jeudi 25 juin 2015

Deux ados nées par GPA témoignent pour la première fois

Fiorella et Valentina Mennesson, nées toutes les deux par gestation pour autrui (GPA) aux Etats-Unis en 2000, donnent leur point de vue sur le débat autour de la GPA en France.


Elles ne s'étaient jamais encore exprimées dans un media. Pour la première fois, Fiorella et Valentina Mennesson, nées toutes les deux de parents français par gestation pour autrui (GPA) aux Etats-Unis, prennent la parole et donnent leur sentiment sur le débat en cours sur la GPA en France. Les jumelles n'ont que 14 ans mais se sont déjà forgé une opinion sur cette délicate question. En acceptant de témoigner, elles souhaitent prendre part au débat et montrer qu'elles sont «des ados, comme les autres».
C'est dans leur maison de Maisons-Alfort, dans le Val-de-Marne, que nous avons interrogé les deux sœurs, sous le regard protecteur des parents, Dominique et Sylvie Mennesson. Ces derniers continuent de demander la transcription des actes de naissance de leurs filles sur les registres de l'état civil français. Ils attendent toujours leur livret de famille, malgré la décision de la CEDH en juin 2014 qui a condamné la France pour avoir refusé d'inscrire les enfants nés par GPA à l'étranger. En revanche, les jumelles ont toujours eu un passeport américain et une carte d'identité française, et disposent depuis peu d'un certificat de nationalité française en application de la circulaire Taubira de 2013. Ce texte, validé par le Conseil d'Etat, a facilité la délivrance de certificats de nationalité aux enfants nés d'un parent français et d'une mère porteuse à l'étranger. Leur demande de passeport français est en cours.
Le couple s'est tourné vers la GPA en 1998, après avoir découvert que Sylvie était atteinte d'une malformation l'empêchant de porter un enfant. Ses ovaires étant encore fonctionnels, elle a tenté plusieurs fécondations in vitro (FIV), sans succès. Le couple a finalement eu recours à un don d'ovocytes, provenant d'une troisième femme, qui n'était pas la gestatrice. Le 25 octobre 2000, les jumelles naissent «en parfaite santé» en Californie.
Comme des milliers d'ados, les deux sœurs s'apprêtent à passer le brevet. A côté, elles font de la danse, du dessin, sortent avec leurs amis, surfent sur les réseaux sociaux et voient leurs parents se démener pour qu'elles aient «des papiers». Il leur est toutefois difficile de s'y retrouver dans toutes les décisions qui ont été rendues ces derniers mois. Néanmoins, elles ont bien conscience que le sujet ne fait pas l'unanimité.

Le Figaro.fr. - Pourquoi avoir accepté de prendre la parole aujourd'hui?

Valentina: Grâce à mon témoignage, je me dis que les gens auront une meilleure image de nous. Je pense qu'à l'heure actuelle, la plupart d'entre eux pensent que nous sommes des victimes de la société, que nous sommes des enfants malheureux. Alors que moi et ma sœur, on est plutôt heureuses! On est des ados comme les autres, avec nos joies et nos problèmes d'enfant de 14 ans. En fait, je voudrais leur dire que nous sommes normales. Dans les journaux, on s'imagine que je souffre de cette situation. Même certains de mes amis le pensent. Mais pas du tout, je veux leur dire que je n'ai aucune pression et que tout va bien. D'ailleurs, je trouve que ma vie est cool. Au moins je ne suis pas née comme tout le monde et je n'ai pas la vie d'un enfant lambda.
Fiorella : Beaucoup de gens parlent à ce sujet, sauf moi. J'avais donc envie de donner mon point de vue et de partager mon expérience.

Que savez-vous de votre situation administrative en France?

Valentina : Je sais que j'ai une carte d'identité française et un passeport américain. Par contre, pour le livret de famille, je ne sais pas trop. Nos parents font tout pour que nous ne soyons pas mêlées à ça. Après quand ils obtiennent quelque chose, ils vont nous le dire parce qu'ils en sont fiers. Mais en général, ils font en sorte que cette histoire de papiers ne soit pas un souci pour nous. C'est bien, comme ça je me prends pas la tête. Parce que c'est compliqué les papiers…De toute façon, j'ai 14 ans, je ne peux rien y changer.
Fiorella: Je ne sais plus trop. Ça m'embrouille tellement ces trucs de papiers. Je sais qu'il y a des problèmes au niveau du livret de famille, je crois que je n'y suis pas inscrite. Par contre je n'ai pas encore de passeport français. C'est symbolique, mais j'aimerais bien l'avoir. Avec mes amis, nous avons des discussions à ce sujet et parfois, j'ai l'impression qu'ils me reprochent de ne pas avoir la même appartenance française qu'eux. On m'a plusieurs fois demandé si je me sentais plus française qu'américaine. Ils me disent que je dois faire un choix entre les deux. Mais pour moi, je n'ai pas à le faire: je suis née aux Etats-Unis mais j'ai grandi en France. Je pense qu'il n'y a rien qui me différencie des autres enfants. J'aimerais avoir les mêmes papiers que tout le monde et être reconnue comme Française à part entière. 

Lire la suite sur le site internet du journal Le Figaro : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/06/25/01016-20150625ARTFIG00059-deux-ados-nees-par-gpa-temoignent-pour-la-premiere-fois.php 

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire