samedi 16 avril 2016

Les premières greffes entre patients séropositifs réalisées aux Etats-Unis

Fin mars, des médecins du centre médical John Hopkins de Baltimore ont réalisé avec succès les deux premières greffes, une de foie et une de rein, entre des patients infectés par le VIH. Une opération encore impossible en France.

D'un côté, il y a des dizaines de milliers de patients attendant un organe pour avoir l'occasion d'être transplanté et peut être sauvé d'une maladie grave. Certains d'entre eux, sérépositifs, ayant bien plus de chances de mourir avant qu'un organe soit disponible pour eux. De l'autre, il y a des centaines d'organes qui ne sont pas utilisés tous les ans car ils ont appartenu à des personnes séropositives. Pour les médecins du centre médical John Hopkins, de Baltimore, la solution était simple. 

Les progrès, notamment dans les traitements contre le VIH et dans les techniques de transplantations, permettent désormais le don d'organes entre séropositifs. Fin mars, ils ont procédé avec succès aux deux premières greffes d'organes entre séropositifs : une du foie et l'autre d'un rein. 

Fin mars, des médecins du centre médical John Hopkins de Baltimore
 ont réalisé avec succès les deux premières greffes, une de foie et 
une de rein, entre des patients infectés par le VIH. - Shutterstocl

Des protocoles exceptionnels mis en place

 

Si l'Afrique du Sud avait déjà pratiqué ce genre de transplantation, c'était bien la première fois outre-Atlantique. Les médecins ont donc mis en place des protocoles exceptionnels, notamment pour assurer le sécurité de l'opération, et ils ont reçu avant cela l'aval d'un conseil d'éthique ainsi que de l'administration américaine chargée du dons d'organes.
Jusqu'alors, les médecins étaient réticents à l'idée d'utiliser des organes infectés notamment parce que les greffes nécessitent la prise de médicaments qui affaiblissent le système immunitaire, comme le virus du SIDA. Mais l'évolution des traitements ont écartés ces risques
Finalement, les deux patients, en bonne santé, ont pu rapidement rentré chez eux. Selon plusieurs études, les receveurs séropositifs présentent des résultats à moyen terme aussi bons que les autres. Dans le cas des deux premières greffes américaines, il n'y a pas eu de rejet connu à ce jour. L'un des patients a même pu quitter l'hôpital dès le surlendemain. 

Entre 500 et 600 reins et foies par an en plus aux États-Unis

 

Malgré le succès de ces deux opérations, et d’une autre réalisée ce mercredi 6 avril à Montréal, la transplantation d’organes entres des patients séropositifs reste interdite encore en France. Il faut dire que, si les premières expérimentations datent d’il y a 5 ans, en Afrique du Sud, ce n’est qu’en 2015 que les premiers vrais résultats ont pu être publiés dans des revues scientifiques.
Pourtant, d’après le « Dr Dorry Segev, responsable du département de chirurgie à l’université Johns Hopkins, entre 500 et 600 reins et foies pourraient être prélevés chaque année sur des donneurs séropositifs si la loi l’autorisait ». En France, depuis 2015, le don d’organes est autorisé pour les personnes infectées par le virus de l’hépatite C, sous certaines conditions.
Des apports qui restent modérés mais qui pourraient raccourcir les délais d’attente d’une greffe, particulièrement pour les séropositifs et améliorer le traitement des cas les plus urgents. 

EnriqueMoreira, Les Echos.fr, 10/04/2016.

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