à l'envahissement de pans entiers de nos vies par la sphère marchande....

Lire la suite dans le dossier du Monde du 26/09/2014 : http://www.lemonde.fr/livres/article/2014/09/24/soigner-la-solidarite_4493673_3260.html

La lecture des quotidiens est de plus en plus numérique

Avec 2 203 000 lecteurs entre juillet 2013 et juin 2014, " Le Monde " enregistre la meilleure audience des titres de la presse quotidienne nationale payante généraliste, selon AudiPresse


Lire la suite dans le Monde du 26/09/2014 : http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2014/09/25/la-lecture-des-quotidiens-est-de-plus-en-plus-numerique_4493768_3236.html

La Sorbonne embarrassée par une affaire de voile

Une étudiante voilée dit avoir été invitée à changer de cours par une enseignante.

 

Le président de l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne s'est officiellement excusé, espérant sortir au plus vite de l'affaire de voile islamique qui perturbe la rentrée de l'UFR de géographie. Une étudiante voilée, Samia (le prénom a été changé à la demande de l'intéressée), dit avoir été victime d'une " humiliation ", mardi 16 septembre, lors de sa première séance de travaux dirigés (TD) de géographie physique.

Dès le début, raconte Samia, la professeure lui demande : " Vous comptez garder votre truc à tous mes cours ? " Le " truc ", c'est le voile que porte Samia. " Parce que cela me dérange, poursuit l'enseignante. Et cela va gêner, car il y a des exposés, et il faudra au moins l'enlever durant ces exposés. Je suis là pour vous aider à l'insertion professionnelle. Et cela vous posera des problèmes. " La jeune femme ne souhaite pas ôter son voile. " Je préfère dans ce cas que tu ailles dans un autre TD ", lâche la professeure. Contactée par Le Monde, celle-ci répond : " Je ne vois pas du tout de quoi vous me parlez. Ce n'est pas moi. "
Benoît Floc'hArticle publié dans le journal Le Monde du 26 septembre 2014.

La cigarette électronique bientôt interdite dans les lieux de travail collectifs

ENCADRER pour éviter la " renormalisation " du geste de fumer, tout en évitant d'aller trop loin tant l'e-cigarette est devenue un outil de réduction de la consommation de tabac : l'exercice avait tout du casse-tête pour les autorités sanitaires. Dans le plan anti-tabac dévoilé par la ministre de la santé jeudi 25 septembre, le gouvernement a finalement décidé d'interdire le vapotage dans certains lieux publics. Ce pour quoi plaidait Marisol Touraine depuis plus d'un an.

 

A l'avenir, il ne sera plus possible de vapoter dans les établissements accueillant des mineurs, dans les transports collectifs ou dans les espaces clos collectifs de travail. Ne sont pas mentionnés les cafés et restaurants. Pour déterminer les lieux concernés, le gouvernement s'est rangé à l'avis du Conseil d'Etat d'octobre 2013, qui n'avait pas été publié.
Dans les transports, la SNCF et la RATP avaient déjà interdit de vapoter. Les restrictions à l'utilisation de l'e-cigarette sur le lieu de travail étaient jusqu'à présent à géométrie variable. Les établissements publics devaient prendre un arrêté spécifique s'ils souhaitaient interdire le vapotage et chaque entreprise pouvait mettre en place sa propre réglementation.
" Croisade hygiéniste "
Pour le ministère, il était nécessaire de " clarifier la situation ". Face au manque de recul sur la nocivité éventuelle de l'e-cigarette, le ministère de la santé admet qu'" il vaut mieux vapoter que fumer " et que " tout ce qui peut aider les fumeurs à arrêter est bon à prendre ".
Il justifie l'interdiction dans certains lieux publics par le fait que " l'utilisation de la cigarette électronique dans des lieux publics tend à banaliser l'attitude du fumeur ". Autre argument : éviter que la e-cigarette ne devienne une " porte d'entrée vers le tabagisme " pour les jeunes. Face à la menace d'une telle interdiction, les associations d'utilisateurs d'e-cigarette avaient dénoncé une " croisade hygiéniste " du ministère.
Par ailleurs, la publicité sera d'abord limitée, puis interdite hors des lieux de vente le 20 mai 2016, ainsi que le prévoit la directive européenne adoptée en avril.

François Béguin
Article publié dans le journal Le Monde du 26 septembre 2014.

Le paquet sans logo au cœur de la lutte anti-tabac

Marisol Touraine présente, jeudi, en conseil des ministres, une série d'interdictions de fumer et de vapoter.

 

Fini les logos Marlboro, Lucky Strike ou Gauloises sur les paquets de cigarettes. L'inquiétude des buralistes et les menaces des industriels n'y auront rien changé. La ministre de la santé, Marisol Touraine, devait présenter, jeudi 25 septembre en conseil des ministres, le programme national de lutte contre le tabagisme. Avec sa mesure choc : l'instauration du paquet de cigarettes " neutre ".
Le plan prévoit aussi quelques nouvelles interdictions qui ne manqueront pas de susciter des débats auprès des 13 millions de fumeurs et des 1 à 2 millions de vapoteurs. Interdit à l'avenir de fumer en voiture en présence d'enfants de moins de 12 ans et dans les aires de jeux, ainsi que de vapoter dans certains lieux publics, les écoles et les lieux de travail.
" Nous ne pouvons plus accepter ce fléau qui tue vingt fois plus que les accidents de la route - … - J'ai chosi mon camp, celui de la santé publique, et je sais pouvoir compter sur le soutien des Français ", écrit la ministre dans le dossier transmis aux médias pour présenter ce plan demandé par François Hollande en février. Selon les objectifs du gouvernement, dans cinq ans, le nombre de fumeurs doit avoir baissé de 10 %. Dans dix ans, la proportion de fumeurs dans la population doit être passé sous la barre des 20 %.
Le tabac est responsable de 73 000 décès par an, soit 200 personnes par jour. Depuis plusieurs années, les résultats ne sont plus au rendez-vous. En 2012, 28 % des Français fumaient – les prochaines données, qui pourraient être orientées à la baisse du fait de l'e-cigarette et de l'effet des hausses de prix sont attendues prochainement. La Grande-Bretagne, elle, a réussi à passer de 30 % de fumeurs il y a encore quelques années à moins de 20 % aujourd'hui.
Laetitia Clavreul et Laurence Girard
Article publié dans le journal Le Monde du 26 septembre 2014.

Ebola : les retards pour contrôler l’épidémie se chiffrent en milliers de vie

Les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) américains ne jouent pas à Madame Irma. S’ils ont publié, mardi 23 septembre, une étude estimant le nombre de cas à venir dans l’épidémie d’Ebola qui sévit au Liberia et en Sierra Leone, c’est afin de définir les efforts supplémentaires à accomplir pour maîtriser la transmission du virus et parvenir à enrayer cet épisode infectieux hors normes apparu il y a six mois.

 

Selon leurs calculs de modélisation, en l’absence d’un renforcement des mesures déjà mises en place, ce ne sont pas environ 8 000 cas d’infection qui auront été comptabilisés au 30 septembre, comme le projettent les données officielles, mais 21 000. Il existe en effet une forte sous-déclaration des patients contaminés, qui impose de multiplier les chiffres annoncés par un facteur de correction de l’ordre de 2,5. Le Liberia porterait la part la plus grande du fardeau avec environ 6 000 cas sur la base des chiffres officiels (16 000 cas après correction). Le dernier bilan publié mercredi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) fait pour l’instant état de 5 220 cas pour les deux pays.

LE NOMBRE DE CAS DOUBLE TOUS LES VINGT JOURS


En moyenne, le nombre de cas d’infection double environ tous les vingt jours, avec là encore un rythme plus soutenu au Liberia (multiplication par deux tous les quinze à vingt jours) qu’en Sierra Leone (doublement tous les trente à quarante jours).

Dans l’hypothèse où l’épidémie continuerait de se développer au même rhytme et sans accroissement des moyens pour la contrôler, les CDC parviennent au chiffre impressionnant d’environ 550 000 cas au 20 janvier 2015 pour les deux pays soit, après correction, 1,4 million de personnes infectées. L’étude du CDC reconnaît cependant que les engagements internationaux pour aider les pays d’Afrique de l’Ouest frappés par Ebola, qui sont en train de se traduire sur le terrain, rendent ces projections extrêmes « très improbables ».

En l’absence d’un vaccin et de traitements éprouvés disponibles, le facteur clé qui décidera du futur de l’épidémie est le contrôle de la transmission du virus. Cela passe tant par les capacités à pouvoir hospitaliser les malades dans des unités spécialisées que par l’adoption de comportements limitant la contagion (évitement des contacts physiques avec les malades, lavage des mains et funérailles dans des conditions sécurisées).

HOSPITALISATION DANS DES UNITÉS SPÉCIALISÉES


Les CDC ont souhaité illustrer par deux scénarios la manière dont ces deux types d’intervention permettraient de « contrôler et, au bout du compte, mettre un terme à l’épidémie ». Le premier s’appuie sur un accroissement progressif, à partir du 23 septembre, du taux d’hospitalisation des malades dans des unités spécialisées, ainsi que de la proportion d’entre eux vivant dans un environnement où leur risque de transmettre la maladie est réduit.

Selon ce scénario, si ces deux taux atteignaient 70 % au 22 décembre, l’épidémie au Liberia et en Sierra Leone « pourrait presque être terminée le 20 janvier 2015 ». Une fois atteint le seuil de 70 %, l’épisode infectieux décroîtrait à une vitesse aussi grande que celle à laquelle il s’est développé.

NOMBRE QUOTIDIEN DE CAS TRIPLÉ POUR CHAQUE MOIS DE RETARD


Le second scénario compare les conséquences sur le nombre de cas d’infection du délai de la mise en œuvre de moyens supplémentaires pour enrayer l’épidémie. Les CDC estiment qu’en parvenant au seuil de 70 % de patients en isolement à partir du 23 septembre, l’épidémie atteindrait un pic de 1 335 cas par jour (3 408 cas après correction) et tomberait à moins de 300 cas quotidiens au 20 janvier 2015. Dans l’hypothèse où le renforcement des mesures de contrôle interviendrait avec un retard d’un mois, à partir du 23 octobre, le pic épidémique se situerait à 4 178 cas par jour (10 646 cas après correction). Enfin, si le retard atteignait deux mois avec une intensification du contrôle à partir du 22 novembre, le nombre quotidien de cas prévisibles au 20 janvier 2015 serait de 10 184 (25 847 après correction).

Ainsi, précise l’étude des CDC, chaque retard d’un mois pour augmenter le nombre de patients dans des unités spécialisées jusqu’à atteindre un taux d’hospitalisation de 70 % est associé à un quasi-triplement du nombre de cas quotidiens se produisant lors du pic de l’épidémie. Dans les trois hypothèses, l’épidémie se terminerait malgré tout.

L’URGENCE D’INTENSIFIER LES EFFORTS


Comme dans tout travail de modélisation, l’étude des CDC est un reflet imparfait de la réalité en raison de plusieurs limites que ses auteurs, Martin Meltzer et ses collègues, reconnaissent. Tout d’abord, les modifications spontanées de comportement dans la population pour éviter les contacts avec des malades ou des changements dans les mouvements de population peuvent affecter la tendance actuelle de propagation de l’épidémie. Par ailleurs, les calculs s’appuient sur les données des précédentes épidémies. Or, même si celle actuelle paraît posséder les mêmes paramètres épidémiologiques, il n’est pas certain que cela soit toujours le cas.

De même, le facteur de correction calculé par les auteurs (2,5) peut varier au fil du temps et ne pas être applicable de la même manière à toutes les régions d’un pays touché. Enfin, le second scénario ne prend pas en compte les aspects logistiques nécessaires à l’accroissement du nombre de patients placés en unités spécialisées ou vivant dans un foyer où le risque de transmission est réduit.

Malgré ces limites, le travail de modélisation et les scénarios établis par les CDC mettent en évidence l’urgence d’intensifier les efforts des pays touchés et l’aide internationale. Tout retard se paye en milliers de vies.

Par Paul Benkimoun.
Article paru dans le journal Le Monde du 25 septembre 2014.

Ebola : dossier spécial par La Croix

La Guinée, le Liberia et la Sierra Leone font face à la fièvre Ebola. Quels sont les moyens mis en place en Afrique de l'ouest pour stopper la propagation de ce virus ? Combien de temps cette épidémie va-t-elle durer ? 

L'épidémie d'Ebola - La Croix - AFP
Lire le dossier spécial consacré à l'épidémie d'Ebola sur le site du quotidien La Croix : http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Ebola/

mercredi 24 septembre 2014

La bataille est lancée autour de l'étiquetage nutritionnel des aliments

Carrefour veut jouer les élèves modèles. Mercredi 24 septembre, le distributeur devait annoncer la mise en place de son système d'étiquetage nutritionnel. Entre la fin de l'année et le printemps 2015, tous les produits préemballés de marque Carrefour (600 à 700 au total) seront siglés d'un pictogramme de couleur verte, bleue, orange ou violette, en forme de pyramide inversé. Riz, plats préparés et autres boîtes de conserve porteront aussi une indication de fréquence d'utilisation associée à chaque couleur : " trois fois par jour ", " deux fois par jour ", " une fois par jour " et " de temps en temps ".


Le débat sur l'étiquetage nutritionnel n'est pas nouveau. L'idée ? Rénover le système actuel, qui fait état de la teneur en calories, lipides, protéines..., dans des tableaux chiffrés illisibles.
Le timing choisi par Carrefour ne doit rien au hasard. Officiellement, le groupe profite du changement d'emballages imposé d'ici à décembre dans le cadre du règlement européen INCO (information des consommateurs), qui fixe de nouvelles règles pour les tableaux chiffrés (mention obligatoire des taux d'acides gras saturés, de sucre et de sel).
Mais c'est en France que le sujet devient brûlant. L'étiquetage nutritionnel des aliments, à l'instar de ce qui se fait déjà pour l'habitat ou l'électroménager, devrait être l'une des mesures phares du projet de la loi de santé qui sera présenté en conseil des ministres mi-octobre. En janvier, le professeur Serge Hercberg (Inserm, université Paris-XIII) avait remis un rapport sur la prévention nutritionnelle à la ministre de la santé, Marisol Touraine. S'inspirant du modèle britannique à trois couleurs (les " feux tricolores "), il proposait un code de cinq couleurs, du vert pour les aliments qui présentent la meilleure qualité nutritionnelle au rouge pour les moins bons.
Carrefour, lui, a choisi de se baser sur le système préconisé par le professeur Hercberg, mais avec seulement quatre catégories, et d'y ajouter ses propres indications sur la fréquence de consommation des produits. " L'approche par les feux tricolores induisait l'idée qu'il y a de bons et de mauvais produits. Pour nous, tous les produits ont des avantages, la question est de savoir comment on consomme ", argue Jérôme Bédier, le secrétaire général de Carrefour. Quant à la couleur rouge, elle a opportunément disparu.
Ce système est pourtant loin de faire l'unanimité. " C'est un coup marketing, c'est dommage ", regrette M. Hercberg. " Cette initiative montre qu'il faut légiférer pour éviter que chacun crée son propre système à sa façon ", poursuit le scientifique. Les associations de consommateurs se veulent également circonspectes. " Cet outil va dans le bon sens. Mais en lançant son système avant la promulgation de la loi, avec des seuils et des formats qui lui sont propres, Carrefour risque d'ajouter à la confusion du consommateur ", déplore Olivier Andrault, chargé de mission à l'UFC-Que Choisir. " L'objectif est de pouvoir dire aux clients : venez chez nous, c'est meilleur que chez le voisin " estime M. Andrault.
Le groupe dirigé par Georges Plassat espère pourtant faire école avec ses pictogrammes. " Ce n'est pas un système dont nous souhaitons garder la propriété exclusive : chacun, industriel comme distributeur, pourra s'en emparer ", assure M. Bédier. Car Carrefour en est persuadé, son système sera avalisé par le législateur. " Nous en avons parlé aux pouvoirs publics et à l'Anses - Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail - . Ce projet est conforme au projet de loi " assure M. Bédier.
Pour l'heure, le ministère de la santé n'a pas encore tranché et s'en tient aux propos tenus en juin par Mme Touraine, favorable à " un système uniforme ". L'échelle des cinq couleurs semble tenir la corde. " Un tel outil incitera les acteurs économiques à reformuler leurs produits vers une meilleure qualité nutritionnelle, estime M. Hercberg. L'idée n'est pas de stigmatiser un produit ni d'interdire de manger les produits rouges, mais de donner des repères, notamment pour les populations plus fragiles (défavorisées, enfants…). " Le ministère a demandé à l'Anses de fixer les seuils pour chaque couleur. Elle devrait rendre ses travaux en novembre. Mais ils n'auront pas de caractère obligatoire...

Lire la suite au Centre de ressources (DPFI -GRETA de Lormont / EFMS -GRETA de Talence)
Laurence Girard, Pascale Santi et Audrey Tonnelier
Article publié dans le journal Le Monde du 24 septembre 2014.

Internet : du devoir de mémoire au " droit à l'oubli "

Le 13 mai, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a consacré le fameux " droit à l'oubli numérique ". Ce dernier, qui restait jusqu'alors virtuel, a été transformé par la justice européenne en un nouveau droit très concret octroyé aux citoyens. Juridiquement, les juges de Luxembourg ont appliqué les textes européens : par son travail d'indexation d'Internet nécessaire à son moteur de recherche, Google agrège des informations personnelles d'individus, qui sont ensuite proposées dans certains résultats de recherche. A ce titre, il est responsable de ces données et doit les supprimer si l'internaute concerné le demande et dans certaines conditions.


Le nombre de demandes de suppression de résultats de recherche reçues par Google – plus de 100 000 en quelques mois – constitue la preuve indéniable que ce nouveau droit répond à une véritable aspiration des citoyens européens. Il n'a pas fallu longtemps pour que des deux côtés de l'Atlantique, de virulentes critiques s'abattent sur la décision de la Cour. Des journalistes français ont crié à la censure, arguant que des informations d'intérêt public allaient disparaître de la mémoire collective, que des hommes politiques empêtrés dans les affaires allaient pouvoir se refaire une virginité numérique. Ce danger, au vu de la décision de la Cour, semble lointain : les juges ont expressément exclu du champ du " droit à l'oubli " les informations ayant un intérêt pour le public. Impossible donc pour un homme politique de faire oublier qu'il a omis de payer ses impôts…
D'autres critiques se sont désolées de la disparition totale de certaines pages Web, dont des articles de presse, des moteurs de recherche. Là encore, la Cour précise que les articles incriminés ne doivent disparaître que lorsque le nom de la personne requérante est recherché. Les pages Web restent accessibles dans Google lorsqu'on les recherche par un autre biais. Dans certains cas, le terme de " droit à l'oubli ", qui n'est pas utilisé directement dans la décision de justice, est trompeur. Il est plus juste de parler d'un droit au " déréférencement personnel ".
Une autre critique a été exprimée, notamment côté américain : la décision européenne mettrait à mal la sacro-sainte liberté d'expression. Cette critique, symbole du choc des valeurs entre l'Europe et les Etats-Unis dont Internet est coutumier, oublie que la Cour a pris en considération un autre droit, aussi solidement protégé en Europe, celui de la vie privée. Dans un classique exercice de conciliation, la CJUE a estimé que ce droit à la vie privée prévalait, dans certains cas, sur la liberté d'expression. Ces critiques, en se concentrant sur la décision de la Cour, passent à côté des vrais enjeux. Le premier, c'est que le juge et le législateur du XXIe siècle se trouvent devant une situation inédite : celle d'un monde à la mémoire toujours plus permanente. Il est aujourd'hui possible d'obtenir le CV complet de celui ou celle qui se tient en face de nous, en quelques secondes depuis un téléphone connecté à Internet.
Piqûre de rappel
Ce changement est majeur : les informations personnelles, hier complexes et longues à réunir, sont à portée de clavier, pour toujours. Il semble raisonnable que certaines informations périmées ne puissent pas entraver la vie présente du citoyen, et il n'est pas absurde que le législateur se tienne auprès de ceux, nombreux, qui ne peuvent pas mener une vie entièrement publique. Comme le dit le journaliste David Meyer, ce " droit à l'oubli " est une " forme de censure qui protège les faibles, pas les puissants ".
Encore faut-il distinguer les faibles des puissants. C'est sans doute là le péché de la Cour, qui a confié à Google le pouvoir exorbitant d'effectuer une délicate conciliation entre des principes fondamentaux de nos démocraties, la liberté d'expression et la protection de la vie privée, dans une totale et contrainte opacité. Le tout avec des instructions plus que vagues : les juges ordonnent en effet la suppression des informations jugées " inadéquates, non pertinentes ou excessives, non mises à jour ". Aurait-il fallu des préconisations plus précises, ou bien que la justice, voire une autorité administrative (comme la Commission nationale de l'informatique et des libertés en France), soit à la manœuvre ?
La décision de la CJUE est une piqûre de rappel. Le Parlement européen a, au printemps, amendé le texte, issu de la Commission, rénovant le droit européen en matière de protection des données personnelles. Les députés ont explicitement prévu un " droit à l'oubli " proche de celui que les juges européens ont esquissé. Il est plus que temps de se pencher sur le sujet.
Google organise une consultation, qui fait étape à Paris jeudi 25 septembre, dans laquelle des participants du monde des médias, des nouvelles technologies et des universitaires tentent de dessiner les contours et les modalités de ce nouveau droit. Cette initiative est plus que bienvenue. Mais il est dommage qu'un débat aussi crucial ne déborde pas plus largement dans la société civile. Comme le souligne l'universitaire italien Luciano Floridi, qui participe à la consultation de Google, nous sommes passés, " en l'espace d'une vie humaine, du devoir de mémoire au droit à être oublié ".
Ce changement majeur mérite en tout cas mieux que certains débats à l'emporte-pièce qui ont eu lieu jusqu'ici.

par Martin Untersinger
Article publié sur LeMonde.fr, le 25 septembre 2014.

Pourquoi l'adoption d'enfants nés par PMA à l'étranger est validée

L'avis de la Cour de cassation, qui reconnaît le droit d'adopter à l'épouse d'une mère biologique, devrait mettre un terme à la cacophonie judiciaire.
L'adoption est " clairement ouverte, sous toutes ses formes, à tous les couples mariés, conformément à la loi du 17 mai 2013 ". La satisfaction point entre les lignes du communiqué du ministère de la justice, publié mardi 23 septembre dans la foulée des avis de la Cour de cassation sur les enfants nés par procréation médicalement assistée (PMA) à l'étranger. La cour a tranché : les enfants conçus au sein de couples de femmes par PMA à l'étranger peuvent être adoptés par l'épouse de leur mère biologique, et les mères ne doivent pas être considérées comme des fraudeuses.


La haute juridiction va dans le sens voulu par le législateur. Tout en n'ouvrant pas la PMA aux couples de lesbiennes en France, le gouvernement entendait, avec la loi sur le mariage pour tous, " sécuriser " l'avenir des enfants (de plus en plus nombreux) ainsi conçus. L'adoption de l'enfant du conjoint, ouverte aux couples mariés, permet l'établissement d'une deuxième filiation en plus de celle de la mère biologique. L'idée que cette adoption intrafamiliale allait servir à " régulariser " la situation de ces enfants avait été exprimée pendant le débat parlementaire de février 2013, par des ministres et des parlementaires de la majorité.

L'avis de la cour devrait faire jurisprudence et mettre un terme à une cacophonie judiciaire. Les couples de femmes confrontées à des décisions négatives réclamaient " la même justice pour tous ". La plupart des tribunaux saisis depuis mai 2013 ont accordé l'adoption. Mais neuf demandes ont été refusées. Et deux tribunaux ont saisi la Cour de cassation. Avec comme principales questions : la PMA n'étant pas ouverte aux couples de femmes en France, celles qui vont en Belgique ou en Espagne sont-elles en fraude ? Si oui, cette fraude fait-elle obstacle à l'adoption ?

Gaëlle Dupont
Article publié dans le journal Le Monde du 25 septembre 2014.

Brighelli : Hamon fait entrer le voile à l'école !

Un voile à géométrie variable

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Dans une interview sur BFM, le tout nouveau ministre de l'Éducation nationale vient d'accéder à la demande des groupes les plus revendicatifs (et, osons le dire, les plus extrémistes) et d'accepter que, cas par cas, les chefs d'établissement, les directeurs d'école agréent les demandes des accompagnatrices bénévoles des sorties scolaires qui souhaitent porter un voile islamique. Bravo. Il sera donc dit aussi que je finirai par regretter Luc Chatel, qui avait eu la bonne idée de sortir en mars 2012 une circulaire sans ambiguïté pour expliquer que l'école, y compris hors les murs, était et restait le lieu laïque qu'avait autrefois défini Jean Zay.
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Lire la suite sur Le Point.fr

Dix ans après la loi, le débat sur le voile à l’école s’est apaisé

Aujourd’hui, malgré quelques contestations résiduelles, la question du voile à l’école est largement résolue. Mais l’affirmation identitaire des jeunes musulmans demeure ici ou là.

COMMENT S’EST APPLIQUÉE LA LOI ?

Destinée à clore les contentieux apparus dès 1989 avec l’« affaire » du voile islamique de Creil (Oise), la loi du 15 mars 2004 réglementant les signes religieux à l’école allait mettre, prédisaient certains, la France « à feu et à sang ». Il n’en a rien été. S’il a été voté dans un climat de tension, ce texte s’est finalement appliqué sans heurts.

Preuve, veut croire Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN (chefs d’établissement), « que cette loi rencontrait une certaine attente, y compris de la part des différentes communautés » religieuses.

Côté musulman, quelques voix résiduelles réclament encore sa suppression. Ainsi le Collectif féministe pour l’égalité et le Collectif pour l’abrogation des lois islamophobes appellent à manifester en ce sens le week-end des 15 et 16 mars, à Paris et Marseille.

Par ailleurs, le débat a été – brièvement – relancé par un rapport sur la politique d’intégration remis en décembre 2013 au premier ministre et qui recommandait, entre autres, la « suppression des dispositions légales et réglementaires scolaires discriminatoires concernant notamment le voile ». Une piste immédiatement enterrée par le gouvernement.

Aujourd’hui, les jeunes filles voilées enlèvent leur foulard à l’entrée de leur établissement. « En 2012-2013, il n’y a eu aucun conseil de discipline pour port de voile », se félicite Jean-Paul Delahaye, directeur général de l’enseignement scolaire. Seul bémol, selon Philippe Tournier, « les sikhs ont aujourd’hui encore du mal à accepter que leurs enfants ôtent le turban dont le port est obligatoire dans leur religion ».
Article paru sur le site de La Croix.fr

Le port du voile à l'école

Apparue en 1989 avec l'expulsion de leur collège, à Creil, de deux jeunes filles de quatorze ans, la question du port du voile à l'école est à nouveau sur le devant de l'actualité. Parallèlement, on voit apparaître dans quelques piscines des horaires réservés aux femmes. Ne sommes-nous pas là devant des formes de ségrégation, dans une nation démocratique et au pays des droits de l'Homme (et de la Femme) ? Qui sont donc ces "ombres", comme les appelle quelqu'un de mon entourage, voilées et vêtues de la tête aux pieds, de noir, de gris ou de couleurs sobres ?


Pourquoi portent-elles le voile ?

Ne pourrait-on y voir un effet de mode ou un moyen de séduction envers les plus croyants des musulmans?
En apparence, cela ressemble à une forme exacerbée de pudeur, d'une peur du regard dérangeant de l'homme. C'est cependant la prescription religieuse qui est mise en avant: le respect du Coran. Un signe de religiosité et d'affirmation de soi.
Mais pour la plupart de ces jeunes filles ou de ces femmes, est-ce vraiment un choix personnel?
N'est-ce pas plutôt la conséquence d'une pression de la famille, de l'entourage ou de groupes radicaux islamistes de plus en plus présents dans les banlieues? Hormis quelques femmes voilées qui occupent le devant de la scène, les autres ont-elles le choix dans une culture ayant souvent une vision archaïque et discriminatoire de la femme ?

Lorsqu'elles répondent "oui, c'est mon choix", ne s'agit-il pas plutôt d’auto-persuasion de la part de victimes, malgré elles, d'un repli communautaire?
C'est bien de cela dont il s'agit, une forme de provocation qui marque un rejet du mode de vie et des valeurs occidentales ainsi qu'une confusion inconsciente entre l'islam et le monde arabe. L'islam devient un moyen d'affirmer une identité communautaire face à des nations (occidentales) dont les populations issues de l'immigration se sentent économiquement rejetées et dans lesquelles certains ne souhaitent pas s'intégrer.

Pour approfondir cette question du repli communautaire, du fondamentalisme et de l'intégrisme, voir la page sur les dangers du communautarisme, qui permet de comprendre que le port du voile n'est que le symptôme d'un malaise beaucoup plus profond et celle des citations sur le communautarisme.

Article paru dans athéisme

mardi 23 septembre 2014

L'incendie d'une maternelle, symptôme du malaise d'un quartier de Saint-Denis

L'école Hautes-Noëlles de la cité des Cosmonautes a été attaquée le jour de la rentrée

Devant l'école maternelle Hautes-Noëlles, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), une affichette prévient sobrement : " Fermeture provisoire ". Jusqu'aux vacances de la Toussaint, les enfants sont hébergés dans l'école élémentaire et le centre de loisirs attenants. Le jour de la rentrée scolaire, mardi 2 septembre, les enfants avaient dû rester dehors avec leurs parents quand la cloche avait sonné. Leur école avait été incendiée une heure plus tôt...

Lire la suite dans le Monde du 24/09/2014 : http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/09/23/l-incendie-d-une-maternelle-symptome-du-malaise-d-un-quartier-de-saint-denis_4492649_3224.html

L'Unicef s'alarme du mal-être des adolescents français

43 % des jeunes de 15 ans et plus seraient en situation de " souffrance psychologique ", selon une étude menée auprès de 7 000 adolescents. Un malaise accentué par la crise économique

Les adolescents connaissent, en France, un mal-être dont l'ampleur frappe l'Unicef. Pour la deuxième année consécutive, le Fonds des Nations unies pour l'enfance a mené partout en France, au printemps, une vaste étude auprès des 6-18 ans, qui fait l'objet d'un rapport remis au gouvernement, mardi 23 septembre. Parmi les personnes interrogées, quelque 7 000 adolescents (12-18 ans) ont évoqué leur quotidien, mais aussi leurs peines, leurs idées suicidaires et conduites addictives, " d'une ampleur inquiétante ", selon l'Unicef. 43 % des jeunes de 15 ans et plus seraient ainsi en " situation de souffrance psychologique ".
Le mal-être adolescent, miroir d'une société en crise, lit-on en filigrane dans ce rapport intitulé " Adolescents en France  : le grand malaise ". Car la situation matérielle des familles n'est pas sans rapport avec ce mal-être adolescent. 17 % des enfants et adolescents consultés se trouvent en " situation de privation matérielle ". Ils ont répondu négativement à quatre des dix-sept critères qui servent à l'Unicef pour évaluer la précarité à l'échelle européenne ("  Je mange trois repas par jour ", " J'ai au moins un jeu ou jouet adapté à mon âge ", " Un endroit pour faire mes devoirs au calme "…).
Cette précarité va de pair avec d'importantes difficultés d'intégration dans toutes les sphères de la vie sociale, note l'Unicef, en un " cumul des inégalités " qui a " une forte probabilité d'être vécu comme une souffrance ". En famille, une proportion non négligeable d'interrogés disent ne pas se sentir valorisés par leur père (23 % des 15 ans et plus), ou leur mère (11 % des 15 ans et plus). Vivre, même, des relations tendues avec leurs parents (autour de 40 %). Dans les familles les moins nanties, la moitié des jeunes a fait état de tensions.
Mêmes difficultés accrues à l'école, qui " ne joue pas son rôle de reconnaissance et de protection pour un grand nombre d'enfants ", regrette l'Unicef. Près de la moitié des sondés (45 %) se sentent angoissés à l'idée de ne pas réussir. Chiffre qui atteint 60 % chez les jeunes en situation de privation.
Malgré les sommes " considérables " investies dans l'éducation et la prise en charge des enfants, analyse, dans l'étude, la pédiatre et psychothérapeute Catherine Dolto, " un trop grand nombre d'entre eux se sentent à la dérive dans le tournant de l'adolescence ". Derrière ces vies " très privilégiées au regard de la majorité des enfants du monde ", se cachent l'alcoolisme, la drogue, le harcèlement, " une immense solitude, un désarroi qui étouffent insidieusement le désir de vivre ".
81 % des participants ont avoué qu'il leur arrivait d'être tristes ou " cafardeux ", 52 % de n'avoir plus goût à rien. L'alcool est de consommation habituelle, jusqu'à l'ivresse, pour 41 % des plus de 15 ans. La drogue, pour 32 %. Une fois encore, ce sont les adolescents les plus démunis qui sont le plus sujets aux conduites addictives. Le plus tentés, aussi, par le suicide, question par ailleurs " fortement présente " à l'esprit des adolescents sollicités. Quelque 32 % reconnaissent qu'il leur est arrivé d'y penser ; 12 % qu'ils ont tenté de mettre fin à leurs jours.
" Le harcèlement sur les réseaux sociaux joue un rôle crucial dans le passage à l'acte, multipliant les risques par trois, s'alarme Serge Paugam, sociologue et directeur de recherches au CNRS, qui a encadré l'étude. Ces réseaux développent les liens sociaux des ados qui y sont présents à près de 90 %. Mais le manque de “popularité”, la critique, le harcèlement les entraînent dans une angoisse relationnelle qui explique les tentatives de suicide ".
Autre intérêt de l'étude, pour le sociologue  : l'impact confirmé des séparations parentales dans le mal-être adolescent. " Ce n'est pas du modèle familial lui-même que naît la souffrance, mais de la manière dont il est vécu et regardé par la société ; des tensions et de l'isolement qu'il génère ", complète le docteur Dolto.
D'où la nécessité d'inventer de nouveaux lieux d'écoute et des formes étroites d'accompagnement. Le rapport tiré de cette étude vaudra " interpellation des pouvoirs publics  et de la société civile dans son ensemble ", espère la présidente d'Unicef-France, Michèle Barzach. " Nous avons tous un devoir de réassurance vis-à-vis de ces jeunes. "
Pascale Krémer
Article publié dans le journal Le Monde du 24 septembre 2014.

Laurent et Jérôme, mariés, agréés, prêts à adopter

Ce couple d'hommes est l'un des premiers à avoir obtenu une autorisation d'adoption. Ils ont choisi la voie la plus difficile pour avoir un enfant.



Ils n'en reviennent pas. Tout sourire, les deux hommes montrent le papier officiel du conseil général des Bouches-du-Rhône, reçu mi-août. Laurent (41 ans) et Jérôme (36 ans) en couple depuis douze ans, mariés en juillet 2013, ont obtenu l'agrément pour adopter un enfant abandonné, en France ou à l'étranger.
Ils sont parmi les premiers et ont accepté de témoigner en restant anonymes (leurs prénoms ont été modifiés). " On vit tranquilles, discrètement ", justifient-ils. Laurent est agent de maîtrise dans une usine pétrochimique ; Jérôme, steward. Leurs collègues ne sont pas au courant de leur vie privée.
Ils n'en reviennent pas, parce que tout a été si rapide, si simple. Après neuf mois de procédure, ils ont reçu le sésame. Eux, un couple d'hommes. " J'avais peur de rencontrer l'incompréhension ", résume Laurent. Cela n'a pas été le cas. Ni avec l'assistante sociale ni avec la psychologue, rencontrées chacune trois fois, ni pendant les réunions avec les autres parents. Pessimistes au départ, ils sont désormais pleins d'espoir. " On est prêts, dit Jérôme.Est-ce qu'ils nous donneraient l'agrément s'il n'y avait rien derrière ? "
Pourtant, leurs chances d'avoir rapidement un enfant n'ont jamais été aussi faibles. Il en a été peu question pendant les débats sur le " mariage pour tous ", mais les chiffres parlent d'eux-mêmes : quelque 20 000 agréments sont en cours de validité en France, alors que 1 500 enfants étrangers et un peu plus de 700 pupilles de l'Etat sont adoptés chaque année. L'augmentation du niveau de vie dans les pays en développement entraîne de plus en plus d'adoptions sur place. En France, en dehors des bébés abandonnés à la naissance, les enfants délaissés sont difficilement adoptables, car le maintien des liens avec la famille biologique prime.
En tant que couple homosexuel, les espoirs de Laurent et Jérôme sont encore plus réduits que ceux des candidats hétérosexuels. L'adoption internationale leur est quasiment fermée : le Brésil accepte les candidatures de couples gays, mais pour des enfants de plus de 10 ans. Les Etats-Unis aussi, mais l'Agence française de l'adoption ne travaille pas encore dans ce pays. L'Afrique du Sud et certains Etats du Mexique sont ouverts, mais les adoptions restent très rares.
Quant aux pupilles de l'Etat, le conseil de famille, qui attribue les enfants dans chaque département, choisira-t-il deux hommes alors que tant de couples hétérosexuels sont demandeurs ? " Nous sommes respectueux des personnes et du droit, affirme Marie-Thérèse Martini-Malgorn, chef du service adoption et recherche des origines des Bouches-du-Rhône.Ils sont agréés. Leur projet sera étudié comme celui d'autres parents. " Quand leur tour viendra. Pour un enfant de moins de 3 ans, l'attente dure en moyenne cinq ans dans le département.
Laurent et Jérôme ont choisi la voie la plus difficile pour devenir parents. L'un d'eux aurait pu adopter en tant que célibataire, en cachant sa vie privée. Leurs chances auraient été plus grandes, notamment à l'international. " On voulait que tout soit officiel, légal, pas que l'un de nous reste dans l'ombre ", répond Jérôme. Ils auraient pu construire une famille à trois ou quatre parents, avec une femme ou un couple de femmes. " Je n'avais pas envie d'avoir un enfant la moitié du temps ", objecte Laurent.
Et la gestation pour autrui (GPA) à l'étranger ? L'idée ne les séduit pas. " Je veux devenir père dans mon pays, dit Laurent. Et puis, en cas de GPA, il n'y a pas de reconnaissance pour le deuxième père. " Il y a de toute façon un obstacle : le coût, autour de 100 000 euros. Les couples de femmes n'ont pas ces difficultés : aujourd'hui, la plupart d'entre elles vont en Belgique ou en Espagne, pour bénéficier d'une procréation médicalement assistée avec don de sperme, ce qui leur est interdit en France.
Ils sont conscients de s'être lancés dans un " défi ". Cela fait des années qu'ils se préparent. " En voyant l'évolution en Europe, on se disait : “Ça va finir par arriver en France” ",sourient-ils. Ils ont fait construire une petite maison dans un lotissement flambant neuf, avec une chambre pour l'enfant et un jardin, dans une commune du pourtour de l'étang de Berre. " Avoir un enfant, c'est une envie qui ne s'explique pas et qui n'a rien à avoir avec l'orientation sexuelle, dit Laurent. Je viens d'un milieu ouvrier. Dans mon schéma familial, je ne me voyais pas forcément homo, mais je me voyais avoir des enfants. "
Leur dossier est " béton ", se rassurent-ils. Couple revendiqué " pépère ", ils sont entourés de leurs familles et d'amies qui leur confient les enfants à garder pendant les vacances. Adhérents à l'Association des parents gais et lesbiens, ils ne militent pas. " La psy nous a dit : “Il faut faire attention à ce que votre enfant ne soit pas un porte-drapeau” ", se souvient Laurent. Ils demandent un enfant âgé de 2 à 7 ans. " On s'est dit qu'on ne nous donnerait jamais un bébé, poursuit Laurent. Entre des parents hétéros et nous, la priorité n'ira pas à nous. "
Ils souhaitaient de toute façon avoir un enfant plus grand, " pour qu'il vive son adoption ". Rien de sa naissance et de son parcours ne lui sera caché. " On se tient prêts à répondre à toutes les questions, y compris : “Pourquoi deux hommes ?” ", dit Laurent.
Ont-ils peur qu'une mère lui manque ? " On essaiera de compenser, dit Laurent. On fera tout pour le rendre le plus heureux possible. " Ils sont prêts à accueillir un enfant atteint d'une " particularité légère ou réversible " (selon la terminologie officielle) : bec-de-lièvre, diabète, hépatite, VIH. " Un enfant séropositif, ça n'est pas quelque chose qui nous fait peur ", relève Laurent. De ce fait, ils mettent toutes les chances de leur côté. Ils rêvent d'un enfant " pour Noël " mais se disent prêts à attendre des années.

Image d'illustration Le Monde Séverin Millet

Gaëlle Dupont
Article publié dans le journal Le Monde du 24 septembre 2014.

Ebola : l'OMS prévoit jusqu'à 20 000 cas d'ici à novembre

Les prévisions sur l'épidémie de fièvre Ebola s'assombrissent. Le virus a déjà touché 5 843 personnes, dont 2 803 mortellement, en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, selon le bilan publié lundi 22 septembre par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). " L'épidémie s'accroît à une vitesse exponentielle dans les trois pays ", constate Christopher Dye, directeur de la stratégie à l'OMS. Si rien ne vient freiner sa progression, elle pourrait atteindre 20 000 cas dès le 2 novembre, et non fin décembre comme prévu initialement.


Une tendance que met en évidence une étude publiée mardi dans le New England Journal of Medicine. Les auteurs, experts de l'OMS et de l'Imperial College de Londres, analysent les neuf premiers mois de l'épidémie et présentent des projections pour les prochaines semaines.
Sur la base des meilleures données disponibles (les 4 500 cas recensés au 14 septembre), il apparaît qu'une personne infectée en contamine directement deux autres. Ce taux est légèrement inférieur en Guinée et au Liberia à ce qu'il est en Sierra Leone.
Des chiffres minorés.
Le temps moyen d'incubation est de 11,4 jours, et il ne varie pas entre les trois pays. Le virus Ebola touche de manière équivalente les hommes et les femmes dans les trois pays les plus affectés. Mais les soignants paient un lourd tribut : plus de 150 d'entre eux ont été infectés et au moins 80 en sont morts. Le taux de décès atteint 80 % parmi les soignants infectés au Liberia.
Puis les experts ont tenté d'établir des projections pour les semaines à venir, sachant qu'au-delà les prévisions n'ont plus beaucoup de sens. " Nous estimons que, au rythme actuel d'augmentation, dans l'hypothèse où il n'y aurait pas de changement dans les efforts de contrôle de l'infection, le nombre cumulatif de cas confirmés et probables atteindrait le 2 novembre (à la fin de la 44e semaine de l'épidémie) 5 925 en Guinée, 9 939 au Liberia et 5 063 en Sierra Leone, soit plus de 20 000 cas ", selon les auteurs.
Leurs chiffres seraient similaires à ceux que s'apprêtent à publier cette semaine les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) d'Atlanta, qui ont analysé les données du Liberia et de la Sierra Leone. " Les CDC estiment que les deux pays compteront 8 000 cas fin septembre, quand notre estimation est de 7 000 cas à cette date ", commente Christopher Dye.
Les CDC ont tenté d'évaluer la sous-déclaration des cas, et ils estiment qu'il faut multiplier par 2,5 les chiffres officiels actuels. Selon l'agence Bloomberg, qui s'est procuré des éléments du rapport, dans le scénario le plus pessimiste, celui où la réponse à Ebola resterait en l'état, l'épidémie pourrait au total affecter 550 000 personnes.
" Nous sommes dans la troisième vague d'accroissement de l'épidémie, pointe M. Dye. Nous n'avons pas d'indication rassurante sur la hausse exponentielle des infections. Si nous ne parvenons pas à la ralentir, ce ne seront plus des centaines de cas par semaine, mais des milliers que nous aurons, qui entraîneront des milliers de morts. "
Pour M. Dye, l'actuelle épidémie est exceptionnelle, mais les moyens sont connus pour l'arrêter. La réponse repose sur les mesures de contrôle et de prévention de l'infection, la protection précoce des malades et des soignants, la détection des personnes en contact avec quelqu'un d'infecté. Au Nigeria, l'épidémie a été contenue à 20 cas. " Si nous parvenions à diviser par deux la transmission, nous pourrions inverser la tendance. Mais, ici, il faut le faire à grande échelle. Cette épidémie est comme une série d'incendies qu'il faudra éteindre un par un ", souligne Christopher Dye. Nul doute que ceux des bidonvilles de Monrovia, la capitale du Liberia, seront parmi les plus difficiles à maîtriser.
Paul Benkimoun.
Article publié dans le journal Le Monde du 24 septembre 2014.

Bulletin officiel

RESPECT DE LA LAÏCITÉ


Port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics.

NOR : MENG0401138C
RLR : 502-2
CIRCULAIRE N°2004-084 Du 18-5-2004 JO du 22-5-2004


Plus d'infos : http://www.education.gouv.fr/bo/2004/21/MENG0401138C.htm

La loi sur l’interdiction de signes religieux à l’école n’a pas réglé les problèmes»

INTERVIEW – Jean Baubérot, historien et sociologue, est un grand spécialiste de la laïcité. Il dresse un bilan critique des dix ans de la loi sur l’interdiction du port de signes religieux à l’école...

 

Adoptée dans un climat passionnel le 15 mars 2004, la loi sur l’interdiction du port de signes religieux à l’école aura dix ans samedi. Jean Baubérot, professeur émérite de la chaire «Histoire et sociologie de la laïcité» à l’Ecole pratique des Hautes Etudes, faisait partie de la Commission Stasi, la commission de réflexion sur l'application du principe de laïcité, dont le rapport a permis l'élaboration de la loi. A l’époque, il est le seul membre à s’être abstenu de voter ce rapport. Dix ans après, il explique pourquoi, à ses yeux, cette loi n’est pas bonne.

Quel bilan faites-vous de la loi ?

 

La commission Stasi avait fait beaucoup de propositions sur la lutte contre les discriminations, qui n’ont pas été retenues. La loi [adoptée sous Jacques Chirac] a entraîné l’exclusion de jeunes filles de collèges et lycées publics. Elles ont été déscolarisées ou ont dû suivre un enseignement à distance, qui les a désocialisées, ou alors elles sont allées dans le privé – ce qui est paradoxal pour une loi dite de laïcité.

Nicolas Sarkozy est allé encore plus loin. La circulaire Chatel de 2012 interdit aux mères de famille de porter le foulard lors des sorties scolaires, ce qui n’était absolument pas prévu par la loi. Le conseil d’Etat est ensuite revenu dessus, mais la circulaire n’a curieusement pas été abrogée [en décembre, le conseil d’Etat a estimé que les mères voilées accompagnant des sorties scolaires n’étaient pas soumises, par principe, à la neutralité religieuse, tout en laissant «l’autorité compétente» libre de leur demander de ne pas porter de signes religieux pour le «bon fonctionnement du service public de l'éducation», ndlr].

Au final, les problèmes n’ont pas été réglés par cette loi et l’aspect sur la lutte contre les discriminations n’a pas été mis en œuvre.

lundi 22 septembre 2014

La 3D au service des enfants

La réalité virtuelle aide de jeunes handicapés à mieux se concentrer

Dans ce centre éducatif pour jeunes handicapés de Gliwice, dans le sud de la Pologne, chaque élève a une difficulté qui lui est propre. Marcin, par exemple, est  incapable de tenir un morceau de craie dans sa main. Ses instituteurs étalent de la  farine sur la table pour qu'il puisse écrire  avec ses doigts. Tous ont  besoin de matériel et  de stimulations spécifiques. Mais ils ont quelque chose en commun : ils  détestent faire des exercices. " Ces enfants sont rarement satisfaits d'avoir terminé une tâche. Lorsqu'ils manquent de motivation, ils refusent de travailler, et leur développement prend du retard ", explique Matylda Niesobska, de l'association  Lubie  Cie (" Je t'aime beaucoup "), qui gère le centre.
En  2013, l'Ecole polytechnique de Silésie a  contacté l'association pour lui faire une proposition. A l'université de biomécatronique, ils disposaient  d'une grotte en 3D, un cube de la taille d'une pièce sur les parois duquel des images sont projetées pour créer un monde virtuel. D'ordinaire, cet équipement est réservé aux  élèves  ingénieurs.  Mais un des professeurs a pensé que l'installation  pourrait être utile à la rééducation d'enfants souffrant de handicaps  mentaux.
Et c'est ainsi que les chercheurs ont passé une journée entière à jouer aux cubes  avec les enfants, afin d'évaluer leurs capacités. Quelques  semaines plus tard, ils sont revenus pour tester la première version de leur application. Au lieu de tracer des lignes sur du papier, il fallait amener  une  casserole virtuelle  dans une cuisine, par exemple, ou encore exercer sa coordination en attrapant des pommes 3D, dans  un monde chatoyant fait de fleurs, d'animaux, de petits détails et de curiosités.
Cette première tentative a été désastreuse : les exercices étaient trop difficiles. Les  centaines de détails colorés se sont révélés une distraction.  Plusieurs niveaux de difficulté ont été créés, et le graphisme a été considérablement simplifié. Ces changements ont  permis de nets progrès chez les enfants. Mais aussi chez les enseignants : " Garder son calme lorsqu'on travaille avec des enfants handicapés relève parfois du  miracle, admet Malgorzata Kalarus-Sternal.  L'ordinateur, lui, ne s'énerve jamais. "
Katarzyna Zachariasz, (" Gazeta Wyborcza "), Le monde du 23 septembre 2014.




L'océan, nettoyé à la volonté

Depuis trois ans, Boyan Slat, 19 ans, mobilise des centaines d'experts autour d'une idée fixe : utiliser le courant naturel pour débarrasser les mers des déchets plastique

 En 2011, à 16  ans, Boyan Slat, en vacances en Grèce avec sa famille, a découvert que des quantités alarmantes de plastique  flottaient dans la mer Egée. Il a pensé - comme beaucoup d'autres - qu'il fallait agir. Sauf que lui a réellement cherché une solution.
Dès son retour à Delft, tout près de La  Haye, le jeune Néerlandais mène une expérience avec un camarade de lycée pour mesurer la pollution plastique de la mer du Nord. Les résultats ne sont pas concluants - leur outil de mesure  est endommagé par les courants -, mais les deux étudiants sont mentionnés dans un quotidien local.
C'est ainsi qu'un organisateur de conférences " TEDx " - un mouvement international axé sur l'échange de solutions innovantes - repère Boyan Slat et lui demande de présenter ses résultats. Le jeune homme en profite pour étoffer son idée : au lieu de s'employer à repêcher le plastique avec des filets, pourquoi ne pas imaginer un système de nettoyage passif qui utiliserait le mouvement naturel des courants et le vent pour piéger les déchets contre une barrière ?
Son exposé  et son jeune âge  attirent l'attention des médias.  Une centaine de spécialistes - des ingénieurs offshore, des experts du droit maritime, des écologistes, des biologistes des milieux marins - se rassemblent autour de lui, la plupart à titre bénévole, tandis qu'il crée The Ocean Cleanup, un organisme à but non lucratif qui emploie une dizaine de personnes à plein temps pour coordonner le projet.
Leur solution : une barrière flottante en forme de V qui descend à 3  mètres sous la surface de l'eau. Tout en épargnant la faune, elle piège le plastique qui y dérive et le conduit vers une plate-forme d'extraction qui fonctionne à l'énergie solaire.

Question de droit social : L'employeur peut-il licencier un salarié malade ?

Par Francis Kessler, maître de conférences à l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne.

L'absence pour maladie du salarié, dûment justifiée par un certificat médical, conduit à la suspension du contrat de travail pendant laquelle il n'y a pas de rémunération, sauf si le salarié bénéficie d'un " maintien de salaire " par la convention collective de son entreprise ou par la loi s'il a plus d'un an d'ancienneté. Le contrat de travail reprend dès la fin de l'arrêt de travail.
Selon le code du travail, il est formellement interdit de licencier un salarié en raison de son état de santé. Un tel licenciement est discriminatoire et encourt la nullité. Le salarié malade est fortement protégé.
Toutefois, le licenciement est admis si la longueur ou la répétition des absences pour maladie non professionnelle perturbe le fonctionnement ou l'organisation de l'entreprise. L'employeur ne doit pas avoir manqué à son obligation de sécurité envers le salarié et être à l'origine de l'arrêt maladie, par une surcharge de travail ou un harcèlement. Il est aussi obligé de remplacer définitivement le malade par un contrat à durée indéterminée et dans un délai " raisonnable ".
En cas de contentieux, la charge de la preuve incombe à l'employeur. La désorganisation sera plus facile à démontrer si le salarié est cadre, s'il a des compétences particulières ou une formation spécifique et que son remplacement temporaire est plus délicat. Une entreprise de petite taille peut invoquer plus aisément qu'un grand groupe la perturbation de son fonctionnement occasionnée par l'absentéisme.
Interdiction du remplacement partiel
Mais au-delà de ces considérations, qui soulignent déjà l'incertitude qui entoure une telle rupture du contrat de travail, la jurisprudence est difficile à prédire ab initio, l'appréciation de la régularité du licenciement se faisant au cas par cas. Nombre de pratiques sont jugées illicites dans les prétoires.
Ainsi, l'obligation de remplacement n'est pas prouvée si les fonctions du salarié malade sont assumées par un autre salarié de l'entreprise ou d'un même groupe, ou si le travail est réparti entre plusieurs salariés, voire confié à des prestataires externes. Il y a, comme le rappelle une fois encore la Cour de cassation dans un arrêt du 23 mars, " absence de nécessité du remplacement définitif du salarié absent dès lors que l'employeur était en mesure de le remplacer provisoirement jusqu'à son retour ".
Autre exemple, le licenciement d'un salarié à temps partiel du fait de ses absences récurrentes pour maladie, et qui travaillait 121 heures par mois, a été jugé injustifié, parce que son remplaçant n'avait qu'un contrat de 61 heures par mois. Selon la jurisprudence, ce n'est pas là un remplacement définitif.
Licencier un salarié malade peut donc se révéler in fine très coûteux pour l'employeur.

Article publié dans le journal Le Monde du 23 septembre 2014.

L'essaimage, le tremplin des salariés entrepreneurs

Accompagner les salariés qui veulent créer leur entreprise peut être une expérience également concluante pour l'employeur.

Christophe Netillard a créé sa société de conseil informatique, Isis Performance Rhône-Alpes, il y a bientôt trois ans. Alors qu'il travaillait encore chez Orange, l'entrepreneur hésitait à se lancer. Mais le dispositif d'" essaimage " mis en place par son employeur l'a incité à se jeter à l'eau.
" J'ai eu droit à un accompagnement pour développer mon projet et à une aide financière équivalant à un an de salaire, explique-t-il. Mais, surtout, je suis toujours sous contrat chez Orange : si ça se passe mal, je peux toujours revenir. " Un " parachute doré " rendu possible par la pratique de l'essaimage, qui se répand dans la plupart des grandes entreprises, même si le nombre d'entreprises ainsi créées reste modeste : 7 % par an, selon les estimations de l'Agence pour la création d'entreprise (APCE).
" L'essaimage est d'abord l'apanage des grands groupes ", indique Daniel Bellahsen, dirigeant du cabinet de conseil en création d'entreprise Epigo. Pour des raisons de coût, mais aussi d'image : en effet, les premières tentatives sont nées lors des plans de restructuration des années 1980 ou 1990, chez Air France, Aventis ou encore Renault. Encore aujourd'hui, l'essaimage est utilisé dans près de 60 % des plans de sauvegarde de l'emploi, selon une étude de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques.
" Plutôt que de financer un outplacement classique, l'entreprise paie un cabinet spécialisé pour aider le salarié à monter sa boîte ", explique M. Bellahsen. Résultat : " Les entreprises craignent que leurs salariés ne voient dans l'essaimage un plan social déguisé ", pointe Pierre Dubar, responsable essaimage chez Schneider Electric et président de Diese, une association promouvant l'essaimage et regroupant une dizaine de grands groupes.
Peu à peu, les grandes entreprises ont pérennisé leur dispositif d'essaimage pour l'envisager à plus long terme comme un outil de gestion de la mobilité.
Chez Schneider Electric, l'essaimage existe depuis une vingtaine d'années. " Dès le départ, l'idée était de créer un dynamisme au niveau des salariés et de promouvoir les profils entrepreneuriaux, poursuit M. Dubar. Cette solution fait également partie des outils de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. "
Si les entreprises ne l'avouent pas volontiers, l'essaimage est aussi un moyen de favoriser le turnover de salariés. Mais M. Dubar insiste : " Pour que l'essaimage réussisse, il faut que cela parte d'une vraie volonté de la part du salarié, martèle-t-il. On n'est pas là pour le mettre en difficulté. Les syndicats seraient les premiers à monter au créneau. " L'essaimage permet également de garder de bons rapports avec un salarié sur le départ qui pourrait devenir – qui sait ? – un futur partenaire ou client. " Quelqu'un qui veut créer son entreprise la créera de toute manière ", pense M. Dubar. Inutile, donc, de chercher à le retenir. " Présenté comme un avantage social, l'essaimage peut même s'avérer un argument de recrutement pour attirer des profils à haut potentiel ", estime M. Bellahsen.
Quelques entreprises, principalement dans le domaine de la recherche, vont jusqu'à aider leurs salariés à créer leur entreprise pour développer une activité, un brevet, une technologie… qu'elles ont elles-mêmes conçus. Ce partenariat débouche parfois sur la création de spin-off. Le Commissariat à l'énergie atomique pratique ainsi l'essaimage pour valoriser ses brevets.
Selon le cas de figure, le soutien accordé au salarié " entrepreneur " est plus ou moins important. " Cela peut être seulement des contacts, une aide financière ou encore les services d'un cabinet spécialisé ", indique M. Bellahsen. La cellule d'essaimage de Schneider Electric accorde, par exemple, un soutien opérationnel et octroie des subventions. Le " programme entrepreneur " de la SNCF offre, quant à lui, une aide qui va de la formation du business planà la recherche de locaux, en passant par des conseils en communication. Le salarié peut également demander un congé de création d'entreprise dont la durée va de douze à vingt-quatre mois, voire plus dans certaines sociétés.
" Soit l'entreprise a mis en place un dispositif “maison” qui indique les conditions de retour, soit c'est le dispositif légal qui s'applique ", indique M. Bellahsen. Mais le salarié ne bénéficie pas toujours d'une possibilité de retour en cas d'échec.
Selon l'APCE, les responsables d'entreprise pratiquant l'essaimage évaluent entre 70 % à 90 % leur taux de réussite à cinq ans, alors qu'en moyenne une entreprise sur deux ferme avant sa cinquième année. Chez Schneider Electric, le taux de pérennité à trois ans des entreprises créées est de 85 %. " L'essaimage permet d'avoir beaucoup moins d'échecs, à condition qu'il s'agisse d'un vrai projet à l'initiative du salarié ", souligne M. Bellahsen. Pour M. Netillard, l'expérience s'est révélée concluante : l'entrepreneur enregistre 200 000 euros de chiffre d'affaires cette année et envisage même de recruter un salarié en 2015.
Pour lui, pas question de retourner chez son ancien employeur : " Une fois qu'on est devenu entrepreneur, on n'a qu'une seule envie : le rester ! ", s'exclame-t-il.
Catherine Quignon, Le Monde du 23 septembre 2014.