jeudi 17 septembre 2015

Dépistage du virus du sida à domicile : une « bonne nouvelle » et quelques risques

Annoncés depuis des mois, les tests de dépistage de l’infection au VIH sont en vente libre en France dans les pharmacies depuis le mardi 15 septembre. Commercialisés depuis trois ans aux Etats-Unis et depuis mai au Royaume-Uni, ils permettent, à partir d’une goutte de sang collectée sur le bout du doigt, de déterminer soi-même, en quinze à trente minutes, s’il y a ou non contamination.




Marisol Touraine présente un kit de dépistage d'infection au VIH dans une pharmacie de Paris le 14 septembre 2015.
Marisol Touraine présente un kit de dépistage d'infection auVIH
 dans une pharmacie de Paris le 14 septembre 2015. BERTRAND GUAY / AFP

L’enjeu n’est pas mince. Nombre de personnes échappent au dépistage en France. Sur les 150 000 personnes vivant avec le VIH aujourd’hui, environ 20 %, soit 30 000 personnes, ignorent leur séropositivité. Conséquence : le nombre de nouvelles contaminations atteint 7 000 à 8 000 personnes chaque année. « Il faut trouver de nouvelles manières de favoriser les dépistages », indique Marisol Touraine, la ministre de la santé, pour qui cet autotest doit servir à « aller vers les populations moins réceptives aux outils classiques de prévention ».


Le Monde, 15/09/2015, Pascale Santi

 Risque de faux résultats négatifs
Pour autant, ce nouvel outil pose question. Il y a d’abord le prix, jugé trop élevé (de 25 à 28 euros). Autre question, d’ordre éthique : comment réagira la personne qui, seule chez elle, apprend sa séropositivité ? Certes, si le résultat du test est positif, il doit être confirmé par un test classique. Et surtout, il est conseillé d’appeler un praticien ou une association. Mais qui le fera ?
Autre limite : le test peut être négatif si l’infection date de moins de trois mois, contre six semaines pour les tests en laboratoire. Le risque est donc d’avoir de faux résultats négatifs. Enfin, ce test dépiste le sida, mais pas les autres infections sexuellement transmissibles.
Conçus par la société AAZ et commercialisés par le laboratoire Mylan, ces tests ne viendront donc qu’en complément des tests classiques réalisés en laboratoire (5,2 millions en 2013), de ceux des centres de dépistage anonyme et gratuit (344 000 en 2013) et des tests rapides à orientation diagnostique effectués par des associations (56 500 en 2013). Lancée par Marisol Touraine en 2012, la procédure a pris du retard, notamment en raison de dissensions européennes autour de la certification de ce test.

Afin d’atteindre les personnes les plus à risque et les plus éloignées du dépistage, des autotests devraient être gracieusement mis à disposition des usagers dans les associations. C’est une « bonne nouvelle », estime Aides. « Notre message est clair : dépistez-vous, car on peut mettre fin à l’épidémie ». Car plus le dépistage est précoce, plus la prise en charge est efficace.


Le Monde, 15/09/2015, Pascale Santi

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