jeudi 10 octobre 2019

Dépendance : les aidants enfin mieux reconnus

11 millions de Français apportent au quotidien leur soutien à un proche dépendant ou malade. Un plan de mobilisation nationale devrait bientôt mieux prendre leurs difficultés en compte. 


En France, 11 millions de personnes accompagnent un proche malade, en situation de handicap ou de dépendance, selon la dernière étude en la matière, celle de la fondation April/BVA réalisée en 2018. La Journée nationale des aidants, le 6 octobre, est l’occasion de faire le point sur ces individus qui assument plusieurs tâches au quotidien en apportant soin et soutien à un parent, conjoint, enfant ou voisin, en plus d’assumer leur travail, de vivre leur retraite, et même parfois de suivre leurs études.
Ce chiffre colossal, en comparaison de la population française, cache de fortes disparités. « Il est impossible de dresser un portrait-robot de l’aidant, car il y a quasiment autant de profils que de personnes aidées », note Annie de Vivie, fondatrice du site spécialisé dans l’information aux seniors et aidants Agevillage.com. Parmi les aidants, 52 % occupent un emploi et 58 % sont des femmes. Autre enseignement : 57 % d’entre eux accompagnent au quotidien un proche dépendant en raison de la vieillesse. Des chiffres qui risquent d’augmenter dans les vingt prochaines années, puisque selon le rapport de Dominique Libault sur la Concertation grand âge et autonomie, publié en mars dernier, le nombre de personnes âgées en perte d’autonomie, percevant l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), devrait passer de 1 265 000 en 2015, à 1 582 000 en 2030 puis à 2 235 000 en 2050.


Malgré tout, le rôle d’aidant ne doit pas être cantonné à l’image d’une épouse dévouée au côté son mari très âgé, ou d’une fille aînée à la retraite prenant en charge ses parents à leur entrée dans le quatrième âge. « Un aidant assiste, à titre non professionnel, une personne de son entourage qui est en perte d’autonomie et avec laquelle il a un lien affectif », explique Laure Vezin, psychologue spécialisée dans l’accompagnement des proches aidants à Paris. Fait méconnu : beaucoup de moins de 25 ans répondent à cette définition.

500 000 jeunes Français, même encore écoliers, apporteraient de l’aide à un proche malade ou handicapé au quotidien.
500 000 jeunes Français, même encore écoliers, apporteraient
de l’aide à un proche malade ou handicapé au quotidien. Image Source / Photononstop
 
Selon l’association nationale Jeunes aidants ensemble (JADE), ils seraient près de 500 000 à gérer le quotidien d’un proche. « Ils sont écoliers, collégiens, lycéens ou étudiants et apportent un soutien moral à leur proche malade. Ils gèrent les aspects de la vie quotidienne comme les courses ou l’aide aux devoirs de leur fratrie plus jeune. Ils s’occupent aussi des aspects médicaux et apportent parfois même des soins », précise Françoise Ellien, sa présidente.

Des congés pour les salariés

Cette réalité de terrain, la disparité des profils d’aidants, mais aussi leur rôle pivot lorsqu’une perte d’autonomie intervient, sont désormais mieux pris en compte par les pouvoirs publics. La loi d’adaptation de la société au vieillissement, entrée en vigueur en 2016, a notamment créé le statut de « proche aidant » afin de prendre en compte ceux qui entretiennent des liens étroits avec une personne âgée ou malade, sans forcément avoir de liens familiaux. Elle a aussi introduit une « aide au répit » (de l’ordre de 500 euros par an), créé des congés spécifiques pour les salariés qui ont besoin de cesser de travailler pendant une courte période… Un premier pas qui va dans le bon sens mais reste, pour l’heure, insuffisant.

(...)

 Source : Le Monde, 04/10/2019.

Article intégral en ligne : https://www.lemonde.fr

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