Un groupe de scientifiques et dirigeants sonne l'alerte : nous n'aurions plus que jusqu'en 2020 pour réduire les émissions de gaz à effet de serre si l'on veut espérer atteindre les objectifs de l'accord de Paris.
Quelles que soient les bonnes intentions affichées par la quasi totalité de la planète lors de la COP21,
l'accord de Paris sur le climat semble avoir du plomb dans l'aile, et
pas seulement à cause du retrait des Etats-Unis décidé par le président
Trump. Espérer contenir l'augmentation globale des températures à 1,5°
par rapport à la moyenne de l'ère pré-industrielle est déjà un objectif
difficile. L'accord de Paris vise pourtant cet objectif, et a minima voudrait maintenir cette hausse "nettement en dessous de 2°".
Certains ne croient pas que cela soit faisable, sauf à prendre des mesures drastiques, et pensent que la cible des 2° serait de la science-fiction
si l'on se contentait de ce qui est suggéré par l'accord de Paris, et
qu'il faudrait se préparer à un monde difficile approchant les +3° à la
fin du siècle.
Températures durant la période 2012-2016. L'échelle indique les
variations enregistrées par rapport à la température moyenne du globe ((NASA/Goddard Space Flight Center Scientific Visualization Studio) ) |
Aujourd'hui, c'est un groupe de décideurs et de scientifiques, emmenés par Christiana Figueres, vice-présidente de la Convention mondiale des maires pour le climat et l'énergie, qui alerte la communauté internationale dans un article publié par "Nature".
Les
auteurs ont été rejoints par de nombreux signataires du monde
politique, universitaire, mais aussi économique. Ils affirment que nous
n'avons plus que trois ans pour infléchir nos émissions de gaz à effet
de serre. Si ces émissions continuaient à augmenter, ou même restaient
stables en 2020, il serait alors impossible d'atteindre les objectifs de
la COP21. Pourtant, les auteurs de cet appel pensent qu'il est encore
possible d'y parvenir... à condition de faire chuter nos émissions d'ici
2020.
Six mesures à prendre d'urgence
Pour réussir, six grands objectifs ont été définis :
1-
Faire monter le pourcentage d'énergies renouvelables à au moins 30% de
la production d'électricité mondiale, ne plus autoriser de centrales à
charbon après 2020 et fermer celles qui existent encore.
2-
Décarboner les immeubles et les infrastructures dans les villes et les
états d'ici 2050. Cela signifie entre autres que les villes fassent
passer au moins 3% de leurs bâtiments par an à un mode proche de zéro
émissions.
3- Porter à au moins
15% la part des véhicules électriques dans les ventes de véhicules
neufs, doubler l'utilisation des transports en commun dans les villes,
passer à 20% le rendement du carburant des poids lourds et diminuer de
20% les émissions de gaz par kilomètre parcouru pour les avions.
4-
Réduire la destruction des forêts et s'engager dans la reforestation.
Les émissions actuelles provenant de la déforestation et du changement
d'usage des terres ainsi déboisées représentent 12% des émissions
annuelles globales. Les réduire à zéro et replanter des arbres, cela
veut dire non seulement arrêter les émissions, mais aussi créer des
"puits à carbone" (les forêts) pour absorber une partie du gaz
carbonique de l'atmosphère. Des pratiques d'agriculture durables sont
également recommandées.
5-
Accroître l'efficacité énergétique et diviser par deux les émissions de
l'industrie avant 2050. Les industries lourdes (aciéries, cimenteries,
usines chimiques, pétrole, gaz...) représenteraient en effet plus du
cinquième des émissions mondiales de gaz carbonique.
6-
Le monde de la finance doit lui aussi faire des efforts. Il doit
pouvoir mobiliser mille milliards par an pour les actions en faveur du
climat. Les gouvernements et les banques doivent émettre davantage de
"green bonds" (les obligations vertes).
(...)
L'Observateur, 28/06/2017.
Article intégral en ligne : http://tempsreel.nouvelobs.com
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