dimanche 26 février 2017

La fondation Abbé-Pierre expose 15 axes pour sortir de la crise du logement

Le 22e rapport annuel sur le mal-logement en France de la fondation Abbé-Pierre, dévoilé ce mardi 31 janvier 2017, est un « rapport constructif et offensif », selon son délégué général. Remises au président Hollande le 27 janvier, les quelque 400 pages tirent un bilan mitigé de son quinquennat. Les chiffres du mal-logement, préoccupants, restent en outre en dessous de la réalité. Le rapport se veut toutefois pédagogique. Les candidats aux élections présidentielles venus à sa présentation publique auront entendu les quinze solutions pour mettre fin, en cinq ou dix ans selon les territoires, au fléau du mal-logement : le logement d’abord et l’accueil digne des migrants, la transparence et la justice sociale dans l’attribution des HLM, la construction de logements accessibles aux ménages modestes, la mobilisation du parc privé, la garantie universelle des loyers et leur encadrement, la sécurisation de l’accès à la propriété, la révolution fiscale et la réquisition de la planification urbaine, la mobilisation des habitants, des intercommunalités, de l’État et l’Europe.

 

Guère de nouveautés en matière de quantification du mal-logement : les chiffres exploités sont ceux de l’édition 2013 de l’enquête nationale Logement de l’Insee – « une enquête menacée pour cause de budget », précise au passage Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation Abbé-Pierre (FAP) – et de l’actualisation de données administratives.
Le rapport innove cependant en chiffrant les personnes en habitat mobile vivant dans de mauvaises conditions. Elles sont 206 600. Intégré pour la première fois au décompte des personnes mal-logées, ce chiffre (issu d’une récente enquête de la FNA-SAT) fait passer leur nombre de 3,8 millions en 2016 à 4 millions cette année. « Un chiffre plus complet que les estimations des éditions précédentes, mais [qui] ne doit pas être analysé comme une augmentation du nombre de mal-logés », prévient la fondation.

La dynamique de début de quinquennat s’est rapidement essoufflée

Au total, celle-ci recense 14 628 000 personnes mal-logées ou en situation de fragilité. « Sous la réalité, mais la fondation ne veut présenter que des chiffres incontestables », précise Christophe Robert, délégué général de la FAP. « La dynamique de début de quinquennat était intéressante », mais elle s’est rapidement essoufflée, estime-t-il. C’est donc un bilan « en demi-teinte pour les mal-logés » qui est tiré des cinq dernières années.
Les lois en lien avec le logement n’ont pas manqué – la mobilisation du foncier public, l’accélération des projets de construction, la cohésion urbaine, la décentralisation (Maptam et « Notre »), Alur, la transition énergétique, et la toute récente Égalité et citoyenneté. Mais les situations s’aggravent, le nombre de personnes confrontées à la crise du logement s’accroît.

Un guide logement 2017-2022

Le rapport se veut pourtant pédagogique. Il pointe les « erreurs à ne pas reproduire et les obstacles récurrents que les candidats à l’élection présidentielle à venir devront impérativement surmonter ». Car sont conviés à la présentation publique du rapport ces candidats – ceux du moins, avec lesquels il n’est pas « perçu de différends fondamentaux sur la politique de logement ». Pas de représentant du Front national, donc en raison du « désaccord profond » avec la logique de préférence nationale du parti.
Contrairement à la précédente élection, la fondation ne fera signer aucun contrat social aux candidats. En revanche, « porteuse de mémoire », la fondation propose quinze axes pour sortir de la crise du logement : son guide logement 2017-2022. L’après-midi de ce 31 janvier est ainsi consacré à « prendre le temps d’entrer dans les questions de logement », explique Christophe Robert.

Pas besoin d’un nouveau diagnostic, ni d’une loi supplémentaire

L’enjeu est démocratique. « Il faut changer la stratégie », expose -t-il. « La fondation pense sincèrement qu’un plan d’action national peut régler en cinq ou dix ans, selon les territoires, la question du mal-logement ». Pas besoin d’un nouveau diagnostic, ni d’une loi supplémentaire, les outils de lutte contre le mal-logement existent.
« Il faut arrêter les politiques à la petite semaine, définir une ambition nationale forte et lancer les mises en œuvre territorialisées. » Pour cela, la Fondation Abbé-Pierre préconise de suivre trois axes : adapter la politique du logement à la diversité des territoires, inventer une sécurité sociale du logement et agir à la source sur les mécanismes d’exclusion.
Pour atteindre les objectifs transcendant ces axes, ce n’est pas moins de quinze idées que la fondation soumet aux politiques.

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Gazette Santé Social, 10/02/2017.
Article intégral en ligne : http://www.gazette-sante-social.fr/35361/la-fondation-abbe-pierre-expose-15-axes-pour-sortir-de-la-crise-du-logement

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