mercredi 6 juillet 2016

Le numérique s’installe dans le social

La dématérialisation des services publics est de plus en plus présente dans les métiers de l’action sociale et frappe d’exclusion numérique les populations les plus en difficulté. Les travailleurs sociaux sont contraints de faire les démarches à la place des usagers alors qu'ils devraient au contraire les accompagner.


Sortie en mars du rapport « À guichets fermés » de la Cimade qui associe « dématérialisation » à « exclusion » ; parution en avril dans le journal « Le Monde » d’une tribune signée par des acteurs de la solidarité, des entreprises privées et des entrepreneurs du web qui s’engagent à former des « réseaux d’accompagnement au numérique sur le territoire » ; fermeture en mai pour deux mois de la caisse d’allocations familiales du Bas-Rhin, débordée par les demandes de prime d’activité déposées en ligne… l’actualité fourmille d’événements en lien avec l’arrivée, de plus en plus forte et de plus en plus systématique, du numérique dans la vie quotidienne des Français.
Pour des raisons d’économie, les services publics migrent donc, un à un, du support papier et du face-à-face avec un intervenant social vers l’écran et la foire aux questions. Après le dossier en ligne pour le logement social en 2012, désormais obligatoire pour tout demandeur, l’inscription à Pôle emploi s’effectue par internet depuis mars 2015, tout comme la demande de la prime d’activité lancée par la Caisse nationale d’allocations familiales en janvier 2016. Dès 2019, la déclaration de revenus et le paiement de l’impôt supérieur à 300 euros seront dématérialisés !

Fracture numérique

 

Chaque jour, la société se numérise davantage. Le Baromètre 2015 du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) recense 84 % d’internautes en France. 68 % d’entre eux se connectent tous les jours et plus d’une personne sur deux accomplit des démarches administratives ou fiscales en ligne.
Des voix s’alarment pourtant des conséquences sur l’inclusion sociale. Le Collectif « pour une France accessible » reproche au Gouvernement d’« entériner la fracture numérique » avec le projet de loi pour une République numérique. De fait, si « 80 % de la population ne souffre pas de la dématérialisation des services publics, elle n’est pas adaptée aux personnes les plus en difficulté », résume Bernard Dreyfus, délégué général à la médiation avec les services publics du défenseur des droits. Et de désigner comme victimes les personnes les plus âgées, ou en situation de handicap, les personnes illettrées ou trop pauvres pour être équipées d’un ordinateur, d’une imprimante et d’un scanner. Sans oublier les habitants des zones blanches.

Gazette Santé Social, 06/07/2016.

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