samedi 10 mars 2018

Bioéthique : L’ouverture de la PMA à toutes les femmes en débat


L’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux femmes célibataires et aux couples de femmes est l’un des thèmes à l’ordre du jour des États généraux de la bioéthique ouverts pour six mois à compter du 18 janvier 2018.

Pour ou contre cette ouverture, le débat continue de diviser, même si, selon plusieurs sondages récents, six Français sur dix s’y disent désormais favorables (contre seulement 24% en 1990).


Quel cadre légal pour la PMA en France ?

 

La PMA (ou assistance médicale à la procréation - AMP - expression privilégiée par l’Agence de biomédecine) est réservée aux couples hétérosexuels (mariés, pacsés ou en concubinage depuis au moins deux ans) en âge de procréer présentant une infertilité pathologique médicalement constatée ou risquant de transmettre une maladie grave à leur enfant.

Les techniques varient selon la nature du problème : insémination artificielle du sperme du conjoint ou d’un tiers-donneur, fécondation in vitro (FIV) d’ovules et de spermatozoïdes des conjoints ou de tiers-donneurs afin d’obtenir des embryons qui seront réintroduits ensuite dans l’utérus de la femme.

La pratique ainsi que l’utilisation du don anonyme et gratuit de gamète est possible (don de spermatozoïde ou don d’ovocyte) mais le double don est interdit. En conséquence, les couples dont les deux membres sont stériles ne peuvent pas avoir recours à la PMA.

L’assurance maladie prend la PMA en charge à 100% si la femme a moins de 43 ans.

L’Agence de la biomédecine a recensé 143 778 tentatives de procréation médicalement assistée en 2014 en France. En 2015, 24 839 enfants sont nés grâce à ces techniques, soit environ 3% des enfants nés en France cette même année.
Insemination artificielle © Destina, Fotolia.com
Insemination artificielle © Destina, Fotolia.com


1970-2013 : les évolutions du droit

 

Dans les années 1970, avec la technique de congélation du sperme, apparaissent en France les centres d’études et de conservation des œufs et du sperme humain (CECOS). Ces centres organisent le don de spermatozoïdes selon les règles éthiques d’anonymat et de gratuité.

En 1982, naît Amandine, premier bébé français né après une fécondation in vitro.

En 1983, après les Assises de la recherche, le Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE) est créé. Il a pour mission de donner des avis sur les problèmes éthiques et les questions de société soulevés par les progrès de la connaissance dans les domaines de la biologie, de la médecine et de la santé.

La législation relative à la PMA est fixée par les lois bioéthiques du 29 juillet 1994. L’assistance médicale à la procréation désigne les pratiques cliniques et biologiques permettant la conception in vitro, le transfert d’embryons et l’insémination artificielle ainsi que de toute technique d’effet équivalent permettant la procréation en dehors du processus naturel. Les conditions pour y avoir accès sont fixées par la loi.

Les lois de bioéthique de 2004 maintiennent les principes fixés en 1994 et créent l’Agence de la biomédecine. Cet organisme public placé sous la tutelle du ministère de la santé rassemble, pour la première fois sous une même autorité, les activités d’assistance médicale à la procréation, de diagnostic prénatal et génétique.

En 2011, la nouvelle révision des lois bioéthique redéfinit les modalités et les critères permettant d’autoriser les techniques d’assistance médicale à la procréation et d’encadrer leur amélioration. La congélation ovocytaire ultra rapide (ou vitrification) est autorisée.

Enfin la loi du 6 août 2013 autorise les recherches à partir d’embryons surnuméraires conçus dans le cadre d’une procréation médicalement assistée (fécondation in vitro), ne faisant plus l’objet d’un projet parental, après information et consentement écrit du couple concerné. Les protocoles de recherche sont autorisés par l’Agence de biomédecine. Les grands principes de la PMA sont encadrés par l’Agence de biomédecine et la loi de bioéthique.

Le désir d’enfant a conduit certains couples interdits de PMA en France à y recourir à l’étranger dans des pays où elle est autorisée pour les femmes seules ou homosexuelles (en Belgique, Espagne notamment).

Par deux avis de 2014, la Cour de Cassation a jugé que le recours à l’assistance médicale à la procréation, sous la forme d’une insémination artificielle avec donneur anonyme à l’étranger, ne fait pas obstacle au prononcé de l’adoption, par l’épouse de la mère, de l’enfant né de cette procréation, dès lors que les conditions légales de l’adoption sont réunies et qu’elle est conforme à l’intérêt de l’enfant. Pour la Cour, le fait que des femmes y aient eu recours à l’étranger ne heurte aucun principe essentiel du droit français.

Autoriser la PMA pour toutes les femmes ?

 

La promulgation de la loi du 17 mai 2013 ouvrant le mariage aux couples de même sexe modifie les termes du débat autour de la PMA. La loi ouvre l’adoption aux couples homosexuels et reconnait ainsi qu’un enfant peut avoir deux parents du même sexe. En revanche, le recours à la PMA reste impossible pour ces couples.

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Source : Vie-publique.fr
Article intégral en ligne : http://www.vie-publique.fr

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