dimanche 30 septembre 2018

Mal-logement, chômage... La France face au défi de la pauvreté

[Le défi de la pauvreté] La pauvreté frappe 13,6 % des Français et 19,1 % des moins de 18 ans. Un plan d’action est attendu mi-septembre. Premier volet de notre enquête.



Il appelle cela la « scoumoune ». « La dèche, quoi », précise Damien Moreau, la petite
vingtaine, le ton goguenard. « La panade, la mierda, la super-glu des galères. » Rasé de
près, il enfourche son vélo pour rejoindre l’ami avec qui il partage un studio, près de Paris.
Depuis qu’il a décroché de son BTS vente, il alterne inactivité et petits boulots. « Des jobs de livreur en autoentrepreneur, des contrats courts. »


Les bons mois, il tourne autour de 1 100 euros. Les autres, il « bidouille ». « Je fais gaffe à
tout. Je repère les plans gratuits pour sortir quand même avec les copains : on me prend
pour un écolo radin, un militant de la décroissance, sourit-il. J’aime autant, ça sonne plus
chic que pauvre. Même si j’ai l’habitude : la scoumoune, je suis né dedans, et mes parents,
tous deux au chômage, aussi. »


Emmanuel Macron, lui, appelle cela les « inégalités de destin ». « Selon l’endroit où vous
êtes né, la famille où vous avez grandi, votre destin est le plus souvent scellé », déclarait-il
le 9 juillet, pour défendre son ambitieux plan antipauvreté. Celui-ci était attendu cet été,
dans la foulée des concertations entamées fin 2017 par le délégué interministériel dédié au
sujet, Olivier Noblecourt. Il sera finalement présenté mi-septembre.


Distribution de petits-déjeuners gratuits dans les écoles, allongement de la période
obligatoire de formation de 16 à 18 ans ou, encore, versement unique des allocations... Si les pistes évoquées sont jugées prometteuses par les associations, certaines redoutent
néanmoins que les moyens dégagés ne soient pas à la hauteur.
Car les signaux envoyés par l’exécutif sont ambigus. En juin, le président a qualifié de
« pognon de dingue » les sommes consacrées aux minima sociaux. Si le minimum vieillesse (833 euros) sera revalorisé de 35 euros en 2019 et 2020, les allocations familiales, APL et pensions progresseront de 0,3 % seulement sur ces deux années, soit moins que l’inflation.


Sera-t-il possible de renforcer la lutte contre la pauvreté tout en serrant la vis sur certaines
prestations ?


(...)

Article intégral en ligne : https://www.lemonde.fr
Source : LE MONDE | 04.09.2018

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