vendredi 29 janvier 2016

Exposition virtuelle : la laïcité en questions

La laïcité est-elle l'ennemie des religions ? Pourquoi interdire les signes d'appartenance à l'école ? Peut-on tout tolérer ? À partir d'une abondante iconographie, l'exposition virtuelle « La laïcité en questions » proposée par la Bibliothèque nationale de France (BnF) a pour objectif d'encourager la réflexion sur la laïcité et de répondre aux questions qui alimentent les débats qu'elle suscite. 


Connaître la genèse de la laïcité pour mieux comprendre le monde actuel. Les experts du sujet qui ont réalisé cette exposition rappellent que ce principe de droit est inscrit dans la Constitution.


Le site propose :
  • des pistes pédagogiques pour les enseignants (La laïcité ennemie des religions ? Quelles sont les limites à la liberté d'expression ? Peut-on rire de tout ?) ;
  • les textes de référence internationaux et nationaux (déclaration universelle des droits de l'Homme du 10 décembre 1948, déclaration des droits de l'Homme et du citoyen du 26 août 1789...) ;
  • un recueil de textes choisis pour aider à répondre à nos questions ( Montesquieu, Voltaire, Condorcet, Hugo...) ;
  • des documents à télécharger comme la charte de la laïcité expliquée aux enfants.
 En savoir plus : http://classes.bnf.fr/laicite/index.htm

Tout ce que vous avez demandé à savoir sur le virus Zika


Vous nous avez posé de nombreuses questions sur le virus Zika, nous avons consulté des experts pour vous répondre. 

• Nadia Mamitahina: Depuis combien de temps le virus Zika existe-t-il?

Le virus a été identifié pour la première fois en 1947 sur un macaque dans une forêt ougandaise qui lui a donné son nom. Les premiers cas humains connus remontent à 1952 dans le même pays et en Tanzanie. Des cas ont depuis été observés en Afrique (Sénégal, Ouganda, Nigeria, Côte d'Ivoire, Gabon, Tanzanie, Égypte, République centrafricaine, Sierra Leone…) mais n'ont pas donné lieu à de grandes épidémies.
Un autre lignage de Zika (avec quelques différences génétiques de son cousin africain) circule aussi en Asie (Cambodge, Inde, Indonésie, Malaisie, Pakistan, Philippines, Singapour, Thaïlande et Vietnam). C'est celui-ci qui est à l'origine des épidémies en Micronésie dans le Pacifique en 2007, puis en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie en 2013-2014, et aujourd'hui, en Amérique du Sud et dans les Caraïbes.

• Anis Solaire: Bonjour, quels seraient les traitements?

Il n'existe pas de traitement spécifique de l'infection à virus Zika. Le traitement proposé vise à réduire les symptômes. Il repose sur l'hydratation, le paracétamol jusqu'à 4g/j si fièvre ou douleurs et des antihistaminiques en cas de démangeaisons.

Généraliser l’allaitement sauverait plus de 800 000 enfants par an

Allaiter au sein ou au biberon est sans doute une question de choix individuel, du moins pour les mères libres (sur le plan matériel, professionnel ou familial) de cette décision. Mais c’est aussi une question de santé publique. Une nouvelle étude internationale, agrégeant les données recueillies dans 164 pays, conclut que généraliser l’allaitement maternel pourrait éviter, chaque année, la mort de 823 000 enfants de moins de cinq ans dans le monde, en même temps que prévenir plusieurs pathologies infantiles. Cette pratique réduirait aussi de 20 000 le nombre annuel de décès par cancer du sein.




Une vaste étude met en évidence le bénéfice sanitaire d’une nourriture au sein, dans les pays riches comme pauvres.
Une vaste étude met en évidence le bénéfice sanitaire d’une nourriture 
au sein, dans les pays riches comme pauvres. MADS NISSEN / AFP

Publiée vendredi 29 janvier dans la revue médicale The Lancet, cette « méta-analyse », financée par la fondation Bill et Melinda Gates ainsi que par le Wellcome Trust britannique, conforte les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui préconise un allaitement maternel exclusif jusqu’à l’âge de six mois, puis un allaitement partiel jusqu’à deux ans. Elle confirme l’estimation, déjà avancée dans de précédents travaux et retenue par l’OMS, de 800 000 décès d’enfants évitables.
Son intérêt majeur est de mettre en lumière le fait qu’il ne s’agit pas seulement, comme on l’imagine parfois, d’une problématique de pays en développement. « Il existe une idée fausse très répandue selon laquelle les bénéfices de l’allaitement maternel ne concernent que les pays pauvres. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité, souligne Cesar Victora (université fédérale de Pelotas au Brésil), qui a dirigé l’équipe scientifique. Notre travail montre clairement que l’allaitement maternel sauve des vies et de l’argent dans tous les pays, riches aussi bien que pauvres. »

Un enfant sur cinq allaité dans les pays riches

 

A l’échelle de la planète, donner ou non la tétée à son nourrisson, jusqu’à un âge plus ou moins avancé, apparaît bien déterminé, au-delà des facteurs culturels, par le niveau de ressources. Globalement, relève l’étude, un peu plus d’un enfant sur cinq seulement est allaité au sein – au moins partiellement – jusqu’à douze mois dans les pays à revenus élevés, alors qu’ils le sont quasiment tous dans les pays à faibles ou moyens revenus. Pour autant, dans ces derniers, seul un enfant sur trois est nourri exclusivement au sein jusqu’à six mois. Au-delà de vingt mois, quatre enfants sur dix ne reçoivent plus de lait maternel dans les pays à bas revenus, et plus de huit sur dix dans ceux à hauts revenus.


Pourcentage d'enfants nourris au moins partiellement au sein à douze mois.
Ce tableau général recouvre bien sûr de fortes disparités. Au sein des pays riches, le taux d’allaitement maternel des enfants d’un an est le plus faible au Royaume-Uni (0,5 %), en Irlande (2 %) et au Danemark (3 %), très en-deçà des scores du Japon (60 %), de la Norvège (35 %), de la Finlande (34 %), des Etats-Unis (27 %), de l’Espagne (23 %) ou de l’Allemagne (23 %). En France, ce pourcentage n’est que de 9 % et une précédente étude, parue en septembre 2015, le situait même autour de 5 %.

Enjeux sanitaires considérables

 

Or, les enjeux sanitaires sont considérables. Les données compilées par les chercheurs indiquent que dans les pays pauvres, le risque de mortalité, dans les six premiers mois, est huit fois inférieur lorsque les nourrissons bénéficient d’un allaitement maternel complet, par rapport à ceux qui en sont totalement privés. La tétée éviterait, en particulier, la moitié des épisodes de diarrhée et un tiers des infections respiratoires.
Les pays riches, même si la mortalité infantile y est beaucoup plus faible, n’en sont pas moins concernés. Car l’allaitement y réduit de 36 % le risque de mort subite du nourrisson, et de 58 % celui d’entérocolite nécrosante, une perte de tissus de la muqueuse intestinale surtout observée chez les prématurés et parfois mortelle.
Il en va aussi de la bonne santé ultérieure des enfants. Le lait maternel assure une protection « probable » – les auteurs sont moins affirmatifs sur ce point – contre le surpoids et l’obésité, de même que contre le diabète.
Les mères elles-mêmes, poursuivent les chercheurs, tireraient bénéfice d’une généralisation de l’allaitement au sein. Celle-ci permettrait d’éviter non seulement 20 000 décès annuels par cancer du sein – le plus fréquent chez la femme –, mais encore de les protéger contre le cancer de l’ovaire.

Des milliards de dollars d’économie aux États-Unis

 

A la santé s’ajoute l’économie. Les auteurs ont calculé qu’aux États-Unis par exemple, porter à 90 % le taux d’allaitement maternel des nourrissons de moins de six mois (contre 49 % aujourd’hui) économiserait au système de santé américain au moins 2,4 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros) par an du fait de la réduction des maladies infantiles.
L’étude rappelle également l’ampleur du marché des substituts de lait maternel. Il était, en 2014, de près de 45 milliards de dollars, et pourrait dépasser 70 milliards en 2019. C’est l’une des clés du problème : « La saturation des marchés dans les pays riches a poussé les industriels à pénétrer rapidement les marchés émergents », observe le Dr Nigel Rollins, de l’OMS. Une politique commerciale agressive qui sape les efforts pour améliorer les taux d’allaitement maternel.
Aussi les chercheurs préconisent la mise en place de politiques en faveur de l’allaitement au sein « à tous les niveaux, famille, communauté, travail, gouvernement ». Et l’inscription de cette pratique parmi les « objectifs du développement durable ».
« L’intérêt de cette étude est de donner une vue mondiale de la question de l’allaitement, pour les enfants et pour les mères, commente Sandra Wagner, épidémiologiste à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Elle en rappelle les bénéfices aux mères, mais aussi aux responsables des politiques publiques. » Ce qui n’enlève rien au libre-arbitre des femmes devant le choix de l’allaitement.

Pierre Le Hir, Le Monde, 29/01/2016.

Le mal-logement, reflet et accélérateur des inégalités

Dans son 21ème rapport annuel sur le mal-logement en France, dévoilé ce jeudi 28 janvier 2016, la fondation Abbé Pierre alerte, notamment, sur le décrochage des personnes en situation d'extrême pauvreté, contraints de choisir entre se loger, se nourrir ou se soigner.



© Phovoir
A un et demi de la fin du quinquennat, le 21ème rapport annuel sur le mal-logement de la fondation Abbé Pierre sonne comme un compte à rebours. « Il faut mettre à l’abri tous ceux qui sont en difficulté et il faut engager une véritable politique structurelle pour enrayer ce processus d’exclusion par le logement », a déclaré Christophe Robert, délégué général de la fondation, à l’occasion de la publication du rapport, remis mercredi 27 janvier au président de la République.

Décrochage des plus précaires

 

Le bilan chiffré – 3,8 millions de mal-logés en France et plus de 15 millions touchées par la crise du logement – alerte en particulier sur la situation des plus pauvres. « Il y a une aggravation du mal-logement qui touche avant tout les classes populaires », insiste Christophe Robert. Ainsi, le taux d’effort net moyen (le loyer et les charges, auxquels on soustrait les allocations logement) des ménages les plus pauvres atteint 55,9 %, soit plus de trois fois plus que la moyenne des Français (17,5 %). Il est deux fois élevé pour l’ensemble des ménages modestes. Dans le même temps, l’extrême pauvreté, c’est-à-dire les personnes touchant moins de 660 euros par mois et par personne, qui avait diminué entre 1996 et 2002, est repartie à la hausse. Logiquement, les impayés se concentrent sur ces mêmes catégories.

Peur de la rétrogradation

 

Pesant toujours plus lourdement sur le budget des Français, le logement est devenu un accélérateur du basculement vers la précarité. Un danger qui se traduit par la peur de la « rétrogradation », voire « de la colère, colère qui s’est récemment exprimée dans les urnes », comme le note le délégué général de la fondation. Le rapport en conclut que « les politiques publiques ne font pas de la lutte contre les inégalités un objectif central », alors que « la redistribution des richesses constitue un levier efficace, comme le montre l’impact de la politique fiscale entre 2012 et 2014 qui a contribué même modestement à la réduction des inégalités ».

Conséquences en chaîne

 

Ce 21ème rapport consacre un chapitre entier à l’impact du mal-logement sur la santé. « Les problèmes de logement et de santé s’alimentent mutuellement (…) entraînant les personnes dans une spirale d’exclusion », affirment les auteurs du rapport, qui détaillent des situations de saturnisme, d’isolement social ou encore de maladies mentales et de handicaps aggravés par le logement temporaire.
Par ailleurs, il rappelle que différentes études, notamment le rapport 2014 de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles (ZUS), ont démontré que le fait de résider dans des ZUS – toute chose égale par ailleurs – la probabilité de se déclarer en mauvaise santé. Par exemple, le risque d’obésité est 2,3 fois supérieur. Mais si les problèmes de santé et de logement s’alimentent mutuellement, ils dépendent de politiques et de dispositifs totalement dissociés sur le terrain. « La politique d’expulsion des bidonvilles vient aggraver la santé, déjà très précaire, des personnes qui s’y abritent », souligne ainsi Manuel Domergue, directeur des études à la fondation Abbé Pierre.
Soixante-deux ans après l’appel historique de son fondateur en faveur des sans-abri, la fondation Abbé Pierre exhorte, une nouvelle fois, les pouvoirs publics à agir, en particulier en construisant des logements sociaux réellement accessibles aux ménages les plus modestes, et en mettant en place, quand cela est nécessaire, un accompagnement durable à l’entrée dans le logement afin d’assurer le succès de la démarche.

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La loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie définitivement adoptée

Le Parlement a définitivement adopté mercredi 27 janvier une proposition de loi PS-LR accordant de nouveaux droits aux personnes en fin de vie, plus de dix ans après la loi Leonetti de 2005.

Adoptée à l’issue d’un long et houleux processus d’élaboration entamé en 2012, elle ne constitue ni l’avancée décisive espérée par les partisans d’un « droit à mourir » ni le statu quo défendu par les pro-vie.
  • Ni euthanasie, ni suicide assistée

Les sénateurs se sont définitivement prononcés en faveur d’un texte instaurant un droit à la « sédation profonde et continue » jusqu’au décès pour les malades en phase terminale, ainsi que des directives anticipées contraignantes. « On va passer d’un devoir des médecins à un droit des malades », explique le député Jean Leonetti (LR), coauteur de la proposition de loi avec son homologue Alain Claeys (PS).
Stricte traduction d’un engagement de campagne du candidat Hollande en 2012 qui promettait le droit à une « assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité », le texte n’autorise ni l’euthanasie ni le suicide assisté, au grand dam d’une partie des parlementaires de gauche.
  • Autre grande réforme sociétale du quinquennat

En décembre 2014, plus d’un an et demi après le vote du mariage homosexuel, le chef de l’Etat avait souhaité que l’autre grande réforme sociétale de son quinquennat se fasse dans un « esprit de rassemblement ». Marginalisés par ce choix, le premier ministre Manuel Valls et la ministre de la santé Marisol Touraine, tous deux signataires en 2009 d’une proposition de loi prévoyant une « aide active à mourir », n’ont cessé de répéter que cette loi de consensus devait être vue comme une « étape ».
Lire aussi : Fin de vie : députés et sénateurs s’accordent sur un texte commun
En dépit des – vaines – tentatives de députés de gauche d’instaurer une aide active à mourir, et celles de sénateurs de droite pour neutraliser un texte soupçonné de permettre des pratiques euthanasiques, la version adoptée mercredi est finalement assez proche de celle que François Hollande avait appelée de ses vœux. « Nous avons levé les inquiétudes et les ambiguïtés sans dénaturer le texte », expliquait Jean Leonetti le 19 janvier, à l’issue d’une commission mixte paritaire qui venait d’harmoniser les positions des deux Chambres sur le sujet.
  • Pour les patients atteints d’une « affection grave et incurable »

Concrètement, la nouvelle loi va mettre en place ce que M. Leonetti appelle un « droit de dormir avant de mourir pour ne pas souffrir ». Si cette pratique sédative existe déjà dans les hôpitaux français, « elle est loin d’être générale et homogène », avaient constaté les deux auteurs de la proposition de loi.
Désormais un médecin ne pourra pas s’opposer à une demande de sédation profonde et continue de la part d’un patient atteint d’une « affection grave et incurable », dont le « pronostic vital est engagé à court terme » et qui présente une « souffrance réfractaire aux traitements ». Ou lorsque sa « décision d’arrêter un traitement engage son pronostic vital à court terme et est susceptible d’entraîner une souffrance insupportable ».
  • Critiques des pro-euthanasie et des pro-vie

Cette sédation, qui devra être accompagnée d’un arrêt de tous les traitements, y compris de l’alimentation et de l’hydratation artificielles, a concentré depuis un an les critiques des pro-euthanasie et des pro-vie. L’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) a regretté que le nouveau texte, « fruit d’un consensus mou », propose « pour seule issue la déshydratation et la dénutrition ». La loi Claeys-Leonetti va « encourager une pratique abracadabrantesque de l’euthanasie », juge le sociologue Philippe Bataille, très critique envers la nouvelle loi.
Au collectif pro-vie Soulager mais pas tuer, on estime que ce droit à la sédation « reste très ambigu, les parlementaires ayant refusé de préciser que l’intention de la sédation ne doit pas être de provoquer la mort ». « Quels que soient les limitations légales et les garde-fous, les médecins pourront de moins en moins refuser d’introduire un patient, à sa demande, dans cette antichambre sédative prémortuaire », déplore Damien Le Guay, le président du Comité national d’éthique du funéraire dans une tribune au Figaro. « Avec ce droit à une sédation terminale, des situations inextricables vont apparaître », prévient-il.
  • La sédation « n’est pas responsable du décès »

A ces différentes critiques, Bernard Devalois, le chef de service de l’unité de soins palliatifs de l’hôpital de Pontoise (Val-d’Oise), répond qu’il s’agit d’une « sédation palliative ou bientraitante car elle n’est pas responsable du décès. Sauf évidemment si les sédatifs utilisés sont volontairement très largement surdosés », ajoute-t-il, regrettant au passage que les parlementaires aient renoncé à mettre en place un dispositif de contrôle a posteriori des pratiques sédatives, afin d’« évaluer le dispositif et ses éventuelles dérives ».
  • Le refus d’acharnement thérapeutique renforcé

Les directives anticipées, par lesquelles il est possible de faire connaître son refus d’un acharnement thérapeutique – jusque-là simplement indicatives – s’imposeront désormais au médecin, sans être toutefois opposables. Le soignant pourra en effet y déroger « en cas d’urgence vitale pendant le temps nécessaire à une évaluation complète de la situation » et lorsqu’elles « apparaissent manifestement inappropriées ou non conformes à la situation médicale ». Ce refus devra être pris à l’issue d’une procédure collégiale et figurer noir sur blanc dans le dossier médical du patient.
Plusieurs aspects de la loi doivent encore être précisés par décret, dont la formulation du futur formulaire-type de directives anticipées. Une parution espérée d’ici à juin par M. Claeys.
François Béguin, Le Monde, 27/01/2016.

DOC HEBDO N°68 - du 28 janvier au 3 février 2016

Retrouvez et téléchargez le bulletin numérique de revue de presse DOC HEBDO N°68 du DPFI de Lormont qui présente l'actualité dans les domaines de la santé, de société, du social, de l'emploi, de l'éducation, de l'emploi et de l'économie du 28 janvier au 3 février 2016 via ce lien :
 Doc Hebdo N°68_28 janv au 3 fev 2016 DPFI Lormont GRETA Nord Aquitaine

Retrouvez les anciens numéros du Doc Hebdo sur cette page : http://actu33.blogspot.fr/p/doc-hebdo-du-dpfi.html

 

mercredi 27 janvier 2016

Fin de vie : ce que va changer la nouvelle loi Claeys-Leonetti

Ce ne sera ni l’avancée décisive espérée par les partisans d’un « droit à mourir », ni le statu quo défendu par les pro-vie. Plus de dix ans après la loi Leonetti, à l’issue d’un long et houleux processus d’élaboration entamé en 2012, la France devrait se doter, mercredi 27 janvier, d’une nouvelle loi sur la fin de vie.


Sauf coup de théâtre au palais du Luxembourg, une majorité de députés puis de sénateurs issus de la majorité et de l’opposition devraient définitivement se prononcer en faveur d’un texte instaurant un droit à la « sédation profonde et continue » jusqu’au décès pour les malades en phase terminale, ainsi que des directives anticipées contraignantes. « On va passer d’un devoir des médecins à un droit des malades », explique le député Jean Leonetti (LR), coauteur de la proposition de loi avec son homologue Alain Claeys (PS).
Stricte traduction d’un engagement de campagne du candidat Hollande en 2012 qui promettait un droit à une « assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité », le texte n’autorisera ni l’euthanasie ni le suicide assisté, au grand dam d’une partie des parlementaires de gauche.
En décembre 2014, plus d’un an et demi après le vote du mariage homosexuel, le chef de l’Etat avait souhaité que l’autre grande réforme sociétale de son quinquennat se fasse dans un « esprit de rassemblement ». Marginalisés par ce choix, le premier ministre Manuel Valls et la ministre de la santé Marisol Touraine, tous deux signataires en 2009 d’une proposition de loi prévoyant une « aide active à mourir », n’ont cessé de répéter que cette loi de consensus devait être vue comme une « étape ».

Arrêt de tous les traitements

En dépit des – vaines – tentatives de députés de gauche d’instaurer une aide active à mourir, et celles de sénateurs de droite pour neutraliser un texte soupçonné de permettre des pratiques euthanasiques, la version sur laquelle vont se prononcer les deux Chambres mercredi est finalement assez proche de celle que François Hollande avait appelée de ses vœux. « Nous avons levé les inquiétudes et les ambiguïtés sans dénaturer le texte », expliquait Jean Leonetti le 19 janvier à l’issue d’une commission mixte paritaire qui venait d’harmoniser les positions des deux Chambres sur le sujet.
Concrètement, la nouvelle loi va mettre en place ce que le maire d’Antibes appelle un « droit de dormir avant de mourir pour ne pas souffrir ». Si cette pratique sédative existe déjà dans les hôpitaux français, « elle est loin d’être générale ni homogène », avaient constaté les deux auteurs de la proposition de loi.
Désormais un médecin ne pourra pas s’opposer à une demande de sédation profonde et continue de la part d’un patient atteint d’une « affection grave et incurable », dont le « pronostic vital est engagé à court terme » et qui présente une « souffrance réfractaire aux traitements ». Ou lorsque sa « décision d’arrêter un traitement engage son pronostic vital à court terme et est susceptible d’entraîner une souffrance insupportable ».
Cette sédation, qui devra être accompagnée d’un arrêt de tous les traitements, y compris de l’alimentation et de l’hydratation artificielle, a concentré depuis un an les critiques des pro-euthanasie et des pro-vie. L’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) a regretté que le nouveau texte, « fruit d’un consensus mou », ne propose « pour seule issue la déshydratation et la dénutrition ». La loi Claeys-Leonetti va « encourager une pratique abracadabrantesque de l’euthanasie », juge le sociologue Philippe Bataille, très critique envers la nouvelle loi.

« Des situations inextricables vont apparaître »

Au collectif pro-vie Soulager mais pas tuer, on estime que ce droit à la sédation « reste très ambigu, les parlementaires ayant refusé de préciser que l’intention de la sédation ne doit pas être de provoquer la mort ». « Quels que soient les limitations légales et les garde-fous, les médecins pourront de moins en moins refuser d’introduire un patient, à sa demande, dans cette antichambre sédative prémortuaire », déplore Damien Le Guay, le président du comité national d’éthique du funéraire dans une tribune au Figaro. « Avec ce droit à une sédation terminale, des situations inextricables vont apparaître », prévient-il.
A ces différentes critiques, Bernard Devalois, le chef de service de l’unité de soins palliatifs de l’hôpital de Pontoise (Val-d’Oise) répond qu’il s’agit d’une « sédation palliative ou bientraitante car elle n’est pas responsable du décès. Sauf évidemment si les sédatifs utilisés sont volontairement très largement surdosés », ajoute-t-il, regrettant au passage que les parlementaires aient renoncé à mettre en place un dispositif de contrôle a posteriori des pratiques sédatives, afin d’« évaluer le dispositif et ses éventuelles dérives ».
Les directives anticipées, par lesquelles il est possible de faire connaître son refus d’un acharnement thérapeutique – jusque-là simplement indicatives – s’imposeront désormais au médecin, sans être toutefois opposables. Le soignant pourra en effet y déroger « en cas d’urgence vitale pendant le temps nécessaire à une évaluation complète de la situation » et lorsqu’elles « apparaissent manifestement inappropriées ou non conformes à la situation médicale ». Ce refus devra être pris à l’issue d’une procédure collégiale et figurer noir sur blanc dans le dossier médical du patient. Après le vote, plusieurs aspects de la loi devront encore être précisés par décret, dont la formulation du futur formulaire-type de directives anticipées. Une parution espérée d’ici juin par M. Claeys.


François Béguin, Le Monde 27/01/2016.

8 graphiques pour comprendre la démographie française

L’Insee a publié mardi 19 janvier le bilan démographique de la France en 2015. Et il n’est pas très bon. Si notre pays se distingue encore par sa vitalité démographique, celle-ci est en perte de vitesse, avec à la fois moins de naissance et, surtout, davantage de décès, qui ont pour conséquence rare de faire diminuer l’espérance de vie. Voici ce qu’il faut retenir de ce rapport.



Dans la maternité d'un hôpital de Lens, en septembre2013. L’Insee a dévoilé mardi le bilan démographique de la France en 2015, qui se traduit par une hausse de la mortalité et une diminution de l’espérance de vie, phénomène rare.

66,6 millions de Français

C’est le nombre de Français au 1er janvier 2016, selon l’Insee. La population française est en croissance continue et a augmenté de 247 000 personnes entre 2014 et 2015. En Europe, la France est ainsi le deuxième pays le plus peuplé derrière l’Allemagne (81,2 millions d’habitants) et devant le Royaume-Uni (64,8 millions).


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