mercredi 8 mars 2017

Perturbateurs endocriniens : pourquoi l’Europe n’a pas le courage de les interdire

Ce mardi 28 février, ces perturbateurs hormonaux auraient enfin pu être définis par la Commission européenne. Et donc limités… Mais les lobbys ont gagné.

 

Ce mardi 28 février aurait pu figurer comme une date importante dans l’histoire de l’écologie européenne : c'est ce jour qu’une définition satisfaisante des perturbateurs endocriniens aurait pu être donnée.
Et s’il est si crucial de définir sur le plan réglementaire ce qu’est une molécule qui, comme son nom l’indique, perturbe les hormones humaines ("endocrinien" est un synonyme d’"hormonal"), c’est que cela aurait pu conduire à leur limitation, voire à leur interdiction totale, d’abord dans les pesticides chimiques, ensuite dans notre quotidien (plastique, cosmétiques, détergents...). Et ils y sont nombreux !
Mais une fois de plus, cette définition n’a pas été retenue par les pays, alors que les dangers de ces produits sont scientifiquement documentés. Pourquoi cet immobilisme ? Nous avons posé la question à Stéphane Horel, journaliste indépendante et auteure d’"Intoxication" (La Découverte), enquête édifiante sur le poids du lobbying dans ce dossier.

Pourquoi ce mardi était-il une échéance importante dans le dossier des perturbateurs ?
- C’est aujourd’hui que la Commission européenne a soumis aux Etats-membres un acte d’exécution, c’est-à-dire un texte qui aménage un règlement – en l’occurrence, le règlement de 2009 sur la mise sur le marché des pesticides. Derrière cette démarche technique, se cachait une importante décision : la définition réglementaire de ce qu’est un perturbateur endocrinien. Rappelons que cette définition aurait dû être donnée en décembre 2013 par la Commission, que la Cour de justice européenne a d’ailleurs condamné ce retard, que c’était aujourd'hui la quatrième version de ce texte.
Pourquoi ce texte n'est toujours pas jugé satisfaisant par un certain nombre de pays ?
- Parce que la Commission a soumis un texte inapplicable : les critères pour définir la nocivité d’un perturbateur exigent un niveau de preuve impossible à atteindre.

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On comprend que les lobbys agricoles et industriels européens, notamment l’industrie chimique, ne désirent pas que des directives soient passées pour limiter, voire interdire ces molécules. Les enjeux économiques sont trop lourds ?
- C’est un argument brandi par les lobbys et leurs représentants. Mais l’industrie des pesticides agricoles européenne pèse 7 milliards d'euros. C’est faible à la dimension de l’Europe. Savez-vous combien coûtent aux sociétés les conséquences sanitaires de ces molécules ? 157 milliards. En raison de leur rôle de perturbation hormonale, elles sont en effet reliées à un grand nombre de pathologies : cancers du sein, de la prostate, du sein, diabète, obésité, autisme, hyperactivité, infertilité, baisse du QI… Les études scientifiques sont nombreuses et concordantes. Et naturellement, le coût économique de ces fléaux est moins important que leur coût humain.

(...)

L'Observateur, 28/02/2017.
Article intégral en ligne : http://tempsreel.nouvelobs.com/planete/20170228.OBS5916/perturbateurs-endocriniens-pourquoi-l-europe-n-a-pas-le-courage-de-les-interdire.html

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