mardi 5 décembre 2017

Une carte de France des « territoires qui gagnent » et des « territoires qui perdent »

Rennes, Nantes, Toulouse, Bordeaux, Lyon et Montpellier sont les grandes gagnantes de la recomposition territoriale. En revanche, de nombreuses agglomérations plus isolées ou plus petites perdent leurs habitants, en particulier dans l’est de la France.



La croissance de la population française se polarise autour de quelques grandes aires urbaines françaises. Tel est l’enseignement principal de cette carte réalisée par Le Monde à l’occasion de la conférence organisée ce vendredi 17 novembre sur le thème « Jusqu’où va la ville ? » – journée de lancement des Prix de l’innovation urbaine Le Monde.

Six grandes aires urbaines – Rennes, Nantes, Bordeaux, Toulouse, Montpellier et Lyon – tirent particulièrement leur épingle du jeu, et ont considérablement gagné en attractivité au cours de ces dernières années, selon les données disponibles Insee (évolution du nombre d’habitants entre 2006 et 2013).

Quant à la région parisienne, elle poursuit sa croissance… mais à un rythme moins soutenu que les métropoles précédemment citées. Elle perd des habitants au sein d’une catégorie qui faisait jadis sa force : les trentenaires et les quadragénaires.

Fait intéressant : certaines villes moyennes qui entourent ces grandes métropoles gagnantes, mais sans pour autant faire partie de leur aire urbaine, profitent de leur dynamique. C’est le cas, par exemple, de La Roche-sur-Yon, portée par l’énergie de Nantes, et dont la population est en croissance. Ou bien de Nîmes, qui bénéficie de l’essor de Montpellier. Ou bien encore de certaines communes du Gers, bien connectées à la métropole toulousaine.

Mais si toutes les grandes aires urbaines profitent d’un certain essor, ce n’est pas le cas pour deux d’entre elles : Douai-Lens et Nice, qui ont perdu des habitants au cours de la période étudiée.

En dehors de ces exemples, les territoires en repli sont surtout des villes moyennes situées loin des grandes aires urbaines : Bar-Le-Duc, Saint-Dizier, Chaumont, Dieppe, Boulogne-sur-Mer… On constate aussi une fracture entre l’ouest et l’est de la France, le long d’une ligne qui irait du Havre à Montpellier : à l’est de cette délimitation, on compte beaucoup plus de territoires « perdants » que de l’autre côté.

Certaines de ces villes en difficulté ont été visitées par Olivier Razemon, qui y a observé la fermeture des commerces, la désertification de centres-villes, le départ de la population active, et la multiplication des logements vacants. « Est-ce que ce sont les métropoles qui ont tué les villes moyennes ? En réalité, c’est plus compliqué que cela. C’est plutôt l’étalement urbain qui a tué ces villes », à savoir la construction de centres commerciaux et d’équipements culturels ou sportifs à leur périphérie, expliquait lors de la conférence ce journaliste, bloggeur du Monde et auteur de Comment la France a tué ses villes (éditions Rue de l’Echiquier).

« Ce qui se passe, c’est que de nombreuses villes moyennes perdent leurs habitants et se paupérisent à la fois, tandis que les classes moyennes et supérieures s’installent plus loin, dans de petites communes rurales à quelques kilomètres, où elles peuvent ainsi avoir plus d’espace », déclarait Olivier Razemon, qui a observé ce phénomène à Orléans, Nevers, Moulins, Saint-Brieuc… « Le risque, c’est d’évoluer vers une situation à l’américaine, où beaucoup de centres-villes ont été désertés et paupérisés. »

Source : Le Monde, 17/11/2017.

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