Il y a un an, le 25 mai 2018, entrait en application le règlement général sur la protection des données (RGPD), un texte redéfinissant les droits des citoyens et les obligations des entreprises en matière de données personnelles dans toute l’Union européenne (UE). Il a été présenté comme une révolution, un changement d’ère dans un monde numérique dopé à la donnée personnelle. Un an plus tard, quel bilan peut-on tirer de ce texte ambitieux ?
Explosion du nombre de plaintes
D’abord,
ce nouveau cadre juridique n’est pas passé inaperçu des citoyens
européens – médiatisation du texte et importance croissante de la
question des données personnelles aidant. De nombreuses autorités
nationales de protection des données personnelles ont fait état d’une
forte augmentation du nombre de plaintes.
En France, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) expliquait il y a peu avoir observé une augmentation de 32 % des plaintes reçues en 2018, largement imputable au RGPD. Les
derniers chiffres publiés cette semaine par l’institution confirment
cette tendance : la CNIL a reçu plus de 11 900 plaintes depuis mai 2018.
Même constat
au sein de son homologue irlandaise – la plupart des géants du
numérique ont leurs quartiers généraux européens à Dublin – qui a reçu
lors de la première année d’application du RGPD deux fois plus de
plaintes (6 624) que pour l’année 2017 tout entière.
Selon un décompte de l’European Data Protection Board (EDPB),
l’organisme qui chapeaute les autorités européennes, ces dernières ont
planché sur plus de 280 000 dossiers (issus de plaintes notamment) lors
des neuf premiers mois du RGPD. Une bonne partie est issue de plaintes
(144 376).
De nombreux
dossiers ont également été ouverts à la suite des notifications de
violation de données. Cette nouveauté introduite par le RGPD impose aux
entreprises victimes d’un piratage ou d’une faille de sécurité d’avertir
leur autorité de contrôle. Plus de 89 000 notifications ont été
adressées à travers l’Europe – dont 2 044 en France. L’une d’entre elles
concerne par exemple Facebook, qui a reconnu, fin
septembre 2018, qu’une faille de sécurité avait permis à des pirates de
mettre la main sur les données personnelles de millions d’utilisateurs. Sur ces 280 000 dossiers, 62 % ont été clôturés.
Des plaintes contre les géants du Net
Parmi
toutes ces plaintes, certaines sortent du lot. Le secteur de la
publicité en ligne, encore relativement épargné par les autorités de
protection des données depuis l’entrée en vigueur du RGPD, a fait
l’objet d’une série de plaintes, en Irlande mais aussi au Royaume-Uni, en Espagne et en Pologne.
Certaines, notamment celles visant Google ou le géant Quantcast, ont déclenché
des enquêtes de l’autorité irlandaise de protection des données. Une
association française a opté pour une autre stratégie, en contournant la
CNIL : elle compte porter le combat contre Facebook, pour manquement au
RGPD, directement devant la justice.
(...)
Source : Le Monde, 25/05/2019.
Article intégral en ligne : https://www.lemonde.fr
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