jeudi 21 décembre 2017

En Italie, le parlement adopte sa loi sur la fin de vie

Le sénat italien a approuvé ce jeudi 14 décembre le projet de loi sur le testament biologique, prévoyant des dispositions de fin de vie. Le débat aura été rude face à l'opposition des catholiques.

 
La bataille aura duré des années. Notamment en raison de l’opposition des catholiques, quelle que soit leurs appartenance politique. Puis lentement, le mur de l’incommunicabilité entre partisans et opposants au projet de loi sur la fin de vie s’est effrité en Italie, jusqu'à son adoption ce jeudi 14 décembre en deuxième lecture au Sénat, par 180 voix contre 71 défavorables et 6 abstentions.
En novembre dernier, les déclarations du pape François sur le fait « qu’il est moralement licite de renoncer à des soins thérapeutiques ou de les arrêter » a assoupli une partie des mouvances catholiques parlementaires. Mais pas toutes, certains parlementaires ayant jusqu'au bout refusé d’approuver un texte ouvrant, selon eux, la porte à une autre discussion sur l’euthanasie. Ce qui est pour le moins improbable, du moins dans l’immédiat.

Pour tenter de bloquer le dispositif en deuxième lecture au Sénat, plus de cinq mille amendements avaient été présentés en avril, après l’approbation du texte par les députés de la chambre basse. Finalement, aucune modification n’a été introduite entre les deux lectures. « C’est un grand pas en avant pour la dignité humaine, un acte magnifique de civilisation », a salué le président du Conseil, Paolo Gentiloni. « Le résultat du vote est lié à des raisons électorales, c’est une grave erreur politique et culturelle, l’éclipse de la raison, tout cela aura des retombées sociales importantes », affirme pour sa part Alberto Gambino, président de l’association Scienze e Vita pour le droit à la vie.

Un testament biologique

Le document approuvé par les parlementaires des deux chambres, huit ans après le dépôt d’un premier projet de loi sur la fin de vie, introduit la possibilité pour les patients de refuser certaines thérapies comme l’alimentation et l’hydratation artificielles. Il interdit aussi l’acharnement thérapeutique pour les personnes atteintes de pathologies graves, incurables ou en phase terminale. Dans ce cas précis, le texte autorise le recours à la sédation palliative profonde et continue en cas de douleurs réfractaires. Cette partie du dispositif accorde aux patients le droit de sombrer dans l’inconscience jusqu’au moment du décès. Ce qui ne veut pas dire autoriser l’euthanasie, ont souligné les parlementaires. Enfin, les praticiens objecteurs de conscience pourront refuser de débrancher un malade. Le dispositif décharge également les blouses blanches de toute responsabilité civile ou pénale, le médecin traitant devant respecter la volonté du patient.

D’un point de vu « administratif », toute personne majeure pourra exprimer ses volontés par écrit ou par enregistrement vidéo. Les personnes handicapées pourront utiliser tout type de support technologique leur permettant d’indiquer leurs volontés. Ces décisions devront être authentifiées par un employé de la commune de résidence des personnes, puis transcrites dans un registre spécial ou déposées auprès des structures sanitaires de la région d’appartenance. Elles ne seront pas irrévocables et pourront être modifiées. Enfin, autre point important : le tuteur légal ou un membre de la famille proche pourra prendre une décision pour les personnes déclarées en incapacité ainsi que pour les mineurs.

Source : Marianne, 14/12/2017.

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