mercredi 28 mars 2018

La PMA ouverte à « toutes » ?


Pendant trois semaines, « La Croix » va examiner les questions qui seront débattues tout au long des états généraux de la bioéthique lancés en janvier par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE).
La première d’entre elles, la PMA. Les enjeux de l’ouverture de la procréation médicalement assistée (1) aux couples de femmes et aux femmes seules sont multiples, allant bien au-delà de la seule question de la procréation.

 
L’extension de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules est assurément l’un des sujets les plus débattus et emblématiques de la révision des lois de bioéthique qui doit être présentée à l’automne par le gouvernement. De fait, évoquer la légalisation de ce que les uns appellent « la PMA pour toutes » et les autres « la PMA sans père » fait figure de marqueur, car touchant à un certain nombre de paradigmes qui vont du rôle de la médecine à la place du père, en passant par la gratuité des produits du corps humain…

La PMA ouverte à « toutes » ?

Satisfaire une demande d’enfant

Premier d’entre eux, le passage d’une médecine qui soigne à une médecine qui satisfait une demande d’enfant. La PMA est aujourd’hui uniquement accessible aux couples formés d’une femme et d’un homme pour pallier une infertilité pathologique ou pour éviter la transmission d’une maladie. L’étendre aux couples de femmes et aux célibataires revient à prendre en compte des critères « sociétaux », en dehors de toute demande médicale.


« On exigerait de la médecine qu’elle réponde à un désir, en évacuant toute notion de réparation », explique le docteur Bertrand Galichon, le président du Centre catholique des médecins français (CCMF). Ce praticien hospitalier craint une « instrumentalisation de la médecine ». « Nous passons peu à peu d’une obligation de moyens à une obligation de résultats : les médecins sont sommés d’obtenir des résultats quelles que soient la biologie du patient, son histoire, sa liberté ou sa personnalité. »
« Il s’agit de réparer une infertilité sociale », fait valoir Nicolas Faget, le porte-parole de l’Association des parents gays et lesbiens (APGL), qui défend l’extension de l’accès à la PMA. « Un couple de femmes est dans un état d’infertilité sociale et devrait donc pouvoir accéder à la technique d’assistance médicale à la procréation comme les couples hétérosexuels. C’est une question d’égalité », insiste-t-il.


Deux conceptions opposées de la loi

Quid de la biologie ? « Depuis la généralisation de la contraception, très rares sont les familles qui se laissent guider par la biologie. Qu’il s’agisse de couples homosexuels ou hétérosexuels, l’enfant est toujours le fruit d’un désir. »
D’où le deuxième paradigme mis en cause dans ce débat : le « projet d’enfant » primerait désormais sur l’accueil d’un enfant. « L’enfant devient petit à petit un projet personnel qui n’est plus conditionné à d’autres critères que ma seule volonté », décrypte Marianne Durano, agrégée de philosophie et auteur de Mon corps ne vous appartient pas (2). « Avec l’ouverture de la PMA, le fait de faire un enfant deviendrait un droit subjectif, c’est-à-dire un droit calqué sur mes propres envies. Comme si je considérais que l’État devait me concéder un enfant. »



(...)

Article intégral en ligne : https://www.la-croix.com
Source : LaCroix.com, 12/03/2018.


 

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire