vendredi 17 juillet 2015

Comment l’Assurance-maladie veut économiser 3 milliards d’euros

Comment économiser près de 3 milliards d’euros au cours des trois prochaines années (dont 715 millions dès 2016) sans dégrader la qualité des soins ? C’est la réponse que tente d’apporter, jeudi 2 juillet, la Caisse nationale d’Assurance-maladie (CNAM) en dévoilant 31 mesures de réduction des dépenses, dans son traditionnel rapport précédant le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.


L’annonce de ces propositions intervient dans un contexte budgétaire encore plus contraint que les années passées, avec une hausse des dépenses de l’Assurance-maladie plafonnée à 1,75 % en 2016. Un niveau particulièrement bas qui implique de réaliser l’année prochaine « 3,4 milliards d’euros d’économies par rapport à la croissance tendancielle des dépenses » de santé, rappelle la CNAM. Si certaines préconisations, comme le recours accru aux médicaments génériques, sont consensuelles et courantes, d’autres le sont beaucoup moins, comme la mise en place de durées de référence pour les arrêts de travail.
  • Hospitalisation 

Après avoir engagé la réduction de la durée du séjour à la maternité ou à l’hôpital après une opération orthopédique, l’Assurance-maladie souhaite limiter le nombre des réhospitalisations, notamment pour les patients atteints de broncho-pneumopathie obstructive ou d’insuffisance cardiaque. L’amélioration du suivi effectué par le médecin traitant à la sortie de l’hôpital permettrait de dégager 840 millions d’euros sur trois ans. Prenant exemple sur l’opération de la cataracte, la CNAM assure aussi qu’il est possible pour les hôpitaux de dégager de « nouvelles marges financières » autour des actes chirurgicaux en « optimisant les processus » et en « diminuant les coûts de revient ».
  • Examens biologiques

La CNAM constate que 3,9 millions d’examens préanesthésiques réalisés en 2013 n’étaient pas pertinents. Elle annonce donc la mise en place d’« actions d’accompagnement » des établissements mauvais élèves et appelle la Haute Autorité de santé à mettre en place des « référentiels » pour préciser les bonnes pratiques sur la fréquence de réalisation d’examens de biologie, notamment pour dépister le diabète. Gain attendu : 200 millions d’euros sur trois ans.
  • Transports sanitaires 

5,6 millions de patients ont été transportés en 2014 pour un coût de 4 milliards d’euros. L’Assurance-maladie préconise de développer un système de plate-forme de commande de transport à la sortie de l’hôpital pour arbitrer s’il vaut mieux faire appel à un taxi, à un véhicule sanitaire léger ou à une ambulance. Estimant que 550 millions d’euros pourraient ainsi être économisés en trois ans, la CNAM annonce par ailleurs réfléchir à une « responsabilisation plus directe » des hôpitaux, via l’allocation d’une enveloppe « transport » à chacun.
  • Médicaments 

L’Assurance-maladie juge « essentiel » que les choix de prescription de certains dispositifs médicaux ou médicaments, en particulier les plus récents et les plus coûteux, notamment contre l’hépatite C, « soient guidés par le rapport coût-efficacité des traitements, au-delà de leur seule efficacité ». Prenant l’exemple des antidiabétiques, pas toujours prescrits à bon escient, elle appelle à la bonne observance par les praticiens des « règles et recommandations d’usage édictées par les agences de santé ». En poursuivant le développement des génériques, elle compte aussi économiser 38,8 millions l’an prochain.
Elle accorde cette année une place spécifique au traitement de l’apnée du sommeil, dont le nombre de cas a connu une hausse de 15 %. La CNAM prône le recours à la pose d’un appareillage spécifique plutôt que la prescription d’un système de ventilation nocturne. A la clé, un gain de 175 millions d’euros sur trois ans.
  • Prévention et accès aux soins 

Le rapport préconise d’amplifier dans des territoires prioritaires des programmes de prise en charge des enfants obèses et de prévention du diabète. Une façon d’éviter les dépenses ultérieures liées à l’aggravation de ces pathologies. Une réflexion sur l’amélioration de l’accès aux soins dentaires pour les plus démunis, via une rémunération forfaitaire supplémentaire accordée aux dentistes, est également lancée.
Arrêts de travail La CNAM propose la mise en place de « recommandations » pour aider les médecins dans la prescription d’arrêts pour les maladies chroniques, notamment les cancers. Couplée à une plus grande efficacité des contrôles des arrêts de travail, l’Assurance-maladie espère dégager 300 millions d’euros sur trois ans.

Source : Journal Le Monde, 02/07/2015, François Béguin.

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