jeudi 31 octobre 2019

Métiers du grand âge : propositions pour un plan de mobilisation nationale

Pénibilité, effectifs insuffisants, rémunérations faibles, les métiers du grand âge et de l'autonomie sont peu attractifs. Pourtant, avec le vieillissement de la population, les besoins de personnels, notamment pour la prise en charge des personnes âgées dépendantes, sont croissants.


Dans un rapport publié le 29 octobre 2019, Myriam El Khomri propose la mise en place d'un plan d'action courant sur cinq ans pour "relever le défi de l'attractivité des métiers du grand âge et de l'autonomie".

60 000 postes non pourvus

Les métiers du grand âge souffrent d'une faible attractivité. Par exemple, entre 2012 et 2017, une baisse de 25% du nombre de candidatures au concours d'aide-soignant a été enregistrée.
Le rapport évalue à 60 000 le nombre de postes non pourvus. Entre 2020 et 2024, environ 18 500 postes devraient être créés chaque année pour répondre aux besoins présents et futurs de prise en charge des personnes âgées en perte d'autonomie (dont le nombre devrait augmenter de 20% d'ici 2030).
Les métiers du grand âge sont également des métiers aux conditions de travail difficiles. Le taux d'accidents du travail et de maladies professionnelles (AT-MP) y est trois fois supérieur à la moyenne nationale. Par exemple, en 2017, il y a eu au total 19 000 accidents du travail des aides à domicile (+31% par rapport à 2013).
S'ajoute la faible rémunération de ces professions dont certaines conventions collectives prévoient des rémunérations inférieures au SMIC.

Des propositions pour rendre les métiers du grand âge attractifs

Les 59 propositions contenues dans le rapport visent cinq objectifs principaux :
  • revaloriser la rémunération ;
  • moderniser les offres de formation ;
  • diminuer les accidents du travail et les maladies professionnelles ("sinistralité") ;
  • développer l'innovation ;
  • garantir la mobilisation des acteurs.
Pour augmenter l'attractivité de ces métiers, le rapport propose notamment :
  • la suppression du concours d'aide-soignant ;
  • la gratuité systématique de la formation (hors frais d'inscription) et une inscription via Parcoursup pour la formation initiale ;
  • le lancement d'un programme national pluriannuel de lutte contre la sinistralité ;
  • la réévaluation des rémunérations au seuil du SMIC au plus tard le 1er janvier 2021, puis un seuil commun de conventions collectives devrait être étudié pour tendre vers de meilleures conditions de travail ;
  • l'organisation de temps collectifs minimums fixés à 4h par mois en EHPAD et pour les équipes à domicile afin d'assurer une prise en charge de qualité et donner du sens au travail des professionnels de santé.
Ce plan s'inscrit en complément du rapport Libault dans la préparation d'une réforme d'ampleur de la prise en compte du Grand âge et de l'autonomie.

(...)

Source : vie-publique.fr, 31/10/2019.
Article intégral en ligne : https://www.vie-publique.fr

mercredi 30 octobre 2019

Le taux de pauvreté a augmenté en France en 2018

14,7% de la population avait un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté en 2018, selon l’Insee. Soit une augmentation de 0,6 point par rapport à 2017.


C’est une mauvaise nouvelle, alors que ce jeudi est la journée internationale pour l’élimination de la pauvreté. Selon les estimations de l’Insee, 14,7% de la population en France (+ 0,6 point sur un an) aurait un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté en 2018. Ils sont désormais 9,3 millions à déclarer un revenu disponible inférieur à 60% du niveau médian.

L’Insee l’explique par plusieurs facteurs: d’abord, par la hausse de ce revenu médian, «en lien avec des salaires relativement dynamiques et l’augmentation des revenus financiers». Les mesures sur les prélèvements, comme la baisse de la taxe d’habitation, la bascule CSG/cotisations et l’extension du crédit d’impôt pour l’emploi de salariés à domicile aux retraités «bénéficieraient davantage aux ménages au-dessus du seuil de pauvreté». Et «contribueraient donc à la hausse du seuil et du taux de pauvreté», poursuit l’Insee - alors que les mesures sur les minima sociaux (revalorisation de l’allocation de solidarité aux personnes âgées et de l’allocation aux adultes handicapés) jouent au contraire pour une baisse du taux de pauvreté.

«Mais c’est la baisse des allocations logement dans le parc HLM qui aurait le plus fort effet», note l’Institut. Elle contribue à la hausse du taux de pauvreté pour 0,4 point. «Sans prendre en compte la baisse des allocations logement, la hausse du taux de pauvreté au seuil de 60 % serait plus modérée (+ 0,2 point en 2018) et 9,1 millions de personnes seraient en situation de pauvreté monétaire», souligne l’Insee. À noter que la réduction des loyers dans le parc social visant à compenser la baisse des allocations n’a en effet pas été prise en compte car elle n’entre pas, par définition, dans la mesure des niveaux de vie.

 
Parallèlement, les inégalités ont augmenté l’an dernier. La masse des niveaux de vie détenue par les 20% de personnes les plus aisées est désormais 4,4 fois plus importante que celle détenue par les 20 % les plus modestes - alors que ce chiffre était de 4,3 depuis 2013. La hausse des inégalités est liée à deux phénomènes: la hausse des inégalités avant redistribution (expliquée notamment par la très forte hausse de certains revenus des capitaux mobiliers, notamment des dividendes perçus par les ménages, souvent les plus favorisés financièrement) et celle liée aux mesures socio-fiscales.

Source : Le Figaro, 16/10/2019.

mardi 29 octobre 2019

Cannabis médical : la première expérimentation aura lieu dès 2020 en France

Elle doit durer deux ans, avec près de 3 000 patients souffrant de maladies graves pour qui les principes actifs, comme le THC ou le CBD, peuvent être une aide.


L’Assemblée nationale a donné, vendredi 25 octobre, son feu vert à une expérimentation de l’usage médical du cannabis, dans le cadre de l’examen du projet de budget de la Sécurité sociale, pour 2020. Les députés ont voté à main levée un amendement du rapporteur La République en marche (LRM) Olivier Véran, qui autorise ce test en situation réelle, auquel l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait déjà donné son aval au mois de juillet.

« Je souhaite vivement que cette expérimentation puisse débuter au cours du premier semestre 2020 », a réagi la secrétaire d’Etat Christelle Dubos. Elle est prévue pour durer deux ans : six mois de mise en place, six mois d’inclusion des patients, six mois de suivi des patients et six mois d’analyse des données, avec remise d’un rapport définitif par un comité scientifique.

« Elle pourra porter sur 3 000 patients en France et visera à expérimenter l’impact positif des dérivés du cannabis sur certaines pathologies », a expliqué M. Véran, en rappelant que « 17 pays de l’Union européenne ont déjà autorisé des traitements à base de cannabis médical ».

« Ce n’est absolument pas la martingale, ce n’est pas le Graal de l’antidouleur, il ne s’agit pas de développer un nouveau médicament qui remplacerait le paracétamol ou un autre antalgique mais de trouver le moyen d’un nouveau traitement adjuvant. »






Lire aussi les témoignages : Le cannabis thérapeutique, « je n’ai trouvé que ça qui me soulage vraiment »
 
 


Patients de tout le territoire éligibles


Les patients de tout le territoire seront éligibles. En revanche, comme annoncé en décembre 2018, seules cinq indications sont retenues :

– douleurs neuropathiques réfractaires ;

– certaines formes d’épilepsie sévères et pharmacorésistantes ;

– les soins de support en oncologie dans les situations palliatives ;

– la spasticité douloureuse de la sclérose en plaques ;

– ou d’autres pathologies du système nerveux central.





Lire aussi Légalisé, dépénalisé, prescrit… le cannabis dans le monde en neuf graphiques

L’expérimentation sera menée dans plusieurs centres hospitaliers, en particulier des centres de référence pour les pathologies concernées. Seuls les médecins spécialistes volontaires – formés au préalable sur des plates-formes d’e-learning et exerçant dans des centres et structures de référence pluridisciplinaires (épilepsie, oncologie, soins palliatifs…) – seront autorisés à réaliser la prescription initiale. Les patients devront d’abord se fournir en pharmacie hospitalière, puis pourront renouveler leurs traitements en pharmacie de ville.

Fleurs séchées, huiles ou tisanes


L’ANSM s’est prononcée en faveur de modalités d’administration assez larges. Le traitement pourra ainsi prendre la forme de fleurs séchées, d’huiles et éventuellement de tisanes. Les différentes posologies pourront intégrer des rapports très variables entre les deux principes actifs : le tetrahydrocannabinol (THC) aux effets psychoactifs, et le cannabidiol (CBD) qui entraîne plutôt une relaxation musculaire.

La mesure a été accueillie favorablement dans l’Hémicycle. « Il faut passer outre les critiques qui sont faites autour de cette proposition puisqu’un groupe d’experts avait validé le principe » d’une expérimentation, a estimé le député Les Républicains Jean-Pierre Door. « Toutefois cela pose la question de la filière d’approvisionnement, la France n’autorisant pas la production de cannabis », a rappelé le communiste Pierre Dharréville.

Source : Le Monde

lundi 28 octobre 2019

Procréation médicalement assistée : état des lieux en Europe


En France, la loi ouvrant la PMA à toutes les femmes est en cours d’examen au Sénat.


Cette infographie s’appuie sur des données fournies par l’European Society of Human Reproduction and Embryology, valides au 31 décembre 2018, ainsi que sur les amendements 6568 adoptés le 1er août 2017 à la Chambre des Députés du Grand-Duché de Luxembourg.
Elle met en lumière les nombreuses possibilités qui existent en matière de procréation médicalement assistée (PMA), faisant intervenir un ou deux donneurs (de sperme, d’ovocytes ou d’embryons). Mais surtout, elle montre que les pays qui réservent cet ensemble de techniques exclusivement aux couples hétérosexuels font figure d’exception au sein de l’Union européenne.

Bientôt la fin d’une exception française

Toutes les configurations possibles de PMA (avec don d’ovocyte, don de sperme, don des deux types de gamètes ou don d’embryon) sont accessibles aux femmes seules, aux couples de femmes et aux couples hétérosexuels dans onze pays de l’UE : Belgique, Espagne, Estonie, Finlande, Irlande, Lettonie, Luxembourg, Malte, Portugal, Pays-Bas et Royaume-Uni.
En Autriche, la PMA avec don de gamètes est ouverte aux couples de femmes et aux couples hétérosexuels mais pas aux femmes seules. Le don d’embryon n’y est pas autorisé. En Hongrie, les couples de femmes n’ont pas accès à la PMA, tandis qu’elle est autorisée pour les femmes seules. Si le Sénat vote la loi déjà adoptée à l’Assemblée nationale le 27 septembre, la France rejoindra la majorité des pays où la PMA est aussi ouverte aux femmes seules ou aux couples de femmes.

Source : Courrier international, 11/10/2019.

vendredi 25 octobre 2019

Ce que contient la loi de bioéthique

Le projet de loi est au menu de l’Assemblée mardi et comprend, outre l’ouverture de la PMA aux lesbiennes et aux femmes célibataires, de nombreuses mesures, sur le don d’organes, la génétique ou les cellules-souches.


- Élargissement de la PMA

La PMA (procréation médicalement assistée) va être autorisée aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires («femmes non mariées» selon le terme officiel), et non plus réservée aux seuls couples hétérosexuels.
«Le critère médical d’infertilité est supprimé», souligne le projet de loi.
Elle sera remboursée par la Sécurité sociale.
Objet de vifs débats, l’article phare du projet de loi a été peu modifié lors de son examen en commission spéciale la semaine dernière.
Les députés ont précisé que l’accès à la PMA «ne peut faire l’objet d’aucune différence de traitement notamment au regard du statut matrimonial ou de l’orientation sexuelle».
Des amendements visant à autoriser la PMA post-mortem - l’utilisation des gamètes ou embryons in vitro issus du conjoint décédé - ont en revanche été rejetés de justesse.

- Réforme de la filiation

Les députés ont approuvé en commission la nouvelle proposition du gouvernement sur la filiation des enfants de lesbiennes nés par PMA, afin d’éviter les discriminations.
Ces couples feront une reconnaissance anticipée de l’enfant devant notaire, comme peuvent le faire les couples hétérosexuels non mariés. Ainsi, la femme qui n’a pas porté le bébé sera reconnue comme l’un des deux parents, à égalité avec sa compagne (la mère biologique).
Dans l’acte de naissance, il n’y aura aucune mention de la PMA, comme pour les couples hétérosexuels recourant à cette technique.
Symboliquement, la filiation de ces enfants fera partie du même chapitre du code civil que celle des enfants d’hétérosexuels nés par PMA, contrairement au projet initial.

- Don de sperme et accès aux origines

C’est aujourd’hui impossible puisque l’anonymat est l’un des piliers du don de sperme en France, même s’il est fragilisé par le développement des tests ADN sur internet (illégaux dans l’Hexagone mais facilement accessibles).
Le texte prévoit que les enfants nés d’un don après l’entrée en vigueur de la loi puissent accéder à leur majorité à des «données non identifiantes» (âge, caractéristiques physiques, etc.) du donneur et à son identité (sans doute les nom, prénom et date de naissance).
Conséquence: désormais, pour donner son sperme, un homme devra obligatoirement accepter que son identité puisse un jour être révélée à l’enfant né de ce don, si ce dernier le souhaite. Si cet homme ne l’accepte pas, il ne pourra pas donner.
Pour autant, le don lui-même restera anonyme: on ne pourra toujours pas choisir son donneur et un donneur ne pourra pas choisir à qui il donne.
Pour les dons antérieurs, les députés ont précisé que la nouvelle commission qui traitera les demandes de personnes nées d’un don sera chargée de «recueillir et d’enregistrer» l’accord des donneurs qui n’étaient pas soumis au moment de leur don à la nouvelle législation «pour autoriser l’accès à leurs données non identifiantes et à leur identité».

Source : Le Figaro, 20/09/2019

jeudi 24 octobre 2019

Le gouvernement lance sa stratégie pour accompagner les proches aidants

Entre 8 à 11 millions de Français sont des aidants, selon les chiffres du Baromètre 2019 Fondation April/BVA : 52 % aident un proche parent, 37 % ont entre 50 à 64 ans et 61 % travaillent. Souvent contraints de réduire leur activité pour s’occuper de leurs proches, les aidants portaient la revendication d’un congé salarié : la mesure, annoncée dans le PLFSS 2020, leur assure des droits calqués sur l’indemnisation de présence parentale, soit 43 euros par jour pour les personnes en couple, et 52 euros pour les personnes seules.

Versée par les CAF ou la MSA, l’allocation journalière sera versée dès octobre 2020. Un salarié pourra en bénéficier jusqu’à 66 jours au maximum sur l’ensemble de sa carrière. Elle ouvrira des droits à la retraite, « un élément de réponse assez précieux pour ceux qui sont confrontés à cette question », a déclaré Édouard Philippe.

Droit au répit

Pour soutenir le droit au répit, un plan de renforcement des capacités d’accueil est annoncé, doté de 105 millions d’euros sur une période de trois ans, avec un objectif de doublement des places, soit 10 000 places créées, selon Édouard Philippe. Notant que ces solutions existent de façon diverse sur le territoire, la stratégie préconise de généraliser le « relayage à domicile », après l’expérimentation menée dans 54 départements. Une autre expérimentation sera menée pour favoriser l’accueil dans les centres de vacances ordinaires des familles avec enfants en situation de handicap.

Sensibilisation des professionnels de santé

Les professionnels de santé seront sensibilisés à la prise en compte des aidants, qui pour un tiers d’entre eux, délaissent leur propre santé pour s’occuper de leur proche. Les professionnels de santé seront formés à repérer leurs difficultés de santé physique et psychologique. Les aidants doivent être identifiés comme tels, dans le dossier médical partagé, en application de la loi du 22 mai 2019 visant à favoriser la reconnaissance des proches aidants.


mercredi 23 octobre 2019

« Sorry We Missed You » : une charge appuyée contre l’ubérisation de la société

Ken Loach s’attaque une nouvelle fois aux dégâts causés par l’ordre néolibéral, chargeant le propos au risque d’en réduire la portée.


Fidèle à lui même, Ken Loach, 83 ans, continue de fustiger le démantèlement de l’état social britannique par un ordre néolibéral qui dissout les solidarités collectives et pèse sur les épaules des plus vulnérables. Après Moi, Daniel Blake (2016), qui retraçait le combat d’un accidenté aux prises avec des dispositifs d’aide sociale rendus illisibles et culpabilisants, Sorry We Missed You s’attaque cette fois au phénomène dit « d’ubérisation du travail », lié aux nouveaux outils numériques. Cette logique est bien connue pour son tour de passe-passe pernicieux, qui consiste à rhabiller le salarié en « autoentrepreneur » corvéable à merci, endossant lui-même les risques et les charges de son activité, ainsi amené à prendre part à sa propre exploitation. Afin d’en détricoter les rouages, Loach et son scénariste Paul Laverty empruntent de nouveau les chemins de la chronique documentée, assumant pleinement sa forme didactique, formule qui est devenue, en quelque sorte, leur marque de fabrique.



lundi 21 octobre 2019

La retraite en dix mots

Durée d’assurance, minimum contributif, réversion, taux plein, etc. Pour comprendre sa future retraite, encore faut-il en maîtriser le jargon…

Age légal

Age minimal auquel il est possible de toucher sa pension de base, dans le cas général. Actuellement fixé à 62 ans, il ne devrait pas être modifié par la réforme. Certains peuvent toutefois partir avant. Exemples : ceux qui ont commencé à travailler tôt et bénéficient d’une retraite anticipée pour carrière longue, ou encore les fonctionnaires de catégorie « active » (dont l’emploi présente un risque particulier ou de fatigue exceptionnelle).

Age du taux plein

Age auquel la pension est accordée sans décote. Dans le système actuel, vous l’atteignez soit automatiquement entre 65 et 67 ans (cet « âge du taux plein automatique » varie selon les générations), soit dès lors que vous avez à la fois au moins 62 ans et la durée d’assurance requise pour votre génération (par exemple 167 trimestres pour ceux nés entre 1958 et 1960).

Coefficient de solidarité

Malus de 10 % appliqué, depuis janvier 2019, aux pensions complémentaires Agirc-Arrco des salariés prenant leur retraite dès lors qu’ils remplissent les conditions du taux plein. Cet abattement est temporaire, il est subi trois ans maximum. Pour y échapper, il faut décaler son départ d’au moins un an. Les retraités modestes en sont exemptés.

Décote

Abattement définitif appliqué à votre pension de base si vous n’obtenez pas le taux plein. La minoration : 1,25 % par trimestre vous manquant pour atteindre le taux plein, dans la limite de 25 %. A l’inverse, votre pension de base peut bénéficier d’une surcote (1,25 % par trimestre dans la plupart des régimes) si vous continuez à travailler alors que vous avez dépassé à la fois l’âge légal et le nombre de trimestres requis.

Durée d’assurance

Nombre de trimestres à votre compteur, tous régimes confondus. La durée d’assurance comprend tous les trimestres validés : aux périodes réellement cotisées s’ajoutent donc les trimestres de chômage, de maladie, de maternité, les trimestres pour enfants, etc.

Minimum contributif

Pension de base minimale accordée automatiquement aux ex-salariés du privé touchant leur retraite à taux plein. La condition pour y avoir droit : que le total des pensions, de base et complémentaires, ne dépasse pas 1 177,44 euros par mois. Son montant, 695,59 euros maximum, varie en fonction des trimestres validés au régime général et de ceux réellement cotisés. Il existe pour les fonctionnaires un équivalent appelé « minimum garanti ».
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Retraites : une réforme qui cristallise les inquiétudes

Minimum vieillesse

Désormais appelé allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA), le minimum vieillesse est généralement versé à partir de 65 ans aux seniors très modestes. Son montant maximal, 868,20 euros pour une personne seule actuellement, doit être porté à 903,20 euros au 1er janvier 2020. Il s’agit d’une allocation différentielle : vous touchez la différence entre le niveau maximal de l’ASPA et vos ressources.

Pension complémentaire

Retraite venant s’ajouter à la retraite de base. Pour les salariés, la complémentaire est par exemple gérée par l’Agirc-Arrco. Elle peut constituer une part importante de la pension totale – il n’est ainsi pas rare qu’elle en représente plus de la moitié pour les cadres supérieurs et les libéraux. Ces complémentaires doivent disparaître avec la réforme, une seule pension serait alors versée. Les droits acquis dans les régimes actuels (dont l’Agirc-Arrco) ainsi que ceux acquis au régime de base (le régime général) seront convertis en points avec le nouveau régime.

Pension de réversion

Pension que peut toucher un veuf ou une veuve après le décès du conjoint, en plus de sa retraite personnelle, s’il en a une. Dans le système actuel, il s’agit d’une fraction de la pension du défunt. Le taux de réversion et les conditions varient aujourd’hui selon les régimes, mais les règles doivent être harmonisées par la réforme.

Répartition

Dans un système par répartition, les pensions des retraités actuels sont financées par les cotisations des actifs actuels. A l’inverse, dans un système par capitalisation, chacun épargne directement pour sa propre pension, collectivement ou individuellement. Le système de retraite obligatoire français est basé sur le principe de la répartition et doit le rester malgré la réforme.

Source  : Le Monde, 08/10/2019.

dimanche 20 octobre 2019

Logement social : le modèle français sous tension

Plus de 2 millions de ménages attendent un HLM. Malgré le dynamisme de la construction, seul un demandeur sur cinq voit aboutir son dossier chaque année.

Les listes des demandeurs d’un logement social ne cessent de s’allonger. En 2018,
la barre des 2 millions de candidats a été franchie, avec 2,1 millions de ménages
inscrits, soit 12 % de plus par rapport à 2015. Or, moins de 500 000 HLM sont
attribués chaque année. Résultat, le taux de succès, c’est-à-dire la chance d’obtenir
un logement, a fortement chuté, à 22 %. Un candidat locataire sur cinq seulement
peut donc espérer voir aboutir son dossier. A Paris, c’est moins d’un sur dix.


(...)

Article intégral en ligne : https://www.lemonde.fr

Source : Le Monde, 24 septembre 2019

vendredi 18 octobre 2019

Projet de loi relatif à la bioéthique

La loi du 7 juillet 2011 relative à la bioéthique prévoit une révision de la loi par le Parlement dans un délai maximal de sept ans, précédé de l’organisation d’états généraux confiée au Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé. Ce texte est l'aboutissement de cette clause de révision.Le projet de loi a été adopté en première lecture avec modifications par l'Assemblée nationale le 15 octobre 2019.


Il avait été présenté au Conseil des ministres du 24 juillet 2019 par Nicole Belloubet, garde des Sceaux, ministre de la justice, Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé et Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.

Le projet de loi élargit l'accès à la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femme et aux femmes non mariées. Les couples doivent établir devant notaire une déclaration anticipée de volonté dans laquelle les deux membres du couple s'engagent à devenir parents de l'enfant à naître. Les enfants nés d'un don peuvent à leur majorité avoir accès soit à des données non identifiantes (âge, caractères physiques...), soit à l'identité du donneur s'il l'autorise.

Le texte ouvre aux deux sexes la possibilité de faire prélever et conserver leurs gamètes (sperme et ovocytes), et plus seulement pour des raisons médicales, uniquement dans des établissements autorisés. Un consentement par écrit de la personne est nécessaire. Le recueil et le prélèvement des gamètes sont remboursés mais pas la conservation. Un amendement adopté en première lecture par l'Assemblée nationale interdit aux entreprises publiques et privées de prendre en charge l'autoconservation des gamètes de leur salariées.

Le texte assouplit le régime de recherches sur l'embryon et les cellules souches embryonnaires. Les recherches sur les cellules souches embryonnaires, passent d’un régime d’autorisation par l’Agence de la biomédecine à celui plus souple d’une déclaration préalable, à laquelle cette agence peut ensuite s’opposer.

Le délai de réflexion d'une semaine en cas d'interruption médicale de grossesse est supprimé. Le texte crée une nouvelle catégorie d'avortement, l'interruption volontaire partielle d'une grossesse multiple en cas de mise en péril de la santé de la femme, des embryons et des fœtus. Cette intervention doit intervenir avant la fin de la douzième semaine de grossesse après consultation d'une équipe pluridisciplinaire.
Le texte interdit la modification d'un embryon humain par adjonction de cellules d'autres espèces.

L'Assemblée nationale a adopté des dispositions pour une meilleure prise en charge des enfants présentant une variation du développement génital (enfants intersexes).
Comme les précédentes lois de bioéthique, la nouvelle loi devra être de nouveau examinée par le Parlement dans un délai maximal qui est désormais fixé à cinq ans (contre sept ans auparavant) après sa promulgation.

Source : Vie-publique.fr, 16/10/2019.
En savoir + : https://www.vie-publique.fr/loi/268659-projet-de-loi-relatif-la-bioethique

mercredi 16 octobre 2019

Loi de bioéthique : quelles sont les mesures finalement adoptées à l’Assemblée ?

Après 80 heures environ de débats intenses, l'Assemblée nationale a largement adopté le 15 octobre le vaste projet de loi bioéthique avec la mesure phare de l'ouverture de la PMA à toutes les femmes.


Le texte sensible, première grande réforme sociétale du quinquennat, a été voté en première lecture par 359 voix contre 114 et 72 abstentions, sous des applaudissements de la majorité. Il devrait arriver en janvier au Sénat avant de revenir en deuxième lecture à l’Assemblée au printemps. Le gouvernement espère ensuite voir la loi adoptée "avant l'été".


PMA ouverte aux lesbiennes et aux femmes célibataires

La mesure emblématique est l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires. Cet amendement a fait l’objet à lui seul de trois jours de débats acharnés. Au final, l’Assemblée prévoit que la PMA pourra être autorisée aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires, et non plus réservée aux seuls couples hétérosexuels. Elle sera remboursée par la Sécu, pour un coût de 15 millions d'euros annuels supplémentaires. La PMA pour les hommes transgenres ou la PMA post-mortem ont été rejetées.
Des députés Les Républicains ont inlassablement pointé un "effet domino" inéluctable vers la gestation par autrui (GPA), même si le gouvernement répète que celle-ci reste "un interdit absolu en France".

Réforme de la filiation

Conséquence de l'ouverture de la PMA, le texte prévoit une réforme de la filiation pour les enfants de couples de femmes. Ces couples devront passer par une reconnaissance anticipée de l'enfant devant notaire, comme peuvent le faire les couples hétérosexuels non mariés. La femme qui n'a pas porté le bébé sera reconnue comme l'un des deux parents, à égalité avec sa compagne.
La reconnaissance automatique en France de la filiation d'enfants conçus par GPA (mère porteuse) à l'étranger a été rejetée, le gouvernement ne voulant pas "ouvrir une brèche dans la prohibition de la GPA".




mardi 15 octobre 2019

L’économie vue par Gérard Mordillat et Bertrand Rothé sur Arte, anatomie d’une nouvelle religion

L’auteur du documentaire « Corpus Christi » et l’économiste déconstruisent les fondamentaux de l’économie moderne en six épisodes. 


Après Dieu, l’économie. Rien de moins. Gérard Mordillat, bien connu du grand public pour la formidable série documentaire sur la Bible Corpus Christi, réalisée en 1997 en collaboration avec Jérôme Prieur, s’est lancé dans la tâche à la fois aride et titanesque de rendre accessibles au plus grand nombre les grandes notions de l’économie moderne : travail, emploi, salaire, marché, capital et profit. Le tout en six épisodes, dont les deux derniers sont uniquement disponibles en ligne, sur Arte.tv.Plus qu’un travail de vulgarisation, Gérard Mordillat, avec la complicité de l’économiste Bertrand Rothé, s’est attelé à donner du sens à ces notions, omniprésentes dans les médias, les discours des politiques et les conversations « en ville », mais souvent mal maîtrisées, et donc mal comprises. Pour ce faire, les réalisateurs de Travail, salaire, profit sont partis à la rencontre d’un éventail des meilleurs chercheurs actuels, qu’ils soient économistes, historiens, philosophes ou juristes. Dans un décor dépouillé qui reprend les codes adoptés par Corpus Christi – sur fond noir et sans aucune voix off –, chaque intervenant est invité à s’exprimer sur une notion, réfléchir à une définition, valider ou non une hypothèse. La structuration du propos est assurée a posteriori, par le biais d’un montage rigoureux.


Approche vivante


Qu’est-ce qu’une crise économique ? Qu’est-ce qui différencie le travail de l’emploi ? Comment la classe ouvrière a-t-elle disparu ? Quelles sont les origines de la crise du fordisme ? Comment crée-t-on de la valeur ? Voici quelques-unes des questions qui seront posées au fil des épisodes. Que les néophytes se rassurent, il n’est pas besoin de maîtriser les concepts de base de la microéconomie pour comprendre les réponses : l’approche se veut vivante, concrète, illustrée par de nombreux exemples tirés de toutes les sciences humaines. La diversité culturelle des intervenants garantit la richesse de leur propos et permet de saisir pourquoi l’économie est intimement liée à une certaine vision du monde.
Travail, salaire, profit n’en est pas pour autant une œuvre pédagogique et ne s’adresse pas à tous les publics : la série a beau être incroyablement nourrie et documentée, elle reste assez peu digeste, tant sur le fond que sur la forme. Pour les moins armés, la succession de séquences parlées peut s’avérer difficile à suivre. Au point d’en sortir avec l’impression d’avoir entendu beaucoup de choses intéressantes, mais de ne finalement pas avoir retenu grand-chose.


Ce n’est cependant pas la principale limite de cette série documentaire, car ce parti pris a le grand avantage de rappeler que l’économie est une science complexe, parfois approximative, dont de nombreux pans ne font pas consensus, et qu’elle n’est pas simplifiable à l’extrême. La limite de Travail est ailleurs, dans la composition de son panel d’invités : de Frédéric Lordon à David Graeber, en passant par Kako Nubukpo, Robert Pollin ou Danièle Linhart, le courant « hétérodoxe » (par opposition aux « orthodoxes », qui, pour aller très vite, croient en la rationalité des acteurs du marché) semble largement majoritaire.

Source : Le Monde, 15/10/2019.
Emission à voir ou revoir : https://www.arte.tv/fr/videos/RC-018077/travail-salaire-profit/ 

samedi 12 octobre 2019

En Australie, l’IVG est dorénavant autorisée dans tout le pays

La Nouvelle-Galles du Sud est le dernier État australien à avoir décriminalisé l’avortement, après des semaines d’affrontements entre militants des deux camps. 


« Désolé que cela ait pris tant de temps », a déclaré jeudi Alex Greenwich, député indépendant de Nouvelle-Galles du Sud, après avoir obtenu la dépénalisation de l’avortement dans cet Etat le plus peuplé d’Australie. C’est à l’issue de quarante heures de débat parlementaire, deux mois après l’introduction de sa proposition de loi, mais surtout cent dix-neuf ans après une première législation criminalisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG), que la pratique sort du code pénal de cet État, le dernier d’Australie à l’y avoir maintenue.

Inspiré des législations des États voisins, la Nouvelle-Galles du Sud autorise désormais l’avortement jusqu’à vingt-deux semaines de gestation et permet la pratique au-delà avec l’approbation de deux médecins dans un hôpital public. Toute personne cherchant à persuader une femme à avorter ou à l’en dissuader risque deux ans de prison.
La proposition de réforme s’est heurtée à de vives oppositions au sein du Parlement fédéré, particulièrement de mandataires de la coalition conservatrice au pouvoir, appuyés par l’ex-premier ministre Tony Abbott (Parti libéral) et l’ancien vice-premier ministre adjoint Barnaby Joyce (Parti national). Le premier a comparé la proposition de loi à « un infanticide sur demande », le second au « débat sur l’esclavagisme de notre époque », lors d’un rassemblement anti-avortement à Sydney, mi-septembre.

Une centaine d’amendements

Le climat politique houleux a en effet été doublé de mobilisations conséquentes des militants des « pro-choix » et « pro-vie », ces derniers soutenus par des groupes religieux, jusqu’à rassembler plusieurs milliers de manifestants. Fin août, des détracteurs de la réforme ont même eu recours à l’écriture aérienne, en inscrivant les mots « Choose life » dans le ciel de Sydney, capitale de l’État. Deux députés opposés à la décriminalisation ont été la cible de menaces, fin août, qui ont conduit à l’ouverture d’une enquête.

(...)

Source : Le Monde, 27/09/2019.
Article intégral en ligne : https://www.lemonde.fr

jeudi 10 octobre 2019

Dépendance : les aidants enfin mieux reconnus

11 millions de Français apportent au quotidien leur soutien à un proche dépendant ou malade. Un plan de mobilisation nationale devrait bientôt mieux prendre leurs difficultés en compte. 


En France, 11 millions de personnes accompagnent un proche malade, en situation de handicap ou de dépendance, selon la dernière étude en la matière, celle de la fondation April/BVA réalisée en 2018. La Journée nationale des aidants, le 6 octobre, est l’occasion de faire le point sur ces individus qui assument plusieurs tâches au quotidien en apportant soin et soutien à un parent, conjoint, enfant ou voisin, en plus d’assumer leur travail, de vivre leur retraite, et même parfois de suivre leurs études.
Ce chiffre colossal, en comparaison de la population française, cache de fortes disparités. « Il est impossible de dresser un portrait-robot de l’aidant, car il y a quasiment autant de profils que de personnes aidées », note Annie de Vivie, fondatrice du site spécialisé dans l’information aux seniors et aidants Agevillage.com. Parmi les aidants, 52 % occupent un emploi et 58 % sont des femmes. Autre enseignement : 57 % d’entre eux accompagnent au quotidien un proche dépendant en raison de la vieillesse. Des chiffres qui risquent d’augmenter dans les vingt prochaines années, puisque selon le rapport de Dominique Libault sur la Concertation grand âge et autonomie, publié en mars dernier, le nombre de personnes âgées en perte d’autonomie, percevant l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), devrait passer de 1 265 000 en 2015, à 1 582 000 en 2030 puis à 2 235 000 en 2050.


Malgré tout, le rôle d’aidant ne doit pas être cantonné à l’image d’une épouse dévouée au côté son mari très âgé, ou d’une fille aînée à la retraite prenant en charge ses parents à leur entrée dans le quatrième âge. « Un aidant assiste, à titre non professionnel, une personne de son entourage qui est en perte d’autonomie et avec laquelle il a un lien affectif », explique Laure Vezin, psychologue spécialisée dans l’accompagnement des proches aidants à Paris. Fait méconnu : beaucoup de moins de 25 ans répondent à cette définition.

500 000 jeunes Français, même encore écoliers, apporteraient de l’aide à un proche malade ou handicapé au quotidien.
500 000 jeunes Français, même encore écoliers, apporteraient
de l’aide à un proche malade ou handicapé au quotidien. Image Source / Photononstop
 
Selon l’association nationale Jeunes aidants ensemble (JADE), ils seraient près de 500 000 à gérer le quotidien d’un proche. « Ils sont écoliers, collégiens, lycéens ou étudiants et apportent un soutien moral à leur proche malade. Ils gèrent les aspects de la vie quotidienne comme les courses ou l’aide aux devoirs de leur fratrie plus jeune. Ils s’occupent aussi des aspects médicaux et apportent parfois même des soins », précise Françoise Ellien, sa présidente.

Des congés pour les salariés

Cette réalité de terrain, la disparité des profils d’aidants, mais aussi leur rôle pivot lorsqu’une perte d’autonomie intervient, sont désormais mieux pris en compte par les pouvoirs publics. La loi d’adaptation de la société au vieillissement, entrée en vigueur en 2016, a notamment créé le statut de « proche aidant » afin de prendre en compte ceux qui entretiennent des liens étroits avec une personne âgée ou malade, sans forcément avoir de liens familiaux. Elle a aussi introduit une « aide au répit » (de l’ordre de 500 euros par an), créé des congés spécifiques pour les salariés qui ont besoin de cesser de travailler pendant une courte période… Un premier pas qui va dans le bon sens mais reste, pour l’heure, insuffisant.

(...)

 Source : Le Monde, 04/10/2019.

Article intégral en ligne : https://www.lemonde.fr

mardi 8 octobre 2019

La toute-puissance d’Amazon à la loupe

Le Monde en face. Le Monde selon AMAZON France 5, 20 h 50

Le Monde en face propose un voyage dans les coulisses de la plus grosse plateforme de vente en ligne, l’empire tentaculaire de Jeff Bezos. Et ce n’est pas reluisant.

 Il n’aura fallu que quelques années à Jeff Bezos pour conquérir le monde. En 1994, il est assis dans son garage, il empaquette des livres prêts à être déposés dans la boîte postale la plus proche. En 2017, il devient officiellement l’homme le plus riche du monde. Et dans le monde de Jeff Bezos, richesse rime avec puissance. Dans cette nouvelle édition, le Monde en face a tenté de décrypter les secrets de la fulgurante ascension d’Amazon.

Amazon expédie 158 colis par seconde à travers le monde.


Et d’abord, qu’est-ce qu’Amazon ? Amazon, c’est le nom d’une plateforme. Mais pas seulement. C’est devenu aujourd’hui celui d’un empire, celui de Jeff Bezos, l’ex-libraire du Web. Sa puissance, il la doit à son ambition et à sa ténacité sans mesure. Jeff Bezos voit plus loin, plus grand, et n’est pas près de jeter l’ancre. Mais à quel prix ? L’intérêt de comprendre le fonctionnement de la machine Amazon est devenu essentiel, car force est de constater que ce qui se cache derrière ce succès n’est pas reluisant. En parallèle du livre de Benoît Berthelot, l’émission le Monde en face s’est également intéressée aux secrets et à la stratégie du géant de l’Internet. Jeff Bezos a conquis le monde en contournant toutes les règles, et ne cesse de gagner en pouvoir et en territoires. Désormais, Amazon est partout.

La plateforme de vente en ligne a envahi l’Amérique, puis l’Europe, et s’attaque désormais à l’Inde. Mais ce n’est que la face cachée de l’iceberg : si sa puissance de tir commerciale est aujourd’hui reconnue, Jeff Bezos ne s’assoupit pas et cherche le développement constant. Amazon est aujourd’hui une plateforme vidéo. Amazon est aujourd’hui un acteur de l’économie. Amazon est aujourd’hui un pôle de développement technologique. Amazon est aujourd’hui un cloud, qui héberge jusqu’aux données du ministère de l’Intérieur américain. Amazon est aujourd’hui un acteur de la conquête spatiale. Amazon, c’est aujourd’hui une immensité qui étend ses tentacules partout sur le monde. Mais les tentacules ne peuvent s’emparer d’une chose sans en étouffer une autre. À commencer par les droits des travailleurs, sacrifiés partout dans le monde par Amazon.

Documentaire à voir ou revoir en replay : https://www.france.tv/documentaires/societe/1074021-le-monde-selon-amazon.html

Colombine Balcaen
Source : L'Humanité, 08/10/2019.

dimanche 6 octobre 2019

Alcool, tabac, cannabis: les jeunes consomment moins, mais toujours trop

À 17 ans, ils sont désormais près de 12% à n’avoir jamais consommé d’alcool, de tabac et de cannabis. Des chiffres encourageants, mais loin d’être encore suffisants.


Toujours beaucoup d’alcool, moins de tabac, plus de cannabis. C’est ce que montre
le dernier rapport de Santé publique France et de l’Observatoire français des
drogues et des toxicomanies (OFDT) sur les consommations de substances
psychoactives chez les jeunes, publié cette semaine. Si globalement, la
consommation de ces produits baisse chez les jeunes, elle reste importante.
«Continuer les efforts de prévention et de sensibilisation est donc primordial», insiste
Viet Nguyen-Thanh, responsable de l’unité Addictions au sein de Santé publique
France.



Une consommation en légère baisse



En 2008, 5,1% des adolescents de 17 ans déclaraient n’avoir jamais consommé
d’alcool, de tabac et de cannabis. Dix ans plus tard, ils sont 11,7%. «Des chiffres
encourageants, selon Viet Nguyen-Thanh, qui viennent confirmer une tendance que
nous observions depuis quelques années dans les études». La baisse est
particulièrement encourageante chez les collégiens, qui sont moins nombreux à
déclarer avoir déjà été ivres ou à avoir déjà fumé. «Nous pensons que c’est grâce
aux différentes politiques menées depuis une dizaine d’années, comme la loi HPST
du 21 juillet 2009 qui interdit la vente d’alcool aux mineurs, et aux campagnes
d’information», indique Viet Nguyen-Thanh, qui évoque aussi les changements
d’attitude des parents: «Auparavant, il y avait parfois une culture de l’initiation à
l’alcool de la part des parents, qui est moins présente aujourd’hui. Et il est aussi
possible que l’essor des écrans grignote sur le temps de consommation des jeunes.»
La responsable de Santé publique France tempère cependant: «Certes, nous nous
réjouissons de cette baisse, mais il y a encore des efforts à faire. Dans une synthèse
parue en février dernier, l’OFDT a montré que parmi les jeunes de 17 ans interrogés
ayant bu le mois précédent, 91% ont acheté de l’alcool en magasin malgré
l’interdiction.» La consommation d’alcool reste ainsi élevée chez les jeunes: dans les
12 mois précédant l’enquête, plus de 80% des jeunes interrogés ont consommé de
l’alcool.



mercredi 2 octobre 2019

Dans le monde du travail, "jeunes et plus âgés se disent confrontés au même problème, le manque de reconnaissance"

Deux sociologues expliquent le changement de vision du travail par une étude sur trois générations. 


Travaille-t-on aujourd’hui comme travaillaient nos grands-parents ? Quels impacts l’évolution du monde professionnel a-t-elle eu sur la vision du travail au fil des générations ?
Dominique Méda, professeure de sociologie à l’université Paris-Dauphine et directrice de l’Institut de recherche interdisciplinaire en sciences sociales (Irisso), et Patricia Vendramin, professeure de sociologie à l’université catholique de Louvain, en Belgique, ont observé ces changements depuis les années 2000. Plusieurs publications ont été éditées sur le sujet, dont leur livre, Réinventer le travail (PUF, 2013).

Existe-t-il des attentes particulières à l’égard du travail en fonction des générations ?

Oui. Dans nos enquêtes, les jeunes (moins de 30 ans) demandent davantage de protection sociale et des salaires plus élevés, mais aussi plus de liberté et d’opportunité de développement personnel.
La génération du milieu (de 30 à 50 ans) réclame plutôt un soutien de la société et de l’entreprise pour mieux concilier travail et famille. Ils réclament également des mesures en termes de formation continue, dans une perspective d’allongement de la vie active, car ils sont conscients d’être « les futurs travailleurs âgés ».
La génération plus âgée (plus de 50 ans) attend, quant à elle, une meilleure reconnaissance de l’expérience, mais aussi une adaptation des conditions de travail compatible avec le vieillissement.

Y a-t-il des points communs entre ces trois générations ?

Les jeunes et les plus âgés se disent confrontés au même problème, le manque de reconnaissance au travail. Les jeunes se sentent sous-évalués au regard de leur effort de formation et les plus âgés se sentent sous-évalués au regard de leur expérience.
(...)

Source : Le Monde, 28/09/2019.
Article intégral en ligne : https://www.lemonde.fr