dimanche 30 octobre 2016

Don d’organes : les changements au 1er janvier 2017

À compter du 1er janvier, il sera possible de faire connaître son refus d’être donneur sur le site du registre national.

 
Depuis 1976, la loi française fait de chaque personne un donneur d’organes présumé, tout en affirmant la possibilité de s’opposer à un tel prélèvement. Si les trois grands principes (consentement présumé, gratuité et anonymat) restent inchangés, la loi de modernisation de notre système de santé (janvier 2016) précise les modalités de refus ainsi que le rôle des proches. Dès le 1er janvier 2017, les personnes refusant de donner leurs organes pourront s’inscrire en ligne sur le registre national des refus géré par l’Agence de la biomédecine - et non plus seulement par courrier postal, comme c’est le cas actuellement (site non encore actif: www.registrenationaldesrefus.fr)
Afin de faire connaître ce registre, l’Agence de la biomédecine mènera une campagne d’information nationale du 19 novembre au 4 décembre. «Actuellement, seuls 7% des Français connaissent la loi sur le don d’organes, rappelle le Pr Olivier Bastien, directeur Prélèvement Greffe organes-tissus à l’Agence de la biomédecine. En faisant connaître le registre, nous espérons que davantage de personnes feront connaître leur opposition, ce qui permettra de soulager les proches lors d’un deuil brutal».

150.000 refus



L’opposition au don de certains organes et tissus est possible, et l’inscription sur le registre est modifiable et révocable à tout moment. À l’heure actuelle, environ 150 000 personnes sont inscrites sur le registre. Un chiffre qui a doublé depuis que l’agence a commencé à communiquer, il y a un an. En plus du registre, la nouvelle loi prévoit la possibilité de faire valoir son refus par écrit et de confier ce document daté et signé à un membre de son entourage. Si toutefois un(e) défunt(e) n’a pas fait ces démarches de son vivant mais qu’il ou elle avait fait part oralement de son refus, ses proches pourront en dernier recours faire valoir sa décision. Dans ce cas, ils devront retranscrire l’expression précise du refus et la signer.
Lors du décès d’une personne susceptible de donner ses organes, l’équipe médicale doit interroger ce registre puis, si la personne n’y est pas inscrite, interroger les proches pour connaître son éventuelle opposition sur le prélèvement d’organes. La plupart du temps, l’entourage l’ignore, et un pourcentage relativement élevé des familles refuse le don.


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Le Figaro santé : 28/10/2016.
Article intégral en ligne : http://sante.lefigaro.fr/article/don-d-organes-les-changements-au-1er-janvier-2017

samedi 29 octobre 2016

Le système de santé français expliqué aux Américains

À l’heure des présidentielles, les Américains s’interrogent sur leur système de santé. C’est l’un des points sur lesquels les candidats en campagne s’opposent le plus violemment, alors que la polémique enfle autour des résultats mitigés de l'assurance privée obligatoire mise en place par le président Barack Obama, « l'Obama care ». Hillary Clinton plaide pour un engagement fort en faveur de la santé publique. Donald Trump, pour la limitation des dépenses. Le système français pourrait-il être source d’inspiration dans les politiques américaines ? Répondre à cette question, c’est aussi inviter les citoyens français à prendre un recul salutaire vis-à-vis de leur propre organisation de l’accès aux soins. Car le fameux « trou de la Sécu » s’annonce déjà comme un sujet chaud dans la campagne des candidats français aux présidentielles de 2017.


S’il existe aux États-Unis plusieurs grands experts des systèmes de santé, le citoyen américain n’a le plus souvent pas d’idée de la manière dont fonctionnent les systèmes étrangers et, quand il en a, ses idées sont souvent caricaturales. Pourtant, système américain et système français sont proches, vraisemblablement les plus proches de tous les pays riches, à quelques nuances près cependant.

Une espérance de vie inférieure pour les États-Unis

Pour expliquer le système français aux Américains, je commencerai par un retour en arrière. En 1939, un citoyen des États-Unis avait une espérance de vie à la naissance supérieure de sept années à celle d’un Français. Les choses ont changé depuis car celle-ci est, en 2016, inférieure de quatre années. Pourtant l’Américain dépense pour se soigner des sommes très supérieures. Ainsi, en 2014, elles représentaient 9 403 dollars par personne et par an aux États-Unis et 4 959 dollars en France.
À l’échelle nationale, cela se traduit par un montant des dépenses dites « de santé » (elles sont surtout des dépenses médicales) de 16,4 % du PIB aux États-Unis et de 10,9 % en France. Si l’évolution de l’espérance de vie a plus à voir avec les modes de vie et les habitudes alimentaires (entraînant obésité ou diabète) qu’avec l’efficacité de la médecine, il est vraisemblable cependant que la qualité des soins pour le plus grand nombre est à la fois meilleure et plus accessible en France.
Pour ce qui est du paiement des soins médicaux, en France c’est simple : c’est un pays où Medicare (nom du système américain de Sécurité sociale) commence, non pas à 65 ans, mais à la naissance. Tout résident légal est affilié de droit à l’assurance maladie et, à ce titre reçoit des soins, souvent gratuits, sinon remboursés en grande partie par le régime d’assurance obligatoire ou le régime d’assurance santé complémentaire.

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The Conversation, 18/10/2016.
Article intégral en ligne : http://theconversation.com/le-systeme-de-sante-francais-explique-aux-americains-67018

Seulement 6 % du coût des soins assumé par le citoyen français

Pour trente maladies graves, les soins sont remboursés à 100 % par le régime obligatoire. Et si on ajoute les assurances complémentaires « santé » – aujourd’hui quasiment universelles – seulement 6 % du coût des soins en France sort de la poche du patient au moment du contact avec le système médical. Bien entendu, lui ou son employeur auront cotisé pour financer l’assurance maladie obligatoire ou complémentaire. Ainsi, en moyenne, chaque année, tout Français travaille 33 jours pour payer ses seules cotisations à l’assurance maladie.
Il n’y a donc pas de barrière financière à l’entrée, sauf pour les soins dentaires et les lunettes, et encore… Si ces barrières existent, le système français est là à nouveau plus généreux que ceux des pays comparables.
En outre, si le patient est incité à avoir un médecin de référence, son « médecin traitant » avec lequel les soins sont entièrement gratuits, il ne lui en coûtera que quelques euros quand il souhaite déroger à la règle. Il pourra alors voir dans la même journée plusieurs spécialistes dont les honoraires lui seront en grande partie remboursés.

En France, une majorité d’établissements publics

Comme aux États-Unis, il y a en France des hôpitaux publics, des hôpitaux privés à but lucratif et des hôpitaux privés à but non lucratif. Les proportions ne sont toutefois pas les mêmes : 2/3 des lits hospitaliers de court séjour sont des lits d’hôpitaux publics en France. À noter que les 31 hôpitaux universitaires sont tous publics. Cependant, la France a en pourcentage plus d’hôpitaux privés à but lucratif que les États-Unis (20 % contre 15 % des lits). Ceux-ci réalisent plus de la moitié des actes chirurgicaux français.
Plus étonnant, non seulement le patient français peut choisir son hôpital qu’il soit public ou privé et être remboursé dans les deux cas, mais encore l’établissement privé – hors honoraires des médecins – coûte moins cher (de l’ordre de 30 %). Il y a donc un marché des soins et une concurrence, si bien que, contrairement aux pays d’Europe du Nord, au Canada ou au Royaume-Uni, il n’y a pas en France de file d’attente pour la chirurgie programmée, par exemple la cataracte ou la prothèse de hanche.
En ville, les médecins libéraux ont la liberté d’installation et sont payés à l’acte. Pour la plupart d’entre eux, les tarifs sont fixés par l’assurance maladie et sont très inférieurs aux tarifs américains (entre 30 et 40 dollars la consultation). Toutefois, un pourcentage de médecins spécialistes a des honoraires libres, leurs patients sont alors moins bien remboursés, mais la consultation dépasse rarement les 100 dollars.

Une forte régulation par l’État français

Bien entendu, l’État est fortement impliqué dans la régulation du système. Chaque année est défini un numerus clausus national pour les étudiants en faculté de médecine. Il n’est pas possible d’ouvrir une pharmacie sans autorisation administrative. L’État, par ses agences régionales de santé, contrôle toutes les autorisations en matière hospitalière, que les hôpitaux soient publics ou privés. Par ailleurs l’État gère les nomenclatures de tous les actes médicaux, le tarif et le taux de remboursement de chaque médicament, radiographie ou examen de biologie. L’État à l’échelon national nomme tous les directeurs et tous les médecins des hôpitaux publics (lesquels emploient 850 000 personnes). Mais il existe des établissements privés de grande qualité et, je le souligne encore, les médecins libéraux sont libres de leur installation et de leurs prescriptions.
Malgré tout le système français est un des plus onéreux des pays occidentaux. L’hospitalisation y a une grande part, les spécialistes sont nombreux et la consommation de médicament y est élevée.

vendredi 28 octobre 2016

"Moi, Daniel Blake", de Ken Loach : un film déchirant sur l'absurdité bureaucratique

"Moi, Daniel Blake" est le dernier film de Ken Loach, récompensé d'une Palme d'or lors du dernier festival de Cannes. Daniel a une cinquantaine d'années, il vient de survivre à une crise cardiaque et son médecin lui explique que son état de santé ne lui permet plus de travailler. Seulement, l'agence pour l'emploi britannique n'est pas de cet avis.

 


Voilà cinquante ans que le cinéaste britannique Ken Loach radiographie la société anglaise avec sa caméra, avec le prisme des classes populaires et pauvres. Ses films sont des témoignages forts sur la vie d’une population souvent laissée pour compte, condamnée à la débrouille. C’est toute l’histoire politique et sociétale d’un pays qui défile dans le viseur d’un réalisateur engagé et passionné.



Régulièrement nommé à Cannes, il entre avec "Moi, Daniel Blake" dans le cercle restreint et remarquable des doubles palmés. Récompensé par une seconde palme d’or cette année (après celle obtenue pour "Le vent se lève" en 2006), le cinéaste de 80 ans fait toujours preuve d’une vitalité admirative et son dernier film en est un exemple frappant.


La vie après une crise cardiaque



"Moi, Daniel Blake" résonne comme l’affirmation existentielle et revendicatrice d’un homme qui perd sa place sur le marché de l’emploi et que le système essaye de broyer. Ce simple citoyen a décidé de se battre pour faire respecter ses droits. Telle est l’histoire émouvante de Daniel, homme d’une cinquantaine d'années, rescapé d’une crise cardiaque et déclaré inapte au travail par ses médecins… mais pas par l’agence pour l’emploi.



Recalé après avoir rempli un questionnaire absurde, sa pension d'invalidité lui est refusée. Commence alors un combat éprouvant, parfois drôle, souvent pathétique, pour continuer à vivre sans céder à l’abattement. Personnage généreux, il prend également sous son aile Katie, une jeune mère de famille en difficulté. Ensemble, ils vont tenter d’avancer tant bien que mal dans une société qui ne fait pas de l’humain sa priorité… On est toujours saisi par cette capacité qu’à Ken Loach à nous intéresser à des sujets difficiles du quotidien, à captiver les spectateurs par les aventures ordinaires de gens en déshérence. Le parcours de Daniel nous laisse aussi admiratif que pensif et le film nous étreint comme un électrochoc, véritable appel à la conscience collective.


Réalité kafkaïenne



L’entretien de Daniel (Dave Johns) avec une conseillère chargée d’évaluer son degré d’invalidité se déroule pendant le générique d’ouverture, sur fond noir et en voix off. Une façon formelle pour Ken Loach d’introduire ce mur administratif auquel va se heurter le protagoniste : l’image est superflue, Daniel aussi, au regard de son interlocutrice, qui le somme de répondre uniquement par oui ou par non à des questions d'ordre médical, qui nient son individualité.



Cette opacité inaugurale est la première étape d’un engrenage dans lequel Daniel est malgré lui entraîné : ce menuisier veuf et travailleur n’est pas un profiteur, il ne demande qu’à exercer sa profession mais sa santé le lui interdit. Le film nous immerge dans la réalité kafkaïenne des dédales bureaucratiques qu’un documentaire comme "Pôle emploi, ne quittez pas !" avait déjà pointée chez nous.



Deux visions se heurtent : d’un côté, des agents appliquant des règles qu'ils n'ont pas édictées eux-mêmes et qui doivent rendre des comptes à leur hiérarchie. De l’autre, des usagers embourbés dans leurs problèmes, qui ne comprennent pas la rigueur qu’ils subissent et qui souffrent de ne pas être aidés comme ils le voudraient.


Tout un système qui ne fonctionne pas



Le personnage de la conseillère qui fait preuve d’empathie à l’égard de Daniel est éloquent. Hors de ses prérogatives, elle prend quelques secondes pour aider Daniel à remplir un formulaire sur ordinateur. On comprend qu'elle n'a pas le droit de le faire quand sa supérieure la convoque instantanément dans son bureau.
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jeudi 27 octobre 2016

Cancer : « Le Monde » révèle des hausses inquiétantes pour certaines tranches d’âge

Les cancers sont la première cause de mortalité en France, devant les maladies cardio-vasculaires. En 2015, les estimations étaient de 355 000 nouveaux cas, et de 148 000 décès dus à un cancer rien qu’en France métropolitaine. Bien que la mortalité moyenne ait chuté de 34 % entre 1980 et 2012, notamment grâce aux progrès thérapeutiques, l’incidence des cancers est en hausse constante.


Évidemment, cela ne vaut pas pour toutes les tumeurs malignes. Selon des données de l’Institut de veille sanitaire (ex-InVS, désormais Santé Publique France), 21 des 33 cancers étudiés ont vu leur taux d’incidence croître entre 1980 et 2012, six cancers se sont stabilisés et sept ont vu leur incidence baisser.

Les données suivantes montrent l’évolution des taux d’incidence standardisés de dix-neuf cancers solides enregistrés entre 1980 et 2012 et exprimés en base 100.

Retrouvez toutes les infographies relatives à cette étude sur le site du journal Le Monde : http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/visuel/2016/10/25/les-chiffres-des-principaux-cancers-decortiques_5019988_4355770.html#episodemethodologie
  • Sein : une progression nette chez les 30-49 ans
Le sein est le deuxième cancer le plus fréquemment diagnostiqué en France, derrière la prostate. L’augmentation globale de son incidence masque des situations très variées selon les tranches d’âge. Ainsi, le cancer du sein a-t-il progressé d’environ 60 % chez les 30-39 ans et chez les 40-49 ans, à un âge où le dépistage n’est pas systématisé.
L’incidence baisse en revanche depuis 2002-2005 chez les femmes de 50 à 79 ans, ce qui coïncide avec le quasi arrêt des traitements hormonaux substitutifs de la ménopause, largement prescrits auparavant pour soulager les symptômes gênants de la ménopause et prévenir l’ostéoporose. Depuis l’arrêt de ces traitements, la chute de l’incidence des cancers du sein est spectaculaire : -25 % en moins de dix ans. Une baisse d’autant plus frappante que la généralisation du programme de dépistage et la sensibilisation croissantes auraient dû temporairement augmenter l’incidence du cancer du sein.
Chez les 30-49 ans, cette progression peut dépendre de beaucoup de facteurs, dont certains facteurs environnementaux (exposition à des polluants ou à des perturbateurs endocriniens), bien que cette piste soit controversée.
  • Pancréas : une hausse encore mal expliquée
L’augmentation du cancer du pancréas, qui concerne principalement les plus de 40 ans, est l’une des moins bien expliquées et comprises aujourd’hui. Les facteurs de risque les plus connus (tabac, obésité) expliquent difficilement à eux seuls la hausse constatée au niveau national. D’autres facteurs de risque, tels que le diabète ou l’exposition à des produits chimiques, sont envisagés, bien que les chercheurs n’aient aucune certitude.
  • Prostate et testicule : de meilleurs dépistages et des facteurs environnementaux
Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquemment diagnostiqué en France, devant le cancer du sein. Il touche principalement les hommes âgés et son augmentation (de 118 % entre 1980 et 2012) est majoritairement due au surdiagnostic. Il est estimé que trois-quart de l’augmentation de l’incidence à partir des années 1990 sont dus à l’amélioration des diagnostics et à l’usage croissant du test PSA, même si des effets environnementaux et de mode de vie ne sont pas exclus.
Le cancer du testicule est lui aussi en forte augmentation, bien que plus rare : son taux d’incidence ne dépasse pas 22 nouveaux cas par 100 000 personnes par an. Son taux de mortalité est quant à lui devenu très faible, malgré la multiplication de nouveaux cas. L'hypothèse d'une exposition in utero à des perturbateurs endocriniens (pesticides, bisphénols, etc) est fréquemment avancée pour expliquer l’augmentation de l’incidence de ce cancer.
  • Thyroïde : un surdiagnostic important
Le cancer de la thyroïde est l’une de ceux qui progressent le plus fortement : son incidence a quintuplé entre 1980 et 2012, croissant dans toutes les tranches d’âge et chez les deux sexes.
Cette augmentation spectaculaire est en grande partie due au surdiagnostic. L’amélioration continue des techniques médicales (IRM, échographie, etc.) et leur démocratisation ont permis de détecter des nodules présents sur la glande thyroïde qu’on ne détectait pas par la seule palpation car étant d’une taille inférieure à 15-20 millimètres. Une grande majorité de ces nodules n’auront pas d’expression clinique et ne mettront pas en péril les jours de la personne. Pourtant, le diagnostic faisant suite à la détection de petits nodules est presque systématiquement celui d’un cancer de la thyroïde. Pour le reste, la forte croissance de ce cancer peut aussi s'expliquer par l'exposition aux perturbateurs endocriniens.
La conséquence directe est le surtraitement médical. Le diagnostic d’un cancer de la thyroïde entraîne quasi systématiquement l’ablation de la glande thyroïde et donc un traitement hormonal à vie pour compenser la perte de cette glande essentielle pour le métabolisme. Dans une étude publiée en 2015, le docteur Salvatore Vaccarella et son équipe, du Centre International de recherche sur le cancer (CIRC), mettaient en garde contre ces surtraitements inutiles et coûteux, à la fois pour la qualité de vie du patient et pour les finances publiques. Ils recommandaient que soit renforcée de surveillance médicale de la glande thyroïde lorsque de petits nodules bénins sont détectés, de façon à mieux proportionner le traitement adéquat.

Le Monde, 25/10/2016.

mercredi 26 octobre 2016

Première naissance d’un bébé « à trois parents »

Selon le « New Scientist », un enfant conçu par fécondation in vitro serait porteur du patrimoine génétique de ses parents et de l’ADN d’une donneuse. Les spécialistes de la reproduction récusent souvent la formule, mais elle résume la percée réalisée par une équipe américaine, dans une clinique mexicaine : un enfant « à trois parents » serait né il y a cinq mois, porteur du patrimoine génétique de ses parents, mais aussi d’ADN provenant d’une donneuse.


Cette naissance inédite, rendue publique mardi 27 septembre par l’hebdomadaire britannique New Scientist, doit cependant encore faire l’objet d’une communication scientifique « officielle » lors du congrès de l’Association américaine de médecine reproductive à Salt Lake City (Utah), en octobre.

Le bébé, un garçon, serait le fils d’un couple de Jordaniens qui avait déjà donné naissance à deux petites filles décédées à l’âge de 6 ans et de 8 mois, indique le New Scientist : toutes deux étaient atteintes du syndrome de Leigh, une maladie liée à un dysfonctionnement des mitochondries, de minuscules usines à énergie présentes au cœur des cellules. La mère était porteuse saine de cette maladie, un quart de ses mitochondries étant touchées par une mutation dans leur ADN.

Procédure interdite aux États-Unis

Le couple a fait appel à John Zhang, président fondateur du Centre de fertilité New Hope de New York, une clinique qui a des antennes en Chine, en Russie et au Mexique, pour procéder à une tentative de fécondation in vitro faisant appel à une technique de transfert du noyau.
Le docteur Zhang a extrait le noyau (porteur de l’ADN) d’un des ovocytes de la mère et l’a inséré dans celui d’une donneuse dont le noyau avait été préalablement ôté. L’ovocyte disposant de mitochondries saines a été fécondé in vitro avec un spermatozoïde du père. L’embryon ainsi engendré était donc porteur de l’ADN nucléaire des deux parents et de l’ADN mitochondrial (ADNmt) fonctionnel de la donneuse – les rares mitochondries apportées par le spermatozoïde sont en effet détruites lors de la fécondation.
Selon le New Scientist, sur cinq embryons créés de la sorte, un seul s’est développé « normalement » et a pu être réimplanté chez la mère, qui a ensuite connu une grossesse normale. L’équipe new-yorkaise a effectué cette procédure de fécondation in vitro et d’insémination au Mexique, car elle est interdite aux Etats-Unis.
Elle est en revanche autorisée au Royaume-Uni – où elle n’a encore jamais été tentée –, mais selon une modalité un peu différente : l’ovocyte de la mère et celui de la donneuse seraient d’abord fécondés par des spermatozoïdes du père, puis énucléés avant qu’ils ne se divisent pour donner un embryon. Le noyau de la donneuse serait alors éliminé et remplacé par celui de la mère pour former l’embryon.

Le bébé se porterait bien

Le New Scientist précise que le couple jordanien, de confession musulmane, souhaitait minimiser les destructions d’embryons et a pour cette raison choisi d’opter pour l’autre technique. En outre, l’équipe médicale a sélectionné un embryon masculin, afin d’éviter qu’à l’âge adulte il ne transmette la maladie à sa descendance. Pour Sian Harding, qui a procédé à l’examen éthique de la procédure approuvée au Royaume-Uni, cette approche est « aussi bonne ou même meilleure que ce qui serait fait en Angleterre », indique l’hebdomadaire.

Le Monde, 28/09/2016.

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mardi 25 octobre 2016

Cancer : « Nous avons une connaissance considérable de certains facteurs de risque »

Christopher Wild, directeur du Centre international de recherche sur le cancer, décrypte pour « Le Monde » les grandes tendances du cancer dans le monde. A l’occasion de l’enquête que publie Le Monde, mardi 25 octobre, sur les chiffres du cancer en France, Christopher Wild, directeur du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) décrypte les grandes tendances d’évolution des tumeurs malignes dans le monde. Il revient notamment sur l’évolution de certains cancers majeurs (poumon, sein, côlon-rectum) dans les pays pauvres ou émergents.




A l'Institut universitaire du cancer de Toulouse (IUCT), en juin 2015.


Quelles sont les grandes tendances mondiales dans l’évolution d’incidence des cancers ?

Aujourd’hui, nous n’avons pas de données solides sur l’évolution à long terme de l’incidence des cancers pour tous les pays ; ces informations, obtenues grâce à des registres, demeurent rares dans de nombreux pays en développement. A partir de la base de données du CIRC, nous observons des transitions liées au développement : les taux d’incidence de certains cancers majeurs (poumon, sein, côlon-rectum) sont en augmentation dans beaucoup de pays pauvres ou émergents, alors que plusieurs autres, plutôt associés à la pauvreté ou à des maladies infectieuses (utérus, estomac, foie), semblent plutôt sur le déclin.
A grands traits, l’explication des incidences en augmentation tient au changement de la répartition des risques dans les pays en transition, qui s’approchent de ceux des pays riches : consommation de tabac, surpoids, sédentarité, recul de l’âge de la maternité et allaitement… Pour plusieurs cancers, on peut observer des tendances globales divergentes : chez les hommes, le cancer du poumon tend à décliner dans les pays à haut revenu, mais il est stable ou toujours en hausse chez les femmes.
Ces tendances reflètent la « maturité » de l’épidémie de tabagisme, et le fait que les femmes ont adopté la cigarette plus récemment que les hommes. Dans les pays à faibles revenus, l’habitude de fumer est venue globalement plus tard et nous pourrions observer, dans les décennies à venir, des incidences de cancers en augmentation rapide dans certains pays, notamment sur les hommes. D’autres cancers sont en augmentation : un sous-type de cancer de l’œsophage très lié à l’obésité est en augmentation dans plusieurs pays occidentaux.

Comment peut-on interpréter les brusques hausses d’incidence du cancer de la thyroïde ?
Ces hausses sont liées au développement de nouveaux outils de diagnostic (tomographie, imagerie par résonance magnétique, etc.), qui ont conduit à une augmentation considérable des détections de petites tumeurs papillaires, qui ne se seraient pas manifestées.
Malgré un déclin au niveau mondial, le cancer du col de l’utérus est toujours en croissance dans certains pays en Afrique de l’Est, en Europe orientale et dans les pays de l’ex-Union soviétique.
Les incidences de bien des types de cancer sont toutefois raisonnablement constantes. L’incidence et la mortalité du cancer du pancréas sont relativement stables, par exemple. Mais en raison du mauvais pronostic de ces tumeurs et des avancées dans la détection et le traitement des autres formes majeures de cancer (sein, prostate, côlon-rectum), cette maladie est devenue l’une des principales causes de la mortalité par cancer dans les pays de l’Union européenne.
Outre les grandes causes connues – tabagisme, alcool –, quels sont les grands déterminants des tendances observées ?
Nous avons aujourd’hui une connaissance considérable de certains facteurs de risque, qui peuvent expliquer une partie des évolutions observées. D’abord, l’impact des infections chroniques est souvent négligé comme facteur de risque, mais compte pourtant pour environ 15 % de cancers au niveau mondial, en particulier pour le foie (hépatites virales), le col de l’utérus (papillomavirus) et l’estomac (Helicobacter pilori).

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Le Monde, 25/10/2016.

dimanche 23 octobre 2016

Ken Loach : « Ils veulent faire croire aux pauvres qu'ils sont des incapables »


Photo : Silverhub Médias/Sipa

Comme ces athlètes qui effectuent un come-back victorieux, Ken Loach a annoncé sa retraite en 2014 avant de revenir récolter une deuxième palme d'or pour Moi, Daniel Blake. Pourtant, à 80 printemps, le cinéaste britannique conserve une timidité et une humilité non feintes. Avant de répondre à la moindre question, il s'inquiète de la santé de « l'Humanité » et de l'« HD », comme on demande des nouvelles à un vieux camarade. Rencontre avec le cinéaste qui porte la classe ouvrière à l'écran pour en faire une héroïne.

HD. Pourquoi avoir décidé de raconter l'histoire de cet ouvrier sexagénaire aujourd'hui ?

Ken Loach. Il fait partie de ce groupe de personnes vulnérables. Il a travaillé dans l'industrie puis dans l'artisanat traditionnel. Il ne maîtrise pas les nouvelles technologies. Il a des problèmes de santé, mais ne réclame jamais rien. C'est tout à fait le type de personne que le gouvernement britannique veut exclure des listes du chômage.

HD. Comment expliquez-vous qu'un gouvernement dirige le pays contre son propre peuple ?

Ken Loach. Les dirigeants le font consciemment. Ils se servent de la santé des citoyens pour faire baisser les statistiques. Ils savent que les gens malades qui font appel de leur radiation des listes de chômage gagnent. Mais beaucoup sont démoralisés ou se sentent trop faibles pour faire appel. Les tentatives de suicide augmentent. Mais le gouvernement gagne puisque ces gens perdent leurs allocations. Le problème est idéologique. Ils veulent faire croire aux pauvres qu'ils sont des incapables et feignent d'ignorer que près de 2 millions de personnes sont sans emploi. « Si vous n'avez pas de travail, c'est parce que votre CV n'est pas bon, parce que vous êtes arrivé en retard à un rendezvous, parce que vous ne maîtrisez pas la technologie ou parce que vous n'avez pas postulé pour tel travail. Quelle que soit la raison, vous avez échoué par votre propre faute. » Si les gens n'admettent pas qu'ils sont responsables, ils vont s'en prendre au système. Ce que les dirigeants veulent éviter puisqu'ils sont là pour le protéger et l'étendre. Il y a toujours eu cette conscience, si l'on se réfère à l'ère élisabéthaine et aux lois sur les indigents, que les mendiants devaient être conduits hors de la paroisse. À l'ère victorienne, l'idée était de différencier les « pauvres méritants » des autres, de voir qui mérite de l'aide et qui n'en est pas digne.

HD. Pourquoi vous est-il si nécessaire de montrer la classe ouvrière à l'écran ?

Ken Loach. La présence physique des gens montre leur histoire. Les rides, le maintien, leurs mains, leur alimentation indiquent leur classe sociale, la vie qu'ils mènent. On peut voir la pauvreté sur la texture de la peau.
Nous essayons toujours de privilégier l'authenticité. Quand j'ai filmé la queue devant la banque alimentaire, j'ai tourné en décors réels avec des bénéficiaires... payés au tarif syndical. Car on ne peut pas faire un film sur l'exploitation en exploitant les gens.

HD. Que vous inspire le Brexit ?

Ken Loach. C'était un débat compliquépour toute la gauche. L'Union européenne est une organisation néolibérale. Elle promeut la privatisation, la sous-traitance dans les services publics. La manière dont elle a traité la Grèce pour permettre aux entreprises privées de racheter les services publics est une politique de classe en faveur de la finance. Mais sortir de l'UE est aussi l'assurance que le gouvernement conservateur supprime le minimum de protection pour les travailleurs et l'environnement. Les investisseurs préfèrent être dans l'Union (pour bénéficier du dumping social).

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ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MICHAËL MELINARD
Vendredi, 21 Octobre, 2016

vendredi 21 octobre 2016

Les médecins inquiets d’un retour du choc toxique lié aux règles

Depuis la fin des années 1990, la maladie a réapparu et ne cesse de croître : cinq cas déclarés en 2004, 19 en 2011 et jusqu’à 22 en 2014.


Le choc toxique peut potentiellement toucher 1 % des femmes, celles qui sont porteuses du staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) dans leur vagin.
Alors qu’il semblait avoir disparu, le choc toxique lié aux règles redevient source d’inquiétude. Au moins une femme est morte de cette maladie, certaines ont été amputées. Pour comprendre, des chercheurs se lancent dans une délicate collecte de tampons usagés.
En 1990, plus aucun cas de syndrome du choc toxique (SCT) n’était recensé en France. Mais depuis la fin des années 1990, la maladie a réapparu et ne cesse de croître : 5 cas déclarés en 2004, 19 en 2011 et jusqu’à 22 en 2014. Ce qui a alerté le centre national de référence des staphylocoques des Hospices civils de Lyon. Le choc toxique peut potentiellement toucher 1 % des femmes, celles qui sont porteuses du staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) dans leur vagin.
Avec un tampon, « le fluide menstruel est bloqué, il va rester au chaud. C’est donc un milieu de culture formidable et s’il y a cette fameuse bactérie, elle va se mettre à produire une toxine (TSST-1) qui va passer dans le sang », a expliqué le professeur Gérard Lina lors d’une conférence de presse mercredi. D’où l’importance d’éviter de garder un tampon plus de quatre heures : plus on le garde, plus les bactéries prolifèrent, comme mettent en garde d’ailleurs de nombreux fabricants dans leurs notices.

Perte de conscience

Justine a 26 ans. Il y a trois ans, elle a été victime de ce syndrome. « J’avais mes règles, un tampon. Le soir, je l’enlève et je commence à avoir mal à la tête, des diarrhées. Je pense à un début de gastro. Dans la nuit, j’ai commencé à vomir, énormément, raconte-elle. Le lendemain je ne faisais que dormir. Et puis, j’ai commencé à perdre conscience. J’avais hyper soif, énormément de fièvre et un symptôme très particulier : le corps tout rouge, comme un coup de soleil. »

jeudi 20 octobre 2016

Soins médicaux pour les plus démunis : des besoins croissants

Médecins du Monde passe au crible les difficultés pour se soigner que rencontrent les ressortissants étrangers et les Français en situation d'exclusion. 

 
Ils viennent d'Algérie, de Roumanie, du Maroc, du Cameroun mais aussi de France... Au total, plus de 23.000 personnes en situation d'extrême précarité de 164 nationalités différentes ont été reçues en visite médicale en 2015 dans l'un des 20 centres d'accueil, de soins et d'orientation (Caso) de Médecins du Monde. Dans son rapport annuel publié lundi, l'association dénonce un accès aux soins très difficile et alerte sur la récurrence des problèmes bucco-dentaires, le manque de couverture vaccinale ou encore de suivi gynécologique que connaissent ces populations.
Parmi les personnes accueillies en consultation, plus de 80% se sont vus diagnostiquer au moins un problème de santé, voire deux pour 18% d'entre elles. Les principaux maux étaient de type respiratoire (asthme, toux...), digestif (infections, ulcères...), ostéoarticulaire et dermatologique. Près de six patients sur dix ont même découvert qu'ils souffraient d'une maladie chronique, diabète ou infection à VIH par exemple, nécessitant un suivi et/ou un traitement. Mais pour les malades en situation irrégulière (environ la moitié des personnes reçues), la prise en charge demeure un important problème.
«Les étrangers en situation régulière ont la même couverture sociale que tout le monde: la protection universelle maladie (PUMa), précise le Dr Jeannine Rochefort, déléguée régionale Ile-de-France de Médecins du monde. Par contre, il est beaucoup plus délicat d'avoir accès aux soins pour les personnes en situation irrégulière. Celles-ci doivent justifier qu'elles sont sur le territoire depuis plus de trois mois, en donnant une adresse. C'est une démarche compliquée qu'il faut renouveler chaque année. Parfois, il arrive que des pièces complémentaires soient demandées, alors que celles-ci ne sont pas obligatoires!», déplore le Dr Rochefort. Selon le rapport, seuls 9% des étrangers en situation irrégulière disposaient d'une couverture maladie lors de leur première visite dans l'une des structures de Médecins du Monde.

Couverture vaccinale et caries

Le rapport pointe également l'état de santé bucco-dentaire très dégradé des personnes, en particulier pour les patients de plus de 40 ans. «Ils présentent en moyenne plus de 3 dents cariées et 4 dents absentes (...), bien plus que ce qu'on observe dans la population générale», précise Médecins du Monde. L'association se montre également très préoccupée par la couverture vaccinale de ces personnes. Parmi les plus de 15 ans, moins d'une personne sur deux est à jour pour le tétanos, la diphtérie, la polio et le BCG. Ces chiffres sont meilleurs pour les enfants de moins de 15 ans, même si la couverture vaccinale reste «insuffisante» selon l'association.
Autre point noir du rapport: les mineurs isolés et les femmes, qui représentent respectivement 13% et 38% des personnes accueillies en Caso. Les premiers, lorsqu'ils sont âgés entre 15 et 18 ans, peuvent ne pas être considérés comme tels par l'administration. Ils ne bénéficient alors pas de la protection qui leur est logiquement réservée. «La minorité est fréquemment mise en doute par des évaluations médicales peu fiables, explique Jeannine Rochefort. De très nombreux jeunes se voient ainsi refuser l'accès à la protection de l'enfance». Les femmes, elles, ont très peu accès à la contraception (seules 12% des 15-50 ans ont indiqué utiliser un moyen de contraception en 2015), et parmi celles enceintes le jour de la consultation, plus de 40% présentaient un regard de suivi de grossesse.
En 15 ans, le nombre de centres de Médecins du Monde est passé de 32 à 20, alors que dans le même temps, le nombre de consultations est passés de 35.500 à 38.500. «Nous avons fermé des centres lorsque les dispositifs de bien commun tels que les permanences d'accès aux soins de santé (PASS) se sont mis en place, précise le Dr Rochefort. Dans les centres restants, l'activité a augmenté en raison de la paupérisation de la population, de l'aggravation des conditions d'accès aux droits des personnes en situation irrégulière et des importants flux migratoires depuis plusieurs années», conclut la médecin. 

Source : Le Figaro santé.

mercredi 19 octobre 2016

Pourquoi le dépistage du cancer du sein fait-il débat ?

Il est le cancer le plus fréquent chez les femmes. Le cancer du sein fait chaque année près de 12 000 morts mais son dépistage est critiqué depuis des années. Pour tenter de l’améliorer et face aux demandes de nombreuses associations, il va faire l’objet d’une «  rénovation profonde  » pour le rendre « plus personnalisé ». Une annonce faite par le ministère de la santé le 3  octobre dernier.

Pour comprendre cette décision et ses enjeux, nous recevons en plateau deux spécialistes, la Suzette de la Loge, cancérologue et spécialiste du cancer du sein à l’Institut de cancérologie Gustave-Roussy à Villejuif, et Vincent Renard, président du Conseil ­scientifique du Collège national des généralistes enseignants.

Source : Le Monde.fr

 


mardi 18 octobre 2016

Mobilité et précarité, deux enjeux très liés pour les femmes

Le 20 septembre, la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances du Sénat publiait un rapport sur les femmes et l’automobile. Un rapport qui revient sur les difficultés de mobilité des femmes, obstacles qui participent à leur précarisation.

A l’occasion du lancement du Mondial de l’automobile, Chantal Jouanno, présidente de la délégation sénatoriale aux droits des femmes, a présenté un rapport portant sur les femmes et les voitures. Le rapport, qui met en avant les liens forts entre mobilité difficile et précarité des femmes, s’inscrit dans la droite ligne des nouvelles réflexions autour de la « mobilité inclusive ».
Les femmes, premières utilisatrices de transports en commun
Parmi les études citées par la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances du Sénat, on trouve le rapport « Transport et parité des sexes » de l’OCDE. Selon ce rapport, à l’échelle européenne, « pour les transports collectifs rapides (train de banlieue, métro, tramway), on retrouve hommes et femmes dans la même proportion ».

Cette même étude souligne cependant qu’en France la répartition des hommes et des femmes tous transports en commun confondus est loin d’être paritaire : « Les hommes n’utilisent les transports en commun que pour 10 % de leurs déplacements, et deux tiers des voyageurs empruntant les transports en commun sont des femmes. »

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lundi 17 octobre 2016

Nutrition : un enfant sur six mange selon ses besoins

La plupart des enfants ne mangent pas en fonction de leurs besoins. Les aliments ne sont pas variés dans un cas sur trois. Sous forme solide, ils sont souvent introduits trop tard.

Nutrition : un enfant sur six mange selon ses besoins
UNICEF/UNI162672/Phelps
 

100 000 : voilà le nombre de vies qui pourraient être sauvées chaque année si les enfants étaient alimentés correctement. L’Unicef a livré le deuxième volet de son rapport sur la nutrition des jeunes enfants. Le bilan est loin d’être satisfaisant. Seul un enfant sur six mange selon ses besoins. La fréquence des repas est insuffisante, tout comme la variété des aliments qui sont proposés. L’information dispensée aux jeunes parents peut être largement améliorée.
Les erreurs alimentaires commencent dès le plus jeune âge. Un allaitement maternel devrait être proposé dans l’heure qui suit la naissance. Mais seuls 55 % des nouveau-nés en bénéficient. Ce sont donc 63 millions de bébés qui ne sont pas nourris dans les temps, dès leur premier jour d’existence. Dans les pays développés, ça n’est pas mieux : bon nombre de femmes n’allaitent pas et recourent à la place à du lait maternisé. Ses bénéfices sur la santé ne sont pas aussi bons.

50 % d’anémies avant l’école

A mesure que les enfants grandissent, le respect des recommandations ne s’améliore pas. A 11 mois, 2 bambins sur 10 n’ont pas encore consommé d’aliments solides. Pourtant, dès 6 mois, le lait maternel ne suffit plus à combler les besoins d’un organisme en pleine croissance. Cette lacune est lourde de conséquences, car elle induit des carences et peut provoquer un retard de croissance. Il touche environ un quart des enfants de moins de 5 ans.
« Ce sont les nourrissons et les jeunes enfants qui ont les besoins en nutriments les plus élevés au cours d’une vie », rappelle France Begin, conseillère principale pour la nutrition à l’Unicef.

Les repas ne sont tout simplement pas assez variés. Pour grandir correctement, un jeune corps a besoin de plusieurs sources alimentaires. Quatre groupes différents doivent être apportés chaque jour. Un conseil qui n’est que rarement respecté : un tiers des enfants ne les reçoivent pas. Les carences en vitamines et minéraux sont donc fréquentes. L’anémie en fer, par exemple, touche la moitié de la population des mineurs d’âge préscolaire.

Nourris trop rarement

Les protéines animales sont particulièrement difficile d’accès : poisson, viande, œufs et produits laitiers ne sont consommés que par la moitié des enfants. Leur coût élevé pose souvent problème. Un manque d’autant plus dommageable que ce sont les principales sources de zinc et de fer. « A un si jeune âge, la malnutrition entraîne des lésions mentales et physiques irréversibles », déplore France Begin.
Outre ces carences qualitatives, la quantité n’est pas non plus assurée. Quatre repas par jour sont recommandés, petit-déjeuner, collation, déjeuner, goûter et dîner. Cela jusqu’à 3 ans. Or, la moitié des enfants ne sont pas nourris à cette fréquence.

Les enfants qui reçoivent le nombre de repas recommandés dans le monde
(Source : Unicef, 2016)
Article intégral en ligne : http://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/17996-Nutrition-un-enfant-sur-six-mange-selon-ses-besoins

dimanche 16 octobre 2016

Comprendre la PMA et la GPA en deux minutes

PMA, pour procréation médicalement assistée, et GPA, pour gestation pour autrui : si depuis 2012 ces deux sigles agitent les passions et les drapeaux dans les rues, ils ne désignent pourtant pas du tout la même chose et n’en sont pas au même stade d’avancée sur le plan politique. Quelles sont les différences entre les deux ? D’où vient la confusion ? Explications en deux minutes, à l’occasion du rassemblement organisé par la Manif pour tous, dimanche 16 octobre à Paris.


Source : Le Monde.

samedi 15 octobre 2016

La santé mondiale à la loupe

Espérance de vie, maladies chroniques, exposition aux risques : les données de santé des pays du monde ont été analysées par près de 2000 experts. Le Figaro propose un décryptage illustré des points les plus saillants.


Il aura fallu 1870 experts, travaillant dans 127 pays, pour dresser le bilan de santé de la population mondiale. Un travail titanesque, publié jeudi dans The Lancet, qui fait ressortir de grandes tendances: globalement, la santé des gens s'améliore. Mais les progrès sont inégalement répartis.
La population mondiale a gagné plus de 10 ans d'espérance de vie depuis 1980, un bond que l'on peut attribuer notamment au recul de la mortalité lié à des maladies infectieuses (sida, paludisme, diarrhées). Au Swaziland, l'espérance de vie, parmi les plus basses du monde, a ainsi progressé de 7 à 11 ans depuis 2005. À l'inverse, elle a reculé en Syrie sous l'effet de la guerre, notamment pour les hommes (moins 11 ans). La part globale des décès dus aux maladies cardiovasculaires et aux cancers régresse aussi, mais à un rythme plus lent.

Sur les 56 millions de décès constatés en 2015, 70% ont été causés par des maladies non transmissibles, souvent liées au mode de vie (alimentation, activité physique, tabac, alcool, etc.).
Parmi les facteurs de risques majeurs de décès figurent la pollution de l'air et le tabagisme, responsables respectivement de 6,5 et 7,1 millions de morts en 2015.

 
 Le Figaro santé, 06/10/2016.

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