Dans son rapport annuel, le Secours catholique pointe une recrudescence de la pauvreté chez les femmes, mais aussi chez les personnes âgées et les étrangers sans papiers.
Le constat est sans appel. En
2017, les 70 000 bénévoles du Secours catholique ont accueilli près de
1,4 million de personnes. Ces personnes avaient un revenu médian de 540
euros par mois, soit moins que le montant du RSA. Après avoir payé le
loyer et les charges, il leur reste entre 2 et 5 euros par jour pour
vivre. « Comment notre pays peut-il accepter de laisser des familles,
dont 640 700 enfants, dans une telle situation de détresse ? » s’emporte
Véronique Fayet, la présidente du Secours catholique, guère satisfaite
par les annonces d’Emmanuel Macron sur la pauvreté.
Les plus fragiles : des femmes seules ou des mères isolées
Le rapport fait un focus particulièrement alarmant sur la
situation des femmes, qui représentent 56,1 % des adultes rencontrés au
sein d’une permanence. Lorsqu’elles sont jeunes, entre 20 et 45 ans, la
part de ces femmes constitue même les deux tiers des personnes aidées
par l’association. Pour celles de nationalité française, le rapport
constate que 40 % sont des mères isolées, tandis que 30 % sont des
femmes seules, en moyenne plus âgées, et la plupart d’entre elles vivent
sous le seuil de pauvreté.
En examinant les profils des personnes reçues,
l’association pointe aussi une polarisation des situations. D’un côté
des jeunes hommes seuls, peu éduqués, présentent des situations
d’extrême précarité. De l’autre, des familles avec des emplois
précaires, ayant un logement stable et bénéficiant de davantage de
ressources issues du travail et de prestations sociales. Le creusement
des disparités s’accentue aussi entre cette population jeune et
étrangère et une population française féminine et vieillissante. Plus
globalement, les seniors, bien que minoritaires, sont en constante
augmentation, et ce, depuis des années. « Les plus de 50 ans
représentent désormais un tiers des hommes et des femmes rencontrés,
contre un peu plus d’un quart en 2010, note le rapport. La part des plus
de 60 ans a connu à elle seule une augmentation de près de 5 points sur
la même période, atteignant plus de 10 % en 2017. Il s’agit, pour 80 %
d’entre eux, d’hommes et de femmes seuls ou de couples sans enfants
cohabitant. »
Les étrangers sans droit au travail sont maintenus dans la pauvreté
Paradoxalement, l’emploi pour ces personnes âgées est
source de grande fragilité. « Ce profil s’accentue avec l’âge, dénotant
une précarité qui tend à s’installer », car ces personnes sont peu
qualifiées et au chômage depuis plus longtemps : près de 60 % des
chômeurs rencontrés sont en chômage de longue durée (au moins un an) et
près de 40 % en chômage de très longue durée (au moins deux ans). Les
situations d’inactivité ont d’ailleurs tendance à occulter la catégorie
d’inactifs que sont « les chômeurs découragés », sans emploi ni
recherche, et les personnes à la rue. Comme le rapport de l’Observatoire
des inégalités l’a montré récemment, ces « invisibles » échappent aux
statistiques. Et, pourtant, leur part ne cesse de croître : « Les
“découragés” représentent 13 % des inactifs (soit 4 points de plus qu’en
2010), et une grande partie des personnes à la rue », précise le
Secours catholique.
Même constat du côté des étrangers en attente d’un titre
de séjour ou sans papiers, qui pourtant seraient disponibles pour
occuper un emploi : « La part de ces personnes sans droit au travail a
plus que doublé depuis le début de la décennie, passant de 8 % en 2010 à
17 % en 2017. »
Source : L'Humanite.fr, 09/11/2018.
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