lundi 30 avril 2018

Les Français se préoccupent de plus en plus de leurs données personnelles

La Commission nationale informatique et libertés, qui fête ses 40 ans, a reçu plus de 8.000 plaintes en 2017.





Née dans les turbulences du projet de super-fichier Safari dans les années 70, la Commission nationale informatique et libertés (Cnil) vient de fêter ses 40 ans, et elle est "installée dans le paysage institutionnel français", se félicite ce mardi sa présidente, Isabelle Falque-Pierrotin, en présentant son rapport annuel [PDF].

Elle est bien identifiée par les Français – dont "9 sur 10 sont inquiets du devenir de leurs données personnelles", souligne la présidente de la Cnil, et ils se tournent vers la Commission – "77% des Français lui font confiance" : l'an dernier, la Commission a reçu un nombre record de plaintes, 8.360, en forte hausse en trois ans (5.802 plaintes en 2014, moins de 8.000 les deux années suivantes).


  • 25% de ces plaintes portent sur le marketing et le commerce, principalement sur la prospection par e-mail, téléphone ou courrier.
  • 27% des plaintes concernent la diffusion de données personnelles sur Internet (réseaux sociaux, blogs, sites), et surtout leur suppression ou leur modification.
  • Les autres secteurs concernés par les plaintes sont les ressources humaines (16%) - vidéosurveillance, géolocalisation, refus de communication du dossier professionnel -, la banque et le crédit (12%), le secteur santé et social (8%).


Conseils pratiques : mot de passe, protéger ses données...

La Commission diffuse de nombreux conseils pratiques sur la maîtrise des données personnelles ; elle a coproduit en juin 2017 avec la MGEN un clip de sensibilisation sur la protection de la vie privée, avec le youtubeur le Rire Jaune (il a été vu plus de 4,3 millions de fois en moins de 10 mois).



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Article intégral en ligne : https://www.nouvelobs.com

Source : L'Observateur, 10/04/2018

samedi 28 avril 2018

3 millions d'enfants sous le seuil de pauvreté en France

Le nombre d'enfants sous le seuil de pauvreté progresse en France depuis quinze ans et s'accentue encore plus pour les familles monoparentales.



Les enfants issus de familles monoparentales sont plus nombreux à être confrontés à la pauvreté que ceux dont les deux parents travaillent.
Les enfants issus de familles monoparentales sont plus nombreux
à être confrontés à la pauvreté que ceux dont les deux parents travaillent. © AFP / Loic Venance

Les familles monoparentales sont davantage exposées à la pauvreté, a rappelé l'association K d'urgence mardi lors d'un point presse.
Pendant cette conférence, où l'association présentait la prochaine édition de la Journée des familles monoparentales à Paris, en juin prochain, en compagnie de la Caf et d'Olivier Noblecourt, le délégué interministériel à la lutte contre la pauvreté, K d'urgence a alerté sur la monoparentalité comme "l'un des premiers facteurs de pauvreté".
Confrontés à des difficultés d'organisation et à une baisse conséquente de leur niveau de vie, les familles monoparentales (une mère avec ses enfants, dans 82 % des cas) s'en sortent moins bien.
En quinze ans, le nombre d'enfants de moins de 18 ans vivant sous le seuil de pauvreté (1015 euros) est passé de 16 à 20 %, soit trois millions d'enfants pauvres. 


Taux en croissance

Une situation à laquelle sont davantage confrontés les enfants vivant dans une famille monoparentale. Selon les chiffres de l'Insee, issus du recensement de 2015, 34,9 % des familles monoparentales vivent sous le seuil de pauvreté, contre 11,8 % pour les familles avec deux parents.
Cette situation a tendance à empirer. En 2008, 17,3 % des enfants vivaient sous le seuil de pauvreté, dont 37,8 % vivant dans des familles monoparentales. En 2015, ces taux grimpent respectivement à 19,9 % et 39,3 %.
Se focalisant sur Paris, où a lieu la sixième Journée des familles monoparentales, K d'urgence relève une situation plus favorable que sur l'ensemble du territoire (22,4 % des familles monoparentales concernées), mais avec des fortes disparités entre les quartiers du nord-est parisien et les quartiers le long de la petite ceinture, à la périphérie, qui concentrent une grande partie du parc locatif social parisien, et l'ouest parisien et la rive gauche, où ces familles monoparentales sont plutôt cadres ou professions libérales.

Source : France inter, 12/04/2018.

jeudi 26 avril 2018

Education, emploi, rénovation… Les propositions-chocs du rapport Borloo

Le texte, remis à Edouard Philippe jeudi, compte dix-neuf « programmes » thématiques. Elus et associations ont construit ensemble des solutions.


Le rapport Borloo sur les banlieues, remis à Edouard Philippe jeudi 26 avril, compte dix-neuf « programmes » thématiques (rénovation urbaine, éducation, mobilité, sécurité et justice, entreprises et emploi, leadership, égalité et mixité…). Il est le fruit d’une réflexion et d’un travail menés depuis plusieurs mois avec les élus et les associations de terrain mobilisés au sein du collectif « Territoire gagnants » (à l’initiative de Bleu Blanc Zèbre et Ville et Banlieue).
Depuis janvier, ils ont effectué un « tour de France » afin de faire émerger les solutions les plus innovantes et efficaces déjà en place dans certains quartiers. Ce rapport propose, entre autres, de démultiplier les meilleures sur tout le territoire. Jean-Louis Borloo recommande également des changements de méthode inédits.
  1. Une académie des leaders, à côté de l’ENA
  2. Une juridiction pour sanctionner l’inaction
  3. Trois fronts pour l’emploi
  4. Rénovation urbaine : des propositions décoiffantes
  5. Création de « cités éducatives »
  6. Déploiement de 200 campus numériques
  7. Aide aux communes pauvres
  8. Développement de la mobilité
  9. Promotion de la mixité
  10. Insertion par le sport
  11. Jumeler les institutions culturelles avec les QPV
  12. Une police plus ancrée dans son territoire
  13. « Une nouvelle armée de la République solidaire »
  14. Faciliter le financement des associations
  15. Lutter contre les discriminations
  16. Jeunesse : « A la rencontre de l’autre »
 (...)

Le Monde : 26/04/2018.
Article intégral en ligne : https://www.lemonde.fr

mardi 24 avril 2018

Comment les réseaux sociaux accentuent l’enfermement dans ses idées

Le poids pris par Facebook, Twitter et les algorithmes de personnalisation renforcent des tendances déjà identifiées par la psychologie sociale, observent des chercheurs.


Internet et les réseaux sociaux sont-ils des machines à enfermer les internautes dans leurs propres certitudes ? Cette question, posée dès 2011 par le penseur du Web Eli Pariser dans son ouvrage The Filter Bubble : What The Internet is Hiding from you (Les bulles filtrantes : ce qu’Internet vous cache, non traduit), est aujourd’hui au cœur de la réflexion de nombreux chercheurs du Net.
Lundi 23 avril à la Cité internationale de Lyon, où se tient jusqu’au vendredi 27 la prestigieuse conférence annuelle itinérante des professionnels d’Internet, The Web Conference, la polarisation des idées et des débats sur les réseaux sociaux a fait l’objet d’une demi-journée d’étude mêlant ingénierie du Web et psychologie sociale. Baptisée « Polarization on social media », elle a été présentée par un groupe de chercheurs en informatique de Helsinski (Finlande), Kiran Garimella, Aristides Gionis, et Michael Mathioudakis, et un ingénieur au centre de recherche informatique du Qatar, Gianmarco De Francisci Morales.
A l’origine de ces interrogations, le constat désormais très répandu qu’au lieu d’amener les internautes à échanger leurs points de vue et bâtir des théories nuancées, utopie qui a porté la démocratisation d’Internet dans les années 1990, l’émergence des réseaux sociaux et des algorithmes de recommandation a au contraire amené une radicalisation des points de vue, une exacerbation des tensions en ligne, et une impossibilité chronique à se faire entendre et respecter.

Quelle est la part de responsabilité des sites et services Internet ?
Quelle est la part de responsabilité des sites et services Internet ? Illustration Quentin Hugon / Le Monde

Une vieille question de psychologie sociale

Cette impasse démocratique, remarquent les chercheurs, est loin d’être une invention du Net. La question de la formation des opinions dans un contexte social a donné naissance dès les années 1950 au concept de dissonance cognitive, du psychologue Leon Festinger, qui décrit l’état de désarroi et les stratégies d’évitement face à des opinions contraires aux siennes.
Par ailleurs, la recherche n’a pas attendu l’âge d’or de la collecte de données sur Internet pour tenter des approches quantitatives. Dans un article de 1974, « Reaching a Consensus », le statisticien américain Morris DeGroot observe déjà que les individus tendent à se conformer progressivement aux opinions émises par leurs semblables (de sexe, de couleur de peau, de religion…), même s’ils n’ont aucune connaissance de leur véracité. Ce phénomène est connu sous le nom d’homophilie, l’attirance de la similarité. « Un modèle basique, qui ne rend pas encore compte des logiques de polarisation », nuance Gianmarco De Francisci Morales.
En 2000, dans Mixing Beliefs among Interacting Agents, les chercheurs Deffuant, Neau, Amblard et Weisbuch arrivent à une conclusion plus fine : un individu moyen n’adapte ses jugements que si les opinions auxquelles il est confronté n’en sont pas trop éloignées. « C’est l’idée que si quelque chose est trop éloigné de ce à quoi je crois, je ne vais même pas lui accorder mon attention », résume Gianmarco De Francisci Morales.


dimanche 22 avril 2018

Les enseignants décryptent l'algorithme "ubuesque" de Parcoursup

Macron a promis la publication de l'algorithme national de Parcoursup. Mais l’avenir des étudiants se jouera plutôt dans la pléthore de variantes locales, estampillées "outils d’aide à la décision". "Opaques" pour les uns, "incompréhensibles", pour les autres, ces algorithmes locaux sont "un vrai moyen de sélection" à l'entrée de l'université.

 
Lors d’un discours sur l’Intelligence artificielle au Collège de France le 29 mars dernier, Emmanuel Macron a lourdement insisté : il est impératif que les algorithmes utilisés par l’Etat soient rendus publics. Premier concerné : celui de Parcoursup, afin de rendre plus transparent le processus d’intégration des étudiants. C’est de ce logiciel dont dépendent, pour la première fois cette année, toutes les formations qui, sélectives ou non, recrutent après le bac. Mais du côté enseignants, cette annonce n’a pas soulevé l’enthousiasme : "Publier cet algorithme au niveau national ne sert à rien, se désole Thomas Alam, maître de conférences en sciences politiques à l’Université de Lille II. Les critères ajoutés par chaque université, chaque filière, seront absents. Le véritable enjeu est dans les algorithmes locaux, dont le contenu est aujourd’hui totalement opaque". De fait, dans l’enseignement supérieur, nombreuses sont les voix qui s’élèvent contre un algorithme qui permettrait une "sélection déguisée" des candidats à l’entrée de l’université.

"Beaucoup d’entre nous ignorent encore quels seront leurs propres critères de notation", déplore un enseignant.
"Beaucoup d’entre nous ignorent encore quels seront leurs
propres critères de notation", déplore un enseignant.
- Michel Stoupak / NurPhoto

"Projet de formation motivé", "fiches Avenir" et bulletins


De quoi parle-t-on exactement ? Dans beaucoup de filières, où le nombre de candidats excède celui des places, les commissions d’examen des voeux, composées par les chefs d’établissement, devront examiner des milliers de dossiers reçus, puis les ordonner entre "oui", "oui si" et "en attente" (le non étant réservé exclusivement aux filières dites "sélectives"). Pour faciliter le traitement de cette tâche dantesque, le ministère de l’Enseignement supérieur a mis à disposition un "outil d’aide à la décision", présenté aux équipes lors de journées de formation fin mars.

"L’outil de décision", c’est le petit nom donné aux algorithmes locaux qui sont censés aider les enseignants-chercheurs dans leur classement. Sur le principe, il est le même pour tous. Il permet de rentrer les différents critères qui compteront dans la détermination des dossiers des futurs étudiants.
Que se cache-t-il donc derrière ce paramétrage ? Une somme de critères assez difficile à appréhender, supposée rendre "plus humain" le recrutement dans les universités. Ces éléments sont censés mêler des éléments quantitatifs et qualitatifs. Dans la feuille de route transmise par le ministère aux enseignants lors des journées de formation, quatre grands critères sont définis. D’abord le "projet de formation motivé", à travers la lettre de motivation. Ensuite, les "fiches Avenir" remplies par les professeurs principaux des élèves et les proviseurs. Après, les notes des élèves en fonction de leur bulletin de Première et de Terminale (certaines filières pouvant remonter jusqu’au collège) et enfin les notes du bac, indexées sur les épreuves anticipées passées l’année précédente.
Des signalements pour chercher des "marqueurs sociaux"
Certains dossiers figurant désormais entre les mains des algorithmes locaux sont également accompagnés de marqueurs bien spécifiques : "C", lorsqu’un candidat a changé de série en cours de scolarité dans le secondaire. "P" quand il a au moins redoublé une fois en première. "T" lorsqu’il a redoublé au moins une fois sa Terminale. Mais aussi… "O", quand le candidat a suivi ou suit une “option européenne, internationale ou bi-nationale" et “E", si le candidat suit une "scolarité à l’étranger après avoir obtenu son bac français". Pour Thomas Alam, ces signalements sont bien la preuve d’une recherche de "marqueurs sociaux" pour différencier les candidats : "Les lycées français à l’étranger sont réputés pour être plus exigeants que les autres. Pour quelle raison choisit-on de signaler la provenance de ces lycéens si ce n’est pas pour souligner cet élément ?"


Extrait du document "Paramétrer l'aide à la décision pour les formations de licence".

 

Des critères différents pour chaque université... et pour chaque filière

 

Reste-t-il alors simplement à pondérer chacun de ces éléments ? Absolument pas. C'est là que les "spécificités locales" entrent en jeu car il revient aux formations d’établir les différentes pondérations auxquelles seront soumis les dossiers. "Nous quittons le registre national pour nous orienter vers un système où chaque filière représentera en elle-même un îlot de sélection", se désespère Christel Coton, maîtresse de conférence en sociologie à l’université de Paris I et responsable de sa filière Administration économique et sociale (AES). Concrètement, cela signifie que la licence de droit à l’université du Capitole, à Toulouse, n’aura pas les mêmes critères d’entrée que celle de l’université Jean-Moulin à Lyon. Et attention : dans ce classement supposément "objectif" - puisque réalisé à l’aide d’un algorithme - il ne peut pas y avoir de candidats ex-aequos.
"Nous quittons le registre national pour nous orienter vers un système où chaque filière représentera un îlot de sélection"
Prenons dans un premier temps l’exemple du bulletin de notes. Avant d’obtenir la moyenne définitive d’un élève, l’enseignant doit dans un premier temps renseigner plusieurs "moyennes intermédiaires" : une pour les notes du bac, une pour les notes de Première, et une troisième pour les notes de Terminale. Il leur est aussi possible de créer des moyennes intermédiaires en fonction des disciplines. En théorie, cela doit permettre de valoriser une matière en lui apportant un coefficient plus élevé. Par exemple, une Commission de première année de licence de mathématiques peut choisir d’isoler les domaines scientifiques.
Qu’en est-il de celles qui ne découlent pas directement d’une discipline enseignée au lycée ? Par défaut, le français peut faire figure de distinction dans le classement. "Il ne suffit pas ‘d’avoir un bon niveau d’expression écrite’, comme on l’a vu dans certains attendus nationaux pour réussir dans une filière", objecte un enseignant-chercheur faisant partie de l'Observatoire de la sélection universitaire. Ce groupement informel, opposé à la réforme, veut en dévoiler les coulisses par l’intermédiaire des réseaux sociaux. Au-delà du processus de notation en lui-même, l’Observatoire pointe ses problèmes philosophique : "On sait parfaitement que certains lycéens notent plus facilement que d’autres. Nous pouvons être tentés de mettre une note plus favorable à un établissement connu pour son exigence, pour mettre tout le monde sur un pied d’égalité. C’est déjà discutable. Mais que faire des milliers des lycéens dont on ignore les critères de notation ?"

La "capacité à réussir" notée de 1 à 20


Passons à un deuxième critère. Les enseignants-chercheurs doivent également se pencher sur les "fiches Avenir". Sont déterminés par le prof principal : la méthode de travail d’un élève, son autonomie, son engagement, son esprit d’initiative et sa capacité à s’investir. Au proviseur est laissée la lourde tâche de déterminer la cohérence du projet du lycéen et… de donner son avis sur sa capacité à réussir ! Une fois dans l’algorithme, ces appréciations écrites doivent être transformées en note comprise entre 0 et 20, "20 étant le maximum possible donné à la modalité 'Très satisfaisant' ou 'Très cohérent'", indiquent les documents du Ministère de l’enseignement supérieur. (Il est également possible de noter le tout sur 15 et non pas sur 20, mais nous vous passerons ces joyeuses considérations mathématiques.)
Il revient aussi à l’enseignant-chercheur de décider, en fonction des coefficients, quels éléments de la "fiche Avenir" il préfère mettre en valeur. L’autonomie peut par exemple être moins valorisée que la méthode de travail, comme le montre l’exemple ci-dessous :

Extrait du document "Paramétrer l'aide à la décision pour les formations de licence".
Ici encore, nouveau problème: "Dans certains lycées, les professeurs principaux n’ont pas joué le jeu. Ils ont décidé de mettre ‘Très satisfaisant’ à chacun de leurs élèves, nous explique un membre de l’Observatoire de la sélection universitaire. C’est normal, ils ont envie qu’ils réussissent ! Ce qui signifie que si on décide de faire entrer les fiches avenir dans nos critères de notation, nous allons désavantager les élèves dont les professeurs ont scrupuleusement respecté les consignes du Ministère".

La "sélection sociale" par la lettre de motivation

 

Troisième et dernier élément à renseigner dans l’algorithme local : l’examen du projet de formation motivé. Exit, comme sur APB, les indications des préférences des étudiants en fonction des établissements : "Comment savoir si un étudiant veut venir si on ignore où notre filière se situe dans ses voeux ?" s’agace un enseignant. Sur Parcoursup, la réponse se trouve dans les lettres de motivation en 1.500 signes remplies par les élèves. "Mais elles peuvent avoir été rédigées par quelqu’un d’autre, du professeur au parent ! se désespère Christel Coton. On avantage les élèves dont l’entourage est suffisamment disponible et cultivé pour écrire ces billets. C’est de la sélection sociale". Quid, de plus, des cas où ces lettres de motivation ont été écrites par des officines privées ? Pour l’Observatoire de la sélection universitaire, la réponse est simple : de toute manière, ces lettres ne seront pas lues : "Vous pensez vraiment qu’il est humainement possible de lire 3000 candidatures et de rentrer manuellement chacune des notes demandée par l’algorithme ? Dans beaucoup de filières, la ‘partie qualitative’ passera à la trappe. Et que restera-t-il, sinon une sélection par les notes à l’entrée de l’université ?"

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Source : Marianne, 09/04/2018

Article intégral en ligne : https://www.marianne.net

vendredi 20 avril 2018

Quelle différence entre regroupement et réunification familiale ?

La loi asile et immigration prévoit d’élargir la réunification, moins connue que le regroupement mais qui ne concerne que les réfugiés et non tous les migrants.


C’est un des points qui cristallise le débat politique autour du projet de loi « pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif », actuellement en discussion à l’Assemblée nationale. La « réunification familiale » serait élargie aux mineurs, qui pourraient faire venir leurs frères et leurs sœurs.
La « réunification » est moins connue que le « regroupement » et la confusion entre les deux est souvent faite. Mais il s’agit bien de deux dispositions différentes. Explications.

Un nombre limité de personnes

Le gouvernement propose qu’un mineur qui a obtenu de la France le statut de réfugié ou la protection subsidiaire (un statut proche) puisse, en plus de ses parents, faire venir ses frères et sœurs. En 2017, 525 mineurs avaient obtenu la protection de la France au titre du droit d’asile, selon Eurostat. Ils peuvent donc d’ores et déjà demander à être rejoints par leurs parents. L’extension de la réunification familiale à leurs frères et sœurs ne devrait ainsi concerner qu’un nombre limité de personnes.
4 319 personnes concernées par la réunification familiale en 2016
Dans son ensemble, la réunification familiale, dont peuvent se prévaloir l’ensemble des réfugiés en France, qu’ils soient mineurs ou non, avait permis en 2016 à 4 319 personnes d’obtenir un titre de séjour, selon les chiffres du ministère de l’intérieur. Ce droit, essentiel pour assurer le droit à une vie privée et familiale, comme l’énonce l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme, n’est soumis à aucune condition de ressources.
Le regroupement familial, quant à lui, concerne les étrangers en situation régulière. Ils peuvent faire venir leur conjoint de plus de 18 ans ainsi que leurs enfants. Toutefois, contrairement à la réunification familiale, il est soumis à des conditions financières, de logement. De plus, la famille qui rejoint l’étranger en France doit certifier connaître la langue française ainsi que les « valeurs de la République ». Le regroupement familial a permis, en 2016, à 11 005 personnes de venir en France.
Par ailleurs, la grande majorité des titres de séjour délivrés pour motif familial le sont pour la famille des Français : sur les 89 124 entrées à titre familial, 49 559 concernent la famille de personnes françaises, et surtout leurs conjoints (39 946) ou leurs parents (9 361), selon le ministère de l’intérieur.

Source : Le Monde, 18/04/2018.
Nanog / Les titres de séjour délivrés pour motif familiale

mercredi 18 avril 2018

Ce que contient la loi de 1905 sur la laïcité

Lors de son discours devant la Conférence des évêques de France, lundi 9 avril, Emmanuel Macron a appelé à «réparer le lien entre l'Église et l'État», suscitant la colère de l'opposition de gauche, qui l'accuse d'atteinte à la laïcité. Le Figaro fait le point sur ce que contient la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l'État.

 

Pour la première fois depuis plusieurs mois voire années, les principales forces de gauche ont uni leurs voix. En cause, le discours d'Emmanuel Macron devant la Conférence des évêques de France, lundi soir. Le président de la République a regretté que «le lien entre l'Église et l'État (se soit) abîmé» et estimé qu'il lui incombait de le «réparer». «Macron va trop loin, c'est irresponsable», s'est, par exemple, indigné Jean-Luc Mélenchon. Benoît Hamon a, lui, dénoncé un discours «profondément contraire aux principes fondamentaux de la laïcité, dont le président devrait être le premier garant». Le fondateur de Génération.s a déploré «un affront inédit et dangereux de la loi de 1905». Même son de cloche chez Olivier Faure. «En République laïque, aucune foi ne saurait s'imposer à la loi, s'est ému le premier secrétaire du Parti socialiste. Toute la loi de 1905. Rien que la loi».
Les membres de la majorité sont restés discrets vis-à-vis de l'intervention du chef de l'État, à l'exception notable de l'ancien premier ministre, Manuel Valls. Le désormais député apparenté LaREM s'est désolidarisé du discours d'Emmanuel Macron: «La laïcité c'est la France, et elle n'a qu'un seul fondement: la loi de 1905, celle de la séparation des Églises et de l'État. La loi de 1905, toute la loi, rien que la loi». Le Figaro fait le point sur ce texte, sujet régulier de discussions politiques et (de nouveau) de retour dans le débat public.

• Un compromis politique consacrant la liberté religieuse
La loi de 1905 est, sous la Troisième République une initiative de la gauche, portée par les socialistes Jean Jaurès et Aristide Briand, rapporteur du texte. À l'époque la loi se voulait un compromis, entre les catholiques tenants d'une ligne dure, qui refusaient tout bonnement la séparation de l'Église et de l'État, et les républicains combistes (proches d'Émile Combes), animés d'une haine anticléricale, qui souhaitaient l'anéantissement de l'Église. D'inspiration libérale, la loi de 1905 débute par la consécration de la liberté religieuse. L'article premier de la loi garantit «la liberté de conscience» et «le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public». Ce n'est que dans un deuxième temps, dans l'article 2, qu'est édictée la règle de laïcité: «La République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte.»

• Ce que prévoit la loi
 
- L'interdiction du financement par deniers publics des lieux de culte
À partir de 1905, l'État ne peut plus financer la construction de lieux de culte. En 1905, l'État s'est déclaré propriétaire de la majorité du patrimoine immobilier des Églises alors existant. Afin de garantir le libre exercice des cultes, la puissance publique a ensuite concédé ces locaux à des «associations cultuelles» bénéficiant d'avantages fiscaux et autorisées à percevoir des dons et des legs.

- La neutralité de l'État
La loi consacre «l'interdiction d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux (…) en quelque emplacement public que ce soit» sauf les cimetières. Cette mesure établit la neutralité idéologique et philosophique de l'État, qui n'appartient à aucun culte.

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Le Figaro, 10/04/2018.
Article intégral en ligne : http://www.lefigaro.fr