dimanche 22 octobre 2017

Les violences sexuelles touchent plusieurs millions de femmes en France

Selon une enquête de l’INED dont les premiers résultats sont parus en 2016, les violences sexuelles toucheraient, par an, environ 600 000 femmes et 200 000 hommes en France.


Chaque année, au moins une femme de moins de 35 ans sur vingt est victime d’une agression sexuelle. Sachant que ces estimations sont très probablement en dessous de la réalité et que les agressions ne touchent pas toujours les mêmes d’une année à l’autre, on peut estimer que plusieurs millions de femmes sont concernées.
Ces chiffres, extrapolés au niveau national à partir d’un échantillon important de 27 268 personnes interrogées par téléphone ou par Internet, ne concernent en revanche pas les faits de harcèlement sexuel. Ils sont issus de la grande enquête menée par l’Institut national d’études démographiques (INED), « Violences et rapports de genre » (Virage), et dont les premiers résultats ont été publiés à la fin 2016.
Parmi ces 580 000 femmes et 197 000 hommes victimes d’agressions sexuelles, 11 % des femmes et 7 % des hommes ont déclaré des attouchements du sexe, 95 % des femmes des attouchements des seins ou des fesses, des baisers imposés par la force ou du pelotage, et 93 % des hommes du pelotage

Le harcèlement sexuel encore très présent au travail

D’après une enquête menée par le Défenseur des droits et publiée en 2015, une femme sur cinq a été confrontée à du harcèlement sexuel au travail ; 20 % des femmes et des hommes interrogés ont aussi déclaré connaître au moins une personne ayant été victime de harcèlement sexuel dans son travail. Une proportion qui n’a pas diminué depuis 1991, date à laquelle on recensait 19 % de victimes de telles pratiques.
Signe que ces pratiques de domination sont encore fréquentes, trois victimes sur dix n’ont pas osé parler de ce qu’elles ont vécu et plus de six victimes sur dix ont déclaré n’avoir pu compter que sur elles-mêmes pour faire face à leur situation. Et pour cause, le harcèlement sexuel est encore largement invisibilisé : plus de la moitié des répondants à l’enquête estiment que subir des blagues à caractère sexuel ne relève pas du harcèlement (53 %) ou n’est « pas grave » (52 %), une perception davantage présente chez les hommes (60 %).

C’est ainsi que 70 % des cas de harcèlement sexuel au travail ne sont pas transmis à la connaissance de l’employeur ou de la direction. Lorsque c’est le cas, 40 % des femmes victimes ayant informé leur hiérarchie estiment que cela a eu des conséquences négatives pour elles, dont le non-renouvellement du contrat de travail (26 %). Dans 43 % des cas, l’auteur des faits a été sanctionné au sein de l’entreprise, dans 30 % des cas, licencié, et muté dans 13 % des cas.
Reste que, faute de sensibilisation pour identifier correctement ces comportements, et au vu de la difficulté pour les victimes de dénoncer leurs auteurs, seuls 5 % des situations évoquées ont fait l’objet d’un procès devant un tribunal.

Victimes à tout âge et dans de nombreux espaces de vie

Chaque année, on estime que 62 000 femmes et 2 700 hommes sont victimes de viol ou de tentative de viol. C’est dans les plus jeunes tranches d’âges que l’on rapporte le nombre le plus élevé de viols ou de tentatives de viol. Chez les femmes, 0,45 % des 20-34 ans et 0,40 % des 35-49 ans ont été victimes de viol ou d’une tentative de viol dans les douze derniers mois, le chiffre étant de 0,13 % chez les plus de 50 ans.


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Source : Le Monde, 18/10/2017.
Article intégral en ligne : http://www.lemonde.fr

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