samedi 30 septembre 2017

Contraception : la pilule, oui, mais de moins en moins

Les dernières données de l'agence Santé publique France montrent que la désaffection envers la pilule contraceptive se poursuit, au profit notamment des dispositifs intra-utérins.

La contraception reste, en France, très largement médicalisée. C’est l’enseignement majeur de données passionnantes que révèle l’agence sanitaire Santé publique France (1), ce lundi matin, à l’occasion de la Journée mondiale de la contraception, le 26 septembre, et cinquante ans après la légalisation de la contraception en France par la loi Neuwirth.

Nos experts de santé publique se sont posé deux questions basiques : d’abord, quelles sont les méthodes utilisées par les femmes en France ? Ensuite, ces méthodes ont-elles évolué, et en particulier depuis la «crise des pilules» de 2012 où des centaines de plaintes avaient été déposées contre les pilules de troisième et quatrième générations en raison de leur risque éventuel de thrombose ?

Trio gagnant : pilule, préservatif et dispositif intra-utérin

De fait, dans les méthodes contraceptives, le trio gagnant reste le préservatif, la pilule et le DIU (dispositif intra-utérin). Il n’empêche qu’à l’intérieur de ce trio, il y a de fortes évolutions, directement liées aux polémiques sur les effets secondaires des pilules de dernière génération en 2012. Si la pilule reste le moyen contraceptif le plus utilisé, son utilisation continue de baisser : en 2010, 45% des femmes utilisaient la pilule comme moyen de contraception, elles ne sont plus que 40,5% en 2013, et 36,5% en 2016. Des données, plutôt très fiables, provenant d’une enquête auprès d’un échantillon de 15 216 personnes âgées de 15 à 75 ans. Et les analyses portent sur 4 315 femmes âgées de 15 à 49 ans concernées par la contraception.
Qu’en déduire ? Est-ce un mouvement de fond ? Ou une adaptation qui se poursuit ? Depuis cinquante ans, le paysage contraceptif a en tout cas fortement évolué, rappelle Santé publique France. Depuis 1967, avec la légalisation de la contraception, les méthodes se sont progressivement diversifiées (implant, patch, anneau vaginal…). Et les femmes ont désormais plus d’une dizaine de choix possibles. «Pour autant, bien que l’éventail de solutions se soit élargi, c’est un peu toujours le même schéma contraceptif qui demeure : le préservatif à l’entrée dans la sexualité, la pilule au moment de la mise en couple, remplacée par le DIU une fois le nombre d’enfants désirés atteint», note Santé publique France.
Comme l’écrivait déjà la spécialiste Nathalie Bajos, épidémiologiste à l’INSERM, en 2014, «le débat médiatique de fin 2012, début 2013 sur les pilules n’a pas entraîné de désaffection vis-à-vis de la contraception : parmi les femmes concernées, seules 3% d’entre elles n’utilisaient aucun moyen contraceptif en 2013, soit la même proportion qu’en 2010 ».

Un report vers le DIU

Si l’on reste sur l’usage de la pilule, son recul, donc, se poursuit et il est significatif, mais celle-ci reste toujours la méthode de contraception la plus utilisée, en particulier chez les moins de 25 ans. Pour autant, on assiste à un report vers d’autres méthodes. En 2017, «cette désaffection profite aux autres moyens de contraception, notamment au DIU (+6,9 points), au préservatif (+4,7 points) et à l’implant (+1,9 point)».
Dans cette évolution, «ce sont parmi les 20-29 ans que les plus grands changements sont observés depuis 2010». Quand on s’attarde sur les femmes de 20-24 ans, l’utilisation de la pilule diminue ainsi de façon progressive entre 2010 et 2016, le report se faisant au profit de différentes méthodes : le DIU dont l’utilisation a fortement augmenté entre 2010 et 2013 (+3,6 points), l’implant qui a fortement progressé entre 2013 et 2016 (+5,5 points).
Chez les femmes de 25 à 29 ans, la baisse importante de l’utilisation de la pilule entre 2010 et 2013 s’est faite largement au profit du DIU (+9,8 points) et du préservatif (+8,6 points). Les femmes de 25 à 29 ans utilisent désormais le DIU dans les mêmes proportions que les femmes de 30 à 34 ans en 2010. Pour devenir même ensuite le premier contraceptif utilisé.

(...)

Libération, 25/09/2017.
Article intégral en ligne : http://www.liberation.fr/france/2017/09/25/contraception-la-pilule-oui-mais-de-moins-en-moins_1598677

 

jeudi 28 septembre 2017

Où en est l'accès à l'avortement dans le monde ?

Pour la Journée mondiale du droit à l'avortement, Le Figaro revient sur l'accès à l'interruption volontaire de grossesse. Un droit parfois bien fragile et accessible pour seulement 39,5% des femmes.

À l'occasion de la Journée mondiale pour le droit à l'avortement, des rassemblements sont organisés ce jeudi à Paris et dans 25 villes françaises, sous le slogan «les femmes décident». Des mouvements semblables se déroulent dans toutes les capitales européennes. Le Figaro dresse un état des lieux de cette pratique, généralisée en Occident mais encore interdite dans de nombreux pays.

• Dans le monde, 47.000 décès sont causés par des avortements non sécurisés

Entre 2010 et 2014, il y a eu 55,7 millions d'avortements par an dans le monde, ce qui représente un taux d'interruption volontaire de grossesse (IVG) d'environ 25%. Selon les chiffres de l'ONU et de l'ONG Guttmacher, 25,5 millions d'IVG sont non sécurisés. C'est-à-dire, d'après l'OMS, qu'il s'agit d'une interruption de grossesse pratiquée par des personnes non qualifiées ou dans un environnement non conforme aux normes médicales minimales. Ces avortements, effectués dans de mauvaises conditions, débouchent sur environ 47.000 décès par an.

En 2016, 39,5% des femmes ont eu un accès total à l'avortement à travers le monde. De nombreux pays en Afrique et en Amérique latine restreignent fortement cette pratique et une vingtaine d'entre eux l'interdise totalement. Des pays comme le Salvador ou le Suriname sont notamment dans le viseur de l'OMS pour leurs législations très sévères. Même en cas de viol ou d'inceste, une femme risque jusqu'à vingt ans de prison pour avoir mis un terme à sa grossesse. Le continent africain est également très restrictif, puisque seulement trois pays autorisent l'IVG sans restriction: le Malawi, la Tunisie et l'Afrique du Sud.

Si l'avortement est autorisé aux États-Unis, l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche inquiète les défenseurs de l'IVG. Depuis avril 2017, une loi autorise les États à interdire le transfert d'argent public à une clinique qui pratiquerait l'interruption volontaire de grossesse.

• En Europe, seuls Malte, l'Andorre et le Vatican interdisent totalement l'IVG

La majorité des pays membres de l'UE autorisent l'avortement sans restriction jusqu'à 10 ou 12 semaines de grossesse, 18 semaines en Suède et jusqu'à 24 semaines aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.

Mais des pays ont des législations plus drastiques. En Pologne, l'avortement n'est permis qu'en cas de viol, d'inceste, de danger pour la vie de la mère ou de malformation irréversible du fœtus. À Chypre également, l'avortement est illégal et ne peut être pratiqué que si deux médecins certifient que la grossesse présente un risque pour la femme ou l'enfant à naître. Il est toléré en cas de viol et d'inceste.

L'IVG reste totalement prohibé à Malte où, en cas d'infraction, la peine encourue va de 18 mois à trois ans de prison. En-dehors de l'UE, deux États européens sont dans le même cas: l'Andorre et le Vatican.

Après des années de débat, le gouvernement irlandais a annoncé mardi l'organisation en 2018 d'un référendum sur l'avortement, actuellement illégal dans le pays sauf en cas de menace pour la vie de la mère. Le viol, l'inceste ou la malformation du fœtus ne sont pas des raisons légales d'avorter, et une telle intervention constitue un crime passible de 14 ans de prison.

En Pologne, le gouvernement a tenté de restreindre l'accès à l'IVG à l'automne 2016, tout comme Madrid en 2015. Si ces procédures n'ont pas abouti, elles témoignent d'un droit pour les femmes européennes encore fragile, d'après de nombreuses associations. Une pétition ayant reçu environ 20.000 signatures réclame une harmonisation du droit européen sur la question. Elle sera transmise jeudi au Parlement européen.

• En France, le nombre d'avortements en baisse depuis trois ans

En France, l'accès à l'IVG est dépénalisé depuis 1975. De nombreuses autres lois ont depuis été promulguées afin de protéger davantage les femmes qui y ont recours. En 2016, selon la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DRESS), 210.149 avortements ont été pratiqués en France, dont 197.777 en métropole.
(...)

Le Figaro, 28/09/2017.
Article intégral en ligne : http://www.lefigaro.fr

DOC HEBDO N°136 du 28 septembre au 11 octobre 2017

Retrouvez et téléchargez le bulletin numérique de revue de presse DOC HEBDO N°136 du DPFI de Lormont qui présente l'actualité dans les domaines de la santé, de société, du social, de l'emploi, de l'éducation, de l'emploi et de l'économie du 28 septembre au 11 octobre 2017 via ce lien :
https://drive.google.com/doc_hebdo_136_28_sept_au_11_oct_2017