Comment l’Assurance-maladie veut économiser 3 milliards d’euros
Comment économiser près de 3 milliards
d’euros au cours des trois prochaines années (dont 715 millions dès
2016) sans dégrader la qualité des soins ? C’est la réponse que tente
d’apporter, jeudi 2 juillet, la Caisse nationale d’Assurance-maladie
(CNAM) en dévoilant 31 mesures de réduction des dépenses, dans son
traditionnel rapport précédant le projet de loi de financement de la
Sécurité sociale.
L’annonce de ces propositions intervient dans un
contexte budgétaire encore plus contraint que les années passées, avec
une hausse des dépenses de l’Assurance-maladie plafonnée à 1,75 % en
2016. Un niveau particulièrement bas qui implique de réaliser l’année
prochaine « 3,4 milliards d’euros d’économies par rapport à la croissance tendancielle des dépenses » de
santé, rappelle la CNAM. Si certaines préconisations, comme le recours
accru aux médicaments génériques, sont consensuelles et courantes,
d’autres le sont beaucoup moins, comme la mise en place de durées de
référence pour les arrêts de travail.
Après
avoir engagé la réduction de la durée du séjour à la maternité ou à
l’hôpital après une opération orthopédique, l’Assurance-maladie souhaite
limiter le nombre des réhospitalisations, notamment pour les patients
atteints de broncho-pneumopathie obstructive ou d’insuffisance
cardiaque. L’amélioration du suivi effectué par le médecin traitant à la
sortie de l’hôpital permettrait de dégager 840 millions d’euros sur
trois ans. Prenant exemple sur l’opération de la cataracte, la CNAM
assure aussi qu’il est possible pour les hôpitaux de dégager de « nouvelles marges financières » autour des actes chirurgicaux en « optimisant les processus » et en « diminuant les coûts de revient ».
La
CNAM constate que 3,9 millions d’examens préanesthésiques réalisés
en 2013 n’étaient pas pertinents. Elle annonce donc la mise en place d’« actions d’accompagnement » des établissements mauvais élèves et appelle la Haute Autorité de santé à mettre en place des « référentiels » pour
préciser les bonnes pratiques sur la fréquence de réalisation d’examens
de biologie, notamment pour dépister le diabète. Gain attendu :
200 millions d’euros sur trois ans.
5,6 millions
de patients ont été transportés en 2014 pour un coût de 4 milliards
d’euros. L’Assurance-maladie préconise de développer un système de
plate-forme de commande de transport à la sortie de l’hôpital pour
arbitrer s’il vaut mieux faire appel à un taxi, à un véhicule sanitaire
léger ou à une ambulance. Estimant que 550 millions d’euros pourraient
ainsi être économisés en trois ans, la CNAM annonce par ailleurs
réfléchir à une « responsabilisation plus directe » des hôpitaux, via l’allocation d’une enveloppe « transport » à chacun.
L’Assurance-maladie juge « essentiel »
que les choix de prescription de certains dispositifs médicaux ou
médicaments, en particulier les plus récents et les plus coûteux,
notamment contre l’hépatite C, « soient guidés par le rapport coût-efficacité des traitements, au-delà de leur seule efficacité ».
Prenant l’exemple des antidiabétiques, pas toujours prescrits à bon
escient, elle appelle à la bonne observance par les praticiens des « règles et recommandations d’usage édictées par les agences de santé ». En poursuivant le développement des génériques, elle compte aussi économiser 38,8 millions l’an prochain.
Elle
accorde cette année une place spécifique au traitement de l’apnée du
sommeil, dont le nombre de cas a connu une hausse de 15 %. La CNAM prône
le recours à la pose d’un appareillage spécifique plutôt que la
prescription d’un système de ventilation nocturne. A la clé, un gain de
175 millions d’euros sur trois ans.
Prévention et accès aux soins
Le
rapport préconise d’amplifier dans des territoires prioritaires des
programmes de prise en charge des enfants obèses et de prévention du
diabète. Une façon d’éviter les dépenses ultérieures liées à
l’aggravation de ces pathologies. Une réflexion sur l’amélioration de
l’accès aux soins dentaires pour les plus démunis, via une rémunération
forfaitaire supplémentaire accordée aux dentistes, est également lancée.
Arrêts de travail La CNAM propose la mise en place de « recommandations »
pour aider les médecins dans la prescription d’arrêts pour les maladies
chroniques, notamment les cancers. Couplée à une plus grande efficacité
des contrôles des arrêts de travail, l’Assurance-maladie espère dégager
300 millions d’euros sur trois ans.
Source : Journal Le Monde, 02/07/2015, François Béguin.
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