Le 19 juillet dernier, la journaliste Florence Aubenas
publie dans l'édition (papier) du Monde un article intitulé "Vous avez
vu comme elles sont fatiguées ?". De qui parle-t-elle ? Des
aides-soignantes d'une maison de retraite jurassienne "Les Opalines", à
Foucherans, en grève depuis le 3 avril pour dénoncer leurs conditions de
travail et plus précisément la façon dont l'institution les conduit,
bien malgré elles, à être dans une "maltraitance ordinaire" des
résidents. Ce reportage, fort et révoltant, le dénonce : on ne les met pas au lit, on les jette
et ouvre le débat mais surtout autorise enfin les témoignages ici et
ailleurs alors que le silence national était jusqu'alors absolu. Depuis,
en effet, les médias se sont fait l'écho de cette lutte jugée par les
principales intéressées "plus seulement pour les sous, mais pour la
dignité". La métaphore animale est d'ailleurs employée à plusieurs
reprises par les soignants eux-mêmes : le bétail est mieux soigné dans les étables.
Les professionnels de santé eux-mêmes le dénoncent : "les conditions de travail des aides-soignantes dans la plupart des Ehpad ne sont pas dignes de notre époque, c'est de l'esclavage ! Et de l’abattage... une honte !" |
117 jours de conflit, la grève de l’Etablissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes (Ehpad)- Les Opalines de Foucherans, la plus longue grève de soignants jamais menée, se termine, nous apprend L'Humanité.
A l’issue de plusieurs jours de négociations avec Vincent Chagué, médiateur appelé par la direction du groupe SGMR-Les Opalines, un protocole d’accord a été conclu jeudi 27 juillet.
Outre les deux postes de soignants financés par les ARS, les grévistes ont obtenu la création d’un observatoire du bien-être des personnels, le versement d’une prime exceptionnelle de 450 euros et l’attribution de trois semaines de congés payés supplémentaires cette année.
Le tragique est là, écrit Florence Aubenas,
d'une certaine façon : c'est la vie quotidienne dans un Ehpad qu'une poignée de filles à bout de souffle vient soudain de mettre à nu.
Le matin, on les lève sans leur demander leur avis. On sait qu'on n'aura pas le temps : quinze minutes pour la toilette, l'habillement, le petit déjeuner, les médicaments. alors il faut choisir. est-ce qu'on lave les cheveux ? Ou les dents ? La douche hebdomadaire, c'est rare qu'on la tiennedit l'une des aides-soignantes en lutte. Sur les réseaux sociaux, les commentaires et autres témoignages à l'identique s'accumulent.
Infirmiers.com, 09/08/2017.
Article intégral en ligne : https://www.infirmiers.com
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