lundi 3 juin 2019

Bioéthique, mariage pour tous, fin de vie... Où en sont les pays de l’Union européenne ?

Même si les législations ont convergé dans certains domaines, les divisions entre Est et Ouest sont vives sur les sujets de société, renforcées par les différences religieuses.


Sur les principaux sujets de société et de bioéthique, les pays de l’Union européenne
n’en sont pas tous au même point. Le Monde a classifié l’état des législations des
Vingt-Huit dans sept domaines concernant les droits des femmes (avortement et
procréation médicalement assistée pour les femmes seules et les couples lesbiens),
ceux des homosexuels (le mariage), la fin de vie sur demande et l’usage et la
détention de cannabis.



Les législations ont désormais largement convergé sur certains de ces sujets. C’est
le cas de l’interruption volontaire de grossesse. Depuis que les Irlandais l’ont
autorisée par leur référendum de mai 2018, elle n’est plus interdite qu’à Malte et,
sauf exception, en Pologne. Néanmoins, il ne suffit pas que la loi autorise les
femmes à avorter dans les délais permis pour qu’elles puissent le faire aisément.
En mai, le Planning familial français sonnait l’alerte sur les difficultés croissantes que
rencontrent des femmes pour avorter en Italie, en raison du nombre de médecins qui
invoquent la clause de conscience, en Grèce ou en Bavière, faute de structures
hospitalières adéquates.


Un premier clivage apparaît


Les unions pour les couples de même sexe sont possibles désormais dans une
majorité (vingt-deux) des pays de l’UE. Quatorze d’entre eux ont étendu le mariage
aux couples homosexuels, tandis que huit ont institué une union civile. Mais, sur ces
sujets comme sur d’autres, un premier clivage apparaît nettement. Il sépare les pays
issus du bloc soviétique de ceux de l’ouest du continent. Les six pays qui n’autorisent
pas les unions homosexuelles sont d’anciens pays du bloc de l’Est. C’est aussi le cas
de cinq des huit pays qui se sont contentés d’une union civile.
Les législations sur l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux
femmes seules et aux couples de femmes font apparaître un second clivage. Il
concerne la confession chrétienne majoritaire des pays. La PMA est refusée aux
couples de femmes dans tous les pays de l’ancien bloc communiste, mais aussi dans
les deux pays de l’Ouest de tradition orthodoxe (la Grèce et Chypre) et dans trois
pays de tradition catholique : l’Italie, la France et, au moins en partie, l’Allemagne. En
revanche, tous les pays d’ascendance protestante de l’Ouest l’ont autorisée.
Alors que la sécularisation se poursuit en Europe, la confession majoritaire de
certains pays continue de peser dans d’autres domaines. Plusieurs pays catholiques
et orthodoxes (Irlande, Grèce, Croatie, Slovénie, Pologne, Roumanie) n’ont ainsi pas
légiféré sur les conditions dans lesquelles peut être aménagée la fin de vie. Les
racines chrétiennes de l’Europe ont donné des fruits très divers.


Source : Le Monde, 25/05/2019.

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire