Rendu public hier, le rapport de l’Insee sur « La France dans l’Union européenne » affine ses données sur la pauvreté, avec les notions de privation et de sous-emploi.
Après
plus d’un an de travail, l’Insee a dévoilé hier les principaux
indicateurs économiques et sociaux de la France au sein de l’Union
européenne. Avec un focus spécifique sur les profils de la pauvreté. En
pleine crise des gilets jaunes, de nouveaux critères permettent
d’affiner le regard sur les différentes formes et ressentis de pauvreté
en France et dans les autres pays de l’Union européenne. « Nous avons
analysé la pauvreté monétaire et la privation matérielle et sociale, qui
sont deux approches différentes de la pauvreté, explique Julien Blasco,
économiste et spécialiste des inégalités. La première se fonde sur le
revenu des ménages, la seconde sur les conditions de vie. » Ce nouvel
indicateur de privation matérielle et sociale, établi en 2017, dresse
une série de treize éléments de la vie courante considérés comme
souhaitables, voire nécessaires, pour avoir un niveau de vie acceptable
(ne pas avoir d’impayés, pouvoir se payer une semaine de vacances, une
voiture, changer les meubles hors d’usage ou se payer des vêtements
neufs…).
En France, 5,5 % de la population cumule pauvreté
monétaire et privation matérielle et sociale, contre 50 % des
populations bulgare et roumaine, touchées par au moins une forme de
pauvreté. Par conséquent, la France a le sixième taux le plus bas de
pauvreté monétaire de l’Union européenne (13,6 %) et un taux de
privation matérielle et sociale médian (12,7 %).
En revanche, avec 9,4 % de sa population sans emploi en
2017, elle se situe parmi les six pays les plus touchés par le chômage,
après la Grèce, l’Espagne, la Croatie, l’Italie et Chypre. Côté
ressenti, l’insatisfaction y atteint 19 %, soit un taux proche de celui
du Royaume-Uni et de l’Allemagne, et supérieur à celui des autres pays
de l’Europe du Nord et de l’Ouest. « Ce taux élevé peut être corrélé aux
12,7 % de Français touchés par la privation matérielle et sociale »,
analyse Julien Blasco. En Europe, la Bulgarie et la Roumanie atteignent
le taux le plus élevé de privation matérielle et sociale avec 47 %.
Les ravages de l’emploi subi, à l’échelle européen
Qu’en est-il des personnes pauvres en France ? 90 % de
celles vivant en situation de privation matérielle et sociale sont des
familles monoparentales au chômage. Ces données se reflètent au niveau
européen : ces familles sont trois fois plus touchées que les couples
sans enfants par la pauvreté et les chômeurs sont quatre fois plus
touchés que les personnes en emploi par la pauvreté. Enfin, le rapport
met en lumière une catégorie dites « main-d’œuvre sous-utilisée ». Ce
sont les personnes sans emploi qui souhaiteraient travailler davantage,
c’est-à-dire soit trouver un emploi, soit sortir du temps partiel subi.
Elles sont 17,7 % (3 millions) en France, qui fait ainsi partie des sept
pays les plus affectés par le phénomène. A contrario, la République
tchèque est le pays qui affiche le taux le plus faible (4,2 %). Sans
surprise, les difficultés d’accès à un emploi pérenne sont plus
fréquentes chez les femmes. Leur part en recherche d’emploi stable
était, en 2017, de 4,6 points supérieure à celle des hommes pour
l’ensemble des pays de l’UE. La France est l’un de ceux où cet écart est
le plus élevé (5,5 points). Et le rapport constate que « quel que soit
le niveau de diplôme, là encore, les femmes sont plus souvent affectées
par la sous-utilisation de la main-d’œuvre ».
Source : L'Humanité.fr, 17/04/2019.
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