vendredi 17 juillet 2015

Affaire Vincent Lambert : un pas vers l’arrêt des traitements

Plus de cinq semaines après l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) autorisant l’arrêt des traitements de Vincent Lambert, c’est à un « conseil de famille » un peu particulier que ses parents, ses frères et sœurs, son épouse et son neveu sont conviés mercredi 15 juillet à l’hôpital Sébastopol de Reims. Signe de l’extrême prudence adoptée par le CHU dans ce dossier, pour donner leur avis sur une « nouvelle procédure en vue d’une décision d’arrêt des traitements », ils ne seront pas réunis autour d’une même table, mais reçus en plusieurs groupes successifs par le docteur Daniela Simon, la chef du service qui prendra la décision finale.


A tous, selon les informations du Monde, la médecin devrait annoncer la tenue dès la semaine prochaine d’une réunion « collégiale » de plusieurs praticiens. A charge pour eux de déterminer si de nouvelles expertises médicales sont nécessaires — comme le réclament les parents, qui estiment que leur fils a recommencé à déglutir ces dernières semaines — ou si l’on pourra prochainement arrêter la nutrition et l’hydratation artificielles, dans le cadre de la loi Leonetti sur les droits des malades et la fin de vie.
Le docteur Simon ayant fait partie de l’équipe qui a décidé à deux reprises d’arrêter les traitements, le sens de la décision finale semble faire aujourd’hui peu de mystère. Reste l’inconnue du calendrier. « Ce sera annoncé avant la fin du mois », croit savoir Laurent Pettiti, l’avocat de Rachel Lambert, l’épouse de Vincent Lambert. Il se dit par ailleurs certain qu’aucun médecin extérieur au CHU ne sera sollicité pour participer à cette réunion.

« Mascarade »

 

« Je crains que cette procédure ne soit qu’une mascarade visant à donner un habillage juridique à la précédente décision d’arrêt des traitements », assure Jean Paillot, l’un des avocats des parents. Réclamant une nouvelle expertise neurologique et orthophonique, il se tient prêt à contester toute nouvelle décision d’arrêt des traitements devant le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne puis, le cas échéant, devant le Conseil d’Etat.
Depuis le 5 juin, les partisans du maintien en vie de Vincent Lambert, ses parents en tête, ont multiplié les démarches médiatiques, administratives et judiciaires pour obtenir gain de cause. Certaines d’entre elles ont rapidement tourné court. La CEDH a fait savoir dès le 6 juillet qu’elle rejetait la demande de révision de l’arrêt. Quant au recours devant le Conseil d’Etat, annoncé par les deux avocats des parents, il n’a finalement pas été déposé.
La demande de transfert dans une unité spécialisée au sein d’une maison de santé à Oberhausbergen, près de Strasbourg, n’est plus à l’ordre du jour. La direction de l’établissement – qui n’a pas souhaité s’exprimer – est « revenue sur sa décision initiale » d’accueillir Vincent Lambert, annonce Jean Paillot. Pierre et Viviane Lambert réfléchissent aujourd’hui à demander la prise en charge de leur fils à leur domicile ou dans une structure d’accueil pour personnes handicapées. Leurs avocats se tiennent par ailleurs prêts à saisir le tribunal s’ils n’ont pas obtenu de réponse à leur demande de transfert d’ici au 1er août.

Nouvelle vidéo du malade

 

Le docteur Bernard Jeanblanc et le professeur de neurologie Xavier Ducroq – les conseils médicaux des parents – ont quant à eux invité le 25 juin une dizaine de journalistes à visionner une nouvelle vidéo de Vincent Lambert afin d’« apporter des éclairages » sur son « véritable état clinique ». Ce jour-là, interdiction formelle pour les caméras des chaînes d’information en continu de filmer la même séquence que celle tournée une semaine plus tôt dans la chambre d’hôpital, et censée prouver que Vincent Lambert pouvait bien déglutir une cuillerée de Danette à la vanille.
« Qui a interviewé des médecins qui connaissent réellement le patient ? », a demandé le professeur Ducrocq aux journalistes qui dénonçaient une tentative de manipulation. De son côté, le docteur Jeanblanc a expliqué avoir pu observer Vincent Lambert sur son lit d’hôpital « un après-midi entier » et consulté son « dossier de soins ». Des experts mandatés par le Conseil d’Etat avaient, eux, mené des tests plus poussés.
Patrick Bouet, le président du Conseil national de l’ordre des médecins, assure « appeler par des contacts directs les parties médicales à la prudence et à la réserve dans les propos ».

Source : Journal Le Monde, 14/07/2015,

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