mercredi 20 septembre 2017

Le sentiment de pauvreté augmente, en particulier chez les seniors

Selon le 11e Baromètre annuel Secours populaire français-Ipsos, si plus d’un Français sur trois dit avoir déjà fait l’expérience de la pauvreté, la situation semble encore plus préoccupante pour les personnes âgées, y compris lorsqu’elles sont encore en situation de travailler. En cause, des petites retraites et des parcours professionnels plus hachés. Les Français, qui fixent le seuil de pauvreté subjectif moyen à 1 113 euros en 2017 pour un Smic à 1 149 euros, sont de plus en plus nombreux à avoir le sentiment de ne plus pouvoir y arriver…

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© Stanislau_V-Fotolia


Le sentiment de précarité s’accroît dans la société française, et en particulier chez les seniors. C’est la triste constatation du onzième Baromètre annuel Secours populaire français-Ipsos. Il montre que 37 % des Français, et même la moitié des seniors, ont déjà fait dans leur vie l’expérience de la pauvreté.
C’est, par exemple, le cas de Djamila, habitante de Drancy, qui, à 73 ans, explique qu’elle a un loyer de 700 euros pour une retraite de 750 euros ; avec un faible reste à vivre, elle a dû payer ses soins dentaires en plusieurs fois. C’est aussi le cas de Charlotte, bouquiniste sur les quais de Seine, qui, à 70 ans, continue de travailler pour survivre ; elle mange tous les jours dans son restaurant Émeraude, un établissement à bas coût mis en place à Paris pour les plus de 60 ans.

Plus personne n’est à l’abri

« De telles situations ne sont plus exceptionnelles. Aujourd’hui, 57 % des Français disent qu’ils ont été à un moment sur le point de basculer dans la pauvreté (et c’est arrivé pour 37 % du total). Ce sentiment de ne plus y arriver s’est élevé de plus de 10 points par rapport à notre premier baromètre. 84 % des Français estiment que le risque de précarité sera encore plus grand pour les générations à venir. Il y a quelques années, ce sentiment de précarité était surtout visible chez les ouvriers et les agriculteurs. Il se répand maintenant chez les employés. Plus personne n’est à l’abri de la précarité, en cas d’accident de la vie », affirme Étienne Mercier, co-directeur du département Opinion d’Ipsos.



Un sur-échantillon de 277 seniors

Au-delà du sondage sur l’ensemble des Français, Ipsos a souhaité interroger un sur-échantillon de 277 seniors pour évaluer leur situation actuelle. Ici, le panorama est plus contrasté, entre la moitié des seniors qui arrivent juste à boucler leur budget (et même 13 % d’entre eux qui vivent à découvert) et l’autre moitié, des jeunes seniors, qui jouent un rôle pivot dans l’aide financière à leurs descendants et l’appui à leurs parents, notamment en situation de dépendance. « C’est important pour l’avenir. Si les seniors ne parviennent pas à aider les plus jeunes, ceux-ci risquent d’être encore plus en difficulté dans quelques années », complète Étienne Mercier.

Des travailleurs pauvres retraités

Le Secours populaire français (SPF) a souhaité observer, dans le baromètre de cette année, le cas des seniors, parce que la situation dans ses antennes locales devient de plus en plus préoccupante. « Comme on a vu monter le phénomène des travailleurs pauvres, on voit aujourd’hui apparaître des travailleurs pauvres retraités, obligés de reprendre un emploi à temps partiel pour améliorer leur retraite. Ils viennent dans nos locaux, pour trouver des vêtements, de l’aide alimentaire ou avoir accès aux vacances», souligne Richard Béninger, secrétaire national de SPF. Ce phénomène vient également d’être analysé par la Dares dans une récente étude sur les seniors au travail : « les retraités ayant un emploi représentent 4 % des salariés de 55 à 64 ans, 2 % parmi les temps complet et 11 % parmi les temps partiels ».

Inquiétudes quant aux récentes mesures gouvernementales

Cette année, le SPF accueille 3 millions d’usagers. « Il faut que les personnes âgées, comme les autres, fassent valoir leurs droits », plaide Julien Lauprêtre, son président, qui évoque également ses inquiétudes quant aux récentes mesures gouvernementales, à la fois en raison de la suppression de la réserve parlementaire, dont SPF était un des premiers bénéficiaires, et de la baisse des emplois aidés, également largement utilisés pour des personnes accueillies dans ses antennes.

Gazette Santé Social, 14/09/2017.

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