11 millions de Français apportent au quotidien leur soutien à un proche dépendant ou malade. Un plan de mobilisation nationale devrait bientôt mieux prendre leurs difficultés en compte.
En France, 11 millions de
personnes accompagnent un proche malade, en situation de handicap ou de
dépendance, selon la dernière étude en la matière, celle de la fondation
April/BVA réalisée en 2018. La Journée nationale des aidants, le 6
octobre, est l’occasion de faire le point sur ces individus qui assument
plusieurs tâches au quotidien en apportant soin et soutien à un parent,
conjoint, enfant ou voisin, en plus d’assumer leur travail, de vivre
leur retraite, et même parfois de suivre leurs études.
Ce chiffre colossal, en comparaison de la population française, cache de fortes disparités. « Il est impossible de dresser un portrait-robot de l’aidant, car il y a quasiment autant de profils que de personnes aidées », note
Annie de Vivie, fondatrice du site spécialisé dans l’information aux
seniors et aidants Agevillage.com. Parmi les aidants, 52 % occupent un
emploi et 58 % sont des femmes. Autre enseignement : 57 % d’entre eux
accompagnent au quotidien un proche dépendant en raison de la
vieillesse. Des chiffres qui risquent d’augmenter dans les vingt
prochaines années, puisque selon le rapport de Dominique Libault sur la
Concertation grand âge et autonomie, publié en mars dernier, le nombre
de personnes âgées en perte d’autonomie, percevant l’allocation
personnalisée d’autonomie (APA), devrait passer de 1 265 000 en 2015, à
1 582 000 en 2030 puis à 2 235 000 en 2050.
Malgré
tout, le rôle d’aidant ne doit pas être cantonné à l’image d’une épouse
dévouée au côté son mari très âgé, ou d’une fille aînée à la retraite
prenant en charge ses parents à leur entrée dans le quatrième âge. « Un
aidant assiste, à titre non professionnel, une personne de son
entourage qui est en perte d’autonomie et avec laquelle il a un lien
affectif », explique Laure Vezin, psychologue spécialisée dans
l’accompagnement des proches aidants à Paris. Fait méconnu : beaucoup de
moins de 25 ans répondent à cette définition.
500
000 jeunes Français, même encore écoliers, apporteraient de l’aide à un proche malade ou handicapé au quotidien. Image Source / Photononstop |
Selon l’association nationale Jeunes aidants ensemble (JADE), ils seraient près de 500 000 à gérer le quotidien d’un proche. « Ils
sont écoliers, collégiens, lycéens ou étudiants et apportent un soutien
moral à leur proche malade. Ils gèrent les aspects de la vie
quotidienne comme les courses ou l’aide aux devoirs de leur fratrie plus
jeune. Ils s’occupent aussi des aspects médicaux et apportent parfois
même des soins », précise Françoise Ellien, sa présidente.
Des congés pour les salariés
Cette
réalité de terrain, la disparité des profils d’aidants, mais aussi leur
rôle pivot lorsqu’une perte d’autonomie intervient, sont désormais
mieux pris en compte par les pouvoirs publics. La loi d’adaptation de la
société au vieillissement, entrée en vigueur en 2016, a notamment créé
le statut de « proche aidant » afin de prendre en compte ceux qui
entretiennent des liens étroits avec une personne âgée ou malade, sans
forcément avoir de liens familiaux. Elle a aussi introduit une « aide au
répit » (de l’ordre de 500 euros par an), créé des congés spécifiques
pour les salariés qui ont besoin de cesser de travailler pendant une
courte période… Un premier pas qui va dans le bon sens mais reste, pour
l’heure, insuffisant.
(...)
Source : Le Monde, 04/10/2019.
Article intégral en ligne : https://www.lemonde.fr
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire