Jusqu’au début des années 1980, le nombre des cas de rougeole, en France, se comptait par centaine de milliers… Trois ans après l’introduction du vaccin, en 1983, c’est encore 330 000 cas annuels qui sont enregistrés. Le point sur les grandes étapes de l’histoire de la rougeole en France.
En
2005, la France est entrée dans le « plan d’élimination de la rougeole
et de la rubéole congénitale 2005-2010 », de l’OMS Europe. Elle inscrit
dès lors la rougeole sur la liste des maladies à déclaration obligatoire
et vise l’éradication de cette maladie infantile grâce à la
vaccination.
La logique de ce signalement par la déclaration
obligatoire aux autorités de santé (agence régionale de santé) doit
permettre de déceler rapidement les cas groupés ou d’identifier une
chaîne de transmission et de mettre ainsi en œuvre des mesures
préventives – recherche d’autres cas, vaccination des sujets réceptifs
dans l’entourage.
Avant ce dispositif, la rougeole faisait l’objet d’une
surveillance permanente par le réseau Sentinelles (Inserm), qui
permettait de suivre l’évolution des épidémies. Quand le vaccin
antirougeoleux est introduit, en 1983, dans le calendrier vaccinal
recommandé, les épidémies de rougeole n’usurpaient pas leur titre
d’épidémie : les 500 000 cas annuels étaient souvent atteints et trois
ans après l’introduction du vaccin antirougeoleux, en 1986, on compte
encore 331 000 cas. De plus, la maladie n’étant « que » surveillée et
pas encore « à déclaration obligatoire », le nombre de cas réels pouvait
être bien plus important ! Mais l’obligation de déclarer ne résoud pas
tout : la sous-déclaration ne peut être exclue, comme l’explique Santé
publique France, notamment en période estivale, la France étant
coutumière du fait.
Reste qu’en 1997 une deuxième dose de vaccin est
introduite afin de conférer une immunité encore plus forte et plus
longue, réputée à vie : on estime ainsi que les deux doses rattrapent
les éventuels loupés de l’immunisation d’une seule dose de vaccin. Les
chiffres de l’INVS (actuel Santé publique France – SPF) pointent ainsi
une quasi-disparition de la rougeole, passant de 331 000 cas en 1986 à
4 448 cas pour l’année 2004.
Le nombre s’effondre littéralement ensuite avec moins de
10 cas par mois en moyenne jusqu’en 2009, année où la rougeole progresse
à nouveau avec un pic en 2011 (l’épidémie de 2010-2011), soit 5 000 cas
en 2010 et 15 000 l’année suivante. À noter que la vaccination
antirougeole, sauf exception, ne peut être réalisée chez les enfants de
moins de 12 mois, d’où le fait que ce soit dans cette tranche d’âge que
l’incidence, soit le nombre de cas sur la période étudiée, soit
systématiquement la plus élevée : ainsi, l’incidence (du 17 février 2017
au 16 février 2018) des cas de rougeole chez les « moins d’un an »
sera de 10,6 pour 100 000, contre moins de 1 pour 100 000 chez les plus
de 30 ans.
La vaccination désormais obligatoire pour 11 valences
– comprenant rougeole oreillons-rubéole (ROR) – pour les enfants nés
après le 31 décembre 2017 ne change pas la donne immédiatement
concernant le fait que ce sont encore les moins d’un an qui constituent
un fort pourcentage des cas de rougeole, puisque la vaccination ne se
fait pas avant les 12 mois révolus de l’enfant.
Ce qui est visé, quand on parle d’élimination de la
rougeole, selon l’OMS, c’est 0,1 cas pour 100 000 habitants, quand, pour
2018 par exemple en France, l’incidence est de 1,37 cas pour
100 000 habitants. Et, pour atteindre ce 0,1 cas, 95% de la population
doit être vaccinée. Car la rougeole est une infection virale hautement
contagieuse : la transmission se fait par voie aérienne et le virus
persiste dans l’air ou sur une surface contaminée par des sécrétions
nasopharyngées. Après exposition au virus, le délai d’apparition de
l’éruption est de 14 jours en moyenne, soit une incubation de 10 à
12 jours. Puis vient l’invasion qui dure de 2 à 4 jours avec une fièvre
de 38,5 °C associant toux, rhinite et conjonctivite. Et enfin l’éruption
maculo-papuleuse, les rougeurs spécifiques de la rougeole.
La phase de contagion démarre, elle, la veille de
l’apparition des symptômes et jusqu’à 5 jours après le début de
l’éruption. Et, comme l’indique le document de prévention de SPF, « les
rougeoles les plus graves ne sont pas toujours celles des petits », mais
celles des adultes, particulièrement s’ils sont immunodéprimés. Or,
l’une des difficultés face à la rougeole pour les personnes
immunodéprimées (sur les 10 décès liés à la rougeole entre 2008 et 2011,
7 personnes étaient immunodéprimées) tient à ce que le vaccin contient
le virus vivant atténué et ne peut donc leur être administré.
L’un des enjeux de la vaccination de la population est
donc aussi de protéger les personnes immunodéprimées et les moins d’un
an de toute complication, qui vont de la pneumopathie à l’encéphalite.
Source : L'Humanité.fr, 04/04/2019.
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