vendredi 29 mars 2019

Comprendre ce qu'est le droit voisin en cinq questions

La directive sur le droit d'auteur, qui vient d'être définitivement adoptée par le Parlement européen, permettra à la presse de négocier une meilleure répartition des revenus avec les grandes plateformes comme Google ou Facebook.


Après un long marathon législative, le Parlement européen vient de définitivement adopter la «directive droit d'auteur». Ce texte touffu contient un article qui concerne tout particulièrement les éditeurs de presse. La presse européenne dispose désormais des armes juridiques pour négocier avec les grandes plateformes internet (Google, Facebook, Twitter...) des compensations financières pour l'utilisation de leurs contenus. Les médias souhaitent en effet obtenir réparation alors que les GAFA captent la quasi-totalité du marché publicitaire en ligne. Lefigaro.fr fait le point.

 Que contient la directive droit d'auteur?
Ce texte européen, en gestation depuis deux ans, vise à dépoussiérer les règles européennes sur le droit d'auteur qui ont été pensées avant l'ère numérique. L'objectif global est de parvenir à une meilleure répartition de la valeur entre les différents acteurs d'Internet, et notamment entre les créateurs de contenus et les plateformes qui diffusent leurs chansons, vidéos, articles. Deux articles étaient particulièrement commentés. L'article 13 oblige les grandes plateformes à s'assurer qu'aucun contenu qu'elles diffusent ne viole le droit d'auteur des artistes. Elles devront aussi mieux les rémunérer. L'article 11, lui, vise à créer un droit voisin au droit d'auteur pour les éditeurs de presse.

● Qu'est-ce que le droit voisin pour la presse?
Le droit voisin vise à établir des accords de licence entre d'un côté les grandes plateformes et de l'autre, les médias. Aujourd'hui, Google ou Facebook peuvent référencer et diffuser des articles de presse mais aussi créer des produits autour, comme Google News, sans rien verser en retour aux éditeurs. Problématique, alors qu'ils sont devenus l'une des principales portes d'accès à l'information. C'est un peu comme si les radios pouvaient diffuser toute la musique qu'elles souhaitent, et engranger les revenus publicitaires afférents, sans jamais rémunérer les maisons de disques. Le droit voisin ayant été voté, les GAFA devront a priori régler des redevances aux médias, sur le modèle de la SACEM dans le monde de la musique. Les modalités exactes d'application de la directive seront laissées à l'appréciation de chaque État-membre de l'Union européenne.

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Source : Le Figaro, 26/03/2019.
Article intégral en ligne : http://www.lefigaro.fr

mercredi 27 mars 2019

Santé : l'espérance de vie stagne en France

Entre 2017 et 2018, le gain d’espérance de vie des Français est de 0,1 an. Cette tendance pourrait s’inscrire sur le long terme, selon une étude récemment publiée par l’Institut national d’études démographiques (Ined).

Les raisons du ralentissement de l’espérance de vie

L’espérance de vie à la naissance n’a augmenté que de 0,1 an entre 2017 et 2018, pour les femmes (85,4 ans) comme pour les hommes (79,5 ans). Sur les cinq dernières années, les hommes ont gagné 0,7 an et les femmes 0,4 an, un gain "modeste" selon les auteurs de l’étude.
Sur les cinq dernières années, trois épidémies de grippe, chacune ayant provoqué un surcroît de 20 000 décès, ont entraîné un recul de l’espérance de vie de 0,1 à 0,3. Cet effet est conjoncturel mais d’autres causes expliquent le ralentissement des progrès de l’espérance de vie.
Les gains d’espérance de vie liés aux progrès de la prévention et des traitements des maladies cardio-vasculaires atteignent leurs limites. Les cancers constituent aujourd’hui la principale cause de mortalité. Or l’étude pointe la relative stagnation de la mortalité par cancer, notamment en raison de la hausse des cancers liés au tabagisme chez les femmes. Selon l’Ined, la lutte contre le cancer est un facteur essentiel de la reprise d’une hausse significative de l’espérance de vie.

Un ralentissement généralisé dans les pays de l’Europe du Nord

Le ralentissement de l’espérance de vie touche d’autres pays, tels que la Suède ou le Danemark. L’exemple le plus marquant est celui des États-Unis, dont l’espérance de vie décroît depuis 2015. L’espérance de vie des hommes est proche de 76 ans, loin derrière la plupart des pays développés.
Les femmes françaises restent bien placées en Europe avec les Espagnoles et les Italiennes qui ont rattrapé puis distancé les Suédoises. Seules les Japonaises font sensiblement mieux avec une espérance de vie qui dépasse les 87 ans.

Source : Vie-publique.fr
En savoir + : https://www.ined.fr

lundi 18 mars 2019

Ma santé 2022. Une réforme qui fait la part belle au privé

Les députés entament ce lundi l’examen du projet de loi réformant l’organisation du système de santé. Un texte bien loin de répondre aux besoins et aux urgences.


Le projet de loi santé est débattu ce matin à l’Assemblée nationale. Enfin, partiellement, puisque le texte qui promet la transformation en profondeur des études de médecine et de l’organisation du système de santé est truffé d’ordonnances. Ainsi, le gouvernement a décidé de se passer de l’avis des parlementaires pour six articles d’une loi qui n’en comporte que vingt-trois. Elles portent sur des sujets « sensibles », tels la carte des futurs hôpitaux de proximité, la réforme de l’attribution des autorisations d’activités pour des hôpitaux ou le renforcement des missions des agences régionales de santé (ARS). Du coup, les députés comme la plupart des acteurs de santé ont l’impression d’avancer dans le brouillard.
« Il faut que le projet de loi soit clair pour que les décrets qui vont en découler et les ordonnances soient aussi limpides », s’inquiétait lors d’un grand débat, fin janvier, Patrick Bouet, le président de l’ordre des médecins, pourtant franc partisan de la réforme mais irrité comme bien d’autres de l’inflation d’ordonnances. Le nombre d’amendements augmente également : 1 600 propositions de modification du projet de loi ont été demandées par les députés. Le gouvernement lui-même en a ajouté une dizaine à son propre texte lundi dernier, juste avant son examen par la commission des Affaires sociales.
Sur bien des points, dont l’accès aux soins et le maintien des services publics de proximité, et face à la grande souffrance des soignants, le gouvernement sait qu’il est attendu au tournant.

Une réforme de la formation des médecins

La fin des déserts médicaux passera-t-elle par la réforme des études de médecine et la suppression du numerus clausus ? La refonte de la formation des futurs médecins ouvre en tout cas le projet de loi. 

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Source : L'Humanité.fr, 18/03/2019.
Article intégral en ligne : https://www.humanite.fr/ma-sante-2022-une-reforme-qui-fait-la-part-belle-au-prive-669450

samedi 16 mars 2019

Conditions de travail à l'hôpital : un problème de santé publique

Les conditions de travail des personnels du secteur hospitalier sont l’objet d’une attention croissante des pouvoirs publics et des chercheurs. L’étude de leur évolution fait apparaître un léger recul de l’exposition à certaines formes de pénibilité inhérentes aux missions de soin : les horaires décalés et les efforts physiques importants. En revanche, les personnels font face à une pression temporelle accrue, qui alimente un sentiment de « qualité empêchée » chez une part croissante de ces personnels. Rythme et qualité du travail sont ainsi en tension à l’hôpital.


par Samia Benallah, maître de conférences en économie, université de Reims Champagne-Ardenne, laboratoire REGARDS EA 6292
L’hôpital a connu, ces dernières décennies, de nombreuses réformes qui ont profondément bouleversé sa place dans le système de santé, son mode de financement ou encore son organisation interne. Les défis à relever pour le secteur hospitalier demeurent significatifs, et les contraintes économiques et financières qui pèsent sur l’hôpital sont loin de se desserrer. Vieillissement de la population, important développement des maladies chroniques, coût croissant des traitements et techniques de soins : les sources de croissance des dépenses de santé sont nombreuses. Cependant, outre la logique financière, qui a conduit à d’amples réorganisations du travail hospitalier, les pouvoirs publics ont également investi le champ de la qualité des soins et celui de la qualité de vie au travail.

Des conditions de travail sous surveillance publique

Parmi les défis à relever par l’hôpital, l’amélioration des conditions dans lesquelles les professionnels du secteur, en particulier les soignants, exercent leur travail est un enjeu majeur. Comme le considèrent certains chercheurs (Lamy S., Gaudemaris (de) R., Sobaszek A., Caroly S., Descatha A., Lang T., « Améliorer les conditions de travail à l’hôpital : ORSOSA, de la démarche de recherche à l’action de prévention », Santé publique, vol. 25, no 4, 2013, p. 389-397), la nécessité de cette amélioration relèverait même d’un enjeu de santé publique, pour au moins trois raisons. La première a trait à la préservation de la santé des travailleurs de l’hôpital dans un environnement de travail particulièrement pathogène, caractérisé par des contraintes fortes qui pèsent sur les organismes : travail de nuit, forte demande psychologique, travail intense et physiquement exigeant…
La deuxième concerne le risque de pénurie de main-d’oeuvre dans le secteur hospitalier qui résulte directement des conditions dégradées d’exercice du travail se traduisant par une forte insatisfaction. Celle-ci débouche sur un manque d’attractivité des emplois, des démissions et des départs prématurés en retraite, un niveau important de turn-over et d’absences pour raisons de santé, qui font peser la menace d’un manque durable de personnels et provoquent des désorganisations importantes au sein des hôpitaux (Estryn-Béhar M., Santé et satisfaction des soignants au travail en France et en Europe, Rennes, Presses de l’EHESP, 2008). La troisième considération découle directement des deux précédentes : le maintien de la qualité des soins dans un environnement de travail de plus en plus difficile et dans un contexte de manque d’effectifs devient problématique.
Dès le début des années 2000, la puissance publique s’est emparée du problème des conditions de travail à l’hôpital, notamment à travers la mise en place de dispositifs d’enquêtes nationales et européennes permettant de mieux connaître les contraintes qui pèsent sur les personnels du secteur. Ils ont permis de disposer d’informations fines concernant les conditions de travail et leur évolution mais aussi, plus généralement, l’organisation du travail au sein de ce secteur. Les initiatives de la puissance publique visant à l’amélioration des conditions de travail se sont également multipliées depuis le début des années 2010, en particulier autour des thèmes du dialogue social ou encore de la qualité de vie au travail. Le rapport commandé en 2013 par le ministère des Affaires sociales et de la Santé en est l’illustration (Couty E. et Scotton C., Le pacte de confiance pour l’hôpital : synthèse des travaux, Paris, La Documentation française, 2013).

Des contraintes de travail pathogènes, inhérentes aux missions de soin

L’étude des conditions de travail à partir de ces dispositifs d’enquête a permis de mettre en évidence leur caractère particulièrement pathogène. Les personnels sont en effet, dans leur grande majorité, confrontés à trois types de contraintes dont les effets délétères sur la santé sont démontrés par les études épidémiologiques : les horaires décalés et le travail posté, les efforts physiques importants et l’exposition à un environnement de travail malsain (pour une présentation détaillée des effets sur la santé et l’espérance de vie de ces trois types de condition de travail, on peut se référer à Lasfargues G., Départs en retraite et travaux pénibles, l’usage des connaissances scientifiques sur le travail et ses risques à long terme pour la santé, Centre d’études de l’emploi, 2005).

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Source : Vie-publique.fr
Article intégral en ligne : https://www.vie-publique.fr

jeudi 14 mars 2019

L’inégalité, ce fléau qui rend chacun de nous malheureux

Anxiété, obésité, toxicomanie, violence... Les signes de mal-être dans les sociétés « riches » sont légion. Dans « Pour vivre heureux, vivons égaux ! », les épidémiologistes Richard Wilkinson et Kate Pickett montrent que les inégalités sociales ont un impact délétère sur chaque individu. Entretien.

« Je ne sais pas comment je n’ai pas réalisé avant que tous les problèmes que je voyais étaient aggravés dans une société inégalitaire. » Pendant des années, Richard Wilkinson a compilé des données, dans son laboratoire. Et un jour, au milieu des années 1980, il a identifié le mal : les inégalités de revenus. Parce qu’elles entraînent des rapports plus violents entre les individus. Dans son premier best-seller, écrit avec Kate Pickett, « Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous », il décortiquait la manière dont les sociétés inégalitaires aggravent une grande partie des maux sanitaires et sociaux : violence, addictions, consumérisme… Dans ce deuxième opus, les deux chercheurs s’intéressent à l’individu.

Dans ce livre, vous changez de focale : de la société vers l’individu. Comment l’inégalité change-t-elle les rapports entre les individus, et produit de l’anxiété sociale ?

L’inégalité renforce l’importance donnée à la position sociale et aux classes sociales. Plus une société est hiérarchisée, plus l’idée que nous sommes classés en fonction de notre mérite intrinsèque est profondément ancrée, et plus chacun en vient à douter de sa valeur. Cela exacerbe la menace d’évaluation sociale et l’angoisse du statut. La timidité, la phobie sociale ou le doute sont beaucoup plus fréquents dans les sociétés inégalitaires.
Par exemple, aux États-Unis ou en Angleterre, on assiste à « une épidémie d’anxiété sociale ». Elle a des répercussions sur la santé. Entretenir des relations agréables et participer à des activités collectives sont aussi déterminants sur la santé que le fait de ne pas fumer. Des études expérimentales le montrent : des volontaires ont accepté de se voir infliger une blessure sur le bras. La lésion guérit moins rapidement chez ceux qui ont moins d’amis. On a aussi inoculé le virus du rhume par des gouttes nasales à d’autres volontaires. Ceux qui déclaraient avoir moins d’amis avaient quatre fois plus de chances de développer un rhume…

Vous dites qu’il y a un lien entre inégalités et de moindres relations amicales… En quoi ?

Dans les sociétés où règnent de très grands écarts de revenus, la vie locale est indigente. À l’inverse, les sociétés avec de faibles écarts sont beaucoup plus soudées. Leurs habitants ont plus de chance d’être impliqués dans des groupes de quartier ou des associations.

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Source : L'Humanité, 07/03/2019.
Article intégral en ligne : https://www.humanite.fr

mardi 12 mars 2019

Les Français dorment de moins en moins...et c’est mauvais signe

Une étude menée par Santé publique France montre que, pour la première fois, les Français dorment moins de 7 heures par nuit, soit la durée minimale recommandée pour une bonne récupération.


Entre l’attrait des écrans, le bruit des villes, le temps de travail et les trajets quotidiens, nous dormons de moins en moins. Selon une étude de Santé publique France publiée mardi, les Français dorment en moyenne 6 heures et 42 minutes chaque nuit. C’est la première fois que le temps de sommeil quotidien passe sous la barre des 7 heures, durée minimale recommandée pour une bonne récupération. Un déclin jugé «préoccupant» par Santé publique France. 

L’étude, parue dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, a consisté à interroger 12.600 personnes de 18 à 75 ans sur leur temps de sommeil. Il apparaît que celui-ci n’atteint que 6h34 en semaine et lors des périodes de travail, alors qu’il est de 7h12 le week-end et pendant les vacances. Même si l’on inclut les siestes, le temps moyen de sommeil quotidien reste inférieur aux 7 heures minimales recommandées. Toutefois, plus d’un quart des Français parviennent toutefois à faire la sieste pour compenser cette dette.

L’étude révèle aussi que la part des petits dormeurs est aussi en augmentation: plus d’un tiers des Français (35,9%) dorment moins de 6 heures. Un temps de sommeil insuffisant qui peut mettre en péril la santé. «On sait par de très nombreuses études épidémiologiques que dormir moins de 6 heures est associé à un risque plus élevé d’obésité, de diabète de type 2, d’hypertension, de pathologies cardiaques et d’accidents», soulignent dans un éditorial médecin du sommeil Damien Léger et le directeur général de Santé publique France, François Bourdillon. «Dormir moins de 6 heures réduit aussi la vigilance dans la journée, augmente l’irritabilité et perturbe les relations familiales ainsi que la qualité de vie et de travail» ajoutent-ils.



Le travail de nuit pointé du doigt

Comment expliquer cette diminution du temps sommeil? Selon Santé publique France, le travail de nuit est directement en cause. «En France, le nombre de travailleurs de nuit est passé de 3,3 millions en 1990 à 4,3 millions en 2013», indique l’agence. «Or, on sait que les travailleurs de nuit dorment en moyenne une heure de moins que les travailleurs de jour». Sans compter que le travail de nuit n’est pas anodin pour la santé. Récemment, un rapport de l’Anses a mis en évidence qu’il augmente significativement le risque de maladies métaboliques, cardio-vasculaires, d’accidents et, pour les femmes, de troubles lors de la grossesse et de cancer du sein.
Un autre facteur qui peut entraver la qualité du sommeil est le tabagisme. «Les fumeurs quotidiens, qu’ils soient peu ou fortement dépendants, sont fréquemment courts dormeurs (temps de sommeil total inférieur ou égal à 6h par 24h)», selon l’étude. En outre, les fumeurs quotidiens fortement dépendants sont également nettement plus sujets à l’insomnie.

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Source : Le Figaro, 12/03/2019.
Article intégral en ligne : http://sante.lefigaro.fr