Le délai à respecter avant tout don, de douze mois après la dernière relation sexuelle, sera réduit à quatre mois à partir de février 2020.
C’est
la dernière étape avant que les hommes homosexuels ne rentrent dans le
droit commun en matière de don du sang. Le ministère de la santé a
annoncé, mercredi 17 juillet, la réduction – à partir du 1er février 2020
– de douze à quatre mois du délai permettant de donner son sang après
la dernière relation sexuelle entre hommes. La « disparition de la référence à l’orientation sexuelle au profit de la recherche d’un comportement individuel à risque » devrait ensuite être envisagée à « l’horizon 2022 ».
Aujourd’hui,
lors de l’entretien préalable à un don du sang, une personne
hétérosexuelle se voit interdite de donner si elle a eu plus d’un
partenaire sexuel au cours des quatre mois précédents. Un homme ayant
des relations sexuelles avec des hommes, même s’il est en couple stable,
est « présumé » à risque et ne doit donc pas avoir eu de relation
sexuelle au cours des douze mois précédents.
Cette
période d’abstinence avait été la condition fixée par Marisol Touraine,
la ministre des affaires sociales et de la santé de François Hollande,
pour ouvrir, en juillet 2016, le don du sang aux hommes homosexuels.
Cette démarche leur était interdite depuis 1983, le nombre de personnes
contaminées par le VIH étant 65 fois plus élevé chez les gays que chez
les hétérosexuels, et le taux d’incidence de la maladie (nombre de
nouvelles infections enregistrées) étant 200 fois plus élevé, selon les
chiffres de l’Institut de veille sanitaire (actuel Santé publique
France) en 2015. Or, même si toutes les poches de sang sont testées, le
virus n’est pas détectable dans le sang pendant douze jours.
Douze mois, « c’est
le délai au terme duquel nous sommes certains, d’après les éléments
scientifiques dont nous disposons actuellement, que le niveau de risque
est identique entre homosexuels et hétérosexuels », avait expliqué Mme Touraine. La ministre présentait alors cette décision comme une première étape. « S’il
n’y a pas de risques, les règles qui s’appliquent aux homosexuels
seront rapprochées des règles générales l’année qui suit », soit en 2017, annonçait-elle dans Le Monde en novembre 2015.
Plainte contre la France
Las.
Cette période d’abstinence, pourtant fixée avec l’aval d’une partie des
associations de donneurs de sang, de patients, de personnes
homosexuelles ainsi qu’avec les agences sanitaires, n’avait pas été
comprise, suscitant incompréhension et railleries sur les réseaux
sociaux.
En octobre 2018, à
l’occasion de l’examen d’un amendement porté par un député socialiste
visant à abolir ce délai d’un an, Agnès Buzyn, la successeure de Mme Touraine avenue de Ségur, s’était dite « étonnée, pour ne pas dire émue » de ce critère d’abstinence d’un an.
Face à des députés désireux d’inscrire dans la loi la fin d’une « discrimination » et d’une « hypocrisie », la ministre les avait appelés à ne pas inscrire « dans
la loi des critères de sélection qui nous feraient prendre un risque un
jour par rapport à un nouvel agent pathogène ou un risque d’épidémie », et elle s’était engagée à faire évoluer la réglementation.
Dans
un communiqué publié mercredi 17 juillet, le ministère de la santé
annonce que la réduction de la période d’abstinence, finalement
privilégiée à l’ouverture du don du sang aux hommes homosexuels ayant eu
un seul partenaire dans les quatre derniers mois avant le don, s’appuie
sur des éléments « scientifiques, objectifs et indépendants ».
Selon la direction générale de la santé, la surveillance épidémiologique des donneurs de sang a notamment « montré
que l’ouverture du don du sang aux hommes ayant des relations sexuelles
avec des hommes n’avait pas eu d’impact sur le risque résiduel de
transmission du VIH par les produits sanguins, déjà très faible ».
En
juin, plusieurs associations de défense des droits homosexuels avaient
annoncé avoir porté plainte contre la France devant la Commission
européenne pour discrimination. Cette période d’abstinence de douze mois
« exclut dans les faits 93,8 % des gays du don du sang »,
faisaient valoir, dans un communiqué commun, Stop Homophobie, Mousse,
Elus locaux contre le sida, SOS homophobie et Familles LGBT. A travers
cette plainte, les associations, qui avaient été déboutées par le
Conseil d’Etat en 2017, espéraient que cette distinction fondée sur le
comportement sexuel des donneurs soit reconnue comme une discrimination
illégale en raison de l’orientation sexuelle.
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