La maladie, très contagieuse et potentiellement mortelle, a connu une progression spectaculaire en 2018, selon l’OMS. En cause : une vaccination encore imparfaite.
Ce
sont de drôles de vacances que sont en train de vivre un couple de
trentenaires français et leur fils de 5 ans au Costa Rica. Arrivés la
semaine dernière dans ce petit paradis d’Amérique centrale, ils n’ont
guère pu profiter de son environnement préservé ou de ses plages
idylliques. Accusée d’avoir réintroduit le virus de la rougeole dans ce
pays qui l’avait éradiqué depuis 2014, la famille a été placée en
quarantaine par le ministère costaricien de la Santé à l’hôpital
Monsenor Sanabria, à Puntarenas. D’après le journal Nacion, qui raconte
l’affaire, les deux parents et leur fils étaient porteurs du virus,
vraisemblablement contracté par le jeune garçon dans son école
maternelle en France, où des cas ont été rapportés.
« L’enfant et la mère n’avaient pas les vaccins qui
confèrent une protection contre la rougeole et apparemment le père ne
dispose pas du programme de vaccination complet (il n’avait reçu qu’une
injection, quand deux sont obligatoires depuis 1997 – NDLR) », précise
le communiqué du ministère de la Santé. Tous devaient rester confinés
jusqu’en milieu de semaine, « pour protéger la santé publique », ont
indiqué les autorités costariciennes, qui tentent de retrouver
l’ensemble des personnes ayant approché le couple : les passagers du vol
Air France du 18 février, les clients de l’hôtel où ils ont passé une
journée dans la capitale San José ou ceux qui les ont côtoyés à
Puntarenas. Au total, en fin de semaine dernière, 26 personnes avaient
pu être retrouvées et vaccinées, pour éviter la propagation de la
maladie.
Les pays riches aussi concernés
Cette histoire singulière montre combien le fait de
baisser la garde – en clair, de considérer la vaccination comme
facultative – face à des virus présentés à tort comme disparus peut
avoir des conséquences fâcheuses. Car la rougeole, infection virale
hautement contagieuse, peut se révéler mortelle en cas de complications.
Il y a quelques jours, l’Organisation mondiale de la santé a tiré la
sonnette d’alarme, évoquant une progression spectaculaire des cas
recensés sur la planète : 229 000 cas signalés pour 2018, contre 170 000
l’année précédente. Des chiffres qui devraient encore s’aggraver, les
statistiques de chaque pays pouvant être transmises jusqu’au mois
d’avril.
Fait notable, « toutes les régions ont vu une hausse des
cas l’an dernier », a souligné Katrina Kretsinger, la responsable
médicale du programme élargi de vaccination de l’OMS, citant les
épidémies en Ukraine (53 000 cas sur les 83 000 recensés en Europe), à
Madagascar, en République démocratique du Congo, au Tchad et en Sierra
Leone. Sans surprise, c’est dans l’île malgache, où la vaccination est
très insuffisante (un tiers seulement des moins de 3 ans), que celle-ci a
fait le plus de dégâts : 66 278 cas et 922 décès relevés entre octobre
2018 et le 12 février dernier. Mais des pays riches voient aussi
réapparaître le virus. Aux États-Unis, l’état d’urgence a été déclaré
dans l’État de Washington (nord-ouest du pays) en janvier, après
l’apparition de 31 cas, essentiellement chez des enfants de moins de 10
ans. Et une alerte a été lancée dans l’Oregon voisin. En France, un
foyer épidémique s’est fait jour dans la station de ski de Val-Thorens
(Savoie), où 39 cas ont été comptabilisés par l’agence régionale de
santé, essentiellement des employés saisonniers, mais aussi deux enfants
de moins de 1 an. Pour l’heure sans dommages irréversibles. Ce qui ne
fut pas le cas pour trois personnes en 2018 qui ont succombé à la
maladie. Selon Santé publique France, aucun département n’a atteint
l’objectif de 95 % d’enfants vaccinés, censé empêcher toute circulation
du virus.
Source : L'Humanité, 26 Février 2019, Alexandre Fache.
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