Une étude réalisée en 2009 et 2010, publiée aujourd'hui par le Bulletin épidémiologique de l'Agence sanitaire Santé Publique France montre une exposition et une multi-exposition assez fréquentes des salariés à des nuisances cancérogènes en France. Elle indique certains secteurs et familles professionnels prioritaires pour une prévention ciblée des risques cancérogènes. Parmi les professionnels les plus concernés : les soignants.
Selon
le bulletin, en France, en 2009-2010, 12,0% des salariés – environ
2,6 millions, 2 millions d’hommes (17%) et 600 000 femmes (5,9%) – ont
été exposés à leur poste de travail à au moins une nuisance cancérogène
(chimique ou non), et environ 757 000 salariés présentaient une
exposition à au moins deux cancérogènes (5,7% chez les hommes et 0,9%
chez les femmes).
Chez
les hommes, les nuisances les plus fréquentes étaient les émissions de
moteurs diesel, les huiles minérales entières, les poussières de bois et
la silice cristalline ; chez les femmes, les plus fréquentes étaient le
travail de nuit, l’exposition aux rayonnements ionisants, puis au
formaldéhyde et aux médicaments cytostatiques.
Les soignantes particulièrement concernées
Les
salariés concernés étaient principalement des hommes ouvriers du
bâtiment et des travaux publics, de la maintenance, du travail des
métaux, des transports et de la réparation automobile, ainsi que des
femmes des professions de santé (infirmières, sages-femmes et
aides-soignantes), des coiffeuses, esthéticiennes et du personnel des
industries de process.
L'exposition aux
cancérogènes était de nature plus variée chez les femmes que chez les
hommes : 47% étaient exposées à des agents chimiques, 21% à des
rayonnements ionisants et 41% au travail de nuit ; les co-expositions
étaient rares (agents chimiques et rayonnements ionisants : 4,9% ;
agents chimiques et travail de nuit : 2,5%).
Les infirmières et sages-femmes
étaient les plus fréquemment exposées à au moins une nuisance
cancérogène tous types confondus (près de 30% d’entre elles, soit un
effectif de 104 300). L’exposition était le plus souvent due au travail
de nuit (44% des exposées, soit 46 000) puis, de façon équivalente, à un
cancérogène chimique (36%) ou aux rayonnements ionisants (36%). Dans
cette catégorie professionnelle, les doubles expositions étaient peu
fréquentes (16%). Les agents chimiques les plus souvent en cause étaient
les médicaments cytostatiques.
Parmi les 86 000 aides-soignantes
exposées à un cancérogène (17%), les mêmes tendances étaient
constatées : le plus souvent une seule nuisance, le travail de nuit en
premier lieu (55% des exposées), puis les rayonnements ionisants (41%)
ou un cancérogène chimique (19%) ; 11 300 des salariées de ce groupe
étaient exposées à deux cancérogènes (13%).
Dans les autres professions paramédicales,
l’exposition aux cancérogènes concernait 44 000 femmes (19%) ; les
nuisances impliquées étaient principalement les rayonnements ionisants
(49%) et les agents chimiques (48% ; formaldéhyde, silice, chrome,
cobalt, nickel) ; seulement 11% travaillaient la nuit. Environ 20%
avaient au moins une double exposition.
Risques cancérogènes : une priorité en santé au travail
"Les
risques cancérogènes sont une priorité en santé au travail du fait de
la gravité des pathologies induites et parce que la plupart des agents
cancérogènes agissent sans seuil d’effet, c’est-à-dire qu’il n’y a pas
d’exposition, même faible, sans risque. L’identification des situations
professionnelles de multi-expositions a pour corollaire la question des
risques générés ; ceux-ci peuvent être préoccupants, même quand les
expositions à chacune des nuisances sont faibles, du fait des
interactions qui peuvent être plus qu’additives au niveau d’un même
organe (exemple : appareil respiratoire) ou sur des organes différents", explique Santé Publique France.
(...)
Article intégral en ligne : http://www.actusoins.com
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