jeudi 12 septembre 2019

Le cancer devient la première cause de décès dans les pays riches

A l’échelle de la planète, les maladies cardiaques restent les premières responsables, représentant aujourd’hui plus de 40 % des décès. 


Dans les pays les plus riches, le cancer tue maintenant plus que les maladies cardiaques chez les adultes d’âge moyen, selon deux enquêtes publiées mardi 3 septembre dans la revue médicale The Lancet. A l’échelle de la planète, si les maladies cardiovasculaires demeurent pour le moment le principal facteur de mortalité, il est néanmoins « probable que le cancer deviendra la cause la plus courante de décès dans le monde dans quelques décennies », selon les chercheurs.
Aujourd’hui, les maladies cardiaques sont responsables de plus de 40 % des décès, soit environ 17,7 millions de morts en 2017. Le cancer, lui, en concerne un peu plus d’un quart (26 %). Mais à mesure que les taux de maladies cardiaques diminuent à l’échelle mondiale, cet ordre pourrait s’inverser, avancent encore les auteurs. « Le monde assiste à une nouvelle transition épidémiologique (…), les maladies cardiovasculaires n’étant plus la principale cause de décès dans les pays à revenu élevé », selon Gilles Deganais, professeur émérite à l’Université Laval, au Québec et coauteur des deux publications.

160 000 adultes suivis sur une décennie

Limitée à 21 nations, l’étude porte sur plus de 160 000 adultes suivis sur une décennie (entre 2005 et 2016), dans des pays à revenu élevé, moyen et faible. D’après ces travaux, présentés au congrès de la Société européenne de cardiologie (ESC), à Paris, les habitants des pays pauvres sont en moyenne 2,5 fois plus susceptibles de mourir d’une maladie cardiaque que ceux des pays riches.
Selon le deuxième volet de l’étude, sur les mêmes 21 pays, 70 % des cas de maladies cardiovasculaires sont dus à des « facteurs de risque modifiables ». Les facteurs de risque métaboliques – cholestérol élevé, obésité ou diabète – sont en cause dans plus de 40 % des maladies cardiaques et sont le principal déterminant des maladies dans les pays riches. Dans les pays en développement, les chercheurs relèvent aussi le rôle de la pollution de l’air intérieur, de l’alimentation et du faible niveau d’éducation.

« Un changement de cap s’impose »

« Un changement de cap s’impose pour atténuer l’impact disproportionné des maladies cardiovasculaires dans les pays à revenu faible et moyen », souligne Salim Yusuf, professeur de médecine à l’Université McMaster. « Ces pays doivent investir une plus grande part de leur produit intérieur brut dans la prévention et la gestion des maladies non transmissibles, y compris les maladies cardiovasculaires, plutôt que de se concentrer sur les maladies infectieuses », ajoute-t-il.
Les quatre pays à revenu élevé pris en compte pour aboutir à ces conclusions sont le Canada, l’Arabie saoudite, la Suède et les Emirats arabes unis. Faisaient également partie de l’étude douze pays à revenu intermédiaire, selon une classification de 2006 (Argentine, Brésil, Chili, Chine, Colombie, Iran, Malaisie, Palestine, Philippines, Pologne, Turquie et Afrique du Sud) et cinq pays à faible revenu (Bangladesh, Inde, Pakistan, Tanzanie et Zimbabwe).

Source : Le Monde, 03/09/2019.

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