La chronique de Barbara Romagnan. "Le fort développement du temps partiel en Allemagne a principalement concerné les femmes."
En
même temps que l’on fête les quinze ans des trente-cinq heures, est
sortie une étude du Trésor qui a attiré mon attention. Il s’agit d’une
comparaison entre la France et l’Allemagne sur le temps partiel et le
temps de travail. Cette étude, qui porte sur la période 1999-2011,
commence par rappeler que les durées annuelles moyennes de travail en
France et en Allemagne sont très proches, autour de 1 650 heures par an.
Cette similitude masque des différences assez importantes sur le
partage du travail et les places respectives des femmes et des hommes.
En France, le temps de travail moyen d’un salarié à temps plein est
inférieur, en moyenne, de deux cents heures à celui rencontré en
Allemagne. En revanche, la proportion de travailleurs à temps partiel
est beaucoup plus importante en Allemagne, 18 % en France pour 26 % en
Allemagne.
Au cours de la même période, le nombre de personnes ayant
un emploi a progressé de 9,1 % en Allemagne et de 14,1 % en France,
alors que le volume d’heures travaillées est resté sensiblement le même.
Ainsi, si le nombre de personnes qui travaillent augmente dans des
proportions importantes, alors que le nombre d’heures travaillées reste
stable, c’est que le temps individuel moyen a diminué et que le temps
global de travail a été partagé d’une façon ou d’une autre. Et cette
façon n’est pas sans importance.
En France, on a procédé à une baisse de la durée du
travail à temps plein ; en Allemagne, à un développement du temps
partiel. En France, la création d’emplois à temps plein reste
majoritaire, alors qu’en Allemagne l’emploi à temps partiel explique
l’intégralité des créations d’emplois. Le fort développement du temps
partiel en Allemagne, alors que cette évolution a été contenue en
France, a principalement concerné les femmes. Par ailleurs, le taux
d’emploi des femmes allemandes est l’un des plus élevé d’Europe
(10 points au-dessus de la moyenne de la zone euro), mais, en raison du
plus faible volume horaire travaillé par les Allemandes, les taux
d’emploi féminin en équivalents temps plein sont proches en France et en
Allemagne. Le temps de travail a bien été réduit en France et en
Allemagne. En France, c’est le temps plein qui a été un peu réduit – on
peut penser que
les lois sur les 35 heures y ont contribué ; en
Allemagne, c’est le temps partiel très court qui a explosé. En France
comme en Allemagne, les travailleurs à temps partiel sont très
majoritairement des femmes (plus de 80 %). Sachant qu’en France plus de
la moitié des travailleurs à temps partiel gagnent moins de 850 euros
par mois, on voit en quoi un partage plus juste du temps de travail est
un enjeu pour l’égalité entre les femmes et les hommes.
L'Humanité : 09/02/2015.
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