samedi 14 décembre 2019

Ces six ruptures majeures auxquelles conduit la réforme des retraites

La réforme proposée du régime de retraite est une réforme systémique, qui rompt avec la justice et la solidarité aujourd'hui en vigueur, estime Jean-Luc Gaffard.

La réforme envisagée des régimes de retraites entend substituer au système actuel un système par points ayant l’avantage présumé de l’universalité et de l’équité que résume la proposition "1 euro cotisé ouvre les mêmes droits pour tous".

Six ruptures majeures

Derrière cette proposition toute simple qui doit emporter l’adhésion se cache, au moins dans les principes, avant d’en connaître les modalités précises d’application, plusieurs ruptures qui relèvent d’un choix de société.
  1. L’individualisation des parcours l’emporte sur la solidarité. Chacun obtiendra ce qu’il a apporté. Les inégalités de revenus et les différences de parcours sont ainsi gravées dans le marbre. Il n’y a plus de redistribution actée. Avec le système à points, tous les accidents de carrière se répercutent sur le niveau des pensions, ce qui est évité, en ce qui concerne les accidents de débuts de carrière, quand la pension dépend, comme actuellement, des salaires des 25 dernières années. La réalité de la réforme est ailleurs. Le véritable objectif, plus ou moins explicite, est de renforcer l’incitation de chaque individu à travailler en supposant, bien sûr, que des emplois sont toujours disponibles et que la seule question qui vaille est celle de leur acceptation, auquel cas le chômage est volontaire.
  2. Sous couvert d’universalité et de justice sociale au bénéfice des travailleurs aux carrières heurtées, la précarité des emplois est acceptée comme une norme. Certes le mécanisme actuel de validation par trimestre pénalise les travailleurs en emploi précaire, mais pour y pallier il suffirait de réduire le nombre d’heures requis pour cette validation. La véritable solution serait, toutefois, de faire reculer le recours aux emplois précaires. Une réforme du régime de retraite est difficilement concevable indépendamment des règles qui régissent les marchés de travail. Il se trouve que la réforme proposée va de pair avec la flexibilisation du travail qui entérine la précarité au nom d’une prétendue transformation du travail qui voudrait que l’on change très souvent d’emplois au cours de sa vie professionnelle. Il serait plus avisé de renforcer les formations techniques supérieures pour répondre aux besoins des entreprises industrielles en emplois qualifiés et durables, autrement dit faire se rencontrer des offres et demandes de travail de bon niveau plutôt que de vouloir stimuler l’offre de travail non qualifié avec la réforme des retraites.
(...)

Source : Marianne.net.
Article intégral en ligne : https://www.marianne.net

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire