samedi 28 novembre 2015

LIVRE : La sélection du mois de novembre d'Infirmiers.com

Chaque mois, la rédaction d'Infirmiers.com vous propose ses conseils de lecture… Une nouvelle rubrique comme une occasion d'affûter sa curiosité et de parfaire son savoir dans bien des domaines !

Douleurs liées aux soins

Douleurs liées aux soins 
Douleur provoquée, douleur induite, douleur procédurale, douleur iatrogène, douleur liée aux soins, autant de termes utilisés pour décrire un champ de la douleur à la fois restreint, mais aussi très vaste, en particulier si l'on se situe du point de vue de la personne soignée. Lorsque l'on parle de douleur provoquée ou de douleur induite par les soins, les premières images qui surgissent concernent les actes invasifs réalisés par les personnels soignants : piqûre, sondage, suture… L'objectif de ce livre est de décrire les différents aspects de ces douleurs, d'en déterminer les origines et les conséquences. Un survol historique permettra de comprendre la place récente accordée aux douleurs procédurales dans l'évolution des soins. Les obligations légales et les recommandations existantes seront identifiées dans un chapitre spécifique. Les lecteurs trouveront également des informations sur les données épidémiologiques actuellement disponibles, les moyens de prévention et de traitement tant pharmacologiques que non pharmacologiques, permettant d'assurer des soins de qualité ainsi que les moyens de structurer une politique d'équipe, de favoriser la réflexion, d'évaluer la qualité des soins, d'identifier les nécessaires évolutions des attitudes soignantes et des modifications des comportements autour de cette thématique sont largement discutés. 
La qualité d'un système de santé est définie par la prise en compte de l'efficacité du traitement proposé mais aussi par le soulagement des douleurs et de la souffrance des patients.
• Douleurs liées aux soins. Soigner et accompagner. Pascale Wanquet-Thibault  Editions Lamarre, septembre 2015, 24 €.

Perfusion : lignes et cathéters

Perfusion lignes et cathéters 
Pourquoi est-il nécessaire de retirer une aiguille de Huber d’une chambre à cathéter implantable tout en injectant du chlorure de sodium isotonique ? Pourquoi rincer en pulsé ? Les tubulures spiralées sont-elles si pratiques et si sûres ? Le placement d’une valve bidirectionnelle à flush positif prévient-il toute obstruction d’un cathéter central inséré par voie périphérique ?
Illustré et pratique, ce livre permet de répondre à toutes les questions qui peuvent surgir lors du soin : le dispositif choisi est-il compatible avec ce soin particulier ? Quelles règles d’utilisation faut-il définir selon le matériel, le perfusat, le patient ou les conditions thérapeutiques ? Quelles sont les prolongements du choix pratiqué ? Aboutissement de plus d'une décennie de recherches réunissant médecins, soignants, physiciens, biologistes et biochimistes, cet ouvrage est original et sans équivalent. Les auteurs y exposent les conséquences des principes physiques (rhéologiques et hémodynamiques) intervenant dans l’administration intraveineuse des médicaments et leurs implications sur le soin et le patient. Leur ambition est de contribuer à : une meilleure connaissance de la pratique thérapeutique du cathétérisme, l’optimisation et l’augmentation de la durée de vie des dispositifs, l’amélioration du confort et de la sécurité du patient et la réduction des complications et du coût du soin « perfusion ». L'ouvrage est destiné à tous les intervenants de la chaîne liée au matériel d'injection parentérale et de cathétérisme interventionnel : en premier lieu les médecins et le personnel infirmier (en poste ou en formation), mais aussi les fabricants, diffuseurs et acheteurs de ce matériel.
Ce livre est l'aboutissement de la curiosité des auteurs et de leur volonté de comprendre les mécanismes qui régissent la perfusion et l'administration de médicaments par l'intermédiaire des dispositifs d'abord veineux et des systèmes d'injection et perfusions parentéraux.
• Perfusion : lignes et cathéters. Bien choisir et utiliser les dispositifs, Gérard Guiffant, Jacques Merckx, Patrice Flaud, Editions Arnette, octobre 2015,26 €. 

Violences sexuelles

Violences sexuelles 
Qui sait que 81 % des victimes de violences sexuelles ont subi les premières violences avant l’âge de 18 ans ? Qui sait qu’une femme sur 5 et un homme sur 14 ont subi des agressions sexuelles dans leur vie ? que plus de 250 000 viols sont commis chaque année en France essentiellement par des proches et dans tous les milieux sociaux ? Qui sait que l’impact des violences sexuelles sur la santé des victimes est majeur à court, moyen et long termes ?
Dénoncer les idées fausses, le déni et la loi du silence, demander que les droits des personnes victimes soient respectés, pour qu’elles soient protégées, reconnues et soignées, donner des outils pour mieux les comprendre et en être solidaires, c’est l’objectif de ce livre qui fournit des réponses claires aux questions que personne ne devrait plus se poser mais aussi aux questions que tout le monde devrait se poser. Un livre qui éclaire d’un jour nouveau un dossier encore trop souvent tabou.
Un ouvrage qui répond à la question suivante : pourquoi est-il aussi important d'être informé sur les violences sexuelles et leur impact traumatique sur les victimes ?
• Violences sexuelles. Les 40 questions-réponses incontournables, Dr Muriel Salmona, Editions Dunod, septembre 2015, 16 €.

L'accueil, un temps pour soigner

L'accueil, un temps pour soigner 
L'accueil existe désormais presque partout : c'est l'entrée à l'hôpital, c'est une unité de triage ou bien c'est le lieu dévolu à l'arrivée administrative du patient. Au-delà de cette hétérogénéité, de cette banalisation, il est nécessaire de (re)trouver l'accueil comme démarche de soins bien particulière, en partie propre à la psychiatrie, et dans laquelle les infirmiers sont en première ligne en même temps que tous les intervenants sont concernés : médecins, psychologues, assistants sociaux. L'accueil est donné ici comme une intervention soignante à part entière, utile à proposer dans toutes les phases du traitement. Et pour donner force et concrétude à cette proposition, les auteurs sont allés sur le terrain et ont donné la parole à des infirmiers, infirmières, à des équipes, à celles et ceux qui sont en première ligne dans ce travail d'accueil. Nous sommes allés à Bondy, en Seine-Saint-Denis, l'un des berceaux de l'accueil en France : dans les années 1980, Guy Bâillon et d'autres avec lui transforment la conception même du soin en psychiatrie. Nous sommes allés à Malévoz, en Suisse, où l'institution psychiatrique accueille le patient et sa famille dans un hôpital qui vit en osmose avec l'environnement urbain. Là aussi, des équipes multidisciplinaires, et en particulier les infirmiers, ouvrent de nouvelles voies, pensent le soin, sans se laisser démotiver par le contexte tendu ou les restrictions imposées.
La démarche "accueil" peut être le moment où se redécouvre la liberté perdue. »
L'accueil, un temps pour soigner, Florence Quartier, Patrick Chaltiel, Dimitri Karavokyros, Philippe Rey-Bellet, John Libbey Eurotext, octobre 2015, 28 €

Philosophie et anthropologie du corps

Philosophie et anthropologie du corps 
Les programmes de formation aux différents métiers de la santé ont de nombreuses exigences : quelle que soit leur filière, les étudiants sont censés comprendre et assimiler des données théoriques et scientifiques de plus en plus volumineuses et diversifiées. La question du sens de leur projet professionnel et de leur future activité ne saurait cependant se laisser submerger par la masse des informations à maîtriser. L’intensité de cette question personnelle du sens ne peut non plus être absorbée par la tech­nicité de la discipline philosophique. L’ambition de ce livre de cours est de relever le défi, éthique et pédago­gique, d’amener le lecteur, futur praticien des soins et non philosophe professionnel, à entrer dans un questionnement philosophique personnel. L’abord philosophique et anthropologique du corps constitue un point de départ adapté pour se lancer dans un tel questionnement. Il s’agit de chercher à comprendre le sens de l’espace, du mouvement, de l’effort, des apparences corporelles, d’interroger nos attitudes et postures, privées et professionnelles. Trop longtemps, le corps a été un objet tabou de la philosophie, alors qu’il est l’objet central des pratiques de soins.  Penser le corps et ses possibles, dépasser le dualisme traditionnel de l’esprit et du corps, se pencher sur la question du corps objet/sujet, insister sur la place des affects, autant de priorités qui exigent toute notre attention aujourd’hui.
Cet ouvrage contient les éléments fondamentaux d’une philosophie et d’une anthropolo­gie du corps, tout en s’appuyant sur l’étude de textes philosophiques.
Philosophie et anthropologie du corps, cours introductif pour les formations aux métiers du soin et de la santé, Seli Arslan Editions, août 2015, 18 €.

A lire également

  • Pourquoi notre mémoire est-elle si fragile ? Francis Eustache, Editions Le Pommier, oct. 2015, 10 €.
  • Qui a peur de la maladie mentale. 10 bonnes raisons de se méfier du DSM-5, Maurice Corcos, Editions Dunod, oct. 2015, 14,90 €.
  • Recadrer sans démotiver. Le contexte, le déroulement et le suivi de l'entretien de recadrage, 2e Edition, Christine Benoit, Geresco Editions, octobre 2015.
  • Penser la formation des infirmières et des cadres de santé. Réflexions critiques et expériences de formateurs et d'étudiants, Pierre Campia, Editions Seli Arslan, 23, 50 €.
  Rédactrice en chef Infirmiers.com

Les violences faites aux femmes en trois graphiques

Une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint. Une réalité terrible, rappelée en ce 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes.

18,7 % : Selon le ministère de l’intérieur, près d’un homicide sur cinq, parmi les meurtres non crapuleux (liés à un objectif financier), est la conséquence de violences conjugales, qui touchent en grande majorité les femmes.
La proportion de femmes victimes est encore plus importante lorsqu’il s’agit de violences conjugales « ordinaires » n’ayant pas entraîné la mort.

39 19
La question des violences conjugales est devenue un véritable enjeu de santé public, relayée par un site dédié : stop-violences-femmes.gouv.fr. Un numéro vert, le 39 19, lancé il y a deux ans, a traité 50 000 appels en 2014, deux fois plus qu’en 2013. Il est destiné à aider les victimes, en les orientant vers des associations ou des centres d’hébergement d’urgence, mais aussi en les incitant à porter plainte, ce qui est encore trop rare.

Anne-Aël Durand, Le Monde, 25/11/2015.

Près de 2,5 millions de Français vivent dans un désert médical.

Sous-préfecture, petite commune rurale, arrondissement de grande ville comme Marseille… Réparties sur l’ensemble du territoire et présentant des profils très divers, voilà à quoi ressemblent les zones « potentiellement en danger » d’un point de vue de l’accès aux soins. Selon les Atlas régionaux de la démographie médicale publiés jeudi 26 novembre par le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM), la France métropolitaine compte aujourd’hui 192 déserts médicaux dans lesquels vivent près de 2,5 millions de personnes.

Pour parvenir à ces chiffres, beaucoup plus fins que l’habituelle échelle départementale, l’ordre a pour la première fois analysé les 2 378 « bassins de vie » qui maillent le territoire. A l’intérieur de ces aires urbaines, il a corrélé les chiffres de la densité des médecins et l’évolution de leurs effectifs depuis 2007, puis a accompagné ces résultats d’une multitude de variables médicales et sociodémographiques. « En affinant la connaissance de l’offre de soins, cette classification statistique va aider les réflexions menées au niveau local avec les agences régionales de santé », explique Patrick Romestaing, l’un des vice-présidents du CNOM.

Résultat : les régions Centre (avec 43 zones repérées), Poitou-Charentes (22) et Haute-Normandie (18) comptent le plus grand nombre de bassins de vie « très défavorisés » en termes d’accès aux soins. L’Auvergne, la Champagne-Ardenne, la Corse et l’Ile-de-France ne connaissent aucune zone en forte tension.

Des patients du village de Bélesta en Ariège manifestent devant la mairie du village voisin de Villebrumier contre le manque de généralistes dans la région, en juillet 2010.
Des patients du village de Bélesta en Ariège manifestent devant la mairie 
du village voisin de Villebrumier contre le manque de généralistes dans 
la région, en juillet 2010.  REMY GABALDA / AFP

Maisons médicales pluridisciplinaires

Point commun de ces 192 territoires, pourtant différents par leur taille et leur population : les médecins peinent tous à trouver des successeurs lors de leur départ à la retraite. « Dans les Côtes-d’Armor, la situation est dramatique, on est dans une impasse totale », assure Jacques Morali, le président du conseil régional de l’ordre des médecins de Bretagne. Les 24 bassins de vie « très défavorisés » de la région ont perdu en huit ans un tiers de leurs généralistes. Un autre tiers est aujourd’hui âgé de plus de 60 ans.
Pour expliquer ce difficile passage de relais, le docteur Morali avance le manque d’opportunité de travail pour le conjoint ou la volonté de préserver une certaine qualité de vie. « Je n’ai pratiquement jamais dîné avec mes enfants, je ne suis jamais allé les chercher à l’école, je ne leur ai jamais raconté d’histoire le soir, raconte le médecin de 66 ans, retraité depuis deux ans. La société a changé, c’est une vie dont les jeunes médecins ne veulent plus. »
Dans la région Centre, qui détient le record de zones en danger, les initiatives se multiplient pour favoriser l’installation des jeunes médecins.
« Les déserts médicaux sont souvent des déserts tout court, prévient Claude Neveur, le président du conseil régional de l’ordre. La population s’effrite, l’école et la poste sont parties, il n’y a parfois même pas de ligne de bus… Un jeune médecin qui a fait huit à dix ans d’études n’a pas envie de s’installer dans une zone comme ça. »
Face à cette situation, certains maires tentent de faire venir des médecins étrangers, notamment roumains. « C’est plutôt un échec, note le docteur Neveur. Faisant valoir qu’ils n’avaient pas assez de patients, ceux-ci ne sont souvent pas restés plus d’un an. » La mise en place de maisons médicales pluridisciplinaires apparaît alors souvent comme une réponse efficace. Une cinquantaine ont déjà été mises en place dans la région Centre. « Cela permet aux professionnels d’exercer dans de meilleures conditions, cela les sécurise et leur évite les épuisements professionnels », fait valoir M. Neveur. Le ministère de la santé estime que 800 maisons de ce type devraient être en activité d’ici à la fin 2015 au niveau national et en espère 1 000 d’ici à 2017.

Hausse « ciblée » du numerus clausus

Certaines zones périurbaines, pourtant attractives, ne sont pas épargnées par le phénomène. D’ici à 2020, 150 000 habitants de l’agglomération toulousaine pourraient se retrouver en situation de ne plus avoir de médecin traitant, rapporte Stéphane Oustric, conseiller national de l’ordre pour la région Midi-Pyrénées. « Plus on est dans l’urbanité, plus on va avoir de médecins qui travaillent à temps partiel », relève-t-il, pointant également les prix élevés de l’immobilier dans certaines villes comme frein à l’installation.
Hasard du calendrier, Marisol Touraine devait détailler, jeudi 26 novembre à Dijon, les mesures de son « pacte territoire santé 2 » et notamment annoncer une hausse « immédiate » et « ciblée » du numerus clausus de 131 places dans dix régions en manque de médecins. La ministre de la santé devait également faire part de son objectif de « faciliter, d’ici à 2017, l’installation de 1 000 médecins généralistes ou d’autres spécialistes », grâce à des contrats de praticien territorial de médecine générale, un dispositif qui permet d’apporter une garantie de revenus et des avantages sociaux aux jeunes médecins s’installant en zone sous-dotée.

François Béguin, Le Monde, 26/11/2015.

vendredi 27 novembre 2015

DOC HEBDO N°59 - du 26 novembre au 2 décembre 2015

Retrouvez et téléchargez le bulletin numérique de revue de presse DOC HEBDO N°59 du DPFI de Lormont qui présente l'actualité du 26 novembre au 2 décembre 2015 via ce lien : https://drive.google.com/file/d/0B8K6AGV2iEkDSFJfOWRrYzJtcHc/view?usp=sharing

Retrouvez les anciens numéros du Doc Hebdo sur cette page : http://actu33.blogspot.fr/p/doc-hebdo-du-dpfi.html

https://drive.google.com/file/d/0B8K6AGV2iEkDSFJfOWRrYzJtcHc/view?usp=sharing

 

Le paquet de cigarettes neutre validé à l’Assemblée

L’Assemblée a approuvé de justesse, mercredi 25 novembre, l’instauration du paquet de cigarettes neutre à partir de mai 2016. Cette mesure était vivement contestée par l’industrie et les buralistes, dont les protestations ont été relayées par les députés de droite tout comme certains socialistes.

L’amendement de suppression de cette mesure en nouvelle lecture du projet de loi santé a été rejeté par 56 voix contre 54. Pas moins de 17 socialistes ont tenté de supprimer cette mesure phare du texte de Marisol Touraine.


Le texte prévoit l’instauration, à partir de mai 2016, de paquets de cigarettes neutres, ayant tous la même forme, la même taille, la même couleur et la même typographie, sans aucun logo. Le nom de la marque continuera toutefois d’apparaître en petit sur les paquets.


Le Sénat avait supprimé cette disposition du projet de loi santé, proposant à la place de suivre la directive européenne qui prévoit d’accroître la taille des avertissements sanitaires sur les paquets, avant que les députés ne la rétablissent en commission.

http://abonnes.lemonde.fr/addictions/article/2015/11/26/le-paquet-de-cigarettes-neutre-valide-a-l-assemble_4817509_1655173.html

50 députés socialistes et six écologistes

La mesure n’a été adoptée que grâce au soutien de 50 députés socialistes et de six écologistes qui ont mis en avant son effet dissuasif sur les jeunes, et notamment les jeunes femmes. « Le paquet neutre donne moins envie de fumer aux jeunes, il est moins sexy, il augmente la perception de dangerosité », a plaidé le rapporteur, le socialiste Gérard Sebaoun.
« Le paquet neutre est moche, il alerte mais il dit la vérité », affirme la députée socialiste de Gironde Michèle Delaunay, tout en dénonçant « les pressions » des lobbys « qui marchent plus fortement à l’approche des élections ».
« Soixante-dix huit mille morts du tabac par an, c’est plus de 200 morts par jour. Alors que dans tous les autres pays européens, la consommation de tabac baisse, elle augmente en France », a rappelé Mme Touraine.

« Oui, je suis du lobby des buralistes »

Ces paquets neutres ont été introduits pour la première fois en Australie fin 2012. L’Irlande a voté en février une loi pour l’imposer, suivie tout récemment par le Royaume-Uni.
La mesure a suscité une levée de boucliers chez les cigarettiers qui menacent d’actions en justice, et chez les buralistes qui mènent une campagne à grand renfort d’affiches proclamant « oui à la prévention, non à la punition ».
Les députés de droite, notamment ceux des régions frontalières ou des zones rurales, se sont succédé pour dénoncer le fait que la France va plus loin que la législation européenne. Ils ont aussi défendu la profession de buraliste, « créateur de lien social » dans de nombreux territoires.
« Oui je suis du lobby des buralistes ! », a revendiqué Thierry Lazaro (Nord). « Vous ne faites qu’inciter les consommateurs à s’approvisionner sur le marché parallèle », a renchéri Gilles Lurton (Ille-et-Vilaine), tandis que Julien Aubert (Vaucluse) ou Elie Aboud (Hérault) agitaient la menace de « la disparition du commerce en milieu rural ».
Plusieurs députés PS, comme Sébastien Denaja, Razzy Hammadi, Frédéric Barbier ou Jean-Louis Dumont, ont également plaidé pour la suppression de ce paquet neutre avec les mêmes arguments sur le risque de concurrence transfrontalière. Même la communiste Jacqueline Fraysse a paru très embarrassée, ne se disant pas « très convaincue de l’importance » du paquet neutre.

Le Monde, 26/11/2015.

jeudi 26 novembre 2015

Violences faites aux femmes : la triste réalité...

Le 25 novembre célèbre tristement chaque année la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, date choisie par les Nations Unies pour sensibiliser l'opinion publique à cette question de société et de santé publique alors que les faits de violence déclarés par les femmes ne cessent d'augmenter. En 2014, en France, la violence au sein du couple a fait 165 victimes.


violence
La forme la plus courante de violence subie par les femmes
est la violence physique infligée par le partenaire intime.
A l'occasion de cette journée du 25 novembre 2015, les données consolidées de la plate forme d’écoute nationale 3919 Violences Femmes Infos livrent leurs tristes statistiques : + 52% d’appels entrants et 2 fois plus d’appels traités en 2014, 72 138 appels traitables soit 52% d’augmentation. Les violences conjugales sont les principaux motifs d'appels. Les auteurs de violences sont très majoritairement le partenaire régulier (78,7%) de la victime - le conjoint « pacsé » (25, 6%). Près de 20% des agresseurs sont des « ex ». Les agresseurs sont davantage en emploi et ont plus de ressources propre que les femmes victimes : taux supérieur par rapport à la population générale. 8, 8% des auteurs de violences sont connus pour des faits de violences sur une précédente conjointe. De plus, 93% des enfants qui résident au domicile où s’exercent les violences sont exposés aux violences conjugales et 21, 5 % d’entre eux sont maltraités directement.
Depuis 2012, le Gouvernement a fait de l'éradication des violences faites aux femmes l'une de ses priorités. Rappelons en effet que le 4ème plan interministériel de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes (2014-2016), a fixé trois priorités :

  • organiser l’action publique pour qu’aucune violence déclarée ne reste sans réponse ;
  • protéger les victimes en assurant leur mise à l’abri et en leur fournissant un accompagnement spécifique ;
  • sensibiliser la société pour que les violences faites aux femmes ne soient ni une fatalité ni un tabou.
Pour 2016, l'exigence et l'action du Gouvernement portent sur l'ensemble des formes de violences. Cinq priorités d'actions spécifiques seront déclinées au cours de l'année :

  • lutter contre les violences sexistes dans l'espace public ;
  • renforcer la lutte contre les violences sexuelles ;
  • étendre le champ des formatiobns professionnelles ;
  • améliorer la prise en charge des victimes par le système de santé ;
  • améliorer la prise en compte de l'impact sur les enfants des violences dans le couple.

La forme la plus courante de violence subie par les femmes est la violence physique infligée par le partenaire intime. 1 femme décède tous les 2.7 jours, victime de son conjoint.

Les origines de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes

mots clés violence 

En 1981, lors des « Premières rencontres féministes d'Amérique latine et des Caraïbes », des militantes pour les droits des femmes ont choisi la date du 25 novembre comme journée de lutte contre les violences, en mémoire de trois sœurs dominicaines engagées contre la dictature, Patria, Minerva et Maria Teresa Mirabal , connues dans la clandestinité sous le nom de « Las Mariposas » (les papillons). Emprisonnées à plusieurs reprises, victimes de tortures, violées, les trois militantes furent assassinées le 25 novembre 1961, sur les ordres du chef de l’État dominicain, Rafael Trujillo. Dans une résolution du 17 décembre 1999, l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies (ONU) a proclamé le 25 novembre Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Le ruban blanc est le symbole international de la lutte contre les violences faites aux femmes. En France, ils sont mis à disposition des parlementaires, maires de grandes villes et présidentes et présidents des conseils généraux ainsi qu'à de nombreux médias pour qu'ils puissent être portés à l'occasion de cette journée.


mardi 24 novembre 2015

Accord en France pour un traitement préventif contre le SIDA

La ministre de la santé, Marisol Touraine, a annoncé que la France donnait son feu vert pour l'utilisation du Truvada en traitement préventif du SIDA. Ce médicament, utilisé pour soigner des personnes malades, a montré son efficacité pour réduire les risques d'infection s'il était utilisé en traitement préventif. Il sera délivré sous contrôle médical et sera remboursé à 100%.

Tout le monde pensait que cette annonce serait faite le 1er décembre prochain à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le SIDA mais depuis plusieurs semaines les associations demandaient à la ministre de la santé de presser le mouvement avec un argument : chaque jour qui passe, ce sont des personnes contaminées en plus. Voilà pourquoi, elle a légèrement  bousculé le calendrier et a apporté satisfaction aux associations dès hier.

Des associations impatientes

Si les associations étaient aussi pressées, c'est parce que l'on sait que ce traitement est efficace. Plusieurs études ont montré que le Truvada pouvait être utilisé à titre préventif c'est-à-dire par des personnes qui ne sont pas infectées par le virus du SIDA et qui ont des relations sexuelles à risque, des relations non protégées avec des partenaires susceptibles d'être infectés. Il faut savoir qu'en France, chaque année, 6 .000 personnes découvrent leur séropositivité. Parmi ces études, l'une a été menée par l'Agence Nationale de Recherche contre le SIDA. Son nom : Ipergay. Elle a  débuté en 2011.
Les résultats sont clairs : la prise de Truvada en traitement préventif réduit le risque d'être infecté par le virus du SIDA de 86 %.

Un outil de prévention complémentaire

On ne le dira jamais assez : la meilleure prévention contre le virus du SIDA , c'est le préservatif. Mais pour différentes raisons, des hommes ne veulent pas ou ne peuvent pas utiliser un préservatif. Cette nouvelle stratégie de prévention est donc pour eux une solution très intéressante et simple : il suffit de prendre le médicament quelques heures avant et après le rapport sexuel pour être protégé.
Une précision : ce médicament ne sera délivré que par des médecins spécialisés à l'Hôpital ou dans des centres de dépistage. Par ailleurs les personnes qui prendront ce traitement préventif seront accompagnées et suivies. Si le Truvada est particulièrement efficace face aux virus du SIDA, il présente aussi des risques. Il peut avoir des effets très négatifs sur le foie, sur le pancréas et surtout sur les reins. Pour une personne qui n'est pas malade, prendre du Truvada n'est donc pas sans risque et il est indispensable qu'elle soit accompagnée. L'association Aides qui se dit très satisfaite par cette annonce proposera cet accompagnement.
Une dernière précision : le Truvada pris dans le cadre préventif sera remboursé à 100 %. C'est important car il est cher : 500 euro pour 30 comprimés.


Bruno Rougier, France info, 24/11/2015.
Plus d'infos sur le site internet de frnace info : http://www.franceinfo.fr/emission/c-est-ma-sante/2015-2016/accord-en-france-pour-un-traitement-preventif-contre-le-sida-24-11-2015-06-25

samedi 21 novembre 2015

DOC HEBDO N°58 - du 19 au 25 novembre 2015

Retrouvez et téléchargez le bulletin numérique de revue de presse DOC HEBDO N°58 du DPFI de Lormont qui présente l'actualité du 19 au 25 novembre 2015 via ce lien : https://drive.google.com/file/d/0B8K6AGV2iEkDS3IyeElRT2Q1azA/view?usp=sharing

Retrouvez les anciens numéros du Doc Hebdo sur cette page : http://actu33.blogspot.fr/p/doc-hebdo-du-dpfi.html

https://drive.google.com/file/d/0B8K6AGV2iEkDS3IyeElRT2Q1azA/view?usp=sharing

 

mercredi 18 novembre 2015

Newsletter de novembre 2015 du DPFI

La newsletter du mois de novembre 2015 du DPFI de Lormont du GRETA Nord Aquitaine vient de paraître.

Vous y trouverez toute l'actualité du GRETA Nord Aquitaine, les événements locaux en rapport avec les thématiques de l'emploi, des métiers, du social, de la santé ainsi que des différentes dates de concours.

Pour la télécharger, cliquez via ce lien : https://drive.google.com/newsletter_novembre2015 

Pour retrouver l'ensemble des publications du DPFI, cliquez via le lien suivant : http://actu33.blogspot.fr/p/blog-page_40.html

https://drive.google.com/file/d/0B8K6AGV2iEkDSXY1UXhkdndxRzg/view?usp=sharing

vendredi 13 novembre 2015

DOC HEBDO N°57 - du 12 au 18 novembre 2015

Retrouvez et téléchargez le bulletin numérique de revue de presse DOC HEBDO N°57 du DPFI de Lormont qui présente l'actualité du 12 au 18 novembre 2015 via ce lien : https://drive.google.com/file/d/0B8K6AGV2iEkDTmhNcVY3azZIZ1k/view?usp=sharing

Retrouvez les anciens numéros du Doc Hebdo sur cette page : http://actu33.blogspot.fr/p/doc-hebdo-du-dpfi.html

https://drive.google.com/file/d/0B8K6AGV2iEkDTmhNcVY3azZIZ1k/view?usp=sharing

 

Comprendre la bataille de la « taxe tampon »

Le débat autour de la « taxe tampon » n’a pas fini de faire couler de l’encre. Depuis que l’Assemblée nationale a rejeté, le 15 octobre, une proposition de la députée PS Catherine Coutelle, visant à baisser la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les protections périodiques au taux réduit de 5,5 %, contre 20 %, les associations féministes françaises, s’inspirant d’autres pays, continuent de se mobiliser.


Le collectif Georgette Sand, à l’origine d’une pétition qui avait déjà recueilli plus de 26 000 signatures, a organisé une manifestation « festive » qui a rassemblé une centaine de personnes, mercredi 11 novembre à Paris, pour une TVA réduite sur les protections périodiques (tampons, serviettes et coupes menstruelles). Un autre rassemblement était organisé le même jour à Strasbourg. Selon Gaëlle Couraud, l’un des membres du collectif Georgette Sand : « Le sujet concerne 150 millions d’Européennes et mobilise beaucoup en Europe. »

Un autre collectif, Culotte Gate, avait choisi d’envoyer à des responsables politiques des sous-vêtements tachés de peinture rouge. En attendant qu’un nouvel amendement budgétaire soit examiné au Sénat à partir du 19 novembre, ce sujet continue d’embarrasser les responsables politiques.
  • L’enjeu de santé publique

Tout produit ou service acheté en France est assujetti à la TVA. C’est la principale source de revenus de l’Etat, et elle devrait rapporter une manne de 193 milliards d’euros, d’après le projet de loi de finances pour 2016. Il existe trois taux :
  • 20 % (normal) : s’applique par défaut
  • 10 % (intermédiaire) : produits agricoles non transformés, alimentation animale, transports de voyageurs, travaux d’amélioration des logements, musées, zoo, etc.
  • 5,5 % (réduit) : eau et boissons sans alcool, produits alimentaires, appareillages spécialisés pour les handicapés, livres, maisons de retraite, cantines scolaires, etc.
  • plus un taux particulier à 2,1 % : médicaments remboursés et produits sanguins, vente d’animaux vivants de boucherie, etc.
La revendication de Georgette Sand est que le taux de la TVA appliqué aux serviettes et tampons périodiques « passe à 5,5 %, comme pour d’autres produits “de première nécessité”, tels que l’eau, les denrées alimentaires ou les préservatifs ». Le collectif souligne que, pour les femmes, ces produits relèvent bien de la première nécessité : « Avoir ses règles, ce n’est pas optionnel. »
Par ailleurs, depuis le 1er janvier 2014, les préservatifs sont taxés à 5,5 %, contre 7 % auparavant.

Consultez l'article dans sa globalité : http://abonnes.lemonde.fr/sante/article/2015/11/11/comprendre-la-bataille-de-la-taxe-tampon_4807643_1651302.html

Sida : une consultation de traitement préventif commence en France

L’hôpital Saint Louis à Paris propose désormais aux personnes très exposées au risque d’infection par le VIH de prendre des antirétroviraux en prévention.

C’est une grande première. Le Truvada, une combinaison d'antirétroviraux, va être donné en prévention à l'hôpital Saint Louis à Paris aux personnes très exposées au risque d’infection par le VIH. La consultation ouvre ce mardi 10 novembre au service des maladies infectieuses et tropicales de l'établissement, sous la direction du Professeur Molina. Il s’agit d’un feu vert de plus pour la "Prep" ("prophylaxie pré-exposition"), soit le traitement préventif de la maladie. De nombreux gays prennent déjà du Truvada avant les rapports sexuels en dehors de tout cadre réglementaire, comme en attestait notre enquête publiée dans "l’Obs", "Homos et risque-tout".
Le 5 novembre, l'Agence nationale de sécurité du médicament avait rendu un avis favorable à la prise du Truvada en prévention, ouvrant la voie à une recommandation temporaire d'utilisation.

Le Truvada est une combinaison de deux antirétroviraux qui a prouvé son efficacité pour éviter que des hommes séronégatifs soient infectés par le VIH à la suite de relations sexuelles non protégées. ©JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
Le Truvada est une combinaison de deux antirétroviraux qui a prouvé son efficacité
pour éviter que des hommes séronégatifs soient infectés par le VIH à la suite de relations
sexuelles non protégées. ©JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

500 euros la boîte

Pour l’heure, les patients doivent financer eux-mêmes le médicament du laboratoire Gilead. L’association Aides, partenaire de la consultation, dénonce d’ores et déjà son coût très élevé (500 euros la boîte de 30 comprimés) :
Toute sélection par le pouvoir d'achat serait inacceptable et réduirait l'impact de ce nouvel outil sur la dynamique de l'épidémie."
En février, l’essai français "Ipergay" (1) avait livré des résultats définitifs extrêmement encourageants. Selon cette étude, le Truvada diminue le risque d'être contaminé par le VIH de 86% lorsqu'il est pris juste avant le rapport, le jour de la prise de risque, puis vingt-quatre heures après. L’expérience, débutée en 2012 en double aveugle sur 400 hommes homosexuels ayant déclaré des conduites à risque, consistait au départ à donner à la moitié d’entre eux du Truvada.
Très vite, l’étude a donné des résultats spectaculaires. Ceux qui ont avalé des comprimés de Truvada ont vu leur risque d'être contaminés réduit de 80% par rapport au groupe sous placebo. Du coup, les médecins ont décidé en octobre 2014 de mettre tous les participants sous Truvada, le temps que l'essai se termine. Au final, le bilan annoncé est encore bien meilleur.

L'onde de choc de l'OMS

Avant "Ipergay", le Truvada avait déjà fait l'objet de plusieurs évaluations sur des hommes gays très exposés au virus.
• L’étude américaine "Iprex" a prouvé en 2010 une réduction du risque d’infection de 42%.
• "Proud", une autre étude menée en Grande-Bretagne, a démontré que la Prep était "hautement protectrice".
L’Organisation mondiale de la santé avait déclenché une onde de choc en conseillant l'an passé aux homosexuels réfractaires au préservatif de prendre des antirétroviraux à titre préventif, une stratégie inédite. L’OMS, alarmée par le relâchement de la prévention chez les hommes gays, soulignait qu’ils ont 19 fois plus de risques d’être contaminés que le reste de la population.

Bérénice Rocfort-Giovanni, Le Nouvel Observateur, 10/11/2015.


 

jeudi 12 novembre 2015

Economie. Cartographie des inégalités dans le monde

L’auteur : Darren Long. Il dirige les équipes graphiques du South China Morning Post. Cette année, le quotidien de Hong Kong, qui plusieurs fois par semaine consacre une page d’information visuelle à un sujet majeur, a remporté plus de 70 prix aux États-Unis, en Europe et en Asie. L’infographie reproduite ci-dessus a été publiée en janvier. A Hong Kong, qui compte 45 milliardaires, les inégalités sont très fortes pour un pays développé, précisait alors le journal. Et ce fossé béant contribuerait à la politisation de plus en plus importante de la cité.

Courrier International, 9/11/2015.
Retrouvez l'infographie ci-dessous en plus lisible ici : http://www.courrierinternational.com/grand-format/economie-cartographie-des-inegalites-dans-le-monde

Europe. Immigration : qui va où ?

Combien de migrants arrivent chaque mois en Europe ? L’agence finlandaise Lucify propose une infographie interactive qui donne l’ampleur de la “crise migratoire”.


Comment donner une exacte mesure de la crise migratoire européenne ? Prétendre répondre à la question est probablement illusoire. Le recours aux données permet toutefois de tenter de relever cette gageure. En guise de réponse, l’agence finlandaise de production de contenus interactifs Lucify propose ici une datavisualisation qui livre “l’ampleur de la crise migratoire” en détaillant le “flux des demandeurs d’asile vers chaque pays européens”.

Les concepteurs Juho Ojala et Ville Saarinen expliquent la méthode qu’ils ont privilégiée sur la plateforme de blog Medium. Ils sont partis d’un “jeu de données” fiable et cohérent : celui fourni par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, qui donne tous les mois le nombre de nouveaux demandeurs d’asile (ainsi que le pays d’origine et le pays de destination), information collectée via les agences compétentes dans chacun de ces pays.

 “Chaque point blanc représente un groupe de 25 à 50 migrants. Les données concernent le nombre de demandeurs d’asile comptabilisés au cours d’un mois donné.”

Les auteurs précisent qu’ils ont évalué pour chaque réfugié une vitesse moyenne de déplacement comprise entre 4 et 6 km/h, moyenne qui prend en compte les différents moyens de transports utilisés (bateau, bus, train, etc.) et qui s’appuie sur les témoignages de migrants relatant des durées de déplacement pouvant s’étendre sur des semaines ou des mois.

En passant le curseur de la souris sur un pays, on obtient le nombre de demandeurs d’asile accueillis en temps réel, les pays vers lesquels ils se dirigent (en vert) ainsi que les pays de provenance (en violet).
 

Une datavisualisation centrée sur l’Europe


La visualisation de Lucify est européo-centrée. Les concepteurs s’en expliquent. “Cette visualisation ne contient qu’une part de l’histoire. Ainsi, les millions de Syriens réfugiés en Turquie ne sont pas comptés comme des demandeurs d’asile mais comme des réfugiés. Limités par les données cohérentes [du Haut Commissariat des Nations unies] que nous avons à disposition, nous avons choisi de nous focaliser sur la dimension européenne de la crise et de ne montrer que les demandeurs d’asile qui arrivaient en Europe”.
 

Vers quels pays fuient les réfugiés syriens ?


Les enjeux migratoires, souligne Lucify, sont, d’un point de vue purement quantitatif, beaucoup plus importants au Moyen-Orient qu’en Europe. Sous la carte, les auteurs proposent deux autres visualisations (dont un diagramme de Sankey), qui permettent de saisir d’un coup d’œil cette disproportion entre la crise migratoire européenne et celle que connaissent les pays limitrophes de la Syrie.

Les Nations unies estiment que 1 demi-million de réfugiés syriens ont trouvé asile en Europe entre avril 2011 et septembre 2015. Debout, serrés les uns contre les autres, ils rempliraient tout juste 8 terrains de football. Ils sont 4 millions en Turquie, au Liban, en Jordanie, en Iraq et en Afrique du Nord, de quoi remplir 59 terrains de football.


Lucie Geffroy, Courrier International, 6/11/2015.

Retrouvez l'artilce dans sa globalité avec l'infographie : http://www.courrierinternational.com/grand-format/europe-immigration-qui-va-ou

mercredi 11 novembre 2015

11 novembre 1918 : cette guerre qu’il ne fallait pas faire

S’incliner devant les nécropoles c’est bien. Mais cela peut rester parfaitement inutile…

Ce jour-là, les cloches qui annoncent l’armistice, résonnent sur un immense charnier. Près d’un siècle plus tard, les corps n’en finissent pas de remonter à la surface. Leur rendre hommage, mémoire pourrait-on dire, s’impose toujours. Les hommes qui vécurent l’enfer des tranchées et les populations civiles broyées dans les immenses zones de front sont encore à portée de main historique, traces encore creusées dans les romans familiaux. Commémorer oui ! Mais bannir les retours cocardiers, l’exaltation aveugle d’un Clémenceau partisan fanatique de la guerre à outrance, regarder la tragédie en face pour en tirer de vraies leçons. Nous en sommes encore bien loin si nous prêtons l’oreille aux discours des officiels.

Photo AFP

 

UNE GUERRE, POUR QUOI, POUR QUI ?

 

 Le détonateur éclata à Sarajevo. Mais les charges étaient prêtes, patiemment accumulées depuis des années par les milieux dirigeants européens. Dans la violence des affrontements impérialistes, sur le terrain économique et sur le théâtre colonial, il fallait détruire l’autre. Jaurès ne cessa d’alerter sur la montée des périls, œuvrant jusqu’à la balle de Raoul Villain pour conjurer le désastre, cherchant à unir les socialistes et les classes ouvrières d’Europe contre  un carnage où ils avaient tout à perdre. « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels », écrira Anatole France lorsque ses yeux se furent décillés sur la réalité du conflit. De 1913 à 1918, le gain net des sociétés allemandes par action passa de 1,6 milliards de marks à 2,2 milliards malgré la chute qui se profilait. Si 400.000 entreprises – surtout petites ou moyennes – disparurent en France, Renault, Citroën, Berliet, Michelin réussirent à dégager des profits spectaculaires et à accumuler des réserves qui leur permirent de dévorer leurs concurrents.
La guerre nettoyait le terrain du profit au profit des capitalistes dominants. Ainsi, le chimiste Kulhmann, bien qu’ayant perdu ses installations dans le Nord et en Lorraine, parvint à décupler son capital en quatre ans et à multiplier son profit par six. Le patronat et les Cent familles qui dominèrent l’après-guerre s’opposèrent farouchement et avec beaucoup de succès à la loi du 1 juillet 1916 qui prévoyait l’imposition des bénéfices exceptionnels de la guerre. Pour eux, la guerre était une formidable conjoncture économique et un moyen d’assoir leur puissance à l’échelle mondiale.
Mais ce sont les grandes entreprises américaines qui ont le milieu tiré leur épingle de ce jeu sanglant. Avant même l’entrée en guerre des États-Unis en 1917, leur bénéfice avait triplé. Banquiers de la France et de l’Angleterre en guerre, les capitalistes américains deviennent alors les premiers exportateurs mondiaux de charbon, d’acier, de machines, d’automobiles, de coton et produits alimentaires. Ils récupérèrent alors à bas prix les investissements français en Amérique, solidement assis sur leur prospérité : le plus gros fournisseur de munitions de la guerre, Du Pont de Nemours, a fait passer son profit en quatre ans de 6 à 266 millions de dollars. 
Jaurès l’avait annoncé dès 1905 : « La concurrence économique de peuple à peuple et d’individu, l’appétit du gan, le besoin d’ouvrir à tout prix, même à coup s de canon, des débouchés nouveaux pour dégager la production capitaliste, encombrée et comme étouffée de son propre désordre, tout cela entretient l’humanité d’aujourd’hui à l’état de guerre permanente et latente ; ce qu’on appelle la guerre n’est que l’explosion de ce feu souterrain qui circule dans toutes les veines de la planète et qui est la fièvre chronique et profonde de toute vie »… Est-ce vraiment si daté ?

UN SÉISME POUR LA CIVILISATION

Jamais alors guerre n’avait été si meurtrière et si inventive, hélas. Les gaz de combats, les tanks, les sous-marins, les avions, les télécommunications… les découvertes de la science furent mobilisées pour la mort à grande échelle. Dans les pays belligérants, une propagande intense associée à une sévère censure, berna les peuples pour les conduire à la boucherie. Les mots mêmes en perdirent du sens, tout autant que les images. « Après ce que nous avions vécu, nos peintures de cette époque n’étaient pas faites pour séduire mais pour faire hurler », expliquait Max Ernst. La paysannerie, le principal réservoir de la chair à canon, est frappée au cœur et les campagnes dépeuplées. La naissance d’un siècle débute par un requiem et c’est par les portes de la boucherie, que toute une génération rentre dans la modernité. « On rentre dans la clarté du jour comme dans un cauchemar », écrit Henri Barbusse dans son roman, « Le feu ». Héros de guerre, Aragon ne la pardonne pas. Il conclut en 1928 son « Traité du style » par « Je conchie l’armée française dans sa totalité ».
Les vieilles élites sont discréditées par leur sanglante responsabilité et avec eux les partis socialistes qui les ont accompagnés sur les « sentiers de la gloire ». La colère fera naître le communisme et le surréalisme ; le désarroi, la frustration et le dégoût accoucheront du fascisme qui, vingt-cinq ans plus tard, portera la tragédie humaine à son point ultime.

LE SOUVENIR POUR NE PLUS FAILLIR

« Déjà la pierre pense où votre nom s’inscrit/ Déjà vous n’êtes plus qu’un mot d’or sur nos places/ Déjà le souvenir de vos amours s’efface/ déjà vous n’êtes plus que pour avoir péri », écrivait Aragon dans « Le Roman inachevé ». Les Déroulède médiatiques, toujours prêts à réclamer une guerre, un jour en Lybie, le lendemain en Irak, plus tard en Syrie ou en Ukraine, auraient profit à se retourner sur ce passé. Quant aux gouvernants d’aujourd’hui dans la mêlée de la mondialisation capitaliste, et certains se disent socialistes, ils pourraient se remémorer qu’on ne joue pas avec les armes à feu près des charges de dynamite. Enfin, les opinions publiques ont à jouer un rôle qu’elles ne surent et ne purent endosser il y a presque un siècle, pour devenir les premières victimes d’une grande imposture.

L'Humanité, Patrick Apel-Muller, 10/11/ Novembre 2015.

Les universités incitées à miser sur la formation continue

Le gouvernement devait donner le coup d’envoi, vendredi 6 novembre, de la montée en puissance des universités sur le marché de la formation continue. L’objectif : atteindre 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires dans la formation continue d’ici à 2020. Le chemin est prometteur, mais il s’annonce long à parcourir. Et cette activité ne constituera pas avant longtemps une « poule aux œufs d’or » pour les établissements d’enseignement supérieur, alors que le système universitaire, étranglé financièrement, cherche des solutions pour diversifier ses ressources. 


Aujourd’hui, les universités ne réalisent pas plus de 400 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel dans la formation continue, dont 90 millions pour le seul Conservatoire national des arts et métiers : « Les universités les plus actives en formation continue pèsent environ 10 millions d’euros chacune [Strasbourg, Dauphine, notamment] quand les écoles de commerce les plus performantes sur le sujet enregistrent 20 millions d’euros », constate François Germinet, président de l’université de Cergy-Pontoise.
M. Germinet remet, vendredi, un rapport de mission sur le développement de la formation continue dans les universités à la ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, et au secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur et à la recherche, Thierry Mandon. M. Germinet, qui a commencé sa mission en mars 2015, fixe l’objectif de passer à un milliard d’euros de prestations en 2020.
Le marché de la formation continue est estimé à 13 milliards d’euros. Les 600 millions d’euros supplémentaires représentent un chiffre d’affaires et non un bénéfice. Or cette activité n’est souvent qu’apparemment rentable pour les universités, souligne le rapport, puisqu’elles facturent uniquement le prix des heures complémentaires de leurs intervenants (42 euros hors taxes). Le rapport suggère d’augmenter les prix de certaines formations, qui passeraient à 150 euros de l’heure, « voire plus pour de l’expertise très poussée », sur le marché concurrentiel des formations courtes et numériques pour lequel il existe une forte demande des entreprises.
Ce développement de la formation continue fait partie du « nouveau modèle économique » prôné par M. Mandon pour l’université. La formation continue apportera cependant une contribution modeste. Avec le taux de marge de l’ordre de 5 % prêté aux organismes de formation privés, un chiffre d’affaires de 1 milliard en 2020 ferait gagner 50 millions d’euros, à terme, aux universités. Soit le même ordre de grandeur que ce qu’apportent aux universités les fondations d’entreprises – quelques millions d’euros annuels dans le meilleur des cas, au mieux 1 % de leur budget.

7 000 postes créés

 

Mais la perspective n’en est pas moins intéressante, notamment parce qu’elle permettrait de resserrer les liens avec les entreprises – pour l’insertion professionnelle des diplômés ou les contrats de recherche. Et surtout pour les emplois : environ 7 000 postes pourraient ainsi être créés au sein des universités grâce aux ressources propres dégagées, selon le rapport. Dans le détail : 3 000 enseignants-chercheurs, 1 500 enseignants agrégés et 2 400 personnels techniques, administratifs et de bibliothèques.

Le Monde,

Le réchauffement climatique va frapper les plus pauvres, la preuve




Réduction de la nourriture, baisse de la production, exposition aux catastrophes naturelles et aux maladies… Les plus pauvres sont les plus exposés au changement climatique, et à l’approche de la Cop 21, il est urgent d’agir, explique la Banque Mondiale.

 

Le réchauffement climatique va frapper les plus pauvres 


1 milliard
de personnes visant dans les pays les plus pauvres produisent moins de 1 % des émissions de gaz à effet de serre
122 millions de pauvres
Selon les prévisions, le réchauffement climatique fera entre 35 et 122 millions de pauvres supplémentaires en 15 ans 
Chaque degré supplémentaire
Fait chuter la croissance des pays en développement de 1,2 à 3,8 %, selon les études et les pays
Le réchauffement climatique va également réduire la quantité de nourriture disponible dans les pays les plus pauvres. Ce graphique montre le pourcentage d'apport calorique quotidien que les habitants d'Afrique sub-saharienne recevront d'ici 2080, en fonction des efforts décidés. 100 % étant l'apport calorique quotidien moyen d'un habitant de pays développé.

500 000       
personnes mourront chaque année dès 2030 des conséquences du réchauffement climatique si des mesures urgentes et radicales ne sont pas prises
Le réchauffement climatique est un facteur aggravant de nombreuses maladies, parmi lesquelles les diarrhées, maladies respiratoires et le paludisme, particulièrement dangereuses chez les jeunes enfants.Les causes de la mortalité (exprimé en X pour 1000) chez les enfants de moins de 5 ans le démontrent bien.

C'est d'autant plus grave que dans les pays les plus pauvres, la moitié des dépenses de santé est payée de la poche des malades.

Une inégalité au sein même des pays les plus pauvres

 

Prenons l'exemple des chocs climatiques au Maghreb et au Moyen-Orient. Les plus pauvres ont, en pourcentage, perdu bien plus que les plus riches.

Dans l'ensemble, les foyers dans les pays en développement souffrent de nombreux accidents. Particulièrement en zone rurale. Voici exprimée en pourcentage, la part des foyers touchés par diverses catastrophes, de ces pays en voie de développement représentatifs de leur région, selon les zones d'habitations, urbaine ou rurale.

Retrouvez toutes les infographies explicatives : http://www.humanite.fr/le-rechauffement-climatique-va-frapper-les-plus-pauvres-la-preuve-589192
L'Humanité, Pierric Marisal, 8/11/2015.

Les 32 heures, la meilleure arme contre le chômage

La pensée dominante impose l'idée que le chômage de masse est la conséquence inéluctable de gains de productivité effrénés. Et qu'il ne resterait donc plus qu'à se partager des petits boulots précaires. Et si on réfléchissait plutôt à la baisse du temps de travail ?Le chômage de masse s'incruste et la timide reprise ne suffira pas à le faire reculer significativement. Selon l'OFCE, le taux de chômage ne commencerait à baisser qu'en 2016, pour « descendre » à 9,4 % fin 2017. 


Sans les politiques d'austérité, on aurait pu éviter de casser la reprise qui s'amorçait en 2011 et recommencer plus tôt à créer des emplois. Mais cela aurait été de toute manière hors de propor tion avec un « stock » de chômeurs de plus de 5 millions de personnes. La croissance aide, mais à la marge. C'est pourquoi il faut remettre sur le tapis l'idée de réduction de la durée du travail, comme le fait la CGT en avançant la perspective des 32 heures. Certes, cela ne s'est pas très bien passé la dernière fois, avec l'intensification et l'annualisation du travail, mais le passage aux 35 heures a quand même entraîné la plus grande création d'emplois depuis le début du XXe siècle. Et quand on voit à quel point les 35 heures ont provoqué la fureur de la droite et du patronat (sans même parler de Macron), on se dit qu'après tout, ce n'était pas une si mauvaise idée.

FAIRE CROIRE QUE LE PLEIN EMPLOI EST ILLUSOIRE

 

Plus sérieusement, il faut se demander quelles sont les causes profondes du chômage et commencer par balayer cette idée simple, présentée comme une évidence : les gains de productivité seraient tellement énormes que la perspective d'un retour au plein-emploi serait une illusion. Dès lors, il ne resterait plus qu'à « faire avec ». Dans la version néolibérale, la conclusion est claire : mieux vaut un petit boulot, précaire et mal payé, que pas d'emploi du tout. Donc soyez employables (rentables) et on vous donnera les emplois que vous méritez. Dans l'autre camp, les adieux au plein-emploi conduisent à dire : puisqu'il n'y aura plus d'emplois, exigeons un revenu, universel, garanti, citoyen, etc. Et pourtant cette idée selon laquelle le chômage est causé par les gains de productivité est fausse. Il suffit de regarder le graphique cidessous : depuis 60 ans, les gains de productivité ralentissent, alors que le taux de chômage monte presque tout le temps.
Il y a aujourd'hui plus de chômage que pendant les Trente Glorieuses (avant 1975) et beaucoup moins de gains de productivité. Il faut donc remplacer cette idée fausse par une autre, qui peut paraître iconoclaste : seule la baisse du temps de travail permet vraiment de créer des emplois. Démonstration : de 1950 à aujourd'hui, le nombre total d'heures de travail dans l'ensemble de l'économie a évolué dans une plage étroite, de plus ou moins 5 %. Bref ce « volume de travail » est à peu près constant. Dans le même temps, les effectifs employés ont augmenté de 40 %, et la durée du travail a baissé de 27 %.
Autrement dit, l'emploi dépend de la manière dont le volume global de travail se répartit entre créations d'emplois et baisse de la durée du travail. À volume de travail à peu près constant, une réduction insuffisante de la durée du travail conduit à des créations d'emplois insuffisantes et donc au chômage. L'envers du décor de la montée du chômage, c'est la répartition des revenus. On peut démontrer rigoureusement que chômage et dividendes sont les deux faces d'une triste médaille. Pour résumer : ce que les patrons économisent en ne créant pas suffisamment d'emplois, ils le reversent aux actionnaires plutôt que d'investir. La création d'emplois par la baisse de la durée du travail implique donc une autre baisse : celle des dividendes. Même si on est convaincu par cette démonstration (trop) rapide, on peut considérer que le rapport de forces n'est pas favorable pour un tel projet, mais une chose est sûre : pour dépasser l'horizon du chômage, il faut renouer avec un projet de réduction générale du temps de travail.


Michel Husson, économiste, membre du conseil scientifique d'Attac, L'Humanité, 6/11/2015.