jeudi 28 septembre 2017

Où en est l'accès à l'avortement dans le monde ?

Pour la Journée mondiale du droit à l'avortement, Le Figaro revient sur l'accès à l'interruption volontaire de grossesse. Un droit parfois bien fragile et accessible pour seulement 39,5% des femmes.

À l'occasion de la Journée mondiale pour le droit à l'avortement, des rassemblements sont organisés ce jeudi à Paris et dans 25 villes françaises, sous le slogan «les femmes décident». Des mouvements semblables se déroulent dans toutes les capitales européennes. Le Figaro dresse un état des lieux de cette pratique, généralisée en Occident mais encore interdite dans de nombreux pays.

• Dans le monde, 47.000 décès sont causés par des avortements non sécurisés

Entre 2010 et 2014, il y a eu 55,7 millions d'avortements par an dans le monde, ce qui représente un taux d'interruption volontaire de grossesse (IVG) d'environ 25%. Selon les chiffres de l'ONU et de l'ONG Guttmacher, 25,5 millions d'IVG sont non sécurisés. C'est-à-dire, d'après l'OMS, qu'il s'agit d'une interruption de grossesse pratiquée par des personnes non qualifiées ou dans un environnement non conforme aux normes médicales minimales. Ces avortements, effectués dans de mauvaises conditions, débouchent sur environ 47.000 décès par an.

En 2016, 39,5% des femmes ont eu un accès total à l'avortement à travers le monde. De nombreux pays en Afrique et en Amérique latine restreignent fortement cette pratique et une vingtaine d'entre eux l'interdise totalement. Des pays comme le Salvador ou le Suriname sont notamment dans le viseur de l'OMS pour leurs législations très sévères. Même en cas de viol ou d'inceste, une femme risque jusqu'à vingt ans de prison pour avoir mis un terme à sa grossesse. Le continent africain est également très restrictif, puisque seulement trois pays autorisent l'IVG sans restriction: le Malawi, la Tunisie et l'Afrique du Sud.

Si l'avortement est autorisé aux États-Unis, l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche inquiète les défenseurs de l'IVG. Depuis avril 2017, une loi autorise les États à interdire le transfert d'argent public à une clinique qui pratiquerait l'interruption volontaire de grossesse.

• En Europe, seuls Malte, l'Andorre et le Vatican interdisent totalement l'IVG

La majorité des pays membres de l'UE autorisent l'avortement sans restriction jusqu'à 10 ou 12 semaines de grossesse, 18 semaines en Suède et jusqu'à 24 semaines aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.

Mais des pays ont des législations plus drastiques. En Pologne, l'avortement n'est permis qu'en cas de viol, d'inceste, de danger pour la vie de la mère ou de malformation irréversible du fœtus. À Chypre également, l'avortement est illégal et ne peut être pratiqué que si deux médecins certifient que la grossesse présente un risque pour la femme ou l'enfant à naître. Il est toléré en cas de viol et d'inceste.

L'IVG reste totalement prohibé à Malte où, en cas d'infraction, la peine encourue va de 18 mois à trois ans de prison. En-dehors de l'UE, deux États européens sont dans le même cas: l'Andorre et le Vatican.

Après des années de débat, le gouvernement irlandais a annoncé mardi l'organisation en 2018 d'un référendum sur l'avortement, actuellement illégal dans le pays sauf en cas de menace pour la vie de la mère. Le viol, l'inceste ou la malformation du fœtus ne sont pas des raisons légales d'avorter, et une telle intervention constitue un crime passible de 14 ans de prison.

En Pologne, le gouvernement a tenté de restreindre l'accès à l'IVG à l'automne 2016, tout comme Madrid en 2015. Si ces procédures n'ont pas abouti, elles témoignent d'un droit pour les femmes européennes encore fragile, d'après de nombreuses associations. Une pétition ayant reçu environ 20.000 signatures réclame une harmonisation du droit européen sur la question. Elle sera transmise jeudi au Parlement européen.

• En France, le nombre d'avortements en baisse depuis trois ans

En France, l'accès à l'IVG est dépénalisé depuis 1975. De nombreuses autres lois ont depuis été promulguées afin de protéger davantage les femmes qui y ont recours. En 2016, selon la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DRESS), 210.149 avortements ont été pratiqués en France, dont 197.777 en métropole.
(...)

Le Figaro, 28/09/2017.
Article intégral en ligne : http://www.lefigaro.fr

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire