mardi 27 octobre 2015

Documentation pour la profession d'infirmière

Les ressources sont aujourd'hui infinies grâce notamment à tout ce qu'internet et les réseaux sociaux nous proposent... Cette page, accessible via le lien ci-dessous, vous en réserve une multitude, particulièrement ciblées à l'exercice infirmier ; une sorte de synthèse de ce que l'on peut trouver sur le site.


En savoir plus : http://www.infirmiers.com/ressources-infirmieres/documentation/les-dossiers-dinfirmierscom.html 

Profession IDE

A lire : la sélection du mois d'octobre d'Infirmiers.com

Chaque mois, la rédaction d'Infirmiers.com vous propose ses conseils de lecture… Une nouvelle rubrique comme une occasion d'affûter sa curiosité et de parfaire son savoir dans bien des domaines !

Réflexion éthique et pratiques soignantes

Reflexion éthique et pratiques soignantes 
Tout ou presque semble aujourd'hui faire l'objet d'une interrogation éthique. Ethique du commerce, de l'enseignement, de l'engagement politique, etc. Le champ médical semblait à l'abri d'un pareil souci. Si l'on admet l'éthique comme une quête vers le Bien, on ne peut qu'être surpris par l'irruption massive d'une telle réflexion dans cet espace. Les grands drames de santé publique (l'affaire du sang contaminé ou celle des hormones de croissance), mais aussi la puissance technique qui lui est désormais constitutive, conduisent pourtant un peu plus chaque jour à interroger la médecine sur ce qu'elle poursuit et à tenter d'anticiper ce vers quoi le progrès des sciences semble l'entraîner d'autant que le phénomène de médicalisation de la vie a fait de la santé un des soucis les plus prégnants du monde occidental. Cet ouvrage souhaite donner des points de repère, en rappelant l'intangibilité de certains fondements éthiques. Il permet ainsi à ceux (des professionnels de santé aux citoyens) que ces questions intéressent de ne pas se laisser entraîner par les discours transgressifs des faux prophètes et comprendre la complexité de la problématique contemporaine.
Pourquoi notre médecine moderne, devenue si savante et si efficace depuis quelques décennies, nous pose-t-elle tant de problèmes ? Pourquoi reconnaissons-nous qu'elle joue un grand rôle en faveur de notre bien-vivre, alors que nous lui reprochons de provoquer notre mal-mourir ?
Réflexion éthique et pratiques soignantes. Points de repère. Christian Gilioli, Editions Lamarre, juillet 2015, 22 €.

Accompagner un proche en Alzheimer

Accompagner un proche en alzheimer 
L'amour, dans ce récit est le contrat moral passé entre deux êtres qui s'aiment depuis toujours et qui se sont promis de s'aider le moment venu, dans leur fin de vie : « Je serai jusqu'à la fin de tes jours à tes côtés ». C'est ce contrat qu'a privilégié l'auteur, infirmier de son état, titulaire d'un diplôme d'enseignement infirmier supérieur et d'un DEA Histoire et Civilisation, économies, sociétés, populations et religions,  pour lutter et soulager les souffrances endurées au quotidien par son épouse atteinte à 74 ans, de la maladie d'Alzheimer. Ce témoignage nous conduit sur un chemin en terre inconnue que l'on parcourt au jour le jour, depuis les premiers symptômes jusqu'au stade sévère de la maladie et la mort inéluctable au bout. Pour l'auteur, il n'est pas suffisant que des « aidants » soient aux côtés de sa femme mais qu'une personne de son entourage « l'accompagne » dans tous les actes de la vie quotidienne, et surtout l'aime. Une personne qui soit pour elle, « la figure de soins », qu'elle peut reconnaître à tout moment. Une fin de vie éprouvante que ce couple traverse au sein d'une famille semblable à toutes les autres : famille avec ses joies, ses peines, la maladie, les accrocs de la vie, les séparations, les incompréhensions et les difficultés de communication ; une famille où des conflits familiaux sont présents et que la maladie exacerbe. Ce récit démontre aussi que la fin de vie est aujourd'hui un problème crucial et, comme la patiente le souhaitait, chacun désire qu'elle se déroule dans la dignité. Mais hélas ! Ce n'est pas toujours le cas. L'auteur veut aussi que ce témoignage puisse aider chacun à mieux affronter cette étape ultime de la vie, la mort. Ce souhait exprimé dans des directives anticipées ou auprès d'une personne de son choix doit être, pour tout individu, un droit intouchable et à respecter.
Une succession de deuils à affronter. Le deuil du mode habituel de communication avec elle, le deuil du sentiment de sécurité qui nous unissait. Et les deuils multiples que sont les repères essentiels, la perte des rôles de l'un et de l'autre et celui de notre histoire commune à l'idée que nous ne puissions plus vivre notre vieillesse à deux.
Accompagner un proche en Alzheimer. A tes côtés jusqu'à la fin de tes jours. René Magnon, Collection Comprendre les personnes, Chronique Sociale, juillet 2015, 12 €.

Violences sexuelles

Violences sexuelles 
Qui sait que 81 % des victimes de violences sexuelles ont subi les premières violences avant l’âge de 18 ans ? Qui sait qu’une femme sur 5 et un homme sur 14 ont subi des agressions sexuelles dans leur vie ? que plus de 250 000 viols sont commis chaque année en France essentiellement par des proches et dans tous les milieux sociaux ? Qui sait que l’impact des violences sexuelles sur la santé des victimes est majeur à court, moyen et long termes ? Dénoncer les idées fausses, le déni et la loi du silence, demander que les droits des personnes victimes soient respectés, pour qu’elles soient protégées, reconnues et soignées, donner des outils pour mieux les comprendre et en être solidaires, c’est l’objectif de ce livre qui fournit des réponses claires :
  • aux questions que personne ne devrait plus se poser ;
  • mais aussi aux questions que tout le monde devrait se poser.
Un livre qui éclaire d’un jour nouveau un dossier encore trop souvent tabou.
Pourquoi est-il si important d'être informé sur les violences sexuelles et leur impact traumatique sur les victimes ?
Violences sexuelles. Les 40 questions-réponses incontournables. Dr Muriel Salmona, Editions Dunod, septembre 2015, 16 €.

Fiches techniques de soins infirmiers

Fiches techniques de soins infirmiers 
Ce livre, clair et pratique, est l'outil idéal pour l'exercice quotidien de l'infirmière qui, ne l'oublions pas, se divise en trois types d'actions : les actes relevant du rôle propre infirmier, les actes réalises sur prescription médicale, les actes réalises par le médecin auquel l'infirmier participe. Construit avec le souci constant d'un usage simple et intuitif, ce véritable guide du métier d'infirmière défaille en 150 fiches en 20 chapitres thématiques (pansements, perfusions, prélèvements...) : 1 objectif du soin, le matériel nécessaire, le déroulement de l'acte, les différents critères qui rendront possible l'évaluation. Les objectifs de cet ouvrage sont très clairs : il doit permettre a chacun d'identifier toutes les étapes de l'ensemble des soins infirmiers ! Il a également comme objectif de permettre d'identifier rapidement les recommandations de bonne pratique, les liens sur les sites concernés, les spécificités de la réalisation des soins à l'enfant ou en secteur libéral.
Grâce aux liens concernant les recommandations de bonne pratique, cet ouvrage permet à chacun d'aller au-delà de l'utilisation de la fiche technique.
Fiches techniques de soins infirmiers. De la réalisation à l'évaluation, Sylvie Gervaise, Pascale Wanquet-Thibault, Olga Saez, Collection Gestes de soins, Editions Lamarre, mai 2014, 25 €.

Qui décide de ma vie & de ma mort ? 25 questions de bioéthique

Qui décide de ma vie et de ma mort 
Qui décide de ma vie et de ma mort ? À partir de quel moment l'embryon est-il considéré comme une personne ? Peut-on autoriser les mères porteuses pour un membre de sa famille, un proche, un inconnu ? Le personnel soignant, dont le travail est de sauver la vie de tous, peut-il aider un patient à mourir ? Le don d'organes doit-il rester anonyme ? La famille du défunt n'a-t-elle pas le droit de savoir chez qui vivent les organes du disparu ? Ces questions soulèvent de vives réactions, même s'il est difficile de se faire une opinion précise sur ces sujets très complexes. Peut-on élaborer des lois générales pour tous ces cas particuliers ? Sans jamais porter de jugement ni imposer son opinion, Laurent Degos nous apporte des éléments de réponses, en documentant chacune des problématiques avec son expérience de soignant et son regard humaniste. Organisées autour de trois thèmes (le début de la vie, la fin de la vie, l'appartenance du corps), ces 25 questions/réponses donnent des clés pour appréhender ce sujet fondamental. Un ouvrage essentiel, accessible à un très large public.
Le but du progrès médical est évidemment de traiter et de guérir les maladies. Mais jusqu'à quel point ? Où commence et où s'arrête le désir de « normalité » ?
Qui décide de ma vie & de ma mort ? 25 questions de bioéthique, Laurent Degos, Editions Le Pommier, septembre 2015, 12 €.

A lire également

  • Accompagner. Mieux-être. Et si vous tentiez votre chance ? Devi Arnold, Editions Vie, novembre 2014, 22,80 €.
  • Fuck me cancer, Manuela Wyler, Editions Fayard, avril 2015, 14 €.
  • Demain j'étais folle, Un voyage en schizophrenie, Arnhild Lauveng, Editions Autrement, 16 €.
  • Accompagner le grand âge, Psycho-gérontologie pratique, Christian Heslon, Editions Dunod, 2e édition, 2015, 27 €.
  Bernadette FABREGAS, Rédactrice en chef Infirmiers.com, 27/10/2015.

Des vidéos pour approfondir les gestes techniques en soins infirmiers

Les formateurs de l'institut de formation en soins infirmiers (IFSI) de l'hôpital Foch, à Suresnes, proposent à leurs étudiants des vidéos pédagogiques afin de se préparer de manière optimale. Pauline Blanchemanche, cadre de santé formateur, nous en dit plus sur ce projet.


atelier cuisine 750g
Le premier atelier a pris place au sein de la cuisine de 750g,
un lieu atypique, mais le sujet est bel et bien la préparation d'injectable.
Afin de rassurer les étudiants en soins infirmiers et pour leur permettre de revoir les soins avant d'être évalués, les cadres de santé formateur de l'Institut de formation en soins infirmiers de l'hôpital Foch, à Suresnes (Hauts-de-Seine), se mettent en scène au travers de vidéos pédagogiques. Les ateliers pratiques s'avèrent souvent trop courts, explique Pauline Blanchemanche, cadre de santé formateur à l'Ifsi. Les étudiants ont ainsi indiqué vouloir approfondir leurs connaissances des gestes techniques. Afin de répondre à cette attente, nous avons eu l'idée de réaliser des vidéos explicatives et de les mettre en ligne, à la fois sur Youtube et sur l'intranet de l'établissement, de manière à ce qu'elles soient accessibles à tout le monde. C'est ainsi qu'est né L'Atelier de L'IFSI Foch. Les deux premières vidéos se consacrent à la préparation d'injectable et à la pose d'une aiguille de Huber, deux soins techniques qu'il est bon de pouvoir visualiser à volonté. Ces vidéos ont permis aux étudiants en soins infirmiers d'être rassurés et d'être plus sereins en vue de leurs évaluations, constate Pauline Blanchemanche. Notre objectif était de réaliser des vidéos à la fois pédagogiques et ludiques. D'autres vidéos vont bien entendu voir le jour. La prochaine traitera de la transfusion. Pour le moment, nous nous concentrons sur l'U.E. 4.4 « Thérapeutiques et contribution au diagnostic médical », mais nous envisageons d'étendre ce projet à d'autres unités d'enseignement. Les vidéos sont en effet plébiscitées, et pas uniquement par les étudiants infirmiers. Les infirmiers hygiénistes s'en servent également comme outil de travail afin de faire le point sur les connaissances des IDE en la matière et pour leur rappeler les bons gestes. Bref, ces vidéos sont un véritable outil pédagogique qu'il est bon d'avoir à portée de main !


Atelier IFSI Foch: Préparation d'injectable (9'06)
  
Atelier IFSI Foch - La pose d'une aiguille de Huber (14'56)


Par Aurélie TRENTESSE. Infirmiers.com, 23/10/2015.

Comprendre les réfugiés dans l’Europe de 2015

1/ Qui sont les réfugiés dans le monde ?

Parmi plus de 200 millions de migrants dans le monde, les réfugiés étaient comptabilisés ainsi, en 2014 :
• 3 900 000 Syriens,
• 2 600 000 Afghans,
• 1 110 000 Somaliens,
• 666 000 Soudanais,
• 616 000 Sud-Soudanais.
Soit à peu près 9 M (4,2 % des migrants).

2/ Qui sont les réfugiés qui arrivent en Europe ?

Ils étaient 280 000 migrants à arriver aux portes de l’Europe en 2014, année durant laquelle les Syriens furent 79 000 personnes (28 % des entrées dans l’Union européenne), les Érythréens 34 500 (12 %), les Afghans 22 000 et les Kosovars 22 000 (8 % pour chacun d’eux). Ce chiffre a presque doublé en 2015. Ils sont depuis le 1er janvier 2015 au moins 500 000, dont 156 000 migrants qui sont arrivés sur le sol européen en août (88 000 en Grèce – des Syriens surtout – , 52 000 en Hongrie – venant essentiellement de Serbie –, 13 000 en Italie, provenant d’Érythrée ou d’Afrique subsaharienne). Cette augmentation très forte s’explique avant tout par la guerre en Syrie.


3/ Quels quotas de répartition des réfugiés en Europe ?

En septembre, la Commission européenne décidait de quotas de répartitions des 160 000 réfugiés comptabilisés à ce moment : l’Allemagne accueillerait 31 443 réfugiés, la France 24 031, l’Espagne 14 931. Pour autant, ces quotas n’ont pas été appliqués, car les dissensions sont grandes à l’intérieur de l’Europe : d’un côté, les pays européens de l’Est ferment leurs frontières (Roumanie, Hongrie, Pologne, Slovaquie, République tchèque) ; de l’autre, l’Allemagne, dans un geste d’ouverture sans précédent aux migrants, a déjà accueilli bien plus que le quota qui lui a été attribué – ce pays pourrait avoir reçu, selon les estimations, quelque 800 000 réfugiés pour toute l’année 2015. Enfin, un plan d’action est conclu le 15 octobre entre la Commission européenne et la Turquie, pays par où transite la majeure partie des réfugiés. Trois milliards d’euros seront versés à ce pays qui s’engage en contrepartie à maintenir les quelques 2 millions de réfugiés syriens sur son sol.

Les quatre principaux pays d’origine des réfugiés

A/ L’exode syrien

La Syrie est une dictature militaire sinistrée par plusieurs guerres. Lors du conflit initial (2011), le chef de l’État Bachar et-Assad a massacré sans état d'âme ses opposants (appuyés par les États-Unis et le Qatar), avec l’aide du Hezbollah libanais et de milices chiites irakiennes, de la Russie et de l’Iran. Un autre conflit a ensuite opposé les rebelles à Daesh, lequel s’est par la suite aussi affronté à l’État syrien. Enfin, un conflit a lieu entre les Kurdes de la frontière syrienne et Daesh. La situation se complique avec le jeu des alliances ou oppositions entre la branche syrienne d’Al-Qaida et Daesh. Cet imbroglio guerrier pousse de nombreux Syriens à l’exil. Quelque quatre millions se sont d’abord réfugiés au Liban, en Jordanie, en Turquie et en Irak. Toutefois, parmi eux, plus de 300 000 ont choisi l’Europe pour destination : d’abord parce que leur premier lieu d’accueil les rejette ou ne les intègre pas et les maintient dans des camps, ensuite parce qu’ils espèrent trouver en Europe soins de santé, aide alimentaire, accès au marché du travail et accès à l’éducation. En août 2015, ils étaient précisément 4,41 millions de réfugiés, répartis dans le monde de la façon suivante : 1,9 million en Turquie ; 1,1 million au Liban ; 629 000 en Jordanie ; 348 000 en Europe ; 249 000 en Irak ; 132 000 en Égypte ; 53 000 dans les autres pays. À souligner toutefois que, depuis peu, de nombreux réfugiés Syriens préfèrent revenir dans leur pays dévasté plutôt que de continuer à affronter les difficultés de l’exil : précarité, absence de nourritures ou d’aides financières, etc.

B/ Réfugiés d’Érythrée

L’Érythrée est l’une des pires dictatures du continent africain. Depuis l’indépendance du pays (1993), le pays est dirigé par le dictateur Issayas Afeworki, ancien héros de la guerre contre l’Éthiopie. Ce pays de 5 millions d’habitants, très pauvre, qui bénéficie d’appuis financiers provenant du Qatar, n’a ni constitution, ni presse libre, ni opposition politique ; il est dirigé par un parti unique, le Front populaire pour la démocratie et la justice. La nation est décrite par de nombreux commentateurs comme une « prison-caserne » : on estime que 10 000 prisonniers politiques sont détenus en prison dans des conditions inhumaines, sans chef d’inculpation, sans jugement, sans contact avec leurs familles. Au cours de rafles, l’armée enrôle de force les hommes de 15 à 50 ans. On comprend que de nombreux Érythréens viennent chercher asile en Europe ou ailleurs.

C/ Réfugiés d’Afghanistan

À la suite des attentats du 11 septembre 2001 sur le sol américain, l'administration de Georges Bush Jr. déclara la guerre contre le terrorisme et envahit l’Afghanistan. Ayant chassé les Talibans du pouvoir, les troupes américaines pensent avoir libéré le pays, et rentrent progressivement au bercail. Pourtant, en réalité, dans un contexte d’instabilité politique grandissant après le départ d’Hamid Karzai (lequel fut placé temporairement au pouvoir par les Américains), les Talibans ont assis leur contrôle dans certaines régions du Sud et depuis peu elles mènent des raids dans le Nord, prenant temporairement la ville de Kunduz. Pour rajouter aux malheurs des Afghans, Daesh a lancé une offensive en Afghanistan contre les Talibans. Pour toutes ces raisons, de nombreux Afghans choisissent la route de l’exil.

D/ Réfugiés du Kosovo

Depuis quelques années, de plus en plus de familles, même si elles ont une situation économique correcte, quittent le Kosovo pour la Hongrie, l’Allemagne ou l’Autriche. Ce pays, indépendant depuis 2008, garde une souveraineté limitée et se trouve partiellement dirigé, en matière de police et de justice, par l’Otan et l’Union européenne. Mais le clientélisme, la corruption, la faillite du système judiciaire et le crime organisé contribuent grandement à déstabiliser le pays, qui se vide de plus en plus de ses habitants.

Sciences Humaines, 20/10/2015.Régis Meyran.

vendredi 23 octobre 2015

DOC HEBDO N°54 - du 22 au 28 ocotbre 2015

Retrouvez et téléchargez le bulletin numérique de revue de presse DOC HEBDO N°54 du DPFI de Lormont qui présente l'actualité du 22 au 28 octobre 2015 via ce lien : https://drive.google.com/file/d/0B8K6AGV2iEkDYzczSGI1UFN1TDg/view?usp=sharing

Retrouvez les anciens numéros du Doc Hebdo sur cette page : http://actu33.blogspot.fr/p/doc-hebdo-du-dpfi.html

 

jeudi 22 octobre 2015

L’Insee bouscule les idées reçues sur l’immigration

C’est une photographie de la France et de ses flux migratoires qui va à l’encontre des fantasmes d’invasion rebattus par la droite nationaliste et identitaire. Mardi 13 octobre, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié deux études qui rendent compte d’un pays où les mobilités sont de plus en plus importantes mais ne concernent que partiellement les immigrés. La part de la population immigrée augmente par ailleurs, mais de façon modérée.


La part de la population immigrée parmi les résidents en France augmente de façon modérée.
  • Une mobilité de plus en plus importante
L’Insee révèle tout d’abord que le solde migratoire de la France est en forte baisse. Il s’établit à + 33 000 personnes en 2013, contre + 112 000 en 2006. « Bien qu’il paraisse faible, ce solde migratoire recouvre des flux beaucoup plus importants », souligne Marie Reynaud, responsable des études démographiques et sociales à l’Insee. En outre, il renvoie aux déplacements de deux catégories de personnes : celles qui sont nées en France et celles qui sont immigrées (minime, le solde des personnes nées françaises à l’étranger s’établit à + 13 000 en 2013).
Concernant les personnes immigrées, leur solde migratoire s’élève à + 140 000 en 2013. Il est largement positif même ce chiffre accuse un léger recul puisqu’il était de + 164 000 en 2006. C’est-à-dire que « le nombre d’entrées d’immigrés a progressé, mais à un rythme plus faible que leurs sorties du territoire », souligne l’Insee. Un fait qui mérite d’être mis en exergue, d’après Marie Reynaud : « L’augmentation des sorties des personnes immigrées est nouvelle. Elle passe de 29 000 personnes en 2006 à 95 000 personnes en 2013. On relie ça à de la mobilité professionnelle de courte durée. »
  • Davantage de Français partent à l’étranger
A côté de ces personnes immigrées, les déplacements des personnes nées en France connaissent une évolution similaire puisque leurs « départs vers l’étranger (…) se sont amplifiés depuis 2006, alors que leurs retours, moins nombreux, ont peu varié sur la période », analyse l’Insee. Si l’on regarde dans le détail, on note qu’« en 2013, près de 197 000 personnes nées en France ont quitté le territoire, soit 59 000 de plus qu’au cours de l’année 2006. Parallèlement, les retours des personnes nées en France sont stables, autour de 78 000 personnes. »
A l’arrivée, le solde migratoire de cette catégorie est négatif, estimé à – 120 000 personnes en 2013 contre – 60 000 en 2006. Un constat qui ne saurait traduire une fuite massive des cerveaux à l’étranger, autre chiffon rouge régulièrement agité par les déclinistes : « Davantage de Français partent à l’étranger mais ce n’est pas très massif, rapporté aux 58,2 millions de personnes nées en France et vivant en France », relativise Marie Reynaud. Si l’on s’attarde sur le profil de ces personnes, on constate que, pour l’année 2013, « 80 % des départs à l’étranger de personnes nées en France surviennent entre 18 et 29 ans, âges d’études ou de début d’activité », précise l’Insee. Fin 2013, la présence française à l’étranger était estimée à un peu moins de 3 millions et demi de personnes.
Cette « augmentation des flux migratoires n’est pas spécifique à la France », souligne enfin l’Insee, qui rappelle que le solde migratoire de l’ensemble de l’Union européenne s’élève en 2013 à 575 000 personnes (3,4 millions d’entrées et 2,8 millions de sorties), soit 594 000 de moins qu’en 2006. « La situation diffère selon les pays : par exemple, le solde migratoire de l’Allemagne augmente fortement ; à l’inverse, celui de l’Espagne devient négatif. »
  • Une augmentation modérée de la population immigrée
En dehors de l’analyse de ces déplacements, qui donne à voir une mobilité accrue des personnes, l’Insee dessine un portrait à grands traits de la population française. Et nous apprend que la France comptait, au 1er janvier 2014, 65,8 millions d’habitants hors Mayotte, soit 2,6 millions de personnes de plus par rapport à 2006, c’est-à-dire « un accroissement de 0,5 % par an en moyenne ».
Parmi ces résidents, la France compte 8,9 % de population immigrée, soit 0,8 point de plus qu’en 2006. Ce qui renvoie à une augmentation « modérée », jauge Marie Reynaud, équivalant à « 700 000 personnes en plus » en l’espace de huit ans. En détaillant ce chiffre, l’Insee nous apprend qu’« 1,6 million d’immigrés sont arrivés en France, 500 000 en sont repartis et 400 000 sont décédés en France ».
L’institut entend par immigrée toute « personne née de nationalité étrangère à l’étranger et résidant en France ». Sachant que « certains immigrés ont pu devenir français par acquisition, les autres restant étrangers ».
  • 6,4 % de la population résidant en France est de nationalité étrangère
Si l’on s’en tient aux étrangers (personnes qui résident en France et ne possèdent pas la nationalité française), la France compte 500 000 étrangers en plus entre 2006 et 2014. Au passage, l’Insee relève que le nombre d’acquisitions de nationalité française s’est réduit sur la période, « passant de 147 000 en 2006 à 97 000 en 2013 ». Au total, au sein de la population résidant en France, 61,6 millions de personnes ont la nationalité française et 4,2 millions ont une nationalité étrangère, soit 6,4 % de la population. Parmi ces dernières, 0,6 million sont nées en France et 3,6 millions sont nées à l’étranger.
Contrairement à certaines idées reçues, la progression de la population résidant en France est donc « essentiellement portée par le solde naturel », nous renseigne l’Insee. Ce solde s’élève à + 2,2 millions de personnes sur les huit dernières années, c’est-à-dire qu’il y a eu 6,5 millions de naissances pour 4,3 millions de décès. Le solde migratoire est moindre, qui s’établit à + 400 000 personnes sur huit ans. Il ne contribue qu’à hauteur de 16 % de l’augmentation de la population. Si l’on regarde dans le détail, on observe qu’entre début 2006 et début 2014, pour 2,5 millions d’entrées sur le territoire (qui peuvent être des retours), il y a eu 2,1 millions de sorties du territoire.

Le Monde, 13/10/2015, Julia Pascual.

TVA sur les tampons : qu’est-ce qu’un « produit de première nécessité » ?

Il n’y aura pas de baisse des prix pour les protections hygiéniques féminines en France, actuellement taxées à 20 %, taux qu’un amendement, porté par la délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale, voulait ramener à 5,5 %. Les députés ont rejeté ce texte, pourtant accepté en commission. Le secrétaire d’État au budget, Christian Eckert, a expliqué que le gouvernement ne souhaite aucun mouvement sur les taux pour l’instant, en faisant valoir que la TVA à 20 % est également « appliquée aux mousses à raser pour les hommes ».


1. Les trois taux de TVA

La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) frappe tout produit ou service acheté en France. C’est la principale source de revenus de l’Etat, auquel elle devrait rapporter une manne de 193 milliards d’euros d’après le projet de loi de finances pour 2016.
Le taux de TVA « normal » s’élève, en France, à 20 %. Mais il existe en fait trois taux : 5,5 % (réduit), 10 % (intermédiaire) et 20 %, plus un taux particulier à 2,1 %. La différence tient au bien ou service vendu.
- Le taux normal de 20 % s’applique par défaut
- Le taux à 10 % touche divers domaines :
  • produits agricoles non transformés,
  • alimentation animale et produits à usage agricole,
  • transports de voyageurs,
  • travaux d’amélioration des logements,
  • musées, zoo, etc.
  • certains médicaments non remboursés
  • certains restaurants
- Le taux à 5,5 %, dit « réduit », concerne, en théorie, les produits de première nécessité :
  • eau et boissons sans alcool, produits alimentaires (avec quatre exceptions : caviar, margarine, graisses végétales, chocolat…)
  • appareillages spécialisés pour les handicapés ou les personnes souffrant de maladies chroniques (diabète par exemple)
  • les livres
  • les abonnements énergétiques
  • les maisons de retraite et les prestations de santé pour les handicapés et personnes âgées dépendantes
  • les cantines scolaires
  • certains spectacles vivants
  • le cinéma
  • les œuvres d’art
  • certaines constructions et équipements
  • les préservatifs masculins et féminins
  • certains restaurants
- Le taux à 2,1 % s’applique à quelques éléments seulement :
  • médicaments remboursés et produits sanguins
  • restauration en Corse, Guadeloupe, Martinique, Réunion
  • publications de presse
  • vente d’animaux vivants de boucherie
  • une série de produits et services vendus en Corse, Guadeloupe, Martinique, Réunion

2. L’hygiène ne bénéficie pas de taux réduits

On le voit, la liste, qui date en bonne partie des années 1950, est pleine d’absurdités et de « trous », correspondant à autant de décisions et de pressions de divers lobbies. Par exemple, le caviar est le seul produit alimentaire taxé à 20 %, quand le foie gras ou la truffe sont à 5,5 %. De même, si le chocolat n’a pas droit au taux réduit, les bonbons, eux, sont bien à 5,5 % ! Même chose avec les sodas, taxés, comme l’eau, à 5,5 % (même s’ils subissent une surtaxe par ailleurs), etc.
Les produits d’hygiène, eux, sont tous taxés au taux normal, du savon au dentifrice en passant par les tampons et serviettes hygiéniques. La parapharmacie (pansements, crèmes, etc.), est également au taux normal.
En clair, la logique qui gouverne la fiscalité des « produits de première nécessité » n’a pas considéré que le savon en était un. Ce qui est évidemment discutable, qu’il s’agisse des produits d’hygiène féminine comme les tampons et les serviettes ou d’autres produits plus génériques.
L’association Georgette Sand, à l’origine de la demande de baisse de TVA sur les tampons et serviettes, grâce à une pétition qui a réuni 17 000 signatures, demandait d’ailleurs qu’une série de produits d’hygiène « de première nécessité » (savon, shampooing…) bénéficient du même taux.

3. La question de la « women’s tax »

Derrière cette revendication d’une TVA réduite pour les produits d’hygiène féminine, dont l’achat est de facto obligatoire pour les femmes, figure aussi un autre débat, autour de l’existence d’une « women’s tax », une fiscalité spécifique aux femmes.
Ces dernières seraient plus taxées que les hommes à cause d’un certain nombre de dépenses contraintes supérieures, dues à des « impératifs sociaux » différents (maquillage, produits de beauté, épilation, etc.), alors qu’elles gagnent des salaires inférieurs en moyenne à ceux des hommes.
En outre, une « taxe rose » serait en vigueur dans le marketing à destination des femmes, rendant un produit plus cher que son équivalent masculin (le cas le plus typique est celui du rasoir jetable). Deux rapports sur la question doivent être rendus bientôt.
 
Samuel Laurent, Le Monde, 16/10/2015.

Onze graphiques qui montrent la crise sociale en France

La quatrième conférence sociale qu’a ouvert, lundi 19 octobre, François Hollande, commence dans un climat tendu : si les partenaires sociaux ont réussi à trouver un accord à l’arraché sur les retraites complémentaires vendredi, les tensions nées des mobilisations du personnel d’Air France peinent à retomber. Mais au-delà de cette conjoncture, le marché français du travail continue de changer de visage du fait de la crise.

 

1. Un chômage endémique

En septembre 2015, plus de 3,5 millions de personnes sont inscrites dans la seule catégorie « A », qui rassemble ceux qui n’ont pas du tout travaillé durant le mois précédent. En agrégeant ces derniers avec les catégories B (les inscrits qui ont travaillé moins de 78 heures dans le mois précédent) et C (activité réduite supérieure à 78 heures sur la même période), ils sont 5,4 millions. Une situation qui ne s’améliore pas, malgré les promesses de l’exécutif.

Nombre de chômeurs depuis 1991
Pour la catégorie A et les catégories A,B et C.

Hollande0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 Catégorie ACatégories A, B, Cjanv.-91janv.-92janv.-93janv.-94janv.-95janv.-96janv.-97janv.-98janv.-99janv.-00janv.-01janv.-02janv.-03janv.-04janv.-05janv.-06janv.-07janv.-08janv.-09janv.-10janv.-11janv.-12janv.-13janv.-14janv.-15
avr.-07
Catégories A, B, C: 3 255,3 milliers
Source : Dares

2. Qui sont ces chômeurs ?

En premier lieu des jeunes. Le taux de chômage des 15-24 ans était, en 2013, de 23,9 %, deux fois et demi supérieur au taux général. Les catégories populaires (employés, ouvriers) connaissent davantage le chômage, de même que les non-diplômés.

Taux de chômage selon diverses catégories de population
En 2013, selon l'Insee

0 5 10 15 20 25 30 EnsembleEnsemble15-24 ans25-49 ans 50 ans et plusAgriculteurs exploitants, art…Cadres et professions intell…Professions intermédiairesEmployésOuvriersSans diplôme ou CEPBrevet des collèges, CAP, BEPBaccalauréatBac + 2Diplôme supérieur au Bac+2
Les fins de contrats (c’est-à-dire les fins de CDD, à la différence des fins de mission qui désignent les fins d’intérims) sont – de loin – le premier motif d’inscription au chômage, devant les licenciements économiques.


3. Motifs d'inscription à Pôle emploi depuis 1996


Les fins de contrat sont et restent, de loin, le premier motif d'inscription

 
0 25000 50000 75000 100000 125000 150000 175000 Licenciement éco Autre licenciementDémissionFin de contratFin de missionPremière entréefévr. 96avr. 05juin 14janv. 97déc. 97nov. 98oct. 99sept. 00août 01juil. 02juin 03mai 04mars 06févr. 07janv. 08déc. 08nov. 09oct. 10sept. 11août 12juil. 13mai 15
févr. 01
Licenciement éco : 22 400 personnes

4. La crise s’enkyste

Corollaire d’une crise qui ne se résorbe pas, la situation des personnes hors de l’emploi tend à se fixer. Sur le graphique ci-dessous, on peut constater la hausse spectaculaire du nombre de chômeurs inscrits depuis plus de trois ans, dont la courbe rejoint désormais celle des inscrits depuis 3 à 6 mois.

Chômeurs par durée d'inscription à Pôle Emploi
Depuis 1996, en milliers

0 200 400 600 800 1000 1200 1400 Moins 3 mois3 à 6 mois6 à 12 mois1 à 2 ans2 à 3 ans3 ans et plusjanv.-96nov.-96sept.-97juil.-98mai-99mars-00janv.-01nov.-01sept.-02juil.-03mai-04mars-05janv.-06nov.-06sept.-07juil.-08mai-09mars-10janv.-11nov.-11sept.-12juil.-13mai-14mars-15
août-02
Moins 3 mois: 915,0 milliers
Le fait d’avoir retrouvé du travail ne représente plus, depuis longtemps, la voie de sortie principale du chômage. A peine 40,3 % des sortants avaient retrouvé un emploi en mars 2015, quand 13,2 % suivaient une formation, et 20 % n’avaient pas actualisé leur situation auprès de Pôle emploi.