dimanche 30 juin 2019

Santé. Feu vert (médical) pour le cannabis thérapeutique

Dans son avis définitif publié aujourd’hui, le comité scientifique consacré au cannabis médical propose une « expérimentation » pour cinq pathologies, dès 2020. Une avancée prudente, qui attend désormais le soutien du gouvernement. Pour l’heure, les malades, eux, souffrent et/ou se débrouillent. Toujours dans l’illégalité.

 

Production de cannabis thérapeutique sur le site européen du groupe canadien Tilray, à Cantan hede, au Portugal. Patricia de Melo Moreira/AFP
Production de cannabis thérapeutique sur le site européen du groupe canadien
Tilray, à Cantan hede, au Portugal. Patricia de Melo Moreira/AFP

Le gouvernement a sèchement fermé la porte, la semaine dernière, à une légalisation du cannabis récréatif. En sera-t-il autrement pour sa version thérapeutique, seule à même, semble-t-il, de soulager des dizaines, voire des centaines de milliers de patients victimes de douleurs chroniques insupportables ? Le comité d’experts mis en place par l’Agence du médicament (ANSM) y est favorable, lui qui a été chargé, à l’automne dernier, d’évaluer « la pertinence et la faisabilité de la mise à disposition du cannabis thérapeutique en France ». Alors qu’une dernière réunion était organisée mercredi avec les associations de patients et les professionnels de santé, la structure pilotée par le psychiatre et pharmacologue Nicolas Authier doit rendre aujourd’hui son avis définitif. Son issue ne fait guère de doute. Le comité a déjà validé, en décembre, la « pertinence » de la démarche. Et a livré ses « préconisations », le 19 juin, sur la façon dont devrait se dérouler la « mise à disposition » de ce produit sensible, déjà utilisé clandestinement par de nombreux malades. En France, on estime qu’il y a 1,4 million d’usagers réguliers du cannabis, et 700 000 usagers quotidiens, dont un tiers pour des raisons thérapeutiques.

D’après le plan du comité Authier, une expérimentation serait menée « en situation réelle », pour cinq pathologies spécifiques : les douleurs neuropathiques (résultant de lésions nerveuses) non soulagées par d’autres thérapies, les épilepsies résistantes aux traitements, les effets secondaires des chimiothérapies, les soins palliatifs ainsi que les contractions musculaires incontrôlées (spasticités) de la sclérose en plaques. « Des pathologies choisies en fonction des données scientifiques disponibles et qui sont en tête des prescriptions de cannabis dans le monde, là où cela a été légalisé », précise Nicolas Authier. Différents dosages des deux principes actifs majeurs du cannabis (le THC et le CBD) seraient proposés, prescrits par les seuls médecins spécialistes des indications choisies, s’ils sont « volontaires » pour participer et se former. Exit le fameux joint – la combustion étant nocive pour la santé –, les experts recommandent d’utiliser deux formes principales de cannabis : celles à « effet immédiat » (huile et fleurs séchées pour inhalation) et celles à « effet prolongé » (solutions buvables et capsules d’huile).

« Nous avions la crainte que les fleurs ne soient pas autorisées. Aujourd’hui, le comité les promeut, c’est une bonne nouvelle », a réagi Bertrand Lebeau, médecin addictologue qui soutient le collectif Alternative pour le cannabis à visée thérapeutique (ACT). Coprésident du collectif, Bertrand Rambaud, séropositif depuis trente-cinq ans et utilisateur de cannabis depuis quinze, regrette, lui, le cadre trop contraint de cette expérimentation. « Cinq pathologies retenues, c’est bien peu quand l’Association internationale pour le cannabis médical (IACM) en recense 41 pour lesquelles il est efficace. De même, limiter la prescription aux seuls médecins spécialistes risque de tuer dans l’œuf cette expérimentation. Ces médecins sont déjà surbookés, ils ne prendront pas le temps de se former. » Conscient du risque, Nicolas Authier défend ce qu’il présente comme une « mesure de précaution ». « Beaucoup de médecins, et notamment les généralistes, restent dubitatifs sur l’utilité du cannabis, pollués sans doute par l’image négative qu’il conserve. L’expérimentation permettra de voir si ce cadre est trop restrictif. »

Source : L'Humanite.fr, 27/06/2019.


vendredi 28 juin 2019

Comprendre l’affaire Vincent Lambert et ses multiples rebondissements

Vincent Lambert est mort le 11 juillet au matin, au terme de sa troisième procédure d’arrêt des soins. 





Depuis plus de six ans, la famille de Vincent Lambert se déchire sur la question de l’arrêt de ses soins. Devenu tétraplégique après un accident de voiture en 2008, Vincent Lambert a déjà subi deux interruptions de traitement. Mais, à chaque fois, les médecins ont dû reprendre les soins à la suite de décisions de justice. Du Conseil d’Etat à la Cour européenne des droits de l’homme, nombre d’institutions judiciaires se sont penchées sur l’affaire. Donnant tantôt raison aux parents, qui militent pour le maintien en vie de leur fils, tantôt à l’épouse de Vincent Lambert, qui souhaite faire cesser toute obstination déraisonnable. Après une ultime décision de la Cour de cassation le 28 juin, le troisième arrêt des soins a pu être mené à terme. Le 11 juillet, Vincent Lambert est décédé, après un coma de plus de dix ans.



lundi 24 juin 2019

Micro-travail Ouvriers du clic : extension du domaine de la machine

Le numérique et l’intelligence artificielle ont fait naître une nouvelle forme de travail précaire et invisible : les micro-tâches. État des lieux.


Derrière le robot, cherchez le travailleur. C’est l’un des enseignements d’une étude menée par des universitaires, coordonnée par le sociologue Antonio Casilli, qui se sont penchés sur l’ampleur du micro-travail en France. Cette « nouvelle catégorie de travailleurs » est le pendant social, peu vertueux, d’une technologie en pleine expansion : l’intelligence artificielle (IA). « Derrière un assistant vocal capable de “faire quelque chose pour vous” se cache une foule de femmes et d’hommes qui effectuent un travail colossal pour lui apprendre à interpréter des commandes simples », résument les auteurs. Or, ces travailleurs payés à la micro-tâche, qui s’exécute parfois en quelques secondes seulement, ne dépendent pas du salariat. Ces ouvriers du clic disposent de très peu de protection sociale, évoluent dans une absence totale de collectif de travail…
Mais de quoi s’agit-il concrètement ? Le micro-travail rassemble des tâches « simplifiées à l’extrême de façon à ce qu’elles puissent être effectuées par des prestataires “non professionnels” ». Ainsi des particuliers se connectent à des plates-formes et monétisent leur temps libre. Ces micro-activités peuvent consister à classer un produit (livre, DVD, électroménager, etc.) dans la bonne catégorie sur un site d’e-commerce, répondre à des sondages ou questionnaires, enregistrer des phrases pour que les logiciels d’assistance conversationnelle les assimilent, préparer la numérisation de documents, analyser des émotions exprimées sur des visages… La liste est longue est variée, et nombre de ces tâches ne rapportent que quelques centimes d’euros.

Des tâches demandant peu de compétences

Si la notion de micro-travail peut sembler proche de celle des travailleurs ubérisés qui opèrent eux aussi sur une plate-forme, elle s’en différencie car ces tâches ne demandent pas un niveau de qualification élevé. Contrairement aux missions du livreur Delivroo ou du chauffeur Uber, elles sont moins complexes et plus courtes. Le micro-travail n’est pas un métier en soi et « toute personne dotée d’un smartphone ou d’un ordinateur portable et d’une connexion peut souscrire à une micro-tâche rémunérée ». Ces micro-travailleurs n’ont en outre pas de réel statut, alors qu’un travailleur ubérisé est dans la plupart des cas auto-entrepreneur.
L’étude menée par le projet DiPLab (Digital Platform Labor), rassemblant des chercheurs de Télécom ParisTech et du CNRS, donne une première estimation du nombre de micro-travailleurs en France : plus 260 000 personnes. Qu’il s’agisse d’utilisateurs très actifs (15 000 personnes), se connectant au moins une fois par semaine à une plate-forme de micro-travail, ou une fois par mois (50 000 personnes), ou alors plus occasionnels. La grande majorité de cette population fait partie de cette dernière catégorie, et ne micro-travaille pas forcément tous les mois, mais constitue un large réservoir de micro-main-d’œuvre.

D’Amazon Mechanical Turk à Foule Factory

Plusieurs dizaines de plates-formes de micro-travail proposent des tâches en France. Parmi les plus connues figurent Foule Factory ou MobEye. Les géants du numérique ont également développé les leurs, que ce soit Universal Human Relevance System (UHRS) de Microsoft, EWOQ de Google et Amazon Mechanical Turk. Cette dernière est d’ailleurs l’une des plus grandes plates-formes du secteur au niveau mondial et l’une des plus anciennes (2005). Le libraire en ligne était confronté à des doublons dans son vaste catalogue et ne parvenait pas à les résoudre avec ses logiciels. Il a donc eu recours à « un système d’externalisation : recruter un grand nombre de personnes payées à la pièce avec pour mission d’analyser quelques pages et de signaler les répétitions ». Voici comment sont apparus les premiers micro-travailleurs.  
Les données de l’étude de DiPLab montrent que les profils de micro-travailleurs français sont relativement variés, mais caractérisés par un point commun : la précarité. La moitié d’entre eux appartient aux 30 % de la population la plus pauvre, et 22 % vivent même sous le seuil de pauvreté, contre 8 % dans la population française. Un tiers des micro-travailleurs sont par ailleurs inactifs, c’est-à-dire ni en emploi ni au chômage. Ces micros-tâches peuvent cependant être réalisées en complément d’un emploi, pour constituer un supplément de revenu. Le besoin d’argent est d’ailleurs la principale motivation de ces micro-travailleurs, indique l’étude. Autre signe de précarité, inhérente à cette activité de micro-travail : une très faible protection sociale, aucune sécurité dans l’activité car la plate-forme peut rompre la relation à tout moment.

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Source : alternatives-economiques.fr
Article intégral en ligne : https://www.alternatives-economiques.fr

vendredi 21 juin 2019

Urgences Pourquoi rien n’est réglé à l’hôpital

Alors que 250 services d’urgences sont désormais en grève, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a présenté le 9 septembre son « pacte de refondation des urgences ». Mais les mesures restent très en-deçà des besoins.


Quatre-vingt-dix services d’urgence en grève en juin. 250 début septembre. La ministre de la Santé Agnès Buzyn a dû se rendre à l’évidence : la guerre d’usure contre les soignants n’a pas porté ses fruits. Elle a donc dégainé un « pacte de refondation des urgences », tiré d’une « mission flash » réalisée cet été par le député LREM Thomas Mesnier et le président du Conseil national de l’urgence hospitalière, Pierre Carli.
Parmi les mesures phares : la création d’un numéro unique de service d’accès aux soins (SAS), disponible 24 heures sur 24 pour orienter les patients selon leurs besoins vers une téléconsultation, un médecin généraliste, les urgences ; une réforme du financement des urgences prévue pour 2021 ; et 754 millions d’euros sur trois ans qui viendront s’ajouter aux 70 millions d’euros annoncés avant l’été.
La ministre n’a pour l’heure accédé ni à la demande de réouverture de lits pour éviter les hospitalisations sur brancards, ni à la revalorisation salariale de 300 euros nets mensuels ni à la création de 10 000 postes supplémentaires, revendications portées par le collectif Inter-Urgences, fer de lance de la mobilisation. Les 754 millions d’euros annoncés seront puisés dans des crédits existants. Pas étonnant donc que le collectif, réuni en AG ce mardi 10 septembre, ait voté la poursuite de la grève.
Les symptômes de la crise de l’hôpital, dont les urgences sont la partie la plus visible, sont connus. « Plusieurs fois par jour, on entend “je n’ai pas réussi à avoir un rendez-vous avec un médecin” », explique Virginie Turrel, infirmière aux urgences de Valence depuis douze ans.
D’autant qu’à Valence, comme dans certains autres hôpitaux, entrer par les urgences est devenu une habitude. Un patient qui doit voir son oncologue et passer un scanner se voit répondre : « Passez par les urgences ». « C’est la seule porte d’entrée, car c’est aux urgentistes de trouver un lit », indique encore l’infirmière, en grève depuis le 27 mars et membre du collectif local Y’a de la colère dans le cathéter et du collectif national Inter-Urgences.

De plus en plus de patients

Le nombre de patients augmente constamment sans que les effectifs suivent. Au niveau national, on comptait 21 millions de passages aux urgences en 2016, contre 10 millions en 1996, soit une augmentation de 3,5 % par an en moyenne depuis 1996, selon un rapport du Sénat. La Cour des comptes évalue à 20 % le nombre de patients qui pourraient être pris en charge dans les cabinets des médecins en ville.
« En plus des arrivées, on nous demande de gérer en aval les hospitalisations », qui concernent 25 % des passages à Valence. « Les hospitalisations-brancard, c’est toutes les nuits », complète Virginie Turrel. Au départ destinés aux situations vitales, type accidents de la route, les 740 services d’urgences de l’Hexagone gèrent de plus en plus de complications chroniques. Elles sont « un miroir grossissant des dysfonctionnements de l’ensemble de notre système de santé, en amont comme en aval », souligne le rapport du Sénat.
La grève commencée en mars, a eu pour déclencheur une agression de soignants par un patient à l’hôpital Saint-Antoine à Paris. « Les soignants disent qu’à force d’être maltraités, ils deviennent maltraitants », résume la sociologue Fanny Vincent, coautrice de La casse du siècle1. « Pour les patients concernés, l’hospitalisation commence toujours trop tard. En attendant d’avoir un lit, ils sont sur un brancard dans un couloir, avec une lumière crue, et sans les perfusions aux heures dues, car on gère les arrivées en même temps », illustre Virginie Turrel. C’est aussi qu’à côté des grands chefs de service, en position de force pour négocier face à la direction, les urgences sont les parents pauvres.

Manque de moyens

Face à cette situation, la réponse des dirigeants demeure cosmétique. En juin, Agnès Buzyn déclarait encore pour refuser la revalorisation salariale de 300 euros mensuels : « Les problèmes ne vont pas se régler parce que je paye davantage ». Les effets d’annonce se multiplient, comme en témoigne le « plan Ma Santé 2022 » et la loi sur l’organisation et la transformation du système de santé, votée cet été, censés garantir « la possibilité pour chaque Français d’être soigné tous les jours de la semaine jusqu’en soirée et le samedi matin sans devoir passer par l’hôpital ».
Mais ces textes restent dans la droite ligne des politiques austéritaires engagées jusqu’à présent, qui considèrent que la solution pour remettre sur pied un système à bout de souffle réside dans une meilleure efficience dans l’organisation des soins. « Les dirigeants restent prisonniers du dogme selon lequel il n’y a aucun problème de pénurie de personnel à l’hôpital, et que tout est une question d’organisation », résume l’économiste Philippe Batifoulier.
Le vrai problème tient pourtant à la taille du gâteau alloué à l’hôpital chaque année. Si les budgets augmentent, ils ne progressent pas assez pour répondre aux besoins : une population qui croît, qui vieillit et des progrès thérapeutiques qui coûtent cher. Voilà plusieurs années que l’hôpital fait les frais des contraintes fortes qui pèsent sur les dépenses publiques, comme l’a montré le haut fonctionnaire Pierre-Louis Bras2. « Parce que les dépenses hospitalières sont plus directement contrôlables par les pouvoirs publics, elles peuvent compenser un éventuel surcroît de dépenses sur la médecine de ville », écrit-il.
Depuis 1997, l’Etat contrôle les dépenses de santé par le biais des lois de financement de la sécurité sociale et de l’Ondam, l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie, qui représente le montant des dépenses publiques d’assurance maladie à ne pas dépasser (voir graphique). L’Ondam s’élevait à 191 milliards d’euros en 2017, soit 15 % de l’ensemble des dépenses publiques. Et les hôpitaux publics comptaient pour près d’un tiers de l’Ondam. Maîtriser les dépenses des hôpitaux publics permet de respecter l’Ondam.

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Source :  alternatives-economiques.fr
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mercredi 19 juin 2019

Le cadre de l’expérimentation du cannabis thérapeutique en France dévoilé

Le comité d’experts mandaté par l’Agence nationale de sécurité du médicament a publié mercredi son projet de cadre pour cette phase expérimentale. 


Les modalités de l’expérimentation du cannabis à visée thérapeutique sont désormais connues. Six mois après le feu vert de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), le comité d’experts (CSST) mandaté par l’agence a publié, mercredi 19 juin, son projet de cadre pour cette phase expérimentale. « C’est une proposition raisonnable, qui respecte l’exercice médical et le patient, et qui ne fait pas croire qu’on peut prescrire le cannabis thérapeutique de manière plus souple qu’on ne le ferait avec un médicament traditionnel », explique le professeur Nicolas Authier, le président du CSST.
Quelques ajustements restent toutefois encore possibles, l’avis n’étant formellement adopté par le CSST que le 26 juin. Pour être appliqué, le texte devra ensuite être avalisé par le directeur de l’ANSM puis obtenir le feu vert de la ministre de la santé, Agnès Buzyn. « Pour l’instant, nous n’avons pas eu de signaux de la part du gouvernement, qu’ils soient inquiétants ou rassurants », constate M. Authier, qui rappelle qu’« à ce stade, on n’est pas dans une phase de légalisation du cannabis thérapeutique, mais d’expérimentation. La légalisation ne viendra – ou pas – que dans un second temps. »

  • Quand débutera l’expérimentation ?
L’expérimentation devrait démarrer début 2020. Elle est prévue pour durer deux ans : six mois de mise en place, six mois d’inclusion des patients, six mois de suivi des patients et six mois d’analyse des données, avec remise d’un rapport définitif par le comité scientifique. Un « registre national électronique exhaustif » sera mis en place afin de recueillir les données cliniques.
  • Qui sera autorisé à prescrire ?
Seuls les médecins spécialistes volontaires – formés au préalable sur des plates-formes d’e-learning et exerçant dans des centres et structures de référence pluridisciplinaires (épilepsie, oncologie, soins palliatifs…) – seront autorisés à réaliser la prescription initiale. Le médecin traitant est autorisé à prendre le relais « une fois le traitement du patient stabilisé ». « Il ne faut pas que ce soit un dispositif purement hospitalier si on veut que tous les patients puissent y avoir accès de manière équitable », précise M. Authier.
Pour Nathalie Richard, directrice adjointe des antalgiques et des stupéfiants à l’ANSM, « l’essentiel est que les choses soient bien cadrées dès le début de l’expérimentation. A l’étranger, quand le cadre d’usage du cannabis thérapeutique était un peu flou, ou qu’il n’y avait pas de cadre du tout, il y a eu une mauvaise adhésion des médecins car ils se retrouvaient sans repères. Il faut donc au maximum que les médecins qui en prescriront soient hyperformés et volontaires pour le faire ».

lundi 17 juin 2019

Précarité, travail contraint, espérance de vie… zoom sur six inégalités insidieuses

L’Observatoire des inégalités a publié, mardi, son troisième rapport sur les inégalités en France, un rapport compilant les écarts persistants entre les citoyens français dans différents domaines.


Quel écart de revenus entre riches et pauvres ? Quelle différence entre diplômés et non-diplômés ? Jeunes ou vieux, qui sont les plus mal lotis ? Les femmes ou les étrangers sont-ils toujours défavorisés ? Pour répondre à ces questions qui agitent la société et ont sous-tendu le mouvement des « gilets jaunes », l’Observatoire des inégalités, association d’experts et de chercheurs, a publié, mardi 4 juin, son troisième rapport sur les inégalités en France.Un état des lieux global est réalisé en compilant des statistiques publiques et études sur diverses thématiques : revenus, patrimoine, éducation, conditions de vie, etc. Après avoir résumé le précédent rapport en dix graphiques, qui montraient l’augmentation du nombre de pauvres en France, l’inégale répartition des revenus et du patrimoine, et le décollage des hauts revenus, nous avons repéré, dans cette nouvelle édition, des statistiques plus « discrètes » mais dont les effets pèsent sur la vie quotidienne et le ressenti de ceux qui les subissent.

1 – Au-delà du chômage, le halo du « mal emploi »

Le taux de chômage en France est descendu à 8,7 % de la population active, son plus bas niveau depuis dix ans, au premier trimestre 2019, selon l’Insee. Mais ce chiffre ne décompte que les personnes en recherche active et n’ayant pas du tout travaillé dans la semaine précédant l’enquête, et « reflète mal la dégradation du marché du travail », selon l’Observatoire des inégalités.

En effet, il ne tient pas compte des personnes « découragées », qui ne recherchent plus de travail et ne sont plus comptées dans les statistiques, comme les mères de famille ou les personnes proches de la retraite. Ce public marginalisé représenterait 1,6 million de personnes. Si l’on y ajoute des salariés à temps partiel qui aimeraient travailler davantage ou des travailleurs en contrat précaire (intérim ou contrats à durée déterminée non choisi), l’ensemble de ces situations concerne, selon le rapport, 26 % de la population active dans une situation de fragilité vis-à-vis de l’emploi. Et encore, ce chiffre n’intègre pas les travailleurs « à leur compte » comme les chauffeurs de VTC ou certains livreurs en situation souvent précaire.

Source : Le Monde, 04/06/2019.
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samedi 15 juin 2019

Un jeune Français sur dix éprouve des difficultés à lire selon une étude du ministère de l’éducation

L’étude, qui s’appuie sur des tests conduits auprès des 713 000 participants à la journée défense et citoyenneté (JDC) en 2018, est édifiante. Plus d’un jeune Français sur dix est « en difficulté de lecture » et un sur vingt en situation d’illettrisme, révèle jeudi 6 juin une étude du ministère de l’éducation.


Sur ces jeunes âgés de 16 à 25 ans, 11,5 % « sont en difficulté de lecture », indique une note de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), qui dépend du ministère de l’éducation. Parmi eux, la moitié (soit 5,2 % de l’ensemble) « peut être considérée en situation d’illettrisme », caractérisée notamment par « un déficit important de vocabulaire ». L’autre moitié (6,3 % de l’ensemble) est considérée comme ayant des capacités de lecture très faibles. Ceux-ci ont « un niveau lexical oral correct, mais ne parviennent pas à comprendre les textes écrits ».

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Source : Le Monde, 06/06/2019.
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jeudi 13 juin 2019

Les questions que pose la privatisation des aéroports de Paris

Une procédure de référendum d’initiative partagée est officiellement lancée pour revenir sur la cession d’une partie du Groupe ADP.


Deux mois après le vote de la privatisation du Groupe ADP (ex-Aéroports de Paris), adopté définitivement par le Parlement, le 11 avril, les citoyens français ont la possibilité de demander un réexamen de cette décision dans le cadre de la procédure de référendum d’initiative partagée (RIP). Une plate-forme a été ouverte le 13 juin pour recueillir le soutien de 4,7 millions de citoyens. Mais quels sont les enjeux de la cession de ce groupe ? Explications.
Que pèse le Groupe ADP ?

Malgré ses initiales, « aéroports de Paris », le groupe est loin d’être simplement une plate-forme aéroportuaire parisienne. C’est un groupe international dont le chiffre d’affaires a atteint 4,47 milliards d’euros en 2018, et qui déploie de nombreuses activités :
  • il possède les plus gros aéroports français : Roissy-Charles-de-Gaulle (72,2 millions de passagers), Orly (33,1 millions de passagers), Le Bourget et une dizaine d’aérodromes ;
  •   ces aéroports sont aussi des centres commerciaux d’envergure, avec 386 boutiques et services, qui ont rapporté, à eux seuls, 1 milliard d’euros en 2018 ;
  • c’est le premier propriétaire foncier d’Ile-de-France, grâce aux 6 686 hectares des aéroports, dont 411 hectares sont disponibles. Il détient aussi plus d’un million de mètres carrés de bâtiments (hangars, hôtels, bureaux, etc.) ;
  •   il dispose d’une filiale dans la téléphonie (Hub One) ;
  •    il a fortement développé sa participation dans le capital de nombreux aéroports internationaux, soit directement (Zagreb, Santiago, Amman, Maurice, etc.), soit par le groupe TAV Airport (Istanbul Atatürk, Antalya, Izmir, etc.).

Le Groupe ADP est officiellement devenu, en 2018, le numéro un mondial du secteur, avec 281 millions de passagers – même s’il devrait perdre ce statut après la fermeture de l’aéroport d’Istanbul, qui représentait à lui seul 68 millions de passagers.

Ses bénéfices (610 millions d’euros) sont en hausse de 6,9 % en 2018, après plusieurs années de très bons résultats.


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Source : Le Monde, 13/06/2019.
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mardi 11 juin 2019

Risque cardiovasculaire, mortalité... Alerte aux aliments ultra-transformés

Deux études confirment les liens entre les aliments ultra-transformés et les risques d’obésité, d’hypertension artérielle, voire de cancers.

L’abus de plats industriels « ultra-transformés » augmente le risque cardiovasculaire et de décès, suggèrent deux études européennes menées auprès de plus de 120 000 personnes et publiées jeudi 30 mai dans le « British Medical Journal ».
Ces nouvelles études, même si elles ne permettent pas de démontrer un lien direct de cause à effet, renforcent les arguments de travaux précédents liant les plats hautement transformés à un risque accru d’obésité, d’hypertension artérielle, voire de cancers.
Des aliments sont considérés ultra-transformés quand ils ont subi des procédés industriels de transformation (huile hydrogénée, amidon modifié, etc.) et contiennent de nombreux ingrédients, notamment des additifs.Un plat préparé, sans additifs, congelé ou pas, n’en fait pas partie. Mais la plupart des plats prêts à réchauffer, les sodas sucrés ou contenant des édulcorants, les « steaks » végétaux reconstitués avec additifs, les saucisses, les soupes en poudre et les snacks en général en font partie.
Ils sont généralement plus riches en sel, graisses saturées, sucre et pauvres en vitamines et en fibres, selon les chercheurs. S’y ajoutent des contaminants provenant des emballages et des contenants en plastique.
Ce type d’aliments représente plus de la moitié des apports énergétiques dans de nombreux pays occidentaux, selon l’Inserm.

Degré de transformation industrielle

Les deux études, respectivement ont été conduites plus de cent mille adultes français et près de vingt mille diplômés d’universités espagnoles.

La nouvelle étude française de l’Inserm, dirigée par la Dr Mathilde Touvier, porte sur plus de 100 000 participants, en majorité des femmes, participant à l’étude NutriNet-Santé (suivis entre 2009 et 2018, sur six ans maximum). Elle a évalué la consommation de 3 300 aliments et boissons, classés selon leur degré de transformation industrielle.

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Source : L'Observateur, 30/05/2019.
Article intégral en ligne : https://www.nouvelobs.com