La France compte 5 millions de pauvres si le seuil de pauvreté est fixé à 50% du niveau de vie médian. Leur nombre monte à 8,8 millions si ce seuil est fixé à 60%.
• Niveau de vie, seuil de pauvreté et pauvreté relative
L'Insee, comme Eurostat (NLDR: une direction de la Commission européenne chargée de l'information statistique) et les autres pays européens, mesure la pauvreté monétaire de manière relative: cela veut dire qu'une personne est considérée comme pauvre quand elle s'écarte du niveau de vie médian. Le niveau de vie médian sépare la population en deux parts égales: une moitié gagne moins, l'autre moitié gagne davantage. À l'inverse, d'autres pays, comme les États-Unis ou l'Australie, ont une approche en termes de pauvreté absolue.
• L'importance du «seuil de pauvreté»
En Europe, pour mesurer la pauvreté, le seuil de 60% du niveau de vie médian est privilégié. En d'autres termes, tous les individus qui ont un niveau de vie inférieur à 60% du niveau de vie médian dans leur pays sont considérés comme «pauvres».
Selon l'Insee, le seuil de pauvreté monétaire en France s'élevait à 1026 euros par mois en 2016: ce chiffre correspond à 60% du niveau de vie médian de la population (qui est de 1710 euros par mois).
La France comptait 8,8 millions de pauvres en 2016, selon l'institut de statistique. En d'autres termes, 8,8 millions de personnes avaient un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté monétaire de 1026 euros mensuels. Et en 2017, ce nombre serait resté le même, selon la méthode d'estimation avancée basée sur la microsimulation et calculée par l'Insee.
• Le seuil retenu... fait varier le nombre de pauvres !
Comme le note à juste titre l'Observatoire des inégalités concernant le seuil fixé à 60% du revenu médian, «aucun seuil n'est plus objectif qu'un autre» et «il s'agit d'une convention statistique». «On peut tout aussi bien opter pour un seuil à 40% ou à 70%», poursuit l'Observatoire des inégalités.
Selon le seuil retenu, le nombre de pauvres varie. «La France compte 5 millions de pauvres si l'on fixe le seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian et 8,8 millions si l'on utilise le seuil à 60 %, selon les données 2016 de l'Insee», note ainsi l'Observatoire des inégalités. Avant de poursuivre: «Dans le premier cas, le taux de pauvreté est de 8% et dans le second de 14%».
Par ailleurs, les personnes vivant dans les maisons de retraite, les foyers jeunes travailleurs, les prisons et les sans domicile fixe ne sont pas pris en compte par cette mesure, soit moins de 5% des personnes pauvres. «C'est une contrainte technique. Pour mesurer le niveau de vie, nous devons enquêter les ménages, et les personnes vivant hors ménages ‘ordinaires' sont beaucoup plus difficiles à enquêter», précise au Figaro Julie Labarthe, responsable de la division «revenus et patrimoine» des ménages à l'Insee.
• Le seuil de pauvreté ne résume pas tout
Comme l'explique Julie Labarthe, «le revenu ne suffit pas à résumer une situation, c'est une façon de regarder la pauvreté mais il en existe d'autres». Elle poursuit: «Nous regardons aussi la pauvreté en conditions de vie et la notion de ‘privation', par exemple si les gens ont des emprunts trop élevés par rapport à leur revenu, des découverts ou encore s'ils peuvent se payer une semaine de vacances ou chauffer leur logement». Preuve qu'il existe de multiples manières d'appréhender la pauvreté.
Source : Le Figaro, 16/10/2018.
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