samedi 27 février 2016

Catherine Frot, Vincent Lindon, « Fatima »... Les primés de la 41e Nuit des Césars

La 41e édition des Césars, les plus prestigieuses récompenses du cinéma français, s’est tenue vendredi 26 février au Théâtre du Châtelet à Paris. Au total, quelque 4 200 professionnels du 7e art ont voté pour récompenser les performances les plus marquantes de l’année écoulée.

Le palmarès en bref :
  • Meilleur film : Fatima de Philippe Faucon, repart avec la statuette. Le long-métrage, inspiré de Prière à la lune (2006) et Enfin, je peux marcher seule (2011) de Fatima Elayoubi, relate le parcours d’une immigrée maghrébine et de sa famille en France.
  • Meilleur réalisateur : Arnaud Desplechin remporte ce César pour Trois souvenirs de ma jeunesse. Dans son film, récit initiatique et oeuvre sur l’amour, le cinéaste plonge dans l’adolescence des personnages de son long-métrage de 1996 Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle).
  • Meilleure actrice : Catherine Frot, 59 ans, a été récompensée pour son rôle dans Marguerite. Elle y incarne une aristocrate vieillissante, persuadée d’être une chanteuse d’opéra talentueuse.
  • Meilleur acteur : Vincent Lindon, 56 ans, a été honoré pour sa prestation dans La Loi du marché, où il campe un ancien chômeur devenu d’agent de sécurité dans un supermarché.
  • Meilleur film étranger : Birdman du Mexicain Alejandro Gonzalez Iñarritu est une comédie noire aux accents fantastiques sur un ex-acteur ayant incarné un super-héros qui veut renouer avec la gloire au théâtre.
  • Meilleur acteur dans un second rôle : Benoît Magimel, 41 ans, a obtenu la statuette pour son intérprétion d’un éducteur spécialisé ui-même confronté à la délinquance dans sa jeunesse dans La Tête haute.
  • Meilleure actrice dans un second rôle : Sidse Babett Knudsen a été récompensée pour sa performance dans L’Hermine ». L’actrice de 47 ans y incarne une médecin appelée à siéger comme jurée dans une cour d’assise dirigée par le très bougon Xavier Racine (Fabrice Luchini).
  • Meilleur premier film : Mustang, de la réalisatrice franco-turque Deniz Gamze Ergüven, narre l’odyssée de cinq soeurs pleines de vie que l’on veut marier de force dans un village de Turquie.
  • Meilleur film d’animation : Le Petit Prince, réalisé par Mark Osborne, invente une histoire inspirée du célèbre conte de Saint-Exupéry. L’idée ? Partir du principe que l’aviateur est resté vivant et passe son temps à observer les étoiles avec son télescope.
  • Meilleur espoir féminin : la comédienne Zita Hanrot, 26 ans, a remporté le titre pour son rôle dans Fatima, de Philippe Faucon, où elle incarne la fille aînée d’une femme de ménage immigrée.
  • Meilleur espoir masculin : pour son premier rôle, Rob Paradot interprète un adolescent délinquant dans La Tête haute, d’Emmanuelle Bercot. Une belle marque de reconnaissance pour celui qui était en CAP de menuiserie lorsqu’il a été repéré, à 18 ans.
Le Monde, 26/02/2016.


vendredi 26 février 2016

Pourquoi les ados se font-ils mal ?

Les comportements autodestructeurs – anorexie, scarifications, mutilations – sont une façon pour l’adolescent d’agir sur sa vie. Des outils existent pour mieux les prévenir. L’adolescence se caractérise par un début d’autonomie, et donc par une nouvelle distance relationnelle aux parents. En ce sens, elle représente un puissant révélateur : l’adolescent met à l’épreuve ses propres ressources, c’est-à-dire ce dont il hérite de sa famille et de son enfance. Même s’il va bien, il voit vaciller son sentiment de sécurité interne, son image de lui-même, autrement dit sa confiance en lui et dans les autres. Les pathologies psychiatriques de l’adolescence, par les vulnérabilités qu’elles expriment, ne font que redoubler cet effet révélateur de l’adolescence normale.


Parfois apparaissent des conduites qui paraissent inhabituelles à l’entourage : le retrait, l’évitement subi des liens habituels, le dénigrement de soi, de ses compétences ainsi que toutes les formes d’attaque du corps qui vont des accoutrements provocants jusqu’aux scarifications en passant par la trichotillomanie (l’arrachage compulsif de ses poils) ou l’anorexie mentale ; la tentative de suicide en étant la forme extrême.

Menace sur le territoire

 

Les apprentissages scolaires sont également une voie privilégiée d’expression : basculement soudain d’une réussite en son contraire. Il en est de même de la qualité des relations sociales et notamment des liens avec les objets d’attachement privilégiés. On assiste à ce renversement plus ou moins brutal de la proximité et de la dépendance affective en son contraire avec souvent un caractère ostentatoire et provocant qui désarçonne les parents et les déçoit. Déception que l’adolescent semble tout faire pour renforcer en se montrant de plus en plus difficile…
Les facteurs déclenchant de ces conduites sont souvent difficiles à cerner. La puberté en elle-même est un facteur, en ce sens où elle correspond à une variation de la relation à quiconque représentait jusque-là un repère ou un appui : parents, mais aussi professeurs, amis, etc. L’adolescent peut alors se sentir « débordé » par les autres, ou, en miroir, confronté à une menace de soumission aux autres. Si ces ressources, conjuguées aux soutiens environnementaux de l’adolescent, sont insuffisantes pour contenir la tension que cette situation fait peser sur son équilibre psychique, il peut survenir un douloureux vécu d’impuissance.
À ce vécu d’impuissance, l’adolescent répond comme l’animal qui perçoit une menace sur son territoire. L’être humain considère comme son « territoire » tout ce à quoi il confère une valeur : sa famille, ses croyances, mais aussi bien son club de foot, sa bande de copains, etc. Quand il se sent menacé sur ce territoire, il a tendance à vouloir reprendre activement la main sur ce qu’il a eu le sentiment de subir. Il éprouve la nécessité de se percevoir à nouveau comme acteur de sa vie, afin d’éviter l’effondrement ou la désorganisation. La destructivité est la forme la plus accessible de cette maîtrise. Si le plaisir et le succès sont toujours aléatoires, comme tout ce qui est de l’ordre de la vie, car ils dépendent de la réponse des autres, le déplaisir, l’échec provoqué et l’autodestruction sont toujours sûrs, surtout quand on les provoque soi-même. Plutôt s’infliger soi-même ce que l’on craint de subir que de se le voir imposer par autrui. Ce n’est pas un choix mais cela peut devenir la tentation d’en faire ce que le psychanalyste américain Erik Erickson appelait une « identité négative ».

Anesthésique émotionnel

 

Toutes ces conduites ont également en commun de prendre la forme d’une amputation d’une partie des acquis et des potentialités dans l’un des trois champs nécessaires au développement : le corps, les apprentissages, la sociabilité. Les scarifications en sont un exemple caricatural. Si l’on demande à ces jeunes filles pourquoi elles se scarifient, elles ont beaucoup de peine à trouver une réponse sauf, en fin de compte, le fait que ça les soulage – c’est là la clé de ce type de conduites. Ce n’est pas un choix de leur part mais bien une contrainte subie, à laquelle elles tentent dans un second temps d’adhérer ou même de considérer comme un choix délibéré.
Pourquoi cette adhésion voire cette appropriation de ces conduites ? Parce qu’elles apportent un soulagement et rassurent ces sujets. Pourquoi ce soulagement ? Parce que le moi retrouve ainsi un rôle actif face à la menace de débordement.
En revanche, si quelqu’un d’autre cherche à imposer à l’adolescent ce qu’il s’inflige lui-même, la réaction est immédiatement inverse : il se révolte, crie à l’injustice, se pose éventuellement en victime.

(...)

Philippe Jeammet, 22/02/2016.


Lire la suite de l'article sur le site internet de la revue Sciences Humaines : http://www.scienceshumaines.com/pourquoi-les-ados-se-font-ils-mal_fr_35794.html

jeudi 25 février 2016

Au Brésil, le virus Zika suscite peur et défiance

Voilà trois semaines que Mariana Cassandra a accouché d’une petite fille. En bonne santé. Après des mois d’angoisse, la peur du virus Zika, pourtant, ne l’a pas quittée. « Je tente de contrôler mes nerfs », explique-t-elle. Calfeutrée dans son appartement de Sao Paulo, au Brésil, l’entrepreneuse trentenaire ne sort que rarement et jamais sans l’une de ses cinq bombes anti-moustiques dans le sac. « J’habite près d’un parc », dit-elle en guise d’explication. Son mari n’est guère plus serein. « Il a toujours une tapette à la main pour tuer les moustiques sur son chemin », rit-elle.


Elégante bourgeoise, résidente du quartier chic de Jardim Paulista, Mme Cassandra était enceinte de plus de cinq mois quand le Brésil a commencé à s’effrayer de l’explosion du nombre de microcéphalies (trop petite taille du cerveau et du périmètre crânien) chez les nourrissons dans le Nordeste du pays. Une malformation congénitale suspectée d’être liée à une contamination par le virus Zika durant la grossesse. Le mal, transmis par la piqûre du moustique Aedes aegypti, également responsable de la dengue et du chikungunya, s’attaquerait au système nerveux central. Sans conséquence chez la plupart des adultes, il est toutefois soupçonné de provoquer, plus rarement, le syndrome de Guillain-Barré, entraînant des paralysies pouvant conduire à la mort.
Assez pour que Mariana Cassandra s’affole des possibles conséquences d’une infection pour le développement de son nouveau-né et de son autre enfant de 3 ans. « On sait tellement peu de chose sur cette maladie, il vaut mieux faire attention », explique-t-elle.
« Le virus Zika est devenu un monstre médiatique, avec son lot de désinformations », souffle le docteur Ariel Levy, pédiatre et immunologue à Sao Paulo. Chaque jour, le spécialiste reçoit entre huit et dix messages de mères inquiètes, comme Mme Cassandra, des conséquences du virus sur les enfants de moins de 7 ans. Il explique que la probabilité d’une infection grave est faible mais qu’il faut se méfier de Zika comme de la dengue et du chikungunya.

Congélation d’ovules

Dans la mégalopole brésilienne, comme dans le reste du Brésil, règnent la peur et la défiance. Nombre de femmes retardent leur projet de grossesse. « Celles qui le peuvent, congèlent ovules ou embryons dans l’attente d’un vaccin », rapporte Alfonso Araujo Massaguer, gynécologue obstétricien dans la clinique d’aide à la procréation Engravida, à Sao Paulo.
Les autres, en dépit d’une chaleur écrasante, revêtent pantalons et tenues à manches longues, parfois même des bas. A défaut de climatisation, les ventilateurs fonctionnent sans interruption dans les bureaux ou les maisons. Les femmes enceintes ne sont pas les seules à se ronger les sangs. « Tout le monde est inquiet », observe Sergio Bocalini, biologiste et porte-parole de l’Aprag, l’association des entreprises de contrôle de parasites. En témoigne le bond des interventions de l’Aprag contre les moustiques en janvier. Loin de s’en réjouir, M. Bocalini redoute que les Brésiliens ne cèdent à la panique, aspergeant leurs résidences de produits chimiques toxiques en faisant appel à des sociétés peu sérieuses.
En quelques mois, la maladie s’est propagée dans le pays à une vitesse terrifiante, envahissant, aussi, les esprits. Le virus Zika a affecté plus d’un million et demi de Brésiliens depuis 2015. Et selon les données divulguées mardi 23 février par le ministère de la santé, 4 107 cas de microcéphalies suspectes ont été recensés dans le pays entre le 22 octobre 2015 et le 20 février 2016 auxquels s’ajoutent 583 cas où une contamination par Zika a été confirmée.

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2016/02/25/le-bresil-au-temps-du-zika_4871147_3222.html


Négligence du gouvernement

Les équipes médicales travaillent pour prouver scientifiquement et indubitablement le lien entre ces malformations et le virus. Mais pour l’heure, le Brésil vit dans une angoisse mêlée de doutes, sans savoir si le maudit moustique est le seul vecteur de la maladie : le virus a été détecté dans de la salive et les autorités sanitaires américaines s’interrogent sur une possible transmission par voie sexuelle. Un climat propice aux rumeurs et théories du complot. « Le virus Zika est un mystère. Nous essayons toujours d’obtenir des réponses », a reconnu mercredi Margaret Chan, directrice de l’Organisation mondiale de la santé, en visite à Recife, l’une des villes les plus touchées par les microcéphalies dans le pays, saluant le travail des équipes brésiliennes.
Dans le pays, le moustique est devenu l’ennemi public numéro un. Les maires, les gouverneurs et Brasilia rivalisent d’efforts pour exterminer l’Aedes aegypti, mobilisant l’armée pour fouiller les taudis des favelas comme les résidences des quartiers huppés à la recherche de larves nichées dans les récipients gorgés d’eau stagnante. « 85 % des foyers de moustiques se trouvent dans les habitations particulières », explique-t-on à la mairie de Sao Paulo. Dans la mégalopole, ravagée par la dengue qui a fait 25 morts en 2015 (863 dans tout le pays), les autorités tentent d’informer sans alarmer. « En insistant trop sur Zika, les gens pourraient relâcher leur attention contre la dengue », explique l’attachée de presse de la mairie. En dépit du battage médiatique sur le virus, « beaucoup ne savent pas que le même moustique transmet la dengue et le virus Zika », explique-t-elle.
La communication des autorités brésiliennes est ainsi depuis le début de l’épidémie souvent hésitante, parfois maladroite. Après avoir déclaré l’état d’urgence sanitaire nationale, en décembre, le ministre de la santé, Marcelo Castro, a multiplié les faux pas de communication. La méthode de comptabilisation des cas de microcéphalies suspectes a varié, compliquant la vision de l’évolution du problème. Enfin, la cohérence des données récoltées par les différents Etats brésiliens n’a pas été assurée. « Un festival d’incompétences », peste Artur Timerman, président de la Société brésilienne de dengue et d’arbovirus. « Le Brésil vit dans une inquiétude qui n’a rien de disproportionnée par rapport à la gravité du problème, dit-il, mais la négligence du gouvernement n’a fait qu’ajouter à l’angoisse ambiante. »

Le Monde, 25/02/2016.

samedi 20 février 2016

Violences policières, au-delà du droit ?


Les violences légales ne sont pas toujours légitimes. Mais il s’avère souvent délicat de tracer la frontière entre une intervention musclée, rendue nécessaire par une menace, et un abus de pouvoir.

Distinguer violence légale et violence légitime, lorsqu’il est question d’action policière, peut de prime abord sembler surprenant : la légalité n’est-elle pas précisément une condition sine qua non à ce que l’usage de la violence par la police soit légitime ? Lorsqu’un policier, par exemple, amène quelqu’un au sol pour le menotter, il agit en accord avec la loi. C’est ce qui garantit la légitimité de l’acte. À l’inverse, se pourrait-il que des formes de violences parfaitement légales soient considérées comme illégitimes ? Lors de l’intervention policière à l’occasion de la manifestation interdite du 29 novembre 2015 en préambule de la Cop 21, la violence déployée pour interpeller les manifestants était à n’en pas douter légale, mais nombreuses ont été les voix qui en ont contesté la légitimité.

 

Une question de contexte

 

La distinction entre légalité et légitimité n’est en effet pas toujours aisée. L’observation des dispositions du droit montre que la légitimité de la violence dépend très largement d’éléments qui ne sont pas établis a priori par le droit. Mentionnons-en deux : l’exigence d’opportunité, d’une part ; celle de proportionnalité, d’autre part. Le droit affirme que l’usage de la violence par la police doit être opportun, c’est-à-dire rendu nécessaire par les exigences particulières de la situation ; et il stipule par ailleurs que l’usage de la violence doit être fait dans de strictes conditions de proportionnalité au regard de la situation : l’intensité de la violence dépendrait donc du contexte (nombre de témoins, populations impliquées, unité policière concernée, etc.). Pour le dire autrement, le droit laisse les fonctionnaires de police juger des conditions opportunes pour recourir à la violence.
Voilà qui complique singulièrement l’équation violence légale/violence légitime. La preuve en est donnée par l’instruction des plaintes alléguant des violences illégitimes. Alors qu’elles représentent un tiers de l’ensemble des plaintes déposées auprès des services de contrôle interne de la police nationale, elles ne constituent qu’un très faible pourcentage des sanctions prises par l’institution. Et encore, la majorité des sanctions prises pour des faits de violence illégitime vise des violences commises par des policiers alors qu’ils se trouvent hors service, c’est-à-dire en dehors de tout périmètre légal de l’exercice de la violence.
Cet écart s’explique dans un premier temps par les difficultés que rencontrent les enquêtes conduites sur de telles allégations : il faut d’abord déterminer s’il y a bien eu violence et en avoir une trace incontestable (fournie, à Paris, uniquement par les unités médico-judiciaires de l’Hôtel-Dieu). Il faut ensuite mesurer dans quelle mesure cette violence est disproportionnée : car, à moins de violences particulières (un coup de tête, par exemple) ou d’une gravité extrême (cas – très rares – de tortures), la plupart des traces attestant les coups reçus ne permettent pas d’indiquer quand et comment ils ont été infligés. Une épaule peut avoir été luxée parce que le plaignant a résisté avec violence à l’interpellation, tout comme elle peut résulter de coups portés une fois le plaignant menotté : dans le premier cas, la violence est possiblement légitime, aucunement dans le deuxième. Mais pour établir le moment de l’exercice de la violence, il faut des preuves : des témoins, mais il y en a rarement ; des incohérences dans les versions des policiers auditionnés par les services de contrôle interne, mais elles sont tout aussi exceptionnelles. Souvent, le manque de preuves conduit les enquêteurs à conclure à un classement sans suite.

L’illégitimité sous-estimée

 

Il faut, pour comprendre le traitement réservé aux plaintes en matière de violence illégitime, ajouter à ces conditions d’enquête un autre élément : l’écart entre la violence exercée et sa légalité est globalement considéré comme minimal par les instances disciplinaires, comme n’étant pas susceptible de porter atteinte à la légitimité de l’usage de la violence. Disons-le plus prosaïquement : qu’un policier serre trop fort les menottes d’un interpellé, qu’il accompagne une clé de bras d’une claque au visage, ou qu’il pousse trop brutalement quelqu’un qu’il contrôle, et il se sera rendu coupable d’une violence illégitime, possiblement illégale si tous les éléments étaient portés à la connaissance de la justice ou des services d’enquête. Mais cette illégalité ne saurait être suffisante pour porter atteinte à la légitimité de l’institution elle-même, légitimité que les services disciplinaires cherchent à protéger. Les violences illégitimes sont moins couvertes qu’elles ne sont sous-estimées, considérées comme secondaires, à l’opposé d’autres déviances policières, corruption, dévoiements de la fonction policière, qui risquent de bafouer la figure publique de l’institution, et par là même sa légitimité.

(...)

Cédric Moreau de Bellaing
  
, 17/02/2016, Sciences Humaines.
 

Lire la suite sur le site internet de la revue Sciences Humaines : http://www.scienceshumaines.com/violences-policieres-au-dela-du-droit_fr_35802.html

vendredi 19 février 2016

Newsletter de février 2016 du DPFI

La newsletter du mois de février 2016 du DPFI de Lormont du GRETA Nord Aquitaine vient de paraître.

Vous y trouverez toute l'actualité du GRETA Nord Aquitaine, les événements locaux en rapport avec les thématiques de l'emploi, des métiers, du social, de la santé ainsi que les différentes dates de concours.

Pour la télécharger, cliquez via ce lien : https://drive.google.com/newsletter_février2016 

Pour retrouver l'ensemble des publications du DPFI, cliquez via le lien suivant : http://actu33.blogspot.fr/p/blog-page_40.html

 

jeudi 18 février 2016

Harcèlement moral : le certificat médical est-il une preuve suffisante?

Comment un salarié peut-il prouver qu’il est harcelé au travail ? Selon les articles L.1152-1 et L.1154-1 du code du travail, « le harcèlement à l’encontre d’un salarié est constitué par les agissements répétés qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail, susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel ». Très souvent, la majorité des procédures contiennent des pièces médicales. Mais un certificat médical est-il toujours jugé suffisant ou recevable par les juges ?

En premier lieu, rappelons que la charge de la preuve du harcèlement moral ne pèse pas sur le salarié. Celui-ci n’est tenu que d’apporter des éléments qui permettent de présumer l’existence d’un harcèlement moral, l’employeur devant démontrer, de son côté, que les agissements en cause sont justifiés par des éléments objectifs étrangers à tout harcèlement.

Éléments de preuve

Ensuite, les juges examinent les preuves dans leur ensemble pour apprécier si la situation de « harcèlement moral » est établie. Les arrêts de travail ou certificats médicaux font partie des éléments de preuve mais ne peuvent être suffisants. Ils doivent être complétés par des attestations allant dans le même sens, des échanges de mails, des auditions des collègues par le conseil de prud’hommes, etc.
« Le médecin peut présumer d’une situation de harcèlement moral mais ne peut la qualifier en tant que telle. Par exemple, il ne doit pas écrire “inapte en raison de harcèlement moral”
Par ailleurs, concernant les certificats médicaux, la jurisprudence n’est pas complètement stabilisée et continue à évoluer sensiblement d’un arrêt à l’autre. Ainsi, il est arrivé que la Cour de cassation ne juge pas recevable les certificats médicaux qui faisaient état d’un lien de causalité entre l’activité professionnelle et l’état de santé du patient. Notamment parce qu’ils étaient établis par un médecin autre que le médecin du travail.
Les juges estimaient que seul le médecin du travail était en mesure de se rendre sur le lieu de travail pour faire ses propres constatations et établir un lien de causalité entre l’état du salarié et ses conditions de travail.

Différents arrêts qui semblent contradictoires

En 2015, la Cour de cassation a rendu différents arrêts qui semblent contradictoires. « Autant les arrêts du 23 juin et du 18 novembre 2015 pouvaient laisser croire que les certificats médicaux ne sont pas des éléments suffisants pour présumer l’existence d’une situation de harcèlement moral, et donc une plus grande exigence des juges sur la preuve, autant l’arrêt du 5 novembre 2015 laisse entendre que les documents médicaux peuvent constituer un élément matériel laissant présumer l’existence du harcèlement moral », constate Sylvain Niel, avocat-conseil en droit social chez Fidal. « En fait, toute la différence est dans la façon de rédiger le certificat médical confirmant d’autres éléments de preuve » poursuit-il.
Ainsi, qu’il provienne du médecin du travail ou d’un médecin de ville, un certificat pourra être jugé recevable à la condition qu’il décrive l’état de santé constaté du salarié (par exemple une altération physique et mentale) et qu’il corrobore des témoignages, des documents ou des auditions établissant un comportement qualifié d’« harcélogène » (par exemple, il est écarté des réunions, brimé, voire insulté).
« Le médecin peut présumer d’une situation de harcèlement moral mais ne peut la qualifier en tant que telle. Par exemple, il ne doit pas écrire “inapte en raison de harcèlement moral” précise l’avocat. En effet, juridiquement, un médecin n’est pas qualifié à caractériser une situation de harcèlement moral. Cela relève des juges.

L’employeur peut poursuivre le médecin

En revanche, le juge doit retenir tous certificats médicaux sur l’état de santé d’un salarié victime de harcèlement moral, en les examinant comme des éléments permettant de considérer que, pris avec les autres preuves, ils laissent présumer l’existence d’un harcèlement moral.

 
Cette précaution, de nature à la fois déontologique et juridique, évite que le juge ne retienne le certificat médical comme seule preuve du harcèlement moral. Elle permet aussi d’éviter le rejet du certificat médical par d’autres juges, s’il confirme d’autres éléments probants.
Elle protège aussi le médecin. En effet, l’employeur peut poursuivre ce dernier devant le conseil de l’Ordre des médecins s’il impute la dégradation de la santé d’un collaborateur à un harcèlement moral. Par ailleurs, il est arrivé que ce dernier sanctionne des médecins estimant qu’il y avait eu violation du secret médical.
Le contentieux lié au harcèlement moral a doublé depuis 2010.

Gaëlle Picut, Le Monde, 17/02/2016.

vendredi 12 février 2016

Déserts médicaux : les petites villes demandent l’intervention de l’Etat

L’Association des petites villes de France (APVF) a publié, mardi 9 février, un rapport pointant la fragilisation de l’offre de soins dans les petites villes. L’Association, qui représente les communes de 2 500 à 25 000 habitants, s’alarme de la recrudescence des « déserts médicaux » dans ces territoires.

Elle formule plusieurs recommandations en vue de la réunion de la grande « Conférence santé », réunie à l’initiative de Marisol Touraine à partir de jeudi 11 février.

Le difficile renouvellement des médecins généralistes

Le problème n’est pas nouveau. Dans un rapport sénatorial réalisé en 2012 et intitulé « Déserts médicaux, agir vraiment », l’intensification des déserts médicaux, définis comme des « zones sous-médicalisées dans lesquelles les patients éprouvent des difficultés à accéder aux soins dans des conditions de proximité et de délais satisfaisantes », était déjà pointée.
Plus récemment, le Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom) dénombrait 192 déserts médicaux dans lesquels vivent près de 2,5 millions de personnes.
Mais l’enquête publiée par l’APVF souligne que le phénomène, qu’on pensait toucher principalement les zones rurales, concerne désormais aussi les petites villes en périphérie d’agglomération.
Les difficultés sont de plusieurs ordres. En premier lieu, le vieillissement des médecins, qui souvent ne trouvent pas de jeunes confrères pour prendre leur suite. « Dans certains bassins de vie, 100 % des généralistes ont plus de 55 ans », souligne Erwann Calvez, chargé de mission à l’APVF. Soixante-dix pour cent des maires interrogés disent ainsi que les médecins de leur municipalité partant à la retraite ont connu des difficultés pour trouver un remplaçant.
La situation est encore plus critique pour les spécialistes qui ne pratiquent pas de dépassement d’honoraires. En s’en tenant au critère géographique, le rapport du Sénat considérait, par exemple, qu’environ 9 millions de personnes vivent dans un désert médical pour la gynécologie.
Le rapport dénonce une « spirale négative » dans les petites villes, confrontées par ailleurs à la fermeture de services hospitaliers dans leur ville ou aux alentours. Les services d’urgence et les maternités sont les plus touchés et le phénomène risque de s’accentuer dans un contexte de redressement des comptes publics.

Des territoires prioritaires de santé préconisés

Face à cela, l’APVF demande que l’installation des médecins sur le territoire soit régulée, par la loi ou par la convention qui régit les relations des médecins avec l’Assurance-maladie, en prenant en compte les bassins de vie.
« La renégociation de la convention de l’Assurance-maladie en 2016 peut donner un nouveau cadre », espère M. Calvez, qui cite l’exemple des infirmières libérales qui exercent dans les zones dites « surdotées » et ne peuvent, de ce fait, prétendre à un conventionnement de l’Assurance-maladie qu’en cas de cessation d’activité d’un confrère.
L’APVF défend également la création de « territoires prioritaires de santé », qui bénéficieraient de mesures incitatives pour l’installation des médecins et d’un soutien au financement de certaines activités ou à l’implantation de certaines structures, tels que des centres de santé.
L’Association propose aussi la mise en place d’un conventionnement, piloté par l’Agence régionale de santé et les conseils territoriaux de santé, qui permettrait aux médecins qui souhaitent prendre leur retraite de pouvoir continuer à exercer à tiers-temps. Une manière de favoriser le renouvellement des praticiens.

Le Monde, 10/02/2016.

mardi 9 février 2016

Portes ouvertes du DPFI de Lormont du GRETA Nord Aquitaine le 10 février 2016

Le Dispositif Permanent de Formation Individualisée de Lormont du GRETA Nord Aquitaine vous ouvre ses portes le 10 février 2016 de 13h30 à 18h30.



Vous avez besoin de vous former dans les domaines de compétences générales (français, mathématiques, bureautique), en communication, en langues et/ou à la préparation aux concours administratifs et santé-social, alors la journée porte ouverte organisée par le DPFI de Lormont vous est destinée.

Lors de cette journée vous pourrez vous renseigner sur l’offre de formation que nous proposons et tester gratuitement votre niveau de maîtrise de la langue française grâce aux ateliers Voltaire : « La Danse des Mots ».

Venez également découvrir nos locaux et vous informer sur nos 4 Pôles de formation :


• Pôle Socle de Compétences : chasser les fautes d’orthographe et de grammaire, améliorer le calcul et le raisonnement mathématiques, maîtriser l’environnement numérique (certifications CLéA, Voltaire, B2i),
• Pôle Communication – Organisation : valoriser ses écrits professionnels, optimiser sa communication professionnelle, argumenter et communiquer efficacement, animer et motiver une équipe,…
• Pôle Langues : s’initier, communiquer, négocier en anglais et en italien (DCL et TOEIC),
• Pôle Prépa Concours Administratifs et Santé-Social : préparer les épreuves écrites et orales, le dossier RAEP en présentiel et à distance, le concours d’Aide-Soignant.
….et bien d’autres formations du secteur des Soins et Services à la Personne et du Développement Personnel….


A partir de 16h, autour d’une collation, nous vous proposerons une conférence-débat avec les professionnels sur les thèmes de la maîtrise des Compétences Clés en situation de travail (ex : les écrits professionnels) et la mobilisation du CPF (Compte Personnel de Formation).

Se rendre au DPFI de Lormont grâce au plan suivant : https://drive.google.com/file/d/0B8K6AGV2iEkDU2tITDE0b3Voc3M/view?usp=sharing

Quiz de français : et vous, parlez-vous la nouvelle orthographe ?

Les rectifications de l’orthographe de 1990 sont un ensemble de recommandations pour la simplification de la langue française. Optez dans ce quiz pour les solutions proposées par l'Académie.


Le Monde.fr,

mercredi 3 février 2016

Régions, métropoles : ce qui change en 2016

Au 1er janvier 2016, la nouvelle carte des régions entre en vigueur. La France métropolitaine compte désormais douze régions et une collectivité territoriale à statut particulier, la Corse.

Cinq régions ont conservé le même périmètre et sept nouvelles régions sont créées. Dans les nouvelles régions, le conseil régional élu en décembre 2015 se réunit pour la première fois le 4 janvier 2016.

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Avant le 1er juillet 2016, le conseil régional doit adopter une résolution unique dans laquelle il se prononce sur le nom définitif de la région, le chef-lieu définitif de la région, l’emplacement de l’hôtel de la région, les règles de détermination des lieux de réunion des différentes instances de la région et sur le programme de gestion des implantations immobilières de la région.
Autre nouveauté au 1er janvier 2016, deux nouvelles métropoles sont créées en application de la loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles (loi MAPTAM) du 27 janvier 2014. Il s’agit de la métropole du Grand Paris et de la métropole Aix-Marseille-Provence. Ces deux métropoles ont des statuts particuliers.
Au 1er janvier 2015, les agglomérations de Bordeaux, Brest, Grenoble, Lille, Montpellier, Nantes, Rennes, Rouen, Strasbourg et Toulouse étaient devenues des métropoles. A cette date, était également créée une nouvelle collectivité territoriale, la métropole de Lyon, qui se substitue sur son territoire au département du Rhône.
Les métropoles sont dotées de larges compétences. Toutes les compétences acquises par l’établissement public de coopération intercommunale d’origine sont transférées de plein droit à la métropole. De plus, la métropole exerce de plein droit, en lieu et place des communes membres, certaines compétences en matière de développement économique, d’aménagement de l’espace, de politique locale de l’habitat, de politique de la ville, de gestion des services d’intérêt collectif et de protection de l’environnement.


Vie publique.fr - le 4 01 2016

La sélection du mois de janvier d'Infirmiers.com

Chaque mois, la rédaction d'Infirmiers.com vous propose ses conseils de lecture… Une nouvelle rubrique comme une occasion d'affûter sa curiosité et de parfaire son savoir dans bien des domaines !

 

Guide infirmier des urgences – 2e édition

 

Guide infirmier des urgences 
Totalement remaniée et largement enrichie, cette 2e édition du Guide infirmier des urgences comprend 212 fiches, organisées en 7 parties traitant les détresses respiratoires, circulatoires, neurologiques et traumatologiques auprès des adultes, enfants, femmes enceintes et personnes âgées :
  • Accueil du patient et bilan d'un malade ou d'une victime
  • Urgences médicales
  • Urgences traumatiques
  • Organisation aux urgences
  • Urgences médico-légales, médico-psychologiques et psychiatriques
  • Pharmacologie de l'urgence
  • Scores et échelles
L'ensemble de l'ouvrage comprend des conduites à tenir et des gestes techniques spécifiques à l'urgence. Ces fiches suivent un plan systématique et insistent sur les particularités de la prise en charge infirmière . De nombreux moyens mnémotechniques facilitent le raisonnement clinique et proposent une systématisation des prises en charge. Divers encadrés mettent en valeur les notions essentielles à retenir. Ce livre est le fruit de la collaboration de nombreux auteurs infirmiers et médecins aux expériences diverses et complémentaires en médecine d'urgence.
Ces fiches suivent un plan systématique et insistent sur les particularités de la prise en charge infirmière.
• Guide infirmier des urgences – 2e édition, coordonné par Ismaël Hssain, Isabelle Piedade, Raphaëlle Benveniste, Bernard Marc, Patrick Miroux, Editions Masson, 33 euros.

L'aide-soignant face à la fin de vie - En institution gériatrique

 

L'aide-soignant face à la fin de vie 
Dans les institutions gériatriques, tout comme à l’hôpital, l’aide-soignant est le pivot de l’équipe soignante. Par son regard clinique et sa proximité indiscutable avec les personnes âgées en fin de vie, son rôle est déterminant quant à la qualité des soins interdisciplinaires et continus qui leur sont prodigués. Il est grand temps de le reconnaître ! C’est l’objectif de ce livre. D’une grande importance relationnelle, la mission de l’aide-soignant s’inscrit en effet dans la continuité de la vie. A la fois soutien à l’exercice de l’autonomie, il veille à apporter soins et confort dans le respect du temps qu’il reste à vivre. Son regard attentif aux modifications physiques et psychiques des personnes âgées permet un accompagnement humain des derniers moments de vie. Ces signes cliniques sont parfois difficilement identifiables mais leur repérage donne tout son sens à la démarche des soins palliatifs qui implique toute l’équipe soignante. L'auteur, Mary-Agnès Costa-Clermont, est aide-soignante, diplômée en gérontologie appliquée (diplôme universitaire Pau) et en soins palliatifs et accompagnement (diplôme inter universitaire Bordeaux). Depuis 2011, elle est présidente de l’association Présence à Pau, qui rassemble des bénévoles d’accompagnement auprès des personnes en fin de vie et des personnes en deuil.
Cet ouvrage répond à cette question : « Comment les aides-soignants repèrent-ils et transmettent-ils les signes cliniques présentés par des personnes âgées en phase palliative terminale en institution gériatrique ? »
• L'aide-soignant face à la fin de vie - En institution gériatrique, Mary-Agnès Costa-Clermont, Editions érès, 2015, 10 €.

mardi 2 février 2016

Le premier «bébé-médicament» français a 5 ans

Conçu par fécondation in vitro et sélection embryonnaire, Umut-Talha portait en lui le remède qui a permis à sa grande soeur de guérir de la bêta-thalassémie, une maladie génétique du sang.

En turc, Umut-Talha signifie «notre espoir». Le petit garçon, qui fête aujourd'hui son anniversaire, porte bien son prénom et mérite amplement son surnom de «premier bébé-médicament» de France. En effet, quelques mois après sa naissance le 26 janvier 2011, il a permis, par le biais des cellules de son cordon ombilical, de sauver sa sœur Asya, atteinte de bêta-thalassémie sévère


Cette maladie, due à la défaillance du gène de l'hémoglobine, la molécule transportant l'oxygène dans le sang, est caractérisée par une forte anémie. Les malades atteints de la forme la plus grave de bêta-thalassémie, comme Asya, doivent avoir recours à une transfusion sanguine toutes les 3 à 4 semaines afin de rester en vie. Pour guérir définitivement, la seule solution est de recevoir une greffe de cellules souches pouvant induire la production de bonnes cellules sanguines. En France, on estime qu'entre 400 et 500 personnes sont concernées par cette maladie, qui se traduit par une pâleur, une grande fatigue, des vertiges et des essouflements.
En 2010, alors qu'Asya est âgée de 3 ans, ses parents s'aperçoivent qu'elle n'est compatible avec aucune des cellules souches de la banque publique de cordons ombilicaux. Ils se tournent vers le professeur René Frydman, le gynécoloque-obstétricien à l'origine de la première naissance par fécondation in vitro en 1982 en France. Celui-ci leur propose de «fabriquer» eux-mêmes ces cellules souches indispensables en concevant un nouvel enfant, indemne de la maladie.
» Le premier «bébé médicament» français est né

De l'amour en éprouvette

 

Débute alors le long parcours qui a mené à la naissance d'Umut. Plusieurs embryons ont d'abord été conçus en éprouvette (fécondation in vitro) avant d'être minutieusement analysés pour vérifier qu'ils ne portaient pas la maladie et qu'une compatibilité tissulaire avec Asya existait. Ce procédé est connu sous le nom de diagnostic pré-implantatoire (DPI). Finalement, deux embryons indemnes ont été réimplantés dans l'utérus de la maman.
Le bébé qui naît de cet amour en éprouvette est indemne de la maladie. Huit mois après sa naissance, sa sœur reçoit en cadeau les précieuses cellules souches, qui lui ont permis d'éliminer en quelques mois les cellules malades. Aujourd'hui, Asya ne retourne à l'hôpital qu'une seule fois par an, pour un simple contrôle. Par contre, leur frère aîné Mehmet, également touché par cette maladie, n'a pas eu cette chance puisqu'aucun des embryons en bonne santé ne pouvaient lui convenir.

Un procédé contesté, long et coûteux

 

Autorisé depuis 1994 par la loi de bioéthique, le diagnostic pré-implantatoire (DPI) est essentiellement utilisé en France pour mettre en évidence la présence chez l'embryon d'anomalies génétiques responsables de graves pathologies, comme la mucoviscidose, la maladie de Huntington, l'hémophilie ou certaines formes de myopathies, dont l'apparition est inéluctable. Ce n'est que depuis 2004 que cette technique peut être utilisée pour soigner un membre d'une fratrie, comme dans le cas d'Umut et d'Asya. Ce procédé soulève néanmoins de nombreuses interrogations éthiques, tant dans le monde médical, que politique ou religieux.
Cette procréation à visée thérapeutique n'était pas une première mondiale puisque les Etats-unis avaient ouvert la voie en 2000, suivis par la Belgique (2005) et l'Espagne (2008). Depuis 2011, seuls cinq «enfants-médicaments» sont nés en France, toujours sous la houlette du professeur Frydman. Il faut dire qu'avec un taux de réussite de 10%, cette prouesse médicale reste longue, coûteuse et incertaine.

Le Figaro.fr, Par Cécile Thibert, le 26/01/201.

Quelles sont les chances de survie aux principaux cancers ?

Selon une vaste enquete publiée mardi par l’Institut de veille sanitaire (InVS) et l’Institut national du cancer (INCa), les chances de rester en vie cinq ans après le diagnostic d’un cancer se sont globalement améliorées ces dernières années. L’étude publiée mardi 2 février a été menée sur plus de 535 000 cas de cancers, sur deux périodes : 1989-1993 et 2005-2010.

 

Chimiothérapie à l'hôpital Oscar Lambret de Lille.
Chimiothérapie à l'hôpital Oscar Lambret de Lille. PHILIPPE HUGUEN / AFP


Parmi les tumeurs les plus fréquentes, l’amélioration est très notable, à l’exception du cancer du col de l’utérus.
Malheureusement, tous les types de cancer n’offrent pas les mêmes perspectives. Ainsi, il reste aujourd’hui extrêmement rare de survivre plus de cinq ans à un mésothéliome (cancer lié à l’amiante) ou à une tumeur au poumon. En revanche, les cancers du sein ou de la prostate sont très bien soignés.
Les maladies et leurs perspectives d’évolution ne sont pas les mêmes chez les hommes et chez les femmes.

Comme les femmes sont davantage atteintes que les hommes par des cancers qui se soignent bien, leur taux de survie global cinq ans après le diagnostic est meilleur, selon les données de l’InVS et de l’INCa, qui divise les types de cancers en trois catégories, en fonction de leur pronostic.


Zika : dix questions sur un virus qui inquiète

L’inquiétude monte face au virus Zika. Se propageant de manière explosive, il est fortement soupçonné de causer des troubles neurologiques, le syndrome de Guillain-Barré, et des malformations congénitales, les microcéphalies. Lundi 1er février, à l’issue d’une réunion d’experts, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décrété que l’épidémie constitue « une urgence de santé publique de portée mondiale ».


Le moustique Aedes aegypti, responsable de la transmission du virus Zika qui a déjà touché 1,5 million de Brésiliens, en janvier 2016.

Transmis par des moustiques, comme la dengue ou le chikungunya, ce virus a déjà touché 1,5 million de personnes au Brésil, et 3 à 4 millions de cas sont attendus sur le continent américain en 2016. Des cas importés ont été identifiés en Europe, dont cinq en France métropolitaine. Accusée d’avoir réagi trop faiblement lors de l’épidémie d’Ebola, l’OMS a annoncé toute une série de recommandations pour mieux lutter contre cette nouvelle menace. L’une des priorités est d’accroître la surveillance des cas de syndromes de Guillain-Barré et des microcéphalies dans les zones touchées par le virus Zika, afin de déterminer si celui-ci est directement en cause, ou s’il existe d’autres facteurs. L’OMS prône également une intensification des recherches pour mettre au point des traitements, un vaccin et de nouveaux tests de diagnostic de cette infection. Aucune mesure de restriction des voyages et des échanges commerciaux n’est en revanche envisagée.
En dix questions, tour d’horizon sur un virus émergent qui pose de nouveaux défis.
  • D’où vient Zika, et jusqu’où ira-t-il ?
Le Zika est un arbovirus transmis par la piqûre de moustiques du genre Aedes (aegypti ou albopictus). De la famille des flavivirus, comme ceux de la dengue ou de la fièvre jaune, le Zika a été identifié pour la première fois chez un singe macaque rhésus dans une forêt ougandaise en 1947. Il a ensuite été isolé chez l’homme en 1952, en Ouganda et en Tanzanie.
La première épidémie s’est déclarée dans les îles Yap (Micronésie) en 2007, où elle aurait touché les trois quarts de la population. D’autres ont suivi, en Polynésie française d’octobre 2013 à avril 2014, et au Brésil, depuis mai 2015. Les premiers cas brésiliens ont été décrits dans deux articles publiés en mai et juin 2015. Depuis octobre 2015, le virus s’est propagé dans des pays d’Amérique centrale.
La Guyane et la Martinique sont à leur tour en phase épidémique. « C’est la troisième épidémie d’arbovirose après la dengue et le chikungunya, et probablement pas la dernière. La diffusion du Zika a été extrêmement rapide à l’échelle planétaire », souligne François Bourdillon, directeur général de l’Institut national de veille sanitaire (InVS).

Le recueil de données se poursuit pour affiner les modèles destinés à décrire l’évolution de l’épidémie et évaluer les moyens à mettre en œuvre pour la juguler et prendre en charge les malades. Mais, note Simon Cauchemez, spécialiste de la modélisation à l’Institut Pasteur, il faudra encore « quelques semaines » pour proposer des scénarios étayés.
(...)

Lire la suite de l'article ici : http://www.lemonde.fr/sante/article/2016/02/02/zika-dix-questions-sur-un-virus-qui-inquiete_4857580_1651302.html

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO,

lundi 1 février 2016

La protection sociale a-t-elle oublié la jeunesse ? par Isabelle Raynaud


Les personnes âgées sont les premiers bénéficiaires de la protection sociale. Cette idée, souvent entendue, est-elle juste ? C’est ce qu’ont cherché à savoir les chercheurs de France Stratégie. Leur réponse est beaucoup plus nuancée.


 
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 Big Ben in Japan / Flickr CC 2.0
 

Des jeunes dans une situation de plus en plus difficile mais abandonnée de la protection sociale alors que les seniors – qui n’ont pas connu le chômage – en profiterait à plein. Cette image d’une génération sacrifiée est de plus en plus répandue. Mais est-elle juste ? France Stratégie, organisme de réflexion et d’expertise placé auprès du Premier ministre, a voulu démêler le vrai du faux. Une note d’analyse a ainsi été publiée le 12 janvier 2016.

Répondre à un questionnement actuel

 

« Dans les années 60-70, la pauvreté était largement le fait des personnes âgées », rappelle Selma Mahfouz, la commissaire générale adjointe de France Stratégie. Le minimum vieillesse n’existait pas. Aujourd’hui, leur situation s’est améliorée. En revanche, pour les jeunes, la situation économique s’est dégradée, ils font plus souvent face au chômage. Résultat : la pauvreté touche désormais 2,5 fois plus souvent les moins de 25 ans que les plus de 60 ans.
Par ailleurs, les dépenses de protection sociale explosent, principalement au profit des personnes âgées qui touchent des retraites et bénéficient plus que le reste de la population de remboursement de soins de santé.
Hippolyte d’Albis, Paris School of Economics et CNRS, Pierre-Yves Cusset, du département Société, institutions et politiques sociales de France Stratégie, et Julien Navaux, de l’Ecole d’économie de Paris, se sont donc penchés sur les données des comptes de transfert nationaux.  Ceux-ci permettent de constituer des profils par âge de revenu et de consommation, mais aussi de transferts publics et privés. Le but est « d’arriver à mieux comprendre la façon dont les ressources publiques et privées circulent entre les âges et entre les générations ».
Les chercheurs ont donc étudié les prélèvements (impôts, cotisations…) et transferts (retraites, allocations famille, éducation, assurance maladie…) faits à trois catégories de la population :
  • Les 0-24 ans
  • Les 25-59 ans
  • Les 60 ans et plus 

Seniors : une augmentation des dépenses trompeuses

 

Globalement, les seniors ont été favorisés entre 1979 et 2011, puisque les dépenses de protection sociales leur revenant ont le plus augmenté :
Il faut faire attention à « l’effet démographique », l’augmentation du nombre de personnes âgées provoque mécaniquement l’augmentation des dépenses pour cette catégorie. Mais on regarde les chiffres par individu, la disparité s’efface :
« Si la dépense moyenne dont bénéficie un individu de plus de 60 ans est toujours nettement plus élevée que celle dont bénéficie un individu de moins de 25 ans, cette dépense rapportée au PIB par tête a augmenté dans les deux cas au même rythme (+15 %) entre 1979 et 2011 », indique la note d’analyse de France stratégie.

Prélèvements : les seniors contribuent de plus en plus


Côté prélèvements, sans surprise, ce sont les actifs qui sont les grands perdants puisque la protection sociale est en grande partie financée par les cotisations sociales, prélevées sur les revenus du travail.
Il faut néanmoins noter que, sur la période, les plus de 60 ans ont été fortement mis à contribution : les taux de prélèvement pour les seniors ont ainsi augmenté de 102% ! Cette situation est notamment due à la création de la CSG (Contribution sociale généralisée) en 1991.
Les jeunes sont-ils donc sacrifiés par la protection sociale ? Non, si on regarde les transferts sur la période. « Mais leur situation a changé », nuance Selma Mahfouz : les jeunes sont plus touchés par le chômage et la précarité aujourd’hui qu’en 1979. « Ils ne sont pas sacrifiés mais ils ne sont pas aidés non plus », résume la commissaire générale adjointe.
Ne faudrait-il pas en faire plus pour eux ? C’est une question à laquelle France Stratégie ne répond pas, laissant les choix politiques aux élus.

La Gazette Santé Social, 13/01/2016.