mardi 12 juillet 2016

Embauche-t-on les femmes quand ça va mal ?

Mercredi 13 juillet, ce sont deux femmes qui pourraient s’adjuger des places de premier plan dans l’arène politique britannique : la conservatrice Theresa May (dont l’unique concurrente était une femme) au poste de premier ministre et Angela Eagle, qui a déclaré vouloir prendre la tête du parti travailliste.

 

Le contexte mondial lui-même semble porteur. Aux Etats-Unis, la course présidentielle américaine est fortement marquée par la présence de la candidate démocrate Hillary Clinton. Et dans l’espace européen, l’influence d’Angela Merkel, la chancelière allemande, se fait toujours sentir.
Mais cette arrivée réalisée ou pressentie de femmes à des postes politiques décisifs pourrait être moins le signe d’une promotion que d’une situation de crise. C’est en tout cas ce que suggèrent les résultats convergents d’études réalisées par des universitaires sur le monde de l’entreprise ces dernières années.

Prise de risque plus grande pour les femmes

 

Une des études les plus régulièrement citées est celle de deux chercheurs britanniques, Michelle Ryan and Alexander Haslam, à l’origine du concept de « glass cliff », la falaise de verre, qui serait la contrepartie de l’ascension des femmes dans la pyramide des responsabilités. En d’autres termes, briser le plafond de verre (« glass ceiling »), ces freins invisibles à la promotion des femmes dans les structures hiérarchiques, irait de pair avec une prise de risque proportionnellement plus grande pour les femmes que pour les hommes.
Cette étude se base sur un échantillon de patronnes d’entreprises, plus nombreuses que leurs homologues en politique. Une démonstration d’autant plus intéressante que la précédente décennie a vue des femmes arriver à la tête de puissantes entreprises, souvent dans un contexte périlleux : Patricia Russo chez Alcatel-Lucent, Marissa Mayer chez Yahoo, ou encore Mary Barra chez General Motors…
Dans cette étude de 2005, les chercheurs prennent les performances des entreprises de l’indice phare de la Bourse de Londres, le FTSE 100. Ils observent qu’en comparaison avec les entreprises ayant nommé des hommes, les entreprises nommant des femmes à des postes de direction sont plus susceptibles d’avoir subi de mauvaises performances sur les marchés boursiers au cours des cinq mois précédant la ou les nominations.

Obligation de réussir

 

On peut en déduire que du côté des dirigeantes, l’accession au pouvoir se double le plus souvent d’un défi professionnel plus relevé et d’un risque d’échec accru.

Le Monde, 12/07/2016.

Article intégral en ligne : http://www.lemonde.fr

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