Fin mars, des médecins du centre médical John Hopkins de Baltimore ont réalisé avec succès les deux premières greffes, une de foie et une de rein, entre des patients infectés par le VIH. Une opération encore impossible en France.
D'un côté, il y a des dizaines de milliers de
patients attendant un organe pour avoir l'occasion d'être transplanté et
peut être sauvé d'une maladie grave. Certains d'entre eux,
sérépositifs, ayant bien plus de chances de mourir avant qu'un organe
soit disponible pour eux. De l'autre, il y a des centaines d'organes qui
ne sont pas utilisés tous les ans car ils ont appartenu à des personnes
séropositives. Pour les médecins du centre médical John Hopkins, de
Baltimore, la solution était simple.
Les progrès, notamment dans les traitements contre le VIH et dans les techniques de transplantations, permettent désormais le don d'organes entre séropositifs.
Fin mars, ils ont procédé avec succès aux deux premières greffes
d'organes entre séropositifs : une du foie et l'autre d'un rein.
Fin mars, des médecins du centre médical
John Hopkins de Baltimore
ont réalisé avec succès les deux premières
greffes, une de foie et
une de rein, entre des patients infectés par le
VIH. - Shutterstocl
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Des protocoles exceptionnels mis en place
Si l'Afrique du Sud avait déjà pratiqué ce genre de transplantation, c'était bien la première fois outre-Atlantique.
Les médecins ont donc mis en place des protocoles exceptionnels,
notamment pour assurer le sécurité de l'opération, et ils ont reçu avant
cela l'aval d'un conseil d'éthique ainsi que de l'administration
américaine chargée du dons d'organes.
Jusqu'alors, les médecins étaient réticents
à l'idée d'utiliser des organes infectés notamment parce que les
greffes nécessitent la prise de médicaments qui affaiblissent le système
immunitaire, comme le virus du SIDA. Mais l'évolution des traitements
ont écartés ces risques
Finalement, les
deux patients, en bonne santé, ont pu rapidement rentré chez eux. Selon
plusieurs études, les receveurs séropositifs présentent des résultats à
moyen terme aussi bons que les autres. Dans le cas des deux premières
greffes américaines, il n'y a pas eu de rejet connu à ce jour. L'un des
patients a même pu quitter l'hôpital dès le surlendemain.
Entre 500 et 600 reins et foies par an en plus aux États-Unis
Malgré le succès de ces deux opérations, et d’une autre réalisée ce mercredi 6 avril à Montréal,
la transplantation d’organes entres des patients séropositifs reste
interdite encore en France. Il faut dire que, si les premières
expérimentations datent d’il y a 5 ans, en Afrique du Sud, ce n’est
qu’en 2015 que les premiers vrais résultats ont pu être publiés dans des
revues scientifiques.
Pourtant, d’après le « Dr Dorry Segev, responsable du département de chirurgie à l’université Johns Hopkins, entre 500 et 600 reins et foies
pourraient être prélevés chaque année sur des donneurs séropositifs si
la loi l’autorisait ». En France, depuis 2015, le don d’organes est
autorisé pour les personnes infectées par le virus de l’hépatite C, sous
certaines conditions.
Des
apports qui restent modérés mais qui pourraient raccourcir les délais
d’attente d’une greffe, particulièrement pour les séropositifs et
améliorer le traitement des cas les plus urgents.
EnriqueMoreira, Les Echos.fr, 10/04/2016.
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