jeudi 19 décembre 2019

Réforme des retraites : six questions sur le système par points au cœur des inquiétudes

Le passage à un mode de calcul des retraites par points dans le régime « universel » voulu par le gouvernement suscite de nombreuses interrogations.

L’une des grandes nouveautés du régime de retraites universel voulu par le président de la République, Emmanuel Macron, serait de passer à un système dit « par points ». Une règle technique, mais qui n’a rien d’un détail et concentre à elle seule une bonne partie des critiques à l’encontre de la réforme : complexité, craintes pour le pouvoir d’achat, inégalités…

1. Qu’est-ce qu’un point de retraite ?

Dans un système par répartition – le système actuel en France –, les actifs contribuent chaque mois à financer les pensions des retraités par le biais des cotisations salariales et patronales, prélevées sur leurs revenus.
Dans le régime « universel » souhaité par M. Macron, ces cotisations sont comptabilisées pour cumuler, tout au long de sa carrière, des points de retraite, qui viendront alimenter une sorte de cagnotte fictive. Le rapport Delevoye proposait d’accorder un point de retraite pour 10 euros de cotisation aux débuts du régime universel, en 2025. Cette règle de calcul est ce qu’on appelle la valeur d’acquisition du point.
Les points sont ensuite utilisés en fin de carrière comme base de calcul de la pension.

2. Comment les points sont-ils transformés en pensions ?

Dans le système actuel, les pensions de retraite du régime général des salariés du privé sont calculées sur la base d’un salaire de référence. Cette somme est la moyenne des vingt-cinq meilleures années de la carrière pour le régime général. En cas de départ à la retraite après une carrière complète et hors autres cas particuliers, la pension de retraite de base (sans compter la complémentaire) correspond à 50 % de ce salaire de référence.
Dans le régime « universel » souhaité par le gouvernement, ce n’est plus le salaire de référence, mais le nombre de points accumulés au cours de la carrière qui sert de base pour chiffrer la pension. Ce calcul est réalisé à partir de la valeur de service du point de retraite, qui pourrait être de 0,55 euro de pension annuelle nette en 2025, comme le propose le rapport Delevoye
Si cette hypothèse est retenue, cela signifierait que 10 euros cotisés correspondent à 0,55 euro de retraite par an. Ainsi, un salarié qui aura accumulé 30 000 points – donc 300 000 euros de cotisations – de retraites aura une pension annuelle de 16 500 euros net, soit 1 375 euros par mois. C’est déjà de la sorte que le régime complémentaire des salariés du privé (Agirc-Arrco) fonctionne.
Un autre facteur important entrera cependant en compte dans ce calcul : le fameux âge pivot. S’il restera possible de partir à la retraite à 62 ans dans le régime universel, il faudra en revanche partir à l’âge pivot, qui pourrait être de 64 ans en 2027 et augmenter par la suite, pour que sa pension soit calculée sur la valeur normale du point. En dessous de l’âge pivot, la pension serait frappée d’un malus (de l’ordre de 5 % par an, proposait le rapport Delevoye). Au-dessus, elle serait bonifiée (là aussi de 5 % par an).

(...)

Source : Le Monde.fr, 17/12/2019.
Article intégral en ligne : https://www.lemonde.fr

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