samedi 31 décembre 2016

Ebola : l'OMS annonce un premier vaccin qui serait "jusqu'à 100%" efficace

Il n'y a eu aucun cas d'Ebola parmi les quelque 6.000 personnes qui ont reçu ce vaccin l'an dernier en Guinée. Un vaccin d'origine canadienne contre le virus Ebola, qui a fait plus de 11.000 morts en Afrique de l'Ouest, est efficace "jusqu'à 100%", annonce ce vendredi 23 décembre l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Le vaccin, dont le laboratoire américain Merck a acquis les droits de commercialisation, pourrait être enregistré en 2018, après soumission du dossier aux autorités américaines (FDA) et européennes (EMA). Le processus d'approbation standard est habituellement d'une décennie, voire plus, a rappelé le Dr Marie-Paule Kieny, sous-directrice générale à l'OMS.
Il n'y a eu aucun cas d'Ebola parmi les quelque 6.000 personnes qui ont reçu ce vaccin l'an dernier, en Guinée, contre 23 cas dans le groupe des non-vaccinées, selon les résultats de l'essai conduit par l'OMS avec le ministère canadien et des partenaires internationaux.
"Ce qui suggère fortement que le vaccin est très efficace et pourrait avoir une efficacité jusqu'à 100%", a déclaré le Dr Kieny.
Son équipe de chercheurs a calculé qu'en cas de pleine épidémie, il y a 90% de chances que le vaccin, baptisé rVSV-ZEBOV, soit à plus de 80% efficace.

"Nous sommes prêts"

"Finalement au bout de 40 ans, il semble que nous ayons maintenant a priori un vaccin efficace contre la maladie Ebola", commente un scientifique américain indépendant, Thomas Beisbert, dans la revue médicale "The Lancet" qui publie ce vendredi les résultats finaux de l'essai.
Ces derniers confirment que le vaccin rVSV-ZEBOV présente une efficacité de 100% au cours des 10 jours suivant son administration par l'injection intramusculaire d'une dose chez une personne non infectée mais en contact avec des malades.
Des résultats préliminaires allant déjà dans ce sens d'une forte efficacité étaient parus en 2015.
S'il y avait un cas d'Ebola et une nouvelle épidémie, nous sommes maintenant prêts à y répondre", a commenté Marie-Paule Kieny.
L'essai a été conduit dans la région côtière de Basse-Guinée, qui enregistrait encore des cas d'Ebola quand il a commencé en 2015.

Encore des inconnues

"Avec le vaccin Merck, la protection intervient très tôt après la vaccination, mais nous ne savons pas si la protection durera encore six mois après", a relevé le Dr Kieny.
L'essai a été fait selon une méthode dite de vaccination en anneaux - c'est-à-dire de cercles ou groupes de gens en contact avec un malade, d'abord des proches, puis des sujets qui ont été contacts avec eux et ainsi de suite - qui a été utilisée pour éradiquer la variole.
"Après la fin de l'essai, il y a eu quelques cas en Guinée, ainsi qu'en Sierra Leone, et l'équipe a utilisé la même stratégie : la vaccination des contacts de contacts, avec l'autorisation de la FDA [...] d'utiliser le vaccin en dehors d'un essai clinique", a expliqué Marie-Paule Kieny.
En cas de flambée d'Ebola, avant la commercialisation du vaccin, 300.000 doses d'urgence, grâce à un accord entre l'Alliance pour les Vaccins-GAVI et Merck, pourraient être livrées, et le nombre de doses pourrait atteindre assez rapidement le million.

(...)

Nouvel Observateur, 23/12/2016.
Article intégral en ligne : http://tempsreel.nouvelobs.com/sante/20161223.OBS3019/ebola-l-oms-annonce-un-premier-vaccin-qui-serait-jusqu-a-100-efficace.html

jeudi 29 décembre 2016

La culture prend soin de la santé

Depuis les temps immémoriaux, l’art et la santé sont intimement liés. Apollon, dieu grec de la musique et des neuf muses, n’était-il pas aussi guérisseur, seul capable de soigner la peste que ses flèches sèment ? Cependant, si aujourd’hui il s’est durablement installé dans les structures sanitaires, c’est le résultat d’un long combat. 


« La démarche ne va pas de soi, et c’est normal, car l’hôpital est d’abord un lieu de soins », avoue Patrick Vandenbergh, directeur Stratégie et parcours à l’agence régionale de santé (ARS) d’Auvergne-Rhône-Alpes, pourtant défenseur farouche des politiques culturelles à l’hôpital.
Dans les années 1990, des associations culturelles franchissent les murs de l’hôpital, telle « Rire médecin », qui envoie ses clowns dans les services d’oncologie pédiatrique, ou ­­« Tournesol » qui dépêche des musiciens auprès des malades de services de cancérologie ou de gériatrie. C’est l’époque des formes « au chevet ».
En 1999, la première convention interministérielle « Culture à l’hôpital » (qui deviendra « Culture et santé » en 2010) donne un cadre institutionnel, agrémenté de financements, aux partenariats entre acteurs culturels et établissements sanitaires. Elle sera déclinée au niveau national, par des conventions signées entre les directions régionales des affaires culturelles (Drac) et les agences régionales de l’hospitalisation (ARH, transformées en ARS en 2009). Cependant, la déclinaison régionale du dispositif s’avère inégale. Les régions Rhône-Alpes, Ile-de-France ou Aquitaine sont à la pointe du mouvement, alors que l’Auvergne ou le Poitou-Charentes, par exemple, prennent du retard.

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© Giambra-Fotolia

Gazette santé social, 23/12/2016.


mardi 27 décembre 2016

Combien de pauvres dans les 100 plus grandes villes ?

Combien de pauvres dans les 100 plus grandes communes de France métropolitaine ? Et quelle est leur situation familiale ? Le Compas fournit de nouvelles estimations, à partir des nouvelles données de l'Insee pour 2013, qui complètent l’outil construit avec la Gazette des communes. Elles permettent de mettre en regard le taux de pauvreté par commune, le nombre de personnes pauvres dans ces mêmes communes, mais aussi la situation familiale de ces personnes.


De 42,3 % à Roubaix à 6,2 % à Versailles, les taux de pauvreté varient fortement parmi les 100 plus grandes communes de France métropolitaine comme l’indiquent les nouvelles données de l’Insee pour l’année 2013 à partir desquelles le Compas produit ces estimations.
Les communes qui accueillent, en nombre, le plus de personnes pauvres, sont logiquement les plus peu­plées.
Les cinq plus grandes communes accueillent au moins 100 000 personnes pauvres sur leur terri­toire : Paris (342 000), Marseille (204 000), Toulouse (73 000), Nice (71 000) et Lyon (66 000).
Il faut bien garder en mémoire ces données : des taux similaires peuvent masquer des volumes très différents. Les 18,9 % de pauvres du Mans représentent 37 000 per­sonnes, alors que les 19,8 % de Dunkerque en ras­semblent 17 000.
Mais la relation entre la taille de la commune et son nombre de pauvres n’est pas méca­nique. Ainsi, Roubaix, 39ème commune en terme de volume de population, se place en 11ème position au regard du nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté (38 000).

Deux tiers des personnes pauvres vivent en famille

Outre les différences de volume et de taux de pauvreté entre les communes, les caractéristiques des populations pauvres divergent : à Neuilly-sur-Seine, par exemple, où seulement 8 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, le niveau de vie des populations pauvres apparaît le plus faible parmi les 100 plus grandes communes de France métropolitaine.
L’intensité (1)de la pauvreté y est de 33 %, avec un seuil estimé à 1 000 € pour l’année 2013.
A l’inverse, à Cholet, où le taux de pauvreté atteint 13,8 %, le niveau de vie des populations pauvres (814 €) est beaucoup plus proche du seuil de pauvreté et porte l’intensité de la pauvreté à 19 %.
Le profil des populations pauvres sur ces deux territoires diffère fortement : 70 % des populations pauvres vivent au sein de familles avec enfant(s) à Cholet contre 47 % seulement à Neuilly-sur-Seine. Au total, les deux tiers des populations pauvres vivent en famille en France métropolitaine.

Une population pauvre vivant au sein de ménages âgés dans les communes du sud de la France

6 % des personnes pauvres vivent dans un ménage dont la personne de référence est âgée de 75 ans et plus en France métropolitaine. Cette proportion est particulièrement élevée dans les communes du sud de la France.
Elle est par exemple doublée dans les communes d’Ajaccio et d’Antibes où elle représente 12 % de la population pauvre, et plus que divisée par deux au sein des communes « jeunes » telles que Evry (1%), Cergy, Villeneuve-d’Ascq et Épinay-sur-Seine (2 %).

Les pôles étudiants concentrent les ménages pauvres les plus jeunes

La proportion de personnes vivant seules parmi les personnes pauvres est logiquement plus importante dans les pôles étudiants (2). Ainsi, plus d’une per­sonne pauvre sur trois vit seule à Nantes, Bordeaux, Rennes, etc…
C’est dans ces communes que l’on retrouve également les proportions les plus élevées de personnes vivant au sein de jeunes ménages (moins de 30 ans) parmi les populations pauvres : ces proportions sont supérieures à 20 % à Toulouse, Bordeaux ou Rennes, par exemple, près de deux fois plus que la moyenne métropolitaine (11%).

Gazette des communes, 21/12/2016.
Article intégral en ligne : http://www.lagazettedescommunes.com/478387/combien-de-pauvres-dans-les-100-plus-grandes-villes/#utm_source=quotidien&utm_medium=Email&utm_campaign=22-12-2016-quotidien&email=crlormont@gmail.com

dimanche 25 décembre 2016

Don d’organes : que change la nouvelle mesure sur le refus explicite ?

La législation évolue pour augmenter le nombre de greffes, toujours largement inférieur aux besoins. Une mesure entrant en vigueur le 1er janvier 2017 reprécise les règles, notamment pour les refus.


Il y a quarante ans, la loi Caillavet instaurait des règles encadrant le prélèvement d’organes humains en vue d’une greffe, un geste médical qui a permis de sauver des milliers de vies. Mais si le nombre de donneurs est en légère hausse en France ces dernières années, il ne permet pas de couvrir les besoins. Une mesure entrant en vigueur le 1er janvier 2017 reprécise les règles, notamment pour les refus. Explications.

Des dons insuffisants pour couvrir les besoins

Depuis 2000, le nombre de donneurs d’organes a quasiment doublé parmi la population française, avec une forte hausse des prélèvements sur des personnes vivantes (notamment des greffes de rein), multipliées par cinq sur la même période.
En 2015, 571 personnes ont choisi de réaliser un prélèvement de leur vivant, alors que les organes de 1 824 personnes mortes ont permis de sauver des vies. Le don d’organes ne concerne en réalité qu’une toute petite partie des décès en France. Il faut en effet que les différentes parties du corps prélevées (foie, poumon, cœur, cornée…) soient en état d’être greffées, ce qui arrive dans le cas de mort cérébrale ou de certains arrêts cardiaques.

Malheureusement, cette hausse ne suffit pas à couvrir les besoins des patients, qui ont aussi doublé sur la même période, à cause du vieillissement de la population. En 2015, plus de 21 000 personnes étaient en attente de greffe. Là encore, le rein est l’organe le plus demandé.

En 2015, 553 patients sont morts alors qu’ils étaient en liste d’attente pour obtenir une greffe.

Le principe du consentement présumé

Selon la loi du 22 décembre 1976 sur le don d’organes, « des prélèvements peuvent être effectués à des fins thérapeutiques ou scientifiques sur le cadavre d’une personne n’ayant pas fait connaître de son vivant son refus d’un tel prélèvement ». Cela signifie que par défaut, hors cas particuliers (mineurs, personnes sous tutelle) tous les Français sont des donneurs d’organes potentiels, sans qu’ils aient à formuler leur consentement explicitement.
Dans les faits, les médecins consultent systématiquement les proches pour connaître les intentions du défunt. Ce qui aboutit à environ un tiers de refus de don (32,5 % en 2015), le plus souvent en raison des opinions de l’entourage plutôt que de la personne concernée.
On constate d’ailleurs un décalage entre les intentions – selon un sondage, 79 % des Français sont favorables au don d’organe – et la réalité : seuls 67 % de prélèvement chez les patients concernés.

En 2017, il faudra exprimer explicitement son refus

Si le cadre général ne change pas, un amendement introduit dans la loi santé et applicable au 1er janvier 2017 durcit les conditions de refus, en précisant que « le prélèvement d’organes post-mortem peut être pratiqué sur une personne majeure dès lors qu’elle n’a pas fait connaître, de son vivant, son refus d’un tel prélèvement, principalement par l’inscription sur un registre national automatisé prévu à cet effet ».
Les personnes opposées au don d’organes pourront s’inscrire par Internet sur le registre du refus, en joignant une copie de pièce d’identité (actuellement, ce n’est possible que par formulaire papier). Dans le cas contraire, le prélèvement sera réalisé, sauf si les proches attestent des circonstances précises du refus formulé par la personne, par un document écrit et signé.

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Article intégral en ligne : http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/12/22/don-d-organe-quarante-ans-apres-la-loi-sur-le-consentement-presume-ou-en-est-on_5053129_4355770.html#4QPwi6gejXDI5t33.99

Le Monde, 22/12/2016.


vendredi 23 décembre 2016

Surtout, ne pas abuser des écrans chez les tout-petits

Avant 3 ans, toute heure passée devant un écran est une heure perdue.


Ils ne marchent pas encore, maîtrisent à peine le langage mais manipulent avec dextérité les tablettes numériques. Leurs parents ont grandi avec Internet, les écrans ne les effraient donc pas. Bien au contraire! Ils sont 44 % à prêter leur portable à leur enfant de moins de 3 ans pour l’occuper ou le consoler, selon une enquête réalisée il y a quelques mois par les pédiatres de l’Association française de pédiatrie (Afpa). Au total, la moitié des moins de 3 ans passent en moyenne trente minutes par semaine sur un écran interactif. Un temps qui se surajoute bien souvent à celui passé devant l’écran de télévision. C’est pour tenir compte de l’évolution des pratiques que les pédiatres américains viennent d’émettre de nouvelles recommandations sur l’usage des écrans chez les enfants.

Depuis 1999, ils recommandaient aux parents d’éviter tout écran pour les enfants de moins de 2 ans. Des conseils édictés à une époque où la télévision dominait largement. Depuis, elle est concurrencée par les tablettes, ordinateurs portables et autres smartphones. Leurs consignes évoluent donc: avant 18 mois, l’écran reste à bannir sauf pour skyper avec une grand-mère habitant à l’autre bout du pays. À partir de 18 mois, les enfants peuvent regarder certains programmes éducatifs à condition d’être accompagnés de leurs parents. Entre 2 et 5 ans, les spécialistes proposent de ne pas dépasser une heure d’écran par jour mais toujours partagée avec les parents.

Pas de console de jeux personnelle avant 6ans

Est-ce que ces recommandations s’appliquent également aux petits Français? «Nous sommes un peu plus restrictifs. Nous déconseillons les écrans avant 3 ans et entre 3 et 6 ans nous préconisons d’en limiter l’accès et d’accompagner les enfants», souligne le docteur Sylvie Hurbinois, présidente de l’Afpa.
Les pédiatres s’appuient sur la règle des 3-6-9-12 élaborée par le psychiatre Serge Tisseron dès 2008. En résumé: pas de télé avant 3 ans, pas de console de jeux personnelle avant 6 ans, pas d’Internet non accompagné avant 9 ans et pas de réseaux sociaux avant 12 ans…

(...)

Article intégral en ligne : http://sante.lefigaro.fr/article/surtout-ne-pas-abuser-des-ecrans-chez-les-tout-petits
Le Figaro santé, 16/12/2016.

mercredi 21 décembre 2016

Perturbateurs endocriniens : de quels composants faut-il se méfier ?

Une centaine de scientifiques s'alarment, dans "Le Monde", de la présence de composants pouvant avoir des effets nocifs sur la santé dans de nombreux produits du quotidien.

Nourriture, produits d'entretiens, cosmétiques... Les perturbateurs endocriniens seraient potentiellement partout autour de nous. Dans une tribune publiée dans Le Monde mardi 29 novembre, près d'une centaine de scientifiques s'inquiètent de la présence de composants pouvant avoir des effets nocifs sur la santé dans les produits du quotidien. Comment ces substances peuvent-elles bouleverser nos organismes ?

Des substances difficiles à éliminer

Les perturbateurs endocriniens peuvent dérégler nos systèmes hormonaux et, à terme, avoir des conséquences importantes sur la santé, explique le magazine "Envoyé Spécial". Le triclosan, un antibactérien, serait ainsi lié à de nombreux cancers de la prostate et du sein, rapporte L'Obs. Les phtalates, présents dans plusieurs types d'emballages plastiques, pourraient causer une baisse de la fertilité ou des malformations chez les fœtus, selon Rue 89.
Les perturbateurs endocriniens inquiètent d'autant plus la communauté scientifique qu'ils sont très difficiles à éliminer. Le DDT, un puissant pesticide, est encore présent dans notre environnement plus de quarante ans après son interdiction en France, précise LCI. Il peut subsister dans l'organisme pendant huit à dix ans après l'exposition.

Francetvinfo, 30/11/2016.


 

lundi 19 décembre 2016

Un Français sur dix vit dans la solitude

INFOGRAPHIE - Selon une étude réalisée par le Crédoc pour la Fondation de France, 5 millions de Français sont dans une situation d'isolement.


C'est un chiffre qui ne baisse pas: en France, cinq millions de personnes de plus de 15 ans vivent encore seuls. En clair, un Français sur dix ne rencontrent que très peu sa famille, ses amis, ses voisins ou des connaissances, selon une enquête du Crédoc pour la Fondation de France publiée ce lundi.
» VIDÉO - «À part la radio et la télévision, je n'ai pas de contact»
Cette estimation, qui ne prend pas en compte les relations au sein des ménages, est comparable à une précédente enquête sur les solitudes publiée par cette fondation en 2014. Voici ce qu'on peut retenir de cette étude. 

Le Figaro, 05/12/2016.

 

samedi 17 décembre 2016

En Grande-Bretagne, un bébé peut avoir trois ADN

Le Royaume-Uni autorise désormais la conception de bébés à partir de l’ADN de trois parents, en l’occurrence deux femmes et un homme.



L’information était attendue. Le Royaume-Uni est devenu jeudi le premier pays à autoriser la conception de bébés à partir de l’ADN de trois «parents», une technique à visée thérapeutique qui reste controversée, notamment pour des raisons éthiques. L’approbation du comité d’éthique britannique était l’ultime condition avant l’utilisation en clinique de cette technique consistant à combiner les ADN de deux femmes et d’un homme pour éviter la transmission d’une maladie héréditaire maternelle.
«Nous avons pris une décision historique et mûrement réfléchie. Les familles concernées ont enfin une chance d’avoir un enfant en bonne santé», a déclaré Sally Cheshire, la présidente de l’Autorité de régulation de l’assistance médicale à la procréation et à la recherche en embryologie (HFEA). «C’est un feu vert prudent», a-t-elle toutefois ajouté, alors que cette technique de fécondation in vitro avec «remplacement mitochondrial» continue à diviser.
Ses défenseurs estiment qu’elle permettra aux couples concernés (3000 au Royaume-Uni) de donner naissance à des enfants en meilleure santé. Pour ses opposants, la technique n’est pas encore suffisamment mûre et va trop loin en matière de modification génétique en ouvrant la boîte de Pandore de la sélection des bébés. «Je ne pense pas qu’on s’engage sur une pente glissante. Nous nous sommes appuyés sur un panel d’experts internationaux qui ont estimé la technique suffisamment sûre et efficace. Le processus a duré cinq ans. Il y a eu un grand débat public. Quatre rapports ont été publiés. Le Parlement a débattu de la question et a approuvé la technique à une majorité de trois contre un», a souligné Sally Cheshire.

Les parents venant de l’étranger sont les bienvenus

La technique devrait être utilisée dans un premier temps sur environ 25 couples et un premier bébé pourrait naître dès fin 2017. «Les années suivantes, 200 couples pourraient être concernés tous les ans. Ceux venus de l’étranger sont les bienvenus», a souligné Sally Cheshire. «Maintenant, nous avons besoin de donneurs d’ovules», a commenté le professeur Mary Herbert, de l’université de Newcastle, qui a développé la technique expérimentale.
Environ 125 bébés naissent chaque année en Grande-Bretagne avec un dysfonctionnement mitochondrial. Les mitochondries sont des petites structures à l’intérieur des cellules qui jouent un rôle de «centrale énergétique» en transformant le sucre et l’oxygène en énergie. Tandis que l’ADN nucléaire est transmis par les deux parents, l’ADN mitochondrial (ADNmt) n’est hérité que de la mère. Certaines femmes présentent des mutations génétiques de cet ADNmt qui, si elles sont transmises à leurs enfants, peuvent provoquer diverses maladies parfois incurables, comme le syndrome de Leigh. La fécondation in vitro avec «remplacement mitochondrial» peut alors apparaître comme une solution. Leur ADN nucléaire est extrait de leurs ovules et introduit, avec le sperme du père, dans l’ovule sans noyau de la donneuse qui a un ADNmt sain.

Le premier bébé conçu grâce à cette nouvelle technique est né en avril au Mexique. Une équipe médicale internationale menée par le Dr John Zhang, du Centre New Hope Fertility à New York, avait choisi ce pays, où il n’existe aucune règle sur la question, puisque le traitement n’est pas autorisé aux États-Unis.
Lors des expériences en laboratoire, il est arrivé que l’ADNmt porteur des mutations refasse surface et vienne compromettre l’efficacité du traitement.

Le Figaro santé, 15/12/2016.

vendredi 16 décembre 2016

La discrimination à l'embauche: une réalité en France

Une enquête commandée par le ministère du Travail et menée auprès de 40 sociétés met en lumière un taux de réponses positives de 36% pour les noms à consonance maghrébine, contre 47% pour les autres. Quelles mesures prendre pour mettre fin aux discriminations à l'embauche ? Le point avec Stéphanie Delestre, entrepreneure.

 
Entre avril et juillet 2013, une enquête de «testing» commandée par le ministère du Travail a été menée auprès de 40 entreprises françaises. Conduite par la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) et l'association ISM Corum, spécialisée dans la prévention des discriminations, cette campagne a révélé qu'un nom à consonance maghrébine pouvait être un frein, lorsque l'on recherche un emploi. Selon cette étude, le taux global de réponses positives reçues par un candidat «maghrébin» est de 36%, contre 47% pour les candidatures «hexagonales». Soit une différence de onze points. Quelles leçons tirer de ce constat, et de quelle manière vaincre les barrières sociales? Stéphanie Delestre, fondatrice de la startup Qapa et membre de France Digitale, nous offre quelques éléments de réponse.


Selon les résultats de cette enquête, pour trouver un emploi il est préférable d'avoir un nom à consonance française

LE FIGARO. - Beaucoup de critiques ont été émises lorsque le rapport de cette enquête est sorti. Mais concrètement, quelles mesures vont être prises ?


Stéphanie DELESTRE. - Je pense que mettre en place de nouvelles mesures n'est pas à l'ordre du jour. Souvenez-vous, il avait été décidé dans le passé d'opter pour un CV anonyme. Mais il s'est avéré que c'était quelque chose d'absolument impossible à mettre en oeuvre. En effet, lorsqu'un Directeur des Ressources Humaines (DRH, ndlr) reçoit une candidature de ce type, la première chose qu'il va demander au candidat, c'est son CV original. Pourquoi? Tout simplement dans le but de se faire une impression générale de la personne qu'il a en face de lui (détecter les fautes d'orthographe, voir si la construction de la candidature est claire...) et identifier le lieu de l'habitat du candidat. Si ce dernier est trop éloigné de l'entreprise, cela pourrait être source de démotivation ou d'abandon.

Les entreprises concernées par cette étude auront-elles l'occasion de «se rattraper», ou encourent-elles des sanctions ?


Puisque cette enquête a été conduite de façon anonyme, la discrimination observée n'est pas punissable. En revanche, il est fortement conseillé à ces entreprises d'en tenir compte, et de rectifier leur ligne de conduite. Le problème qui touche de nombreuses sociétés françaises, c'est qu'elles connaissent une «fracture digitale». La politique de recrutement ne vise pas l'humain dans son individualité. On ne recherche pas certaines compétences, mais un profil-type. C'est pour cela qu'il existe de nombreux débordements. Oui, aujourd'hui en France, la discrimination à l'embauche est une réalité, qui s'est accrue ces derniers mois, en raison des attentats. Aujourd'hui, il arrive fréquemment que des recruteurs disent ouvertement rechercher «un profil caucasien». Ils ne s'en cachent plus.

(...)

Le Figaro, 15/12/2016.
Article intégral en ligne : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/12/15/01016-20161215ARTFIG00403-la-discrimination-a-l-embauche-une-realite-en-france.php

jeudi 15 décembre 2016

Si vous n'avez pas suivi le débat sur le délit d'entrave à l'IVG...

L'adoption d'une proposition de loi visant à étendre le délit d'entrave à l'avortement aux sites internet avançant «masqués» et diffusant des «informations biaisées» a donné lieu à de vifs échanges cette semaine. Voici l'essentiel de ce que vous devez savoir sur ce sujet.

 

QUE DIT CE TEXTE ?

Une proposition de loi PS, adoptée jeudi à l'Assemblée nationale, veut élargir le délit d'entrave à l'interruption volontaire de grossesse aux sites Internet diffusant des informations «biaisées» sur l'avortement. Parmi ces sites: ivg.net, à l'aspect très institutionnel ; Afterbaiz, qui joue la carte jeune de la «réinformation» ; Ecouteivg.org, qui se présente comme un soutien aux femmes.
Le texte prévoit de punir de deux ans d'emprisonnement et de 30.000 euros d'amende le fait d'empêcher, de tenter d'empêcher de pratiquer ou de s'informer sur une IVG (...) «par tout moyen de communication au public, y compris en diffusant (...) par voie électronique ou en ligne, des allégations, indications de nature à induire intentionnellement en erreur, dans un but dissuasif, sur les caractéristiques ou les conséquences médicales d'une IVG».
Le débat a été celui de la liberté d'expression contre celui de la protection des droits des femmes. La ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol, en première ligne pour défendre le texte, a précisé qu'il visait avant tout les numéros vert qui mettent les femmes en ligne avec des «militants» qui leur déconseillent de pratiquer l'avortement, fausses données à l'appui.

Affiche du gouvernement.

POURQUOI CERTAINS SONT-ILS CONTRE ?

«Délit d'opinion», entrave à la «liberté d'expression», «police de la pensée»: vent debout contre la création de ce délit d'entrave numérique, les députés LR se sont opposés au texte.
«Il y a un dogme sur l'IVG véhiculé par le gouvernement. Dire qu'un avortement peut avoir des conséquences psychologiques comme nous le faisons ne revient pas à dissuader», défend Tugdual Derville, délégué général de l'association Alliance Vita, à l'origine du site SOS Bébé.
Dans un autre genre, La Quadrature du Net, une association de défense des libertés en ligne, se montre également très critique sur la création de ce délit et s'inquiète de nouvelles «atteintes à la liberté d'expression» sur la Toile.

(...)

Le Figaro, 05/12/2016.
Article intégral en ligne : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/12/05/01016-20161205ARTFIG00087-si-vous-n-avez-pas-suivi-le-debat-sur-le-delit-d-entrave-a-l-ivg.php

lundi 12 décembre 2016

Qu'est-ce qu'un lanceur d'alerte ?

Une soixantaine de pays offrent une législation protectrice aux lanceurs d'alerte, un concept mis au point à la fin des années 90. En France, la loi Sapin 2 est récemment venue préciser cette définition. Explications.

 

Deux ans après les premières révélations, le procès LuxLeaks en appel se tient cette semaine au Luxembourg. L'affaire avait révélé les pratiques d'optimisation fiscale des multinationales installées au Luxembourg et ébranlé jusqu'au président de la Commission européenne (et ancien premier ministre luxembourgeois de 1995 à 2013), Jean-Claude Junker. Pour avoir soustrait à leur employeur, PricewaterhouseCoopers (PwC) Luxembourg, des centaines de copies d'accords fiscaux passés entre le cabinet d'audit et le fisc luxembourgeois pour le compte de grandes entreprises, Antoine Deltour et Raphaël Halet avaient écopé le 29 juin de prison avec sursis.

D'autres affaires liées à des «lanceurs d'alerte» ont ponctué récemment l'actualité: les scandales liés aux abattoirs en France, ou encore les révélations des «Panama papers». Au cinéma actuellement, deux films relatent le destin de deux lanceurs d'alerte: Tous sur écoute, qui retrace le destin d'Edward Snowden, l'homme qui a révélé au monde entier l'ampleur de la surveillance exercée par la NSA, et La fille de Brest, qui raconte l'histoire d'Irène Frachon, la pneumologue à l'origine du scandale du Médiator. Face à la multiplication de ces acteurs, souvent anonymes, Le Figaro fait le point sur ce statut qui tend à évoluer en France.

Edward Snowden en visioconférence au Conseil de l'Europe, en juin 2015, pour une réunion sur le thème «Comment améliorer la protection des lanceurs d'alerte».

Comment identifie-t-on un lanceur d'alerte?


Ce sont les sociologues Francis Chateauraynaud et Didier Torny, qui, à la fin des années 1990, mirent au point le concept de «lanceur d'alerte» en s'appuyant sur trois affaires où des précurseurs avaient alerté sur les risques pour la société: l'amiante, le nucléaire, et la vache folle. Depuis, l'expression a fait florès. Selon Transparency International, le lanceur d'alerte est «tout employé qui signale un fait illégal, illicite ou dangereux pour autrui, touchant à l'intérêt général, aux instances ou aux personnes ayant le pouvoir d'y mettre fin». Une définition qu'a largement reprise le Conseil de l'Europe dans une résolution de 2010. 

(...)

Le Figaro, 12/12/2016.

Article intégral en ligne : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/12/12/01016-20161212ARTFIG00130-qu-est-ce-qu-un-lanceur-d-alerte.php

dimanche 11 décembre 2016

L’espérance de vie baisse aux États-Unis, une première depuis 20 ans

L’espérance de vie des Américains a légèrement baissé en 2015, sans que les autorités sanitaires ne puissent avancer d’explication au phénomène.


Les enfants nés aux États-Unis en 2015 vivront, en moyenne, un mois de moins que ceux nés en 2014. Pour la première fois depuis plus de vingt ans, l’espérance de vie à la naissance a baissé aux États-Unis, pour atteindre 78,8 ans (78 ans et 9 mois et demi) quand elle était de 78,9 ans (78 ans et presque 11 mois) en 2014, selon un rapport publié jeudi par les autorités sanitaires américaines. Cela donne aux Américains une espérance de vie de plus de 2 ans inférieure à celle des pays de revenu élevé (81 ans en 2014, et 82 ans en France, selon un rapport de la Banque mondiale).

Variations interraciales

En cause, un accroissement de la mortalité, montrent les statistiques des Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC), avec un taux de mortalité ajusté à l’âge de 733 morts pour 100.000 habitants en 2015 contre 725 pour 100.000 en 2014. D’importantes variations interraciales existent: les hommes noirs sont ceux qui meurent le plus (1070 morts pour 100.000), les femmes hispaniques le moins (438 pour 100.000).
Au total, 2,7 millions de décès de résidents ont été enregistrés, soit 86.000 de plus qu’en 2014. Le dernier accroissement du taux de mortalité remonte à 1999, mais pour observer un recul de l’espérance de vie il faut même remonter à 1993 indique l’AFP, année où les États-Unis ont connu un taux de mortalité record à cause du sida et d’une importante épidémie de grippe.

Seule la mortalité par cancer baisse

Les 10 principales causes de décès restent les mêmes bien que dans un ordre légèrement modifié, mais le taux de mortalité n’a diminué que pour l’une d’entre elles. Aux États-Unis en 2015, on mourait principalement de maladies cardiaques (168 morts pour 100.000 habitants), de cancer (158 pour 100.000, le seul chiffre en baisse par rapport à 2014 avec -1,7% de mortalité), de maladies respiratoires chroniques, de blessures involontaires, d’attaques cérébrales, d’Alzheimer (la plus forte hausse de la mortalité, +15,7%), du diabète, de la grippe et de pneumonie, de maladies rénales, et de suicide.
L’espérance de vie a davantage diminué chez les hommes (0,2 année de vie perdue, soit 2 mois et demi) que pour les femmes (0,1 année de vie perdue, soit 1,2 mois). Les garçons nés en 2015 vivront ainsi en moyenne 76,3 ans, et les filles 81,2 ans. L’espérance de vie à 65 ans, en revanche, ne bouge pas: les personnes de cet âge peuvent espérer vivre encore 19,4 ans en moyenne, un peu plus pour les femmes que pour les hommes.

Mortalité infantile

La mortalité infantile a légèrement augmenté, mais la différence (589,5 décès pour 100.000 naissances vivantes, contre 582,1 en 2014) mais la différence «n’est pas significative», indiquent les experts. C’est cependant bien plus que la mortalité infantile observée dans d’autres pays riches: en 2014, la mortalité infantile était en Europe de l’Ouest d’environ de 300 à 370 enfants morts pour 100.000 naissances vivantes, et même de moins de 250 en Europe du Nord, selon la Banque mondiale. Par ailleurs, les États-Unis sont l’un des rares pays du monde, et le seul pays riche, où la mortalité infantile ne diminue pas. Quant à la mortalité maternelle, elle a augmenté dans des proportions inquiétantes selon une étude publiée en septembre, avec une hausse de 26,6% entre 2000 et 2014.

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Le Figaro santé, 08/12/2016

Article intégral en ligne : sante.lefigaro.fr/article/aux-etats-unis-l-esperance-de-vie-est-en-baisse

vendredi 9 décembre 2016

Quiz : savez-vous ce qui est permis ou interdit au nom de la laïcité ?

En France, la laïcité est un principe constitutionnel. Mais savez-vous comment il se traduit dans la vie quotidienne ?


Le 9 décembre, la Journée de la laïcité commémore en France la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. Savez-vous comment est appliqué ce principe dans la vie quotidienne et ce qu’il implique ? 
 


mercredi 7 décembre 2016

La pauvreté et les inégalités ont encore augmenté en France en 2015

Un Français sur sept vit avec moins de 60 % du revenu médian, selon les dernières estimations de l’Insee.


Le taux de pauvreté repart à la hausse, passant de 14,1 % à 14,3 % entre 2014 et 2015, selon une estimation de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publiée lundi 5 décembre. Désormais, plus d’un Français sur sept vit avec moins de 60 % du revenu médian, qui s’élève à 1 003 euros par mois pour une personne seule.
Après une baisse en 2013, cet indicateur retrouve les niveaux atteints en 2011 et 2012, après la crise financière mondiale. Selon l’Insee, la hausse observée « proviendrait principalement de l’augmentation du nombre de chômeurs vivant au-dessous du seuil de pauvreté, elle-même liée à celle du nombre de chômeurs de longue ou très longue durée ».


Les données publiées par l’Insee ne constituent pas des chiffres définitifs, mais des estimations basées sur une méthode expérimentale de microsimulation. Les derniers chiffres définitifs, publiés en septembre, portent sur l’année 2014. La France comptait alors 8,8 millions de personnes pauvres, selon cette définition. Il existe en effet plusieurs indicateurs : 60 % du revenu médian, 50 %, voire même 40 %, pour définir l’extrême pauvreté.