jeudi 25 mai 2017

Santé des Français : des inégalités sociales encore très marquées

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) et Santé Publique France ont publié le rapport 2017 sur l’état de santé de la population en France. Cette étude permet de décrire les évolutions de l’état de santé général de la population.  Infirmiers.com fait le point.

Blouse blanche médecin
Ce sont souvent les populations les moins favorisées
(faible revenu, peu diplômées), qui cumulent les expositions
aux différents facteurs de risque pour la santé.

Les Français sont globalement en bonne santé par rapport aux pays de niveau de richesse similaire, et à plus forte raison en regard de la population mondiale. Voici ce qui ressort de la dernière étude publiée par la DREES et Santé Publique France sur l’état de santé général de la population de l’hexagone. Ce bilan est appuyé par des chiffres. L’espérance de vie des Français atteint 85 ans chez les femmes et près de 79 ans chez les hommes, des scores élevés qui se situent dans la moyenne européenne, souligne l’étude. De même, le rapport 2017 révèle que la mortalité continue à diminuer pour toutes les classes d’âges aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Côté bonnes nouvelles toujours, la mortalité prématurée continue de baisser (et ce depuis 15 ans), tout comme la mortalité évitable liée aux comportements à risque (notamment chez les hommes). Ce recul s’explique surtout par une réduction du tabagisme, de la consommation d’alcool, de la conduite routière dangereuse...)
Près d’un décès sur cinq est prématuré (avant 65 ans) et la mortalité prématurée est deux fois plus élevée chez les hommes que chez les femmes.

 

Les décès prématurés restent toutefois importants

 

Le bilan est pourtant plus contrasté qu’il n’y paraît si l’on regarde les chiffres un peu plus dans le détail. Malgré une baisse globale de la mortalité prématurée observée, elle reste trop importante. Près d’un décès sur cinq est prématuré (décès avant 65 ans), relève ainsi le rapport et elle touche surtout les hommes, deux fois plus que les femmes. Quant à la mortalité dite évitable par la réduction des comportements à risques, elle représente 30% de la mortalité prématurée, mais elle est aussi trois fois supérieure chez les hommes comparée aux femmes. Même chose du côté du tableau des maladies chroniques : la morbidité par maladies chroniques ne régresse pas et celles-ci touchent plus de personnes qu’auparavant, notamment du fait du vieillissement de la population et de l’allongement de l’espérance de vie

 

Cancers et maladies cardio-vasculaires : les deux premières causes de décès.

 

Sur les 567 000 décès observés en France métropolitaine en 2013, les cancers et les maladies cardio-vasculaires constituent les causes les plus fréquentes (respectivement 27,6 et 25,1 %), suivies par les maladies de l’appareil respiratoire (autres que les cancers), qui représentent un décès sur quinze, et les morts violentes (suicides, accidents…) qui représentent également un décès sur quinze. Ces quatre groupes de maladies rassemblent près de deux tiers des décès. La répartition de la mortalité liée à ces groupes de pathologies évolue peu d’une année sur l’autre mais de manière relativement régulière. Les cancers sont progressivement devenus la première cause de mortalité depuis 2004, devant les maladies cardio-vasculaires, pour l’ensemble de la population. Les maladies cardio-vasculaires restent cependant la première cause de mortalité chez les femmes, devant les cancers, à l’inverse des hommes. Les taux standardisés sur l’âge de décès pour les maladies cardiovasculaires en France sont parmi les plus bas de l’Union européenne, chez les hommes comme chez les femmes.
Etat de santé perçu selon l'âge et le sexe
L’espérance de vie des hommes cadres à 35 ans est de 49 ans, soit 6,4 ans de plus que celle des hommes ouvriers


Des inégalités sociales de santé très marquées

 

En 2008, l’OMS formulait la définition des déterminants sociaux de la santé de la manière suivante : Les déterminants sociaux de la santé sont les circonstances dans lesquelles les individus naissent, grandissent, vivent, travaillent et vieillissent ainsi que les systèmes mis en place pour faire face à la maladie. Les facteurs qui influent sur l’état de santé de chacun sont donc très nombreux. Or, les disparités sociales sont significatives en matière de santé. Il s’agit là de l’un des points préoccupants du rapport 2017. Ainsi, en guise d’exemple parlant, l’espérance de vie des hommes cadres à 35 ans est de 49 ans, soit 6,4 ans de plus que celle des hommes ouvriers. De même, il est avéré que les enfants d’ouvriers souffrent davantage de surcharge pondérale et de mauvais état de santé bucco-dentaire que les enfants de cadres. De manière générale, l’étude constate que les principaux indicateurs d’état de santé s’améliorent continûment au fur et à mesure qu’on monte dans l’échelle sociale. Ces inégalités s’expliquent. Ce sont souvent les populations les moins favorisées (faible revenu, peu diplômées), qui cumulent les expositions aux différents facteurs de risque pour la santé, dans l’environnement professionnel (exposition au travail physiquement pénible, au travail de nuit, aux produits toxiques, etc.) ou familial (bruit, mauvaise qualité de l’air ou de l’eau, etc.) Ce sont aussi celles dont les comportements (alimentaires, d’activité physique, de prévention, etc.) sont les moins favorables à la santé.

Espérance de vie à 35 ans par sexe pour les cadres et les ouvriers

Les conditions de travail ont également un impact important sur la santé. La DREES remarque que les risques sont inégalement répartis entre les différentes catégories socio-professionnelles. Les ouvriers et employés sont là encore particulièrement exposés.

Des inégalités sur le plan territorial

 

Les différentes catégories socioprofessionnelles sont inégalement réparties sur le territoire. Les disparités sociales de santé s’accompagnent donc naturellement de disparités territoriales. Des situations souvent accentuées par le contexte économique et la disponibilité locale de services, notamment sanitaires et médico-sociaux, rapporte la DREES. On observe ainsi des variations importantes des taux de mortalité et de morbidité entre les régions. L’espérance de vie est en moyenne plus élevée dans la moitié sud de la France métropolitaine, en Île-de-France et, pour les Départements et Régions d’Outre-Mer (DROM), en Martinique. En revanche elle est en moyenne plus basse dans les Hauts-de-France et, pour les DROM, à Mayotte et en Guyane avec des écarts entre régions allant jusqu’à 4 ans pour les hommes et 2 ans pour les femmes en France métropolitaine et 3 ans pour les hommes et 6 ans pour les femmes dans les DROM. 

Journaliste Infirmiers.com

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