vendredi 10 mars 2017

10 mesures phares du plan de lutte contre les violences faites aux enfants

Au moins deux enfants meurent chaque jour des suites de violences. Le gouvernement lance un vaste plan de mobilisation.

C'est une réalité encore largement invisible et taboue : les violences faites aux enfants. Pourtant, en 2016, la police et la gendarmerie recensaient 194 enfants de moins de 18 ans morts des suites de violences, dont 73 dans un cadre intrafamilial. Et 124.000 filles et 30.000 garçons subiraient des viols ou des tentatives de viols chaque année. Des chiffres largement sous-estimés si l'on en croit les spécialistes.

Pour enrayer ce phénomène de l'ombre, le gouvernement lance ce mercredi un plan interministériel de mobilisation qui sera dévoilé par la ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes, Laurence Rossignol. Le premier du genre, conçu sur trois ans (2017-2019) et voulu aussi ambitieux que les plans mis en place depuis 2005 pour lutter contre les violences faites aux femmes. Quelles sont les mesures majeures déployées ? "L'Obs" fait le point.

  1. Recenser et rendre visible les violences

Si les violences faites aux femmes sont peu à peu sorties du domaine de l'indicible, celles faites aux enfants sont encore largement tues, "sous prétexte, trop souvent encore, que les événements qui adviennent au sein de la cellule familiale relèvent de la liberté éducative ou de l'intimité à laquelle chacun a droit", lit-on dans le plan de lutte du ministère. Les violences sexuelles, et plus particulièrement l'inceste, demeurent quant à elles également taboues.
"La persistance des violences s'explique notamment du fait de leur invisibilité. Ce déni collectif face aux violences faites aux enfants est renforcé par l'absence de données statistiques."

 

Rien que depuis le début de l'année, neuf cas d'enfants ayant trouvé la mort à la suite de violences infligées par leurs parents ou beaux-parents ont été relayés dans les médias, selon un décompte de l'AFP. Mais les histoires tragiques de Kenzo, 21 mois, qui a succombé à des coups répétés, ou Yanis, garçonnet de 5 ans qui a trouvé la mort après une punition pour avoir fait pipi au lit, ne sont que "l'arbre qui cache la forêt", selon la pédiatre Anne Tursz, directrice de recherche à l'Inserm.
"Le côté extrême de ces faits divers est contre-productif car ils sont à la fois représentatifs du pire et pas représentatifs d'un problème de société de grande ampleur, largement sous-estimé."
La maltraitance des enfants, qui touche tous les milieux, manque cruellement de statistiques officielles. En 2006, l'Observatoire national de l'enfance en danger recensait 77.500 cas connus d'enfants de moins de 15 ans en danger.
Les données fournies par la police et la gendarmerie font l'objet d'un traitement spécifique depuis 2015 mais ne sont pas publiées annuellement.
Par ailleurs, si elles ne font pas l'objet d'investigation, les morts inattendues et inexpliquées de nourrisson peuvent dissimuler des homicides. Une étude menée sur la période 1996-2000 par le docteur Anne Tursz estimait à 255 les homicides d'enfants de moins d'un an chaque année, contre 17 selon les statistiques officielles. Le plan de lutte propose donc de consolider le recueil des données, et de les publier chaque année.
Le service statistique du ministère de l'Intérieur (SSMSI) développera le recueil de données relatives aux homicides d'enfants au sein de la famille.
Le ministère des Affaires sociales et de la Santé va en outre mettre en place un dispositif national pérenne, renforcé d'identification et d'étude sur la mortalité dans l'enfance, afin d'identifier les décès associés à la violence.
Des mesures vont également être mises en place pour mieux détecter les phénomènes du "bébé secoué", notamment en favorisant la systématisation des examens post-mortem en cas de mort inattendue des nourrissons.
Le Centre National de la Recherche scientifique (CNRS) sera également chargé de renforcer les connaissances sur l'inceste.

2. Promouvoir une éducation sans violence

Depuis le mois d'avril 2016, tous les futurs parents français reçoivent de la part des CAF un livret qui leur donne des repères essentiels sur la prévention périnatale, le développement du très jeune enfant, l'éducation non violente, les droits et les responsabilités parentales et les droits de l'enfant. "Ce livret pose clairement le fait que les punitions corporelles et les humiliations verbales n'ont aucune vertu éducative et auront des conséquences sur le développement de l'enfant", explique le plan.
Ce livret va être actualisé pour intégrer :
  • La prévention du syndrome du bébé secoué ;
  • Les conséquences sur les enfants des violences familiales, des violences dans le couple de l'un des parents sur l'autre parent ;
  • La limitation des temps d'utilisation des écrans chez les jeunes enfants.
(...)

L'Observateur, 01/03/2017.
Article intégral en ligne : http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20170228.OBS5917/10-mesures-phares-du-plan-de-lutte-contre-les-violences-faites-aux-enfants.html

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