vendredi 17 juillet 2015

Le « binge drinking » touche toutes les générations

Selon le bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’Institut de veille sanitaire (InVS), paru mardi 7 juillet, l’alcool est l’une des toutes premières causes d’hospitalisation en France. Un problème majeur de santé publique que les professeurs François Paille (Centre hospitalier universitaire de Nancy) et Michel Reynaud (hôpital Paul-Brousse, Villejuif), auteurs de l’étude, imputent au binge drinking ou « biture express », le fait de boire très rapidement une grande quantité d’alcool.

L’étude des professeurs Paille et Reynaud porte sur l’ensemble des séjours hospitaliers, publics et privés, en lien avec la consommation d’alcool. Elle révèle que les hospitalisations pour lesquelles l’alcool est impliqué ont coûté 2,64 milliards d’euros (estimation) en 2012, soit 3,6 % des objectifs nationaux de dépenses de l’Assurance-maladie (72,7 milliards d’euros).

 




Démence, dépendance, cirrhoses et autres pathologies liées à la consommation d’alcool… les causes de ces hospitalisations sont multiples. Et touchent surtout les hommes. Ils représentent la majorité de la patientèle de ces services pour les hospitalisations liées à l’alcool, majorité plus ou moins large selon le service.

Consommation quotidienne en baisse

L’étude relève également une hausse de 16,5 % du nombre de patients hospitalisés en médecine, chirurgie, obstétrique et odontologie (MCO) entre 2006 et 2012. Pourtant, la consommation d’alcool est en baisse depuis une quarantaine d’années en France. Et les Français boivent de moins en moins quotidiennement, comme le montre le graphique suivant, présenté dans la lettre Tendances de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT).


La consommation quotidienne d'alcool parmi les 18-75 ans baisse depuis 20 ans.
La consommation quotidienne d'alcool parmi les 18-75 ans 
baisse depuis 20 ans. Baromètre santé, INPES
La consommation régulière ne saurait donc être tenue pour seule responsable.
Les pratiques excessives, telles le binge drinking, sont probablement plus risquées. Et à ce sujet, les professeurs Paille et Reynaud contrecarrent l’idée reçue selon laquelle seuls les jeunes seraient les adeptes de ce phénomène : l’augmentation des hospitalisations pour alcoolisation aiguë a plutôt concerné des adultes d’âge mûr (43 ans de moyenne d’âge) alors qu’elles sont restées stables chez les plus jeunes entre 2006 et 2012.
Une autre étude, publiée par le baromètre Santé 2014 de l’Inpes, concluait au contraire en mars à une extension du phénomène du binge drinking chez les jeunes, parlant d’un « comportement générationnel ». Elle signalait que 14 % des 15-24 ans et 10 % des 25-34 ans avaient pratiqué le binge drinking, contre 6 % pour les 35-44 ans. L’échantillon sélectionné pour les besoins de cette étude avait été… interrogé par téléphone. Il se basait donc sur la propre interprétation des personnes interrogées.

On apprend par ailleurs dans l’étude sanitaire de l’InVS que les intoxications aiguës, aussi bien que les hospitalisations pour dépendance alcoolique, concernent surtout le Nord-Pas-de-Calais et la Réunion, avec un taux supérieur au double de la moyenne nationale.


Répartition régionale des troubles liés à l’alcool en médecine, chirurgie, obstétrique (MCO) : intoxication aiguë vs. syndrome de dépendance, France, 2011.
Répartition régionale des troubles liés à l’alcool en médecine, chirurgie, obstétrique (MCO) : intoxication aiguë vs. syndrome de dépendance, France, 2011. Bulletin épidémiologique hebdomadaire 24-25, INVS

Source : Journal Le Monde, 10/07/2015,
 

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