jeudi 9 mai 2019

Renouvellement des ressources naturelles: l'UE s'endette à partir de vendredi

Si le monde entier vivait comme les Européens, nous aurions consommé l’ensemble des ressources naturelles que la planète peut renouveler en un an», alerte ce jeudi le WWF. La date-clé annuelle, dite «jour du dépassement», à partir de laquelle l’Union européenne aura dépassé les limites naturelles, est annoncée pour vendredi 10 mai 2019.


Si l’humanité consommait au rythme des 28, nous aurions besoin de l’équivalent des ressources de 2,8 planètes chaque année, explique un rapport s’appuyant sur les données de l’ONG Global Footprint Network. Dit autrement, 7% de la population (les membres de l’UE) consomment 20% de la biocapacité de la Terre (la capacité des écosystèmes à se renouveler et à absorber les déchets). Et lorsque l’on met en regard l’empreinte écologique de l’UE et la biocapacité à l’intérieur de ses frontières le constat n’est guère plus encourageant, les citoyens consomment encore deux fois plus que ce que les écosystèmes européens peuvent renouveler.
 

Combien utilisons-nous de nature ?


Le niveau de consommation global de l’Européen moyen est nettement supérieur à celui du reste des habitants de la planète puisque le jour du dépassement à l’échelle mondiale est intervenu le 1er août en 2018, ce qui signifie que les humains auraient eu besoin des ressources de 1,7 planète environ cette année-là pour prétendre à la neutralité.


Que l’on observe la situation du point de vue global ou régional, le constat reste très alarmant. Si la Chine a une empreinte écologique totale deux fois supérieure à celle des Etats-Unis et de l’UE, ces derniers ont une empreinte par personne supérieure. Mais l’espoir n’est pas tout à fait éteint : l’empreinte écologique moyenne des résidents de l’UE est en baisse depuis 2007 (-19%), notamment en raison de la crise financière. Cette année-là, le jour du dépassement de l’UE était arrivé le 23 avril.

Parfois contesté, cet indicateur agrège l’empreinte carbone provenant des combustibles fossiles, mais aussi la consommation de nourriture, de bois, les espaces occupés par les infrastructures et ceux consacrés au pâturage, les terres cultivées, les zones de pêche… et il compare l’empreinte par résident européen (demande humaine) à la biocapacité globale par personne (offre naturelle). Que dit-il ? Qu’à peine plus de quatre mois après le début de l’année, le 10 mai sera «le jour à partir duquel nous avons pêché plus de poissons, abattu plus d’arbres et cultivé plus de terres que ce que la nature ne peut nous procurer au cours d’une année. Cela marque également le moment où nos émissions de gaz à effet de serre auront été plus importantes que ce que nos océans et nos forêts ne peuvent absorber», précise le WWF. En clair, le jour du dépassement mesure combien de nature nous utilisons par rapport au stock de nature dont nous disposons.


Au sein de l’Union européenne, tous les élèves sont mauvais, mais le tableau n’est pas homogène. C’est le  Luxembourg, où le carburant est très faiblement taxé, qui porte le bonnet d’âne du jour du dépassement (16 février), suivi de l’Estonie et du Danemark. La France, elle, fait un peu mieux que l’an passé et à peine mieux que la moyenne européenne, avec un médiocre 15 mai. Quant aux meilleurs élèves, ou disons les moins pires de l’UE, il s’agit de la Roumanie (12 juin), la Hongrie (16 juin) et la Bulgarie (22 juin).

Source : Libération, 09/05/2019.

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