Le passage à un mode de calcul des retraites par points dans le régime « universel » voulu par le gouvernement suscite de nombreuses interrogations.
L’une des grandes nouveautés du régime de retraites universel voulu par le président de la République, Emmanuel Macron, serait de passer à un système dit « par points ». Une règle technique, mais qui n’a rien d’un détail et concentre à elle seule une bonne partie des critiques à l’encontre de la réforme : complexité, craintes pour le pouvoir d’achat, inégalités…
1. Qu’est-ce qu’un point de retraite ?
Dans
un système par répartition – le système actuel en France –, les actifs
contribuent chaque mois à financer les pensions des retraités par le
biais des cotisations salariales et patronales, prélevées sur leurs
revenus.
Dans
le régime « universel » souhaité par M. Macron, ces cotisations sont
comptabilisées pour cumuler, tout au long de sa carrière, des points de
retraite, qui viendront alimenter une sorte de cagnotte fictive. Le rapport Delevoye proposait
d’accorder un point de retraite pour 10 euros de cotisation aux débuts
du régime universel, en 2025. Cette règle de calcul est ce qu’on appelle
la valeur d’acquisition du point.
Les points sont ensuite utilisés en fin de carrière comme base de calcul de la pension.
2. Comment les points sont-ils transformés en pensions ?
Dans
le système actuel, les pensions de retraite du régime général des
salariés du privé sont calculées sur la base d’un salaire de référence.
Cette somme est la moyenne des vingt-cinq meilleures années de la
carrière pour le régime général. En cas de départ à la retraite après
une carrière complète et hors autres cas particuliers, la pension de
retraite de base (sans compter la complémentaire) correspond à 50 % de
ce salaire de référence.
Dans
le régime « universel » souhaité par le gouvernement, ce n’est plus le
salaire de référence, mais le nombre de points accumulés au cours de la
carrière qui sert de base pour chiffrer la pension. Ce calcul est
réalisé à partir de la valeur de service du point de retraite, qui
pourrait être de 0,55 euro de pension annuelle nette en 2025, comme le
propose le rapport Delevoye
Si
cette hypothèse est retenue, cela signifierait que 10 euros cotisés
correspondent à 0,55 euro de retraite par an. Ainsi, un salarié qui aura
accumulé 30 000 points – donc 300 000 euros de cotisations – de
retraites aura une pension annuelle de 16 500 euros net, soit
1 375 euros par mois. C’est déjà de la sorte que le régime complémentaire des salariés du privé (Agirc-Arrco) fonctionne.
Un
autre facteur important entrera cependant en compte dans ce calcul : le
fameux âge pivot. S’il restera possible de partir à la retraite à
62 ans dans le régime universel, il faudra en revanche partir à l’âge
pivot, qui pourrait être de 64 ans en 2027 et augmenter par la suite,
pour que sa pension soit calculée sur la valeur normale du point. En
dessous de l’âge pivot, la pension serait frappée d’un malus (de l’ordre
de 5 % par an, proposait le rapport Delevoye). Au-dessus, elle serait
bonifiée (là aussi de 5 % par an).
(...)
Source : Le Monde.fr, 17/12/2019.
Article intégral en ligne : https://www.lemonde.fr
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